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empirique

empirique [ ɑ̃pirik ] adj.
XVIIe; autre sens 1314; lat. d'o. gr. empiricus
1Qui ne tient aucun compte des données de la médecine scientifique. Médecine, médication empirique. Subst. Vx Charlatan, guérisseur. « Mon père, qui ne croyait point aux médecins, envoya chercher l'empirique » (Chateaubriand).
2Mod. Qui reste au niveau de l'expérience spontanée ou commune, n'a rien de rationnel ni de systématique. Découvrir la solution d'un problème par une méthode empirique. Péj. Approximatif.
3(1799) Philos. Expérimental. Stade empirique d'une science.
(1845) De l'empirisme (3o).
⊗ CONTR. Méthodique, rationnel, scientifique, systématique.

empirique adjectif (latin empiricus, du grec empeirikos) Qui ne s'appuie que sur l'expérience, qui repose sur l'expérience commune : Une connaissance empirique. Qui manque de rigueur scientifique, qui procède par tâtonnements : Procédé très empirique.empirique (expressions) adjectif (latin empiricus, du grec empeirikos) Formule empirique, en physique ou en chimie, formule obtenue à la suite d'expériences et dont ne rend compte aucune théorie. ● empirique adjectif et nom Qui s'attache exclusivement à l'observation et au classement des données sans l'intervention d'un système ou d'une théorie a priori. Qui se conduit en tenant compte essentiellement des circonstances, des opportunités, sans faire référence à des principes arrêtés ; pragmatique. Se disait d'un médecin qui traitait les maladies d'après les seules données de l'expérience.

empirique
adj. (et n. m.)
d1./d Qui se fonde sur l'expérience et non sur un savoir théorique. Des connaissances empiriques.
d2./d PHILO Relatif à l'empirisme.

