embrumer [ ɑ̃bryme ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ Couvrir de brume. « L'orbe de la lune tout rouge se levait dans un horizon embrumé » (Bernardin de Saint-Pierre).
♢ Fig. Embrumer les idées, la tête, le cerveau, y mettre de la confusion. ⇒ troubler.
2 ♦ Assombrir, obscurcir. « des fronts qu'embrume le souci d'une préoccupation commune » (Courteline).
● embrumer verbe transitif Couvrir, envelopper de brume, de brouillard. Rendre le cerveau confus. ● embrumer (expressions) verbe transitif Embrumer le regard, l'assombrir, l'attrister.
embrumer
v. tr.
d1./d Couvrir, charger de brume.
— Pp. adj. Paysage embrumé.
|| v. Pron. Le ciel s'embrume.
d2./d Fig., litt. Assombrir, attrister. Les chagrins qui embrument la vie.
⇒EMBRUMER, verbe trans.
A.— Couvrir de brume :
• 1. Le lendemain matin régnait à Paris un de ces épais brouillards qui l'enveloppent et l'embrument si bien que les gens les plus exacts sont trompés par le temps.
BALZAC, Le Père Goriot, 1835, p. 47.
— Emploi pronom. passif. Le soir, quand tombe la nuit (...) je regarde le paysage du Bois au loin qui s'embrume (LÉAUTAUD, Journal littér., 1, 1893-1906, p. 143).
B.— P. anal. Couvrir, envelopper quelque chose (comme le ferait la brume ou le brouillard) en la rendant moins nette à la vue. Une draperie légère de gaze embrume son corps nu (RÉGNIER, Jeux rust., 1897, p. 59). De Scève ouvrit une fenêtre, car la fumée de trente cigares nous embrumait (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 144).
C.— Au fig.
1. Rendre moins net, estomper. Le temps n'adoucit rien, principalement la rancune, mais il estompe, il embrume tout (VERLAINE, Œuvres compl., t. 5, Confessions, 1895, p. IV). Certes les vingt ans écoulés depuis la mort de mon frère avaient, hélas! beaucoup embrumé son souvenir (LOTI, Prime jeun., 1919, p. 73).
♦ Emploi pronom. passif. Je rentrai pour l'hiver à Paris et les souvenirs de mon automne lorrain ne tardèrent pas à s'embrumer (BARRÈS, Serv. All., 1905, p. 57) :
• 2. Avec quel recueillement triste je les passe en revue, ces figures aimées ou vénérées (...); la plupart ont disparu et leurs images, que je voudrais retenir, malgré moi se ternissent, s'embrument, vont s'en aller aussi...
LOTI, Le Roman d'un enfant, 1890, p. 101.
— Spécialement
a) Embrumer le cerveau, la tête, les idées, etc. Y mettre de la confusion. Cerveau embrumé par l'insomnie, par le vin. Le mysticisme embrume les cervelles (ZOLA, Œuvre, 1886, p. 393). Les grands mots me remontaient à la gorge : Justice, Droit (...). C'était comme un vin trop fort qui m'embrumait le cerveau (VIALAR, Pt jour, 1947, p. 428).
♦ Emploi pronom. passif. Comme on est vulnérable, dans ces moments-là! C'est le moment où l'on s'enrhume (...) où votre esprit s'embrumerait si on avait une décision à prendre (MONTHERL., Malatesta, 1946, p. IV, 9, p. 528).
b) Embrumer le regard. Le rendre moins vif. Un regard tout embrumé par la digestion (DUHAMEL, Jard. bêtes sauv., 1934, p. 120). Elle [Elzélina] embruma son regard, en noya la fixité (ARNOUX, Roi, 1956, p. 229).
2. Rendre triste, assombrir. Des regards qui implorent et des fronts qu'embrume le souci d'une préoccupation commune (COURTELINE, Ronds-de-cuir, 1893, 5e tabl., p. 163) :
• 3. Ce spectacle m'avait embrumé le paysage, et la joie calme où s'ébaudissait mon âme avant d'avoir vu ces petits hommes avait totalement disparu...
