encourir [ ɑ̃kurir ] v. tr. <conjug. : 11>
• XIVe; encorre XIIe; lat. incurrere
♦ Littér. Se mettre dans le cas de subir (qqch. de fâcheux). ⇒ mériter (cf. S'exposer à). Encourir une amende, des peines très sévères. « Pour ces crimes, tu as encouru la sentence d'excommunication » (Huysmans). P. p. adj. Les peines encourues.
● encourir verbe transitif (latin incurrere, courir sur, avec l'influence de courir) S'exposer à quelque chose de fâcheux, mériter une peine : Encourir des reproches. ● encourir (difficultés) verbe transitif (latin incurrere, courir sur, avec l'influence de courir) Conjugaison Comme courir. ● encourir (synonymes) verbe transitif (latin incurrere, courir sur, avec l'influence de courir) S'exposer à quelque chose de fâcheux, mériter une peine
Synonymes :
- mériter
encourir
v. tr. Litt. S'exposer à, tomber sous le coup de (une sanction, un désagrément).
— v. Pron. (Belgique) S'enfuir.
I.
⇒ENCOURIR1, verbe trans.
A.— S'exposer à subir une pénalité ou à devoir supporter quelque chose de fâcheux. Encourir une sentence, un blâme; encourir le mépris :
• Même ses dieux domestiques ou nationaux, il les redoutait, il craignait incessamment d'être trahi par eux. Encourir la haine de ces êtres invisibles était sa grande inquiétude.
FUSTEL DE COULANGES, La Cité antique, 1864, p. 211.
B.— P. ext. Courir le risque de, affronter. Mélange de crainte et de fierté de la responsabilité encourue devant l'inconnu (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 213). Des dépenses considérables annuelles du même ordre que celles encourues lors de sa construction [d'une pile atomique] (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 246).
— P. iron. J'avais encouru l'amitié de M. de Talleyrand pour ma fidélité à un caprice de son humeur (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 620).
Prononc. et Orth. :[], (j')encours []. Enq. : // (il) encourt. Ds Ac. 1694-1932. Conjug. Cf. courir; comme celui-ci, n'a 2 r de suite qu'au fut. et au cond. présent. Étymol. et Hist. Cf. encourir2.
II.
⇒ENCOURIR2 (S'), verbe pronom.
Vieilli. Aller en courant vers quelqu'un ou quelque chose. Coquine, qui t'encours par la grève avec un garçon! (FABRE, Xavière, 1890, p. 68) :
• ... autant que l'eau s'encourt à la rivière, un garçon de cet âge et de cette nature comme était Jean-Baptiste devait courir à cette voix de Calvin comme tant d'autres ont fait après lui.
THARAUD, La Chronique des frères ennemis, 1929, p. 203.
Prononc. et Orth. Cf. encourir1. Non admis ds Ac. Étymol. et Hist. A. 1re moitié XIIe s. encorre « courir vers, s'élancer, se ruer sur » (Psautier d'Oxford, 61, 3 ds T.-L. : Desque a quant encurez vers en hume [quousque irruitis in hominem]). B. 1174-76 « commettre une faute (envers quelqu'un) » (G. DE PONT-SAINTE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 4120); fin XIIe-début XIIIe s. « s'exposer à quelque chose de fâcheux » (S. Alexis, octosyllabique, 227 ds T.-L.). Dér. de courir, sur le modèle du lat. class. incurrere « courir contre; s'exposer à, encourir »; encorre, supplanté par encorir (J. DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 4167) parallèlement à courre devenant courir.
STAT. — Encourir1 et 2. Fréq. abs. littér. :224. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 527, b) 158; XXe s. : a) 246, b) 267.
1. encourir [ɑ̃kuʀiʀ] v. tr. [CONJUG. courir.]
ÉTYM. XIVe; encorre, déb. XIIe; du lat. incurrere « courir sur »; au fig. « s'exposer à », d'après courir.
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♦ Littér. Se mettre dans le cas de subir (quelque chose de fâcheux). ⇒ Exposer (s'exposer à), mériter; → Être passible de, tomber sous le coup de… || Encourir les peines édictées par la loi. || Encourir la sentence d'excommunication (→ Coupable, cit. 4).
1 S'attirer une peine ou toute autre chose, c'est la subir présentement parce qu'on l'a encourue; et l'encourir, c'est seulement se mettre dans le cas de la subir, s'y exposer.
Lafaye, Dict. des synonymes, Suppl., S'attirer, encourir.
♦ Encourir le blâme, la critique, la censure, le mépris, la disgrâce, l'indignation, la haine, la vengeance. || Je ne veux point encourir de tels reproches (→ Commentaire, cit. 4).
REM. On encourt toujours quelque chose de fâcheux, de dangereux. Par ironie, Chateaubriand écrit « qu'il est aussi dangereux d'encourir sa faveur (du tyran) que de mériter sa disgrâce » (→ Abjection, cit. 1) et ailleurs (Mémoires d'outre-tombe, II, p. 620) qu'il a « encouru l'amitié de M. de Talleyrand ».
2 (…) je vous ordonne (…) de ne point célébrer, sans mon consentement, vos noces avec lui, sur peine d'encourir la disgrâce de la Faculté (…)
Molière, Monsieur de Pourceaugnac, II, 2.
3 (…) Mme de Staël commençait à encourir la défaveur ou du moins le déplaisir marqué de celui qui devenait le maître.
Sainte-Beuve, Chateaubriand, t. I, p. 155.
4 Passavant voudrait que, dans le premier numéro, paraisse quelque chose de très libre et d'épicé, parce qu'il estime que le plus mortel reproche que puisse encourir une jeune revue, c'est d'être pudibonde; je suis assez de son avis.
Gide, les Faux-monnayeurs, II, VI, p. 271.
5 À repousser la main qu'il (Bonaparte) tendait au nom de la France, quelle effroyable responsabilité le pontife encourrait !
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, le Consulat, VIII, p. 111.
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encouru, ue p. p. adj.
♦ || Peines encourues. || Blâmes encourus. || Les reproches encourus ne sont pas bien graves.
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CONTR. Mériter.
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2. encourir (s') [ɑ̃kuʀiʀ] v. pron.
ÉTYM. XIIe; de en-, et courir.
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♦ Vx. Aller en courant.
1 (…) le pauvre homme
S'encourut chez celui qu'il ne réveillait plus.
La Fontaine, Fables, VIII, 2.
2 Haletant comme un homme qui se sauve, je mis une heure (…) à déverrouiller la porte de la rue (…) et après l'avoir refermée avec les précautions d'un voleur, je m'encourus comme un fuyard, chez mon colonel.
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Le rideau cramoisi » (1874).
Encyclopédie Universelle. 2012.