enracinement [ ɑ̃rasinmɑ̃ ] n. m.
• 1378; de enraciner
♦ Fait de s'enraciner.
♢ Fig. L'enracinement d'un souvenir. — Fait (pour qqn) de ressentir un attachement profond (pour qqch.). L'enracinement de l'individu dans le sol natal. « Cette doctrine de l'enracinement qu'il [Barrès] préconise » (A. Gide).
⊗ CONTR. Déracinement.
● enracinement nom masculin Action de s'enraciner ; fait d'être enraciné. ● enracinement (citations) nom masculin Paul Claudel Villeneuve-sur-Fère, Aisne, 1868-Paris 1955 Barrès est enraciné dans un pot de fleur. Journal Gallimard ● enracinement (synonymes) nom masculin Action de s' enraciner ; fait d'être enraciné.
Synonymes :
Contraires :
- déracinement
enracinement
n. m. Action d'enraciner, fait de s'enraciner.
⇒ENRACINEMENT, subst. masc.
A.— Action de s'enraciner (pour une plante), formation des racines d'une plante. Le bouturage herbacé sous brouillard intermittent améliore beaucoup l'enracinement des espèces difficiles à bouturer (BOULAY, Arboric. et prod. fruit., 1961, p. 77). Son enracinement [du mélèze] profond exige des sols meubles et frais (COCHET, Bois, 1963, p. 39).
— P. anal. Partie d'un objet qui le rattache à quelque chose, l'ancre dans quelque chose. Les jetées espacées à leur enracinement à terre de 915 m s'avancent en mer parallèlement l'une à l'autre (QUINETTE DE ROCHEMONT, Trav. mar., t. 1, 1900, p. 164). Déjà, les nuages avaient rempli bord à bord toutes les vallées des montagnes, tous les profonds enracinements de ces cimes qui pointaient seules dans le ciel clair (GIONO, Batailles ds mont., 1937, p. 19).
B.— Au fig.
1. [Le compl. du nom, exprimé ou non, est une pers.] Fait, pour quelqu'un, de ressentir un attachement profond pour quelque chose; d'avoir des liens étroits avec quelque chose. Il [Jaurès] avait tout pour plaire à Péguy, un enracinement profond dans la culture grecque et latine (THARAUD, Péguy, 1926, p. 98). Grâce (...) à son enracinement dans le fumier de la maison Vauquer, il [le père Goriot] nous donne l'illusion d'être réel (MAURIAC, Grds hommes, 1949, p. 152) :
• L'enracinement est peut-être le besoin le plus important et le plus méconnu de l'âme humaine. C'est un des plus difficiles à définir. Un être humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à l'existence d'une collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d'avenir. Participation naturelle, c'est-à-dire amenée automatiquement par le lieu, la naissance, la profession, l'entourage. Chaque être humain a besoin d'avoir de multiples racines. Il a besoin de recevoir la presque totalité de sa vie morale, intellectuelle, spirituelle, par l'intermédiaire des milieux dont il fait naturellement partie.
WEIL, L'Enracinement, Paris, Gallimard, 1949, p. 45.
2. [Le compl. du nom est un sentiment, une manière d'être] Fait d'être fixé profondément dans l'esprit, chez une personne. Cette promenade si courte, dans de vieux petits salons frais, avait suffi pour donner à cet amour l'enracinement d'une habitude (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 71).
Prononc. :[]. Étymol. et Hist. 1. 1338 « racine (ici pour une lignée) » (G. DE DIGULLEVILLE, Le Roman de la fleur de lis, éd. A. Piaget, 1297 ds Romania t. 62, p. 357); 2. 1378 fig. « action de s'enraciner » (Miracles de Nostre-Dame par personnages, éd. G. Paris et U. Robert, t. 6, p. 228). Dér. de enraciner; suff. -(e)ment1. Fréq. abs. littér. :28.
enracinement [ɑ̃ʀasinmɑ̃] n. m.
ÉTYM. 1378; « racine, lignée », 1338; de enraciner.
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1 Fait de s'enraciner. || L'enracinement d'un arbre.
2 Fig. Fait (pour qqch.) de se fixer profondément dans l'esprit ou dans le cœur. || L'enracinement d'un souvenir, d'un sentiment. — Fait (pour qqn) de ressentir un attachement profond (pour qqch.). || L'enracinement de l'individu dans le sol natal, dans les traditions morales ou religieuses. || L'Enracinement, essai philosophique et politique de Simone Weil.
0 Cette doctrine de l'enracinement qu'il (Barrès) préconise, je la crois bonne en effet pour les faibles, la masse; j'accorde que c'est d'eux qu'il se faut occuper, car les individus qui s'en échappent s'occupent très suffisamment d'eux-mêmes (…) Mais je prétends que ceux-ci trouvent profit au déracinement, et que l'enracinement, tout au contraire, les empêche.
Gide, Prétextes, La querelle du peuplier.
Encyclopédie Universelle. 2012.