drague [ drag ] n. f. I ♦
1 ♦ Filet de pêche en forme de poche, muni d'une armature en triangle ou en arc de cercle et dont la partie inférieure forme racloir. Drague à huîtres, à moules. Pêcheur à la drague.
2 ♦ (1676) Instrument ou machine servant à enlever du fond de l'eau du sable, du gravier, de la vase. Drague à bras, à main : poche en tôle munie d'un manche.
♢ Spécialt Construction flottante (chaland, ponton, navire) portant un engin mécanique destiné à curer les fonds des fleuves, canaux, estuaires, à creuser les bassins et chenaux des ports; l'engin mécanique lui-même. Drague à godets, munie d'une chaîne sans fin de récipients. Drague à benne preneuse, à benne piocheuse. Drague suceuse.
3 ♦ Anciennt Drague pour mines sous-marines : appareil muni de cisailles qui coupaient les orins des mines rencontrées. — Drague hydrographique ou drague flottante : filin immergé à profondeur constante, remorqué par deux embarcations, et qui sert à repérer les roches sous-marines.
II ♦ (1961) Fam. Recherche d'aventures galantes. ⇒ dragage; draguer; dragueur. La drague sur la plage.
● drague nom féminin (anglais drag, de to drag, tirer) Engin de terrassement destiné à enlever, du fond d'un cours d'eau ou du fond de la mer, du sable, du gravier ou de la vase. Engin mobile, fait d'un filet armé ou de métal, destiné à racler le fond pour en rapporter des éléments vivants ou minéraux. Dispositif employé pour enlever ou détruire les mines sous-marines. Filet à manche pour pêcher à la traîne. Petit chalut pour pêcher les coquilles Saint-Jacques et les praires. Familier. Action d'aborder quelqu'un en vue d'une aventure amoureuse facile. ● drague (expressions) nom féminin (anglais drag, de to drag, tirer) Drague hydrographique ou flottante, câble remorqué à profondeur déterminée et constante pour repérer les dangers sur le sol marin (têtes de roche, épaves). ● drague (homonymes) nom féminin (anglais drag, de to drag, tirer) drag nom masculin drague verbe draguent verbe dragues verbe ● drague (synonymes) nom féminin (anglais drag, de to drag, tirer) Engin de terrassement destiné à enlever, du fond d'un cours...
Synonymes :
- dragueur
- marie-salope (populaire)
drague
n. f.
d1./d Filet muni d'une armature et d'un manche, servant à la pêche aux huîtres, aux moules.
d2./d Engin de terrassement flottant utilisé pour approfondir un chenal, extraire des matériaux. Drague à godets.
d3./d Fig., Fam. La drague: le fait, l'action de draguer (sens II).
I.
⇒DRAGUE1, subst. fém.
Engin servant à racler le fond (de la mer, d'un lac, d'un fleuve, etc.) pour recueillir ou ramasser quelque chose ou pour nettoyer.
A.— [L'idée dominante est celle de récupération, de saisie]
1. PÊCHE. Nasse employée pour la pêche à la traîne, dont l'embouchure possède à la partie inférieure une forte racloire destinée à arracher les coquillages se trouvant sur les fonds marins ou les rochers. Pêcher à la drague; drague à huîtres, à moules. La drague rapporte de ces profondeurs, parfois en surprenante abondance, des dents de requins et des caisses tympaniques de baleines (LAPPARENT, Abr. géol., 1886, p. 42) :
• 1. Nous donnâmes plusieurs coups de drague en partant; et nous prîmes des huîtres, auxquelles étaient attachées des poulettes, petites coquilles bivalves que très-communément on rencontre pétrifiées en Europe...
Voyage de La Pérouse, t. 3, 1797, p. 25.
Rem. 1. ,,On comprend sous le nom générique de drague les pêches qui se font à la traîne avec des filets à manche`` (BAUDR. Pêches 1827); sens vieilli. 2. Plusieurs dict. gén. (LITTRÉ, GUÉRIN 1892, Lar. Lang. fr.) attestent le dimin. draguette, subst. fém. Petite drague.