⇒EMPIRIQUE, adj.
A.— Vieilli, MÉD. [Correspond à empirisme A] Médecine, thérapeutique empirique. Médecine, thérapeutique qui a recours uniquement à l'expérience. Anton. rationnel, scientifique. Rien n'était plus décourageant, cela se conçoit, qu'une telle croyance, qui ne permettait qu'une physiologie approximative et une médecine empirique. Ce fut Claude Bernard qui, s'appuyant sur l'autorité de ses propres expériences, imposa aux physiologistes la notion d'un « déterminisme » rigoureux et sans réserves (J. ROSTAND, La Vie et ses probl., 1939, p. 142).
Médecin empirique. La chirurgie exercée par des barbiers empiriques (FRANCE, Bonnard, 1881, p. 421) :
1. ... si le médecin empirique possède le sens ou l'esprit scientifique, il aura conscience de son ignorance, il ne considérera plus l'empirisme que comme un état transitoire de la science qu'il faut se hâter de traverser; mais, si le médecin empirique n'a pas le sens scientifique qui lui donne conscience de son ignorance, il croira que l'empirisme est l'état définitif de la médecine, il tombera nécessairement dans l'empirisme non scientifique et deviendra charlatan.
C. BERNARD, Principes de méd. exp., 1878, p. 48.
P. ell. Un empirique. Il [le prêtre] ne la toucha pas, ne lui prescrivit aucun remède. Je sortis, persuadé que cet empirique était ou un fumiste ou un fou, mais quand trois jours après, les bras se levèrent, quand cette fille ne souffrit plus et qu'au bout d'une semaine elle put marcher, je dus bien me rendre à l'évidence; j'allai revoir ce thaumaturge (HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 212).
Souvent péj. Celui qui exerce la médecine sans la connaître. Synon. charlatan (cf. ex. 1). Saint-Ernest s'était fait empirique et charlatan, marchand de panacées, d'onguent pour la brûlure (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 87).
Rem. À l'époque mod., en méd. vétér., empirique, subst. masc., désigne une pers. ne possédant pas le diplôme de méd. vétér. mais pouvant pratiquer certaines interventions sans que ses actes tombent sous le coup de la loi.
B.— Cour. Qui ne s'appuie que sur l'expérience.
1. [Dans quelque domaine que ce soit, en parlant d'une méthode ou d'un mode de connaissance] La sociographie, dans laquelle l'accent est mis sur l'observation empirique des sociétés (Hist. sc., 1957, p. 1584) :
2. Ces conceptions nouvelles ne sont pas nées de l'observation empirique mais, au contraire, de l'étude précise, chez le nourrisson, des anticorps qui sont, on le sait, les facteurs de l'immunité et dont la présence permet à l'organisme de lutter contre les maladies infectieuses.
R. SCHWARTZ, Nouv. remèdes et maladies d'actualité, 1965, p. 125.
Emploi subst. masc. à valeur de neutre. L'équilibre du conceptuel et de l'empirique (Traité sociol., 1968, p. 124).
En partic. Qui repose sur l'expérience du métier, des autres ou de la vie. Connaissance, morale, précepte, sagesse, vérité empirique. Choix et amélioration empirique des fruits, des céréales et des troupeaux (TEILHARD DE CH., Phénom. hum., 1955, p. 227) :
3. Elle [Céleste] posa sur la table le bol bouillant, toisa le clergeon du même regard empirique, infaillible dont elle estimait le poids d'un poulet de grain, haussa les épaules et sortit.
BERNANOS, Un Crime, 1935, p. 759.
Péj. Approximatif, confus, routinier. Recettes, tâtonnements empiriques. Une politique d'humeurs, et une petite politique au jour le jour, empirique et bornée (MONTHERL., Malatesta, 1946, III, 4, p. 496).
[En parlant d'une sc.] Stade empirique. Qui constitue la première étape d'une démarche scientifique dont la seconde étape serait celle de l'abstraction, de la déduction, du raisonnement. La médecine, plus que toutes les autres branches des connaissances humaines a été forcée d'être pratique et empirique avant d'être scientifique (C. BERNARD, Princ. méd. exp., 1878, p. 297). Puis, la décoration du corps humain, des outils et des instruments, l'art du potier, les préoccupations architecturales qui surgirent quand l'homme se mit à construire, impliquaient quelques considérations géométriques qui souvent en restèrent au stade purement empirique, mais qui d'autres fois atteignirent un niveau plus élevé (Gds cour. pensée math., 1948, p. 513).
Rem. En ce sens, synon. de expérimental; s'oppose par contre à expérimental quand le stade empirique d'une science est une fin et non une étape, par refus de la théorie ou du raisonnement (cf. ex. 1).
Spéc., PHYS. Formule, loi empirique. Loi fondée exclusivement sur l'expérience. Les lois empiriques des sciences physiques et naturelles (POINCARÉ, Valeur sc., 1905, p. 24). Lois empiriques indiquées par Bragg comme expression approximative des faits (FRIEDEL, Cristallogr., 1926, p. 341).
2. [En parlant d'une pers.] Qui fait des découvertes fortuites, ne reposant sur aucun système ou théorie. La liste des sociologues américains à la fois théoriciens et chercheurs empiriques (Traité sociol., 1967, p. 63) :
4. ... beaucoup d'inventions retentissantes furent accomplies non par des spécialistes, mais par de simples amateurs, généralement plus riches d'imagination que de savoir technique, et souvent contre l'avis même des professionnels. C'est ainsi que la fabrication moderne de l'acier fut mise au point par deux bricoleurs empiriques, Bessemer et Thomas, en dépit des pontifes de la métallurgie...
P. ROUSSEAU, Hist. des transp., 1961, p. 204.
Le plus souvent avec une nuance péj. Il faut laisser l'enluminure aux Italiens et le clinquant aux architectes empiriques (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 244).
Emploi subst. masc. Un empirique. Il serait certes injuste de ne voir dans ces hyperchimistes que de vulgaires empiriques (CARON, HUTIN, Alchimistes, 1959, p. 95).
C.— PHILOS. [Correspond à empirisme C] École, philosophie empirique. Qui professe l'empirisme. Philosophe empirique et p. ell., un empirique. Philosophe partisan de l'empirisme :
5. La philosophie tout entière n'est que la science de la « cause », du « moyen » et de l'« effet ». Elle est purement rationnelle, si elle s'élève aux causes; empirique ou expérimentale, si elle se borne aux « effets ».
BONALD, Législ. primitive, t. 1, 1802, p. 292.
Spéc., dans la philos. kantienne de la connaissance. Intuition empirique. L'intuition sensible est empirique, l'intuition spatiale est pure ou a priori (M. ALEXANDRE, Lecture de Kant, Paris, P.U.F., 1961, p. 25).
P. anal. Le moi empirique (p. oppos. au moi transcendantal). Il ne faut pas traiter le Je transcendantal comme le vrai sujet et le moi empirique comme son ombre ou son sillage (MERLEAU-PONTY, Phénoménol. perception, 1945, p. 488). Le moi empirique, le sujet psychologique de nos états de conscience vécus dans le monde de la représentation (J. VUILLEMIN, Essai signif. mort, 1949, p. 71).
Rem. On rencontre ds la docum. a) Empiriquement, adv. D'une manière empirique. ) [Correspond à empirique A] Anton. rationnellement, scientifiquement. Aujourd'hui, le médecin se sert empiriquement, c'est-à-dire à peu près au hasard, de la plupart des moyens thérapeutiques puissants qu'il a entre les mains (C. BERNARD, Princ. méd. exp., 1878, p. 8). ) [Correspond à empirique B] Une grande équitation arabe, qui d'ailleurs ne se transmet qu'empiriquement (MORAND, Extrav., 1936, p. 80). ) [Correspond à empirique C] Les autres hommes qui existent empiriquement (MERLEAU-PONTY, op. cit., p. 511). Le moi posé comme un objet, empiriquement composite (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 576). b) Anempirique, adj. Indépendant de l'expérience. La conscience de l'intervalle onctueux et de l'épaisse continuation n'a prise à tout moment que sur des motivations et des déterminations, la détermination étant à la fois particularité représentable et relation nécessaire; une indétermination qui serait neutralité pure ne peut être qu'anempirique (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 245).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. FÉR. Crit. t. 2 1787 signale : ,,Plusieurs à caûse de l'étymologie grecque, ont cru qu'il falait écrire ces mots avec un y; mais ils n'en ont point dans l'origine``. Étymol. et Hist. 1314 (H. DE MONDEVILLE, Chirurgie, 1739, ds T.-L.). Empr. au gr. « empirique » ( « les médecins empiriques »), lat. class. empiricus subst. « médecin empirique ». Fréq. abs. littér. :732. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 159, b) 1 730; XXe s. : a) 367, b) 1 829. Bbg. GOHIN 1903, p. 313, 364.

