embuer [ ɑ̃bɥe ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1877; de en- et buée
♦ Couvrir de buée, d'une sorte de buée. ⇒ 1. voiler. « Quand il pensait à Gilieth, les larmes embuaient ses yeux » (Mac Orlan). Pronom. Ses yeux s'embuèrent de larmes. — Vitres embuées.
● embuer verbe transitif (de buée) Couvrir quelque chose d'une buée, d'un nuage : La vapeur embuait les carreaux. Littéraire. Former comme un nuage sur les yeux, les voiler. ● embuer (homonymes) verbe transitif (de buée)
embuer
v. tr. Couvrir de buée.
— Pp. adj. Vitres embuées.
|| v. Pron. Lunettes qui s'embuent.
— Fig. Avoir les yeux qui s'embuent, se remplissent de larmes.
⇒EMBUER, verbe trans.
A.— 1. Couvrir, envelopper de buée. Il rêvait à un petit poulain qu'il avait été (...) avec sa mère qui l'embuait (JAMMES, Rom. du lièvre, 1903, p. 270). La vapeur cernait et embuait les carreaux (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 198).
♦ Emploi pronom. à sens passif. Le dos rayé (...) de la (...) carte (...) s'embue sous le doigt du joueur (ARAGON, Beaux Quart., 1936, p. 399).
— P. ext., littér. Envelopper d'une substance vaporeuse, de brume ou de brouillard. J'ai grandi là Sous les ciels de pluie embuant les plaines (JOUVE, Trag., 1922, p. 33).
♦ Emploi pronom. à sens passif. Un ciel s'embuant de nuages gris (MORAND, Fin de s., 1957, p. 39).
2. Au fig. Rendre confus, troubler. Une expression de surprise gênée embua le visage de Crivier (BUTOR, Passage Milan, t. 1, 1954, p. 166).
♦ Emploi pronom. à sens passif. Une sorte d'engourdissement pénétrait tout son être : l'attention fuyait, l'intelligence s'embuait (MARTIN DU G., Devenir, 1909, p. 53) :
• 1. J'aimerais le moment où le puissant répit
Du sommeil accapare et baigne ton visage,
Où ton mobile esprit s'embue et s'assoupit,
Où tu dors comme le feuillage.
NOAILLES, Les Forces éternelles, 1920, p. 34.
B.— P. anal., avec un sens factitif. Voiler (les yeux) de larmes, notamment sous l'effet d'une émotion. L'idée (...) d'embuer de grosses larmes ces jolis yeux clairs lui parut insupportable (A. DAUDET, Nabab, 1877, p. 92). Elle rougit, un souvenir inconnu de moi embua ses yeux (PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 506).
♦ Emploi pronom. à sens passif :
• 2. Marat regarde la femme (...). Leurs yeux se rencontrent, le regard de la femme s'embue (...) rien n'est plus excitant que le regard d'une inconnue qui se trouble.
VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 19.
Prononc. :[], embue []. Étymol. et Hist. 1877 « voiler les yeux de larmes » (A. DAUDET, loc. cit., p. 92); id. part. passé « couvert de buée » (ID., ibid., p. 237). Dér. de buée; préf. en-; dés. -er; cf. a. prov., prov. mod. (s')embugar « boire son soûl; abreuver, imbiber » (LÉVY, MISTRAL) dér. de buga correspondant à buée. Fréq. abs. littér. :23. Bbg. PAULI 1921, p. 75.
embuer [ɑ̃bɥe] v. tr.
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1 Couvrir d'une buée. || La vapeur embuait la vitre. — Pron. ⇒ littér. Buer. || Le pare-brise s'embue.
2 Par anal. Voiler (les yeux) de larmes. — Pron. || Son regard s'embua.
1 Et maintenant, quand il pensait à Gilieth, les larmes embuaient ses yeux.
P. Mac Orlan, la Bandera, XVIII, p. 221.
2 Ses gros yeux ronds s'étaient embués de larmes, il avait levé les sourcils, il regardait Horace et Neville d'un air interrogateur.
Sartre, le Sursis, p. 9.
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embué, ée p. p. adj.
1 Couvert de buée. || Vitres embuées. || Pare-brise embué.
2 Par anal. Voilé de larmes (en parlant des yeux). || Regard embué. || Yeux embués de larmes. ⇒ Embu.
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CONTR. Clair, net.
Encyclopédie Universelle. 2012.