buée [ bɥe ] n. f.
• XIVe, repris au XIXe; « lessive » 1219; du p. p. substantivé gallo-roman °bucata « lessive »; p.-ê. du frq. °bukon
♦ Vapeur qui se dépose en fines gouttelettes formées par condensation. Des vitres couvertes de buée (⇒ embuer) . « La buée qui sortait de sa bouche peu à peu effaçait sa figure bonasse, en se déposant sur la vitre » (Bosco).
● buée nom féminin (gallo-romain bucata, lessive, du francique bûkôn, tremper dans la lessive) Dépôt de fines gouttelettes d'eau formées par condensation : Vitres couvertes de buée. ● buée (synonymes) nom féminin (gallo-romain bucata, lessive, du francique bûkôn, tremper dans la lessive) Dépôt de fines gouttelettes d'eau formées par condensation
Synonymes :
buée
n. f.
d1./d Vapeur qui se condense sur un corps froid. De la buée sur les vitres.
d2./d Vapeur d'eau qui se dégage d'un liquide chauffé.
⇒BUÉE, subst. fém.
A.— Vx ou région. Lessive. Tu ne feras pas la « buée » des couvertures de laine, c'est trop lourd à tordre (VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, p. 10) :
• 1. On alla jusqu'à sonder les gros paniers de blanchisseuses emportant leur linge sale à l'extérieur pour faire leurs buées...
J. DE LA VARENDE, Cadoudal, 1952, p. 296.
B.— Vapeur d'eau.
1. Vapeur d'eau dégagée par une substance humide plus chaude que l'air ambiant :
• 2. Le long des bâtiments s'étendait un large fumier, de la buée s'en élevait, et, parmi les poules et les dindons, picoraient dessus cinq ou six paons, ...
FLAUBERT, Madame Bovary, t. 1, 1857, p. 14.
— P. métaph. [En parlant de choses vagues ou imprécises] Ses beaux yeux égarés brillent comme des globes de feu et ses rares cheveux nimbent son crâne de buée (SARTRE, La Nausée, 1938, p. 53); une buée légère de coudriers et de saules, au-dessus d'un gazon d'un vert noir et merveilleux (GRACQ, Un Beau ténébreux, 1945, p. 131).
♦ Au fig. :
• 3. ... Pierrot pensait à la mort de Louis XVI, ce qui veut dire, singulièrement, à rien de précis; il n'y avait dans son esprit qu'une buée mentale, légère et presque lumineuse comme le brouillard d'un beau matin d'hiver, qu'un vol de moucherons anonymes.
QUENEAU, Pierrot mon ami, 1942, p. 22.
• 4. Autour de lui [Mathieu] c'était pareil : il y avait des gens qui n'existaient pas du tout, des buées, et puis, il y en avait d'autres qui existaient un peu trop.
SARTRE, L'Âge de raison, 1945, p. 178.
— P. ext., littér. Brume, brouillard. Une légère buée blanche d'automne flotte sur les maisonnettes (P. LOTI, Japoneries d'automne, 1889, p. 233).
— En partic. Vapeur d'eau qui se dégage du pain pendant la cuisson.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. généraux.
2. Vapeur d'eau qui se dépose sur un corps froid (par exemple une vitre) par condensation. La buée qui se condense sur la tôle du wagon (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 122) :
• 5. Elle allait parfois à un des carreaux de la porte, enlevait de la main la buée, regardait ce que devenait le quartier par cette sacrée température; mais pas un nez ne s'allongeait hors des boutiques voisines, ...
ZOLA, L'Assommoir, 1877, p. 544.
— P. métaph., littér. :
• 6. ... je trouve la verve de Coppée bien vieux jeu, et son teint plus grisâtre, et plus marquée encore la buée qu'il semble avoir sur les yeux.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1890, p. 1135.
PRONONC. :[]. Également [bye].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. Entre 1219 et 1226 « lessive » au fig. (Hist. G. le Maréchal, éd. P. Meyer, 8088 : Si'n descouverrai la buée), considéré comme vx ou dial. par la plupart des dict dep. FUR. 1690; repris en 1834 (BALZAC, Eugénie Grandet, p. 294) et en 1952 (J. DE LA VARENDE, Cadoudal, p. 296); 2. a) 1387 (?) « évaporation » (Hist. de messire Bertrand du Guesclin, escrite en prose en l'an 1387 et nouvellement mise en lumière par M. Claude Ménard, Paris, Nivelle, 1618, p. 422), attest. isolée; réapparu en 1836 (Ac. Suppl.); b) 1782 techn. boulangerie « évaporation de l'humidité de la pâte ou du pain » (Encyclop. méthod. Mécan., t. 1, p. 279a, s.v. boulanger).
Du gallo-rom. bucata « lessive », v. buer.
STAT. — Fréq. abs. littér. :429. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 4, b) 643; XXe s. : a) 975, b) 889.
BBG. — LEW. 1960, p. 79.
buée [bɥe] n. f.
ÉTYM. V. 1220; p. p. subst. gallo-roman bucata « lessive », orig. incert., soit du francique bukon, soit mot roman, à rapprocher de l'anc. franç. buie « cruche, tuyau », lat. buca, doublet attesté de bucca « bouche » (Guiraud). → Buer.
❖
———
———
II
1 (1387, repris XIXe). Vapeur qui se dépose en fines gouttelettes formées par condensation. || Dégager de la buée. || Des vitres, des lunettes couvertes de buée. ⇒ Embué. || Essuyer la buée d'un parebrise. — « La buée de lait qui baignait les champs » (→ Illimiter, cit. 2, Maupassant).
1 (…) une vapeur bleuâtre ou grise, une buée universelle, qui fait autour des objets une gaze moite, même dans les beaux jours.
Taine, Philosophie de l'art, t. I, III, III, p. 270.
2 Jeune fille. Une rougeur s'étale sur sa joue comme la buée sur un vase d'eau fraîche.
J. Renard, Journal, 11 sept. 1907.
3 À cette heure, la salle (du bar) était pleine de noctambules attablés dans une buée tiède qui puait la cuisine, l'alcool, le cigare, et que brassaient en sifflant les ventilateurs.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 222.
4 La buée qui sortait de sa bouche peu à peu effaçait sa figure bonasse, en se déposant sur la vitre. Et alors, de sa grosse main, il essuyait cette vapeur sur le carreau, pour continuer à me regarder.
H. Bosco, le Jardin d'Hyacinthe, p. 115.
2 Littér. Apparence dont on n'aperçoit pas distinctement les détails. ⇒ aussi Brouillard, brume.
5 Tout ce gris pâlit jusqu'à n'être plus qu'une buée laiteuse, azurée (…)
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 687.
3 Idée confuse, imprécise. || « Il n'y avait dans son esprit qu'une buée mentale, légère et presque lumineuse (…) » (Queneau).
Encyclopédie Universelle. 2012.