2. MARINE
a) Câble lesté ou grappin de fer qu'on promène au fond de l'eau pour en tirer les objets immergés. Il y avait alors plus de trois jours et trois nuits que nous n'avions rien bu ni mangé (...). Nous fîmes une espèce de drague en plantant quelques clous (...) dans deux pièces de bois (...) nous les jetâmes dans la cabine et les promenâmes ça et là, avec le faible espoir d'accrocher quelque article qui pût servir à notre nourriture (BAUDEL., Avent. Pym, 1858, p. 119).
b) Emplois spéc.
— Drague pour mines sous-marines (ROB.). Filin remorqué par un navire, immergé à profondeur constante et muni de cisailles qui coupent les orins des mines rencontrées pour les faire remonter à la surface.
— Drague hydrographique ou flottante (Lar. Lang. fr.). Filin remorqué par deux embarcations, maintenu horizontalement à la profondeur désirée par des flotteurs et qui sert à repérer les roches sous-marines.
B.— [L'idée dominante est celle de nettoyage] MAR. et TRAV. PUBL. Engin conçu et utilisé pour enlever à des fins de nettoyage et de curage ce qui se trouve au fond généralement de l'eau :
• 2. ... mais cet immense chantier de travail sans lendemain et d'entreprise sans échéance est la plupart du temps à l'abandon, les dragues, les maries-salopes, les chalands envasés dans les eaux noires de rouille où mijote et se détériore une machinerie en panne...
CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 305.
— Spécialement
♦ Drague à main, à bras. Pelle très creuse, à long manche, permettant de curer les eaux peu profondes ou les puits (d'apr. PLAIS.-CAILL. 1958).
♦ Drague mécanique. Machine montée sur une construction flottante (chaland, bateau, ponton) dont le travail consiste à curer les canaux, rivières, ports, etc. afin qu'ils restent navigables. Synon. dragueuse, revoyeur, curemôle.
♦ Drague à claie. ,,Instrument aratoire employé pour approfondir les labours sans ramener à la surface la terre du fond; c'est une sorte de sous-soleuse`` (FEN. 1970).
♦ Drague à chapelets, à godets, à échelles; drague aspirante ou suceuse. Les types de dragues sont très nombreux. En France, on n'emploie que la drague à échelles ou à godets et la drague aspirante ou suceuse (BOURDE, Trav. publ., 1929, p. 135) :
• 3. La vallée maintenant s'éveillait, emplie de lumière et de mouvement. Une drague au loin se mit à haleter, tandis qu'on entendait le bruit sourd des graviers roulant dans les godets, dont la chaîne remontait des profondeurs du fleuve. Chaque fois qu'un godet arrivait au sommet de la drague, le soleil y accrochait une lueur, rapide comme un éclair.
MOSELLY, Terres lorraines, 1907, p. 216.
P. métaph. Les badauds, enracinés par la curiosité et l'horreur, se pressaient plus nombreux encore à l'entrée de la rue Jean-Goujon (...). On faisait la chaîne, une drague dont chaque godet humain passait au suivant, avec des gestes saccadés, des seaux pliants qui partaient pleins et arrivaient vides (MORAND, Fin de siècle, 1957, p. 157).
♦ Drague rotative. Les dragues rotatives (...) effectuent simultanément le creusement et le curage (HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Exploitation mines, 1905, p. 985).
— P. anal., MÉD. ,,Sorte de curette en mousse, généralement à longue tige, agissant d'avant en arrière, utilisée surtout pour l'évacuation des corps étrangers dans un conduit naturel`` (Méd. Biol. t. 1 1970). Drague biliaire du Dr Desjardins (Catal. instruments chir. [Collin], 1935, p. 236).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1762-1932. Homon. drag. Étymol. et Hist. 1. [1300-1301 dragge dans texte de lat. médiév. « filet pour pêcher à la traîne » (Roluti Parlamentorum, 1, 254a ds MED)]; 1381-82 agn. dragge (ibid., 3, 128a, ibid.); 2. 1411 id. « barge » (ibid., 3, 665b