éconduire [ ekɔ̃dɥir ] v. tr. <conjug. : 38>
• 1485; altér., d'apr. conduire, de l'a. fr. escondire « excuser, refuser », lat. médiév. excondicere, de ex- négatif et condicere « convenir, conclure »
1 ♦ Repousser (un solliciteur), ne pas accéder à la demande de (qqn). ⇒ refuser (cf. Envoyer promener, paître, etc.). « Un solliciteur trop tenace pour être éconduit, et trop bien placé » (Romains). Un des soupirants qu'elle a éconduits.
2 ♦ (par attract. de conduire) Congédier. « Je l'éconduisis, [...] je restai seul dans la chambre » (Proust).
⊗ CONTR. Accueillir.
● éconduire verbe transitif (ancien français escondire, avec l'influence de conduire) Congédier quelqu'un, refuser de le recevoir, ne pas accepter sa demande : Éconduire un importun. ● éconduire (difficultés) verbe transitif (ancien français escondire, avec l'influence de conduire) Conjugaison Comme conduire. ● éconduire (synonymes) verbe transitif (ancien français escondire, avec l'influence de conduire) Congédier quelqu'un, refuser de le recevoir, ne pas accepter sa...
Synonymes :
- chasser
- renvoyer
Contraires :
- recevoir
éconduire
v. tr. Mettre dehors, repousser avec plus ou moins de ménagement; ne pas agréer. éconduire un importun.
— Litt. ou plaisant éconduire un soupirant. Syn. repousser.
⇒ÉCONDUIRE, verbe trans.
A.— Vx ou vieilli. [Souvent avec compl. second. désignant un lieu] Conduire hors de, éloigner. Il ne les avait pas chassés, mais éconduits de leurs domaines (TOCQUEVILLE, Anc. Rég. et Révol., 1856, p. 129). Je vous apporte le meilleur des prétextes à lui fournir pour éconduire Fernand de chez lui (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 1, 1859, p. 190).
— P. métaph. Le péché mortel est éconduit, est mené à la porte de la ville à grands coups de tambour (...) mais la sensualité revient tout doucement, se glisse par une poterne (GREEN, Journal, 1955-58, p. 284).
Rem. LITTRÉ, Lar. 19e Suppl. 1878, Nouv. Lar. ill. et Lar. 20e attestent le sens ,,conduire au dehors`` en parlant de l'eau. L'eau qui aura servi dans la turbine [servant à épuiser les caves inondées] sera éconduite, bien entendu, par l'égout (H. DE PARVILLE, Journ. offic., 11 mai 1876, p. 3208, 1re col. ds LITTRÉ).
B.— Se débarrasser de (quelqu'un) avec plus ou moins de ménagement, sans satisfaire à ses demandes. Éconduire un créancier, un solliciteur, un visiteur; se faire éconduire. Pour les directeurs de théâtre qui cherchent de quoi éconduire un auteur importun (MUSSET, Le Temps, 1831, p. 140). Un chemineau, éconduit à la nuit tombante par notre cuisinière (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 43) :
• Un soir, comme ma salle d'attente était presque vide, un prêtre entra pour me parler. Je ne le connaissais pas ce prêtre, j'ai failli l'éconduire. Je n'aimais pas les curés, j'avais mes raisons...
CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932, p. 415.
♦ [Le compl. d'obj. désigne ce que l'on ne satisfait pas] S'il [l'enfant qui demeure en nous], interroge, nous éconduisons sa curiosité que nous traitons de puérile (VALÉRY, Variété V, 1944, p. 16).
— En partic. [À propos de sentiments amoureux] Repousser les demandes, les avances de (quelqu'un). Éconduire un amant, un amoureux, un soupirant. Nulle ne sait mieux éconduire un galant par une politesse exacte et glacée qui ne laisse pas d'espoir (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 200).
♦ [Le compl. d'obj. désigne les avances faites par quelqu'un] Elle avait éconduit les hommages du plus haut parage (STENDHAL, Amour, 1822, p. 53).
Rem. Pour ce dernier emploi, la docum. atteste l'emploi adj du part. passé. Amant heureux ou éconduit. Voisins jaloux, rivales éconduites, parents même venaient-ils à connaître quelque intrigue, vite une lettre partait pour la Gestapo (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 204).
Prononc. et Orth. :[], (j')éconduis []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. Ca 1485 « se débarrasser avec plus ou moins de ménagement, d'une personne, d'une demande » (Myst. Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 18732). B. 1876, 11 mai (H. DE PARVILLE, Journ. offic., p. 3208, 1re col. : L'eau [...] sera éconduite ... par l'égout). A altération sous l'infl. de conduire de l'a. fr. escondire, ca 1050 pronom. « s'excuser » (Alexis, éd. Chr. Storey, 321), ca 1170 trans. « repousser, refuser » (Rois, éd. E. R. Curtius, p. 81) encore en m. fr., du b. lat. (se) excondicere (av. 882 « s'excuser », 873 « réfuter une accusation » ds NIERM.) composé du lat. condicere « convenir de ». B dér. de conduire; préf. é-. Fréq. abs. littér. :109. Bbg. DARM. Vie 1932, p. 131.
éconduire [ekɔ̃dɥiʀ] v. tr. [CONJUG. conduire.]
ÉTYM. V. 1485; altération, sous l'infl. de conduire, de l'anc. franç. escondire « refuser », s'escondire « s'excuser »; lat. médiéval excondicere, de ex-, négatif, et du lat. class. condicere « convenir de ».
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1 Repousser (un solliciteur), ne pas accéder à la demande de (qqn). ⇒ Refuser; → fam. Envoyer au bain, aux pelotes, envoyer balader, bouler, paître, promener… || Éconduire un solliciteur (→ Croulant, cit. 10). || Il s'est fait éconduire brutalement. || Je l'ai poliment éconduit. ⇒ Excuser (s'). || Un des soupirants qu'elle a éconduits. — Au p. p. || Prétendant éconduit.
1 Éconduire un lion rarement se pratique.
Le voilà donc admis, soulagé, bien reçu (…)
La Fontaine, Fables, IV, 12.
2 Je pris donc, en attendant mieux, le parti d'aller m'offrir de boutique en boutique pour graver un chiffre ou des armes sur de la vaisselle, espérant tenter les gens par le bon marché, en me mettant à leur discrétion. Cet expédient ne fut pas fort heureux. Je fus presque partout éconduit (…)
Rousseau, les Confessions, II.
3 Éconduit, il insiste (le courtisan); repoussé, il tient bon; qu'on le chasse, il revient; qu'on le batte, il se couche à terre.
P.-L. Courier, Simple discours.
2 Congédier. ⇒ Chasser, congédier, débarrasser (se), reconduire, renvoyer; porte (refuser sa porte, mettre à la porte…). || Éconduire un visiteur, un importun.
4 Je l'éconduis, car je craignais que, tout en chuchotant, il ne finît par éveiller maman.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. X, p. 331.
5 Il (Sainte-Beuve) se serait volontiers offert comme consolateur. Il fut éconduit, ne revint pas — et il ne parlera jamais des livres de madame d'Agoult.
Émile Henriot, les Romantiques, p. 442.
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CONTR. Accueillir, admettre, recevoir.
Encyclopédie Universelle. 2012.