Akademik

enfariner

enfariner [ ɑ̃farine ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1393; de en- et farine
Vieilli fariner.
P. p. adj. Couvert de farine, de poudre blanche. Le visage enfariné d'un pierrot. Loc. fam. Venir, arriver la gueule enfarinée, le bec enfariné, avec la naïve confiance d'obtenir ce qu'on demande (comme les types de niais de l'ancien théâtre, au visage enfariné).

enfariner verbe transitif Saupoudrer quelque chose de farine ou d'une poudre blanche. ● enfariner (citations) verbe transitif Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 Ce bloc enfariné ne me dit rien qui vaille, S'écria-t-il de loin au général des chats. Fables, le Chat et un vieux rat un rat méfiant

enfariner
v.
d1./d v. tr. Saupoudrer de farine.
d2./d v. Pron. Fam. Se couvrir le visage de poudre.
d3./d Pp. Loc. Fam. Venir la bouche, la gueule, le bec enfariné, avec la sotte confiance du quémandeur naïf.

⇒ENFARINER, verbe trans.
A.— Emploi trans.
1. Recouvrir de farine. On enfarine souvent des articles qu'on veut poêler ou frire. En ce cas, lorsque leur taille le permet, on les roule dans la farine (Ac. Gastr. 1962).
2. P. anal. Recouvrir d'une substance blanche. Qu'un frater, cuistre nomade, Lave, enfarine et pommade Des cheveux (...) Cela fait une perruque, C'est-à-dire un magistrat (HUGO, Marion Del., 1831, p. 248). Gaston se traîne dans la nuit; il titube, s'appuyant aux murailles dont le lait de chaux lui enfarine les doigts (LA VARENDE, Centaure de Dieu, 1938, p. 137).
P. ext. Rendre blanc. De rares ombres se glissent à l'entrée de la nuit, semblables à des funambules, aux Pierrots et Arlequins, aux Gilles et aux Colombines, la face enfarinée par l'astre (JAMMES, Mém., 1921, p. 173).
3. Au fig. Tromper quelqu'un. (Quasi-)synon. rouler dans la farine. Pendant plus de trois ans, ils [les trois princes] avaient été bernés, roulés, enfarinés (DRUON, Roi de fer, 1955, p. 224).
B.— Emploi pronom., avec une nuance péj.
1. Se poudrer, se maquiller de façon maladroite :
Lui voyant toujours peindre des figures maquillées, un soir qu'il était absent, elle se secoua sur la tête une houppe à poudre, s'enfarina le nez, prit un crayon de pastel et se farda de rouge. Cette peinturlure exécutée sans habitude et sans goût la fit ressembler à une femme sauvage.
HUYSMANS, Les Sœurs Vatard, 1879, p. 260.
2. Au fig., vx. S'enfariner de.
a) Se donner une légère teinture de science. Je reviendrais à Paris pour m'y enfariner de grec et de latin autant qu'on l'exige (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1837, p. 272).
b) Se prendre d'un amour fou pour quelqu'un/quelque chose. (Quasi-)synon. s'enticher. Il a fallu être amoureux fou, comme l'était Restaud, pour s'être enfariné de Mademoiselle Anastasie (BALZAC, Goriot, 1835, p. 89).
Rem. On rencontre ds la docum. enfarinement, subst. masc. Action d'enfariner, de recouvrir de farine, d'une substance blanche; résultat de cette action. Dans le visage d'un clown entouré de clarté, l'enfarinement met la netteté, la régularité et le découpage presque cassant d'un visage de pierre (E. DE GONCOURT, Zemganno, 1879, p. 152). Au fig. L'enfarinement du bloc national (PROUST, Temps retr., 1922, p. 854).
Prononc. et Orth. :[], (j')enfarine []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1393 « saupoudrer, couvrir de farine » (Ménagier, II, 185 ds T.-L.); 1675 fam. un air de gueule enfarinée (SÉVIGNÉ, Lettres, éd. M. Monmerqué, t. 4, p. 285); 2. 1704 pronom. « avoir une connaissance superficielle de quelque chose » (Trév.). Dér. de farine; préf. en-; dés. -er. Fréq. abs. littér. :13.

enfariner [ɑ̃faʀine] v. tr.
ÉTYM. V. 1393; de en-, farine et suff. verbal.
1 Vieilli. Couvrir, poudrer de farine. || Enfariner une planche à pâtisserie. Pron. :
1 Le lendemain notre amant se déguise,
Et s'enfarine en vrai garçon meunier (…)
La Fontaine, Contes, « La mandragore ».
2 (1550). Couvrir d'une substance analogue, d'une poudre blanche. || Enfariner ses cheveux, sa peau de poudre, de talc.
Fam. || S'enfariner le visage. Blanchir.
2 Toujours l'hiver de neiges blanches
Des pins n'enfarine les branches (…)
Ronsard, Odes, IV, 25.
3 Pron. Fig. Vx. || S'enfariner de grec, en prendre une légère teinture. || S'enfariner de qqn, s'enticher.
——————
enfariné, ée p. p. adj.
1 Couvert de farine. || Le visage enfariné d'un Pierrot. || « Ce bloc enfariné ne me dit rien qui vaille » (La Fontaine, → Bloc, cit. 2).
Par ext. || Enfariné de poussière. Blanc.
2 Fig. et fam. Venir la bouche, le bec, la gueule enfarinée, avec une sotte confiance, de naïves illusions (par référence aux types de niais de l'ancien théâtre, au visage enfariné).
3 Il a fait un grand bruit (…) de l'amitié qu'il a pour moi (…) je hais ce style de dire toujours que tout est de nos amis : c'est un air de gueule enfarinée, qui n'appartient qu'à qui vous savez (…)
Mme de Sévigné, 478, 18 déc. 1675.
3 N. Fam. et rare. Niais, Pierrot.
4 — Qu'est-ce qu'il dit ? me demanda le général.
— C't'espèce d'enfariné, mon général, il ne veut rien dire. Il dit comme ça qu'il est fantassin, qu'il ne connaît rien à l'artillerie et qu'il n'a jamais vu un canon. (…) Il se fout de nous, mon général.
B. Cendrars, la Main coupée, in Œ. compl., t. X, p. 174.
DÉR. Enfarinement.

Encyclopédie Universelle. 2012.