empirique [ɑ̃piʀik] adj.
ÉTYM. 1314; lat. empiricus, grec empeirikos, de empeiros « expérimenté ».
Didact. Qui se guide seulement par l'expérience; qui résulte de l'expérience et ne se déduit d'aucune loi ou système ( Expérimental).
1 Vx. ou didact. (en parlant d'une pratique médicale). Qui s'appuie principalement sur l'expérience et non pas sur les données scientifiques et rationnelles. Empirisme (1.). || Médecine thérapeutique empirique.La secte empirique, qui, au IIIe siècle av. J.-C., prétendit se passer systématiquement de tout raisonnement en médecine. || Médecin empirique.N. || Les empiriques. || Sextus Empiricus, ou l'Empirique, médecin et philosophe grec.
1 Toute la médecine des empiriques se réduisait donc à avoir vu, à se ressouvenir et à comparer (…) Ajoutons qu'ils rejetaient toutes les causes diversifiées, occultes, ou cachées des maladies, toute hypothèse (…)
Encycl. (Diderot), artEmpirique.
(XVIIe). Péj. (Du fait que cette expérience se réduisait trop souvent à une expérience personnelle, secrète et informulable). || Médecine empirique, qui ne tient aucun compte des données de la science. || Médication empirique.N. (vx). || Un empirique : un médecin qui n'applique qu'une médecine empirique. Charlatan, guérisseur, rebouteux.
2 C'était un Italien (Caretti) […] qui gagnait de l'argent en faisant l'empirique.
Saint-Simon, Mémoires, I, XXXV.
3 (…) M. Fagon n'aura pas fait beaucoup de grâce aux empiriques; ces sortes de médecins, d'autant plus accrédités qu'ils sont moins médecins, et qui ordinairement se font un titre ou d'un savoir incompréhensible et visionnaire ou même de leur ignorance, ont trop souvent puni la crédulité de leurs malades (…)
Fontenelle, Fagon, in Littré.
4 (…) elle ne laissa pas de prendre le goût que son père avait pour la médecine empirique et pour l'alchimie : elle faisait des élixirs, des teintures, des baumes, des magistères; elle prétendait avoir des secrets.
Rousseau, les Confessions, II.
5 Un marchand d'orviétan passa dans le village; mon père, qui ne croyait point aux médecins, croyait aux charlatans : il envoya chercher l'empirique, qui déclara me guérir en vingt-quatre heures.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. I, p. 87.
2 Mod. Qui reste au niveau de l'expérience spontanée ou commune, n'a rien de rationnel ni de systématique. || Morale, précepte empirique. || Procédés purement empiriques. || Politique empirique. Pragmatique.
Péj. Approximatif. || Des recettes empiriques.
3 (1808). Philos. Qui résulte de l'expérience, de l'empirisme (2.). || Connaissance empirique par oppos. à connaissance rationnelle et, dans un sens plus particulier, à connaissance expérimentale. || La connaissance empirique est a posteriori. || Intuition empirique. || Formule empirique. || Procédés empiriques. || Méthode empirique. || Une science empirique. || Psychologie empirique. || Philosophie empirique, qui professe l'empirisme. Empirisme.Stade empirique d'une science : première étape d'une démarche scientifique (avant l'étape de l'abstraction, de la théorisation). Expérimental.
(Sujet n. de personne). Qui fait des découvertes spontanées, fortuites, ne reposant sur aucun système ou théorie. || Chercheur empirique.N. || Les empiriques. Empiriste.
6 On peut s'instruire, c'est-à-dire acquérir de l'expérience sur ce qui nous entoure, de deux manières, empiriquement et expérimentalement. Il y a d'abord une sorte d'instruction ou d'expérience inconsciente et empirique, que l'on obtient par la pratique de chaque chose. Mais cette connaissance que l'on acquiert ainsi n'en est pas moins nécessairement accompagnée d'un raisonnement expérimental vague que l'on fait sans s'en rendre compte (…)
Cl. Bernard, Introd. à l'étude de la médecine expérimentale, p. 47.
CONTR. Déductif, dogmatique, méthodique, rationnel, scientifique, systématique, théorique.
DÉR. Empiricité, empiriquement.

Encyclopédie Universelle. 2012.