BAUDELAIRE, Petits poèmes en prose, 1867, p. 79.
— Emploi pronom. passif. Il prenait (...) « son air funèbre ». Sa moustache devenait plus noire et plus terne, son regard s'embrumait. (...) sa voix semblait éteinte (DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p. 134).
Rem. On rencontre ds la docum. a) S'embrumailler, verbe trans. Synon. de s'embrumer (supra A). Le 3 février, au matin, la vigie vient à peine de signaler « Terre, à bâbord! » que le temps s'embrumaille (CENDRARS, Confess. Dan Yack, 1929, p. 119). b) Embrumement, subst. masc. Action d'embrumer. La seconde [femme], quoique à demi présente, est déjà moins nette; son parfum se dilue, son contour s'estompe (...). Et puis, après elle, l'éloignement indistinct s'accuse encore, l'embrumement se précipite et s'étoffe (ARNOUX, Visite Mathus., 1961, p. 131).
Prononc. et Orth. :[], (j')embrume []. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1298 part. passé « couvert de brume » (Voy. de Marc Pol., CLXXXV, Roux ds GDF.); 1837 fig. « attrister, assombrir » (BALZAC, Cath. de Médicis, Confid. Ruggieri, p. 304); 1867 part. passé « rendre confus » (BAUDEL., Curios. esthét., p. 318). Dér. de brume; préf. en-; dés. -er. Fréq. abs. littér. :28.
embrumer [ɑ̃bʀyme] v. tr.
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1 Couvrir de brume. || L'automne embrumait déjà les prés le long de la rivière.
♦ Par ext. Couvrir, envelopper d'une matière qui estompe les formes. || La fumée embrumait la pièce.
2 Fig. Rendre moins net, estomper. ⇒ Embuer. || Le temps avait embrumé ses souvenirs.
♦ Spécialt. || Embrumer les idées, la tête, le cerveau, y mettre de la confusion. ⇒ Troubler. || L'alcool lui avait embrumé le cerveau. — Embrumer le regard, le rendre terne.
3 (1837). Fig. Rendre triste. ⇒ Assombrir, attrister, obscurcir.
1 Ce spectacle m'avait embrumé le paysage, et la joie calme où s'ébaudissait mon âme avant d'avoir vu ces petits hommes avait totalement disparu (…)
Baudelaire, le Spleen de Paris, XV, « Le gâteau ».
2 (…) des fronts qu'embrume le souci d'une préoccupation commune.
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 5e tableau, 1.
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s'embrumer v. pron.
1 Se couvrir de brume. || L'horizon commence à s'embrumer.
2 Fig. Devenir triste, sombre.
3 (…) tout mon chagrin s'embrume des subtiles particules qui se lèvent de nos amours réunies, mais quelle effroyable limpidité sèche, peu après ton départ !
M. Barrès, Un jardin sur l'Oronte, p. 183.
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embrumé, ée p. p. adj.
1 Couvert de brume. || Horizon, ciel embrumé. ⇒ Embrun.
4 L'orbe de la lune tout rouge se levait, dans un horizon embrumé, d'une grandeur démesurée (…)
Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virginie.
5 (…) un océan sauvage, des syrtes embrumées (…) c'est tout ce qui s'offre aux regards.
Chateaubriand, le Génie du christianisme, III, V, 5.
♦ Par ext. || Yeux embrumés, couverts d'un voile de larmes. ⇒ Embué, humide.
6 Les légionnaires gelés, le visage raide, le nez rouge et les yeux embrumés par des larmes de froid se groupaient autour de Gilieth.
P. Mac Orlan, la Bandera, XVII, p. 202.
2 Fig. Qui manque de netteté. ⇒ Confus, nébuleux. || Des rêveries embrumées. — Une voix embrumée, qui a perdu sa clarté.
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CONTR. Éclaircir, ensoleiller.
Encyclopédie Universelle. 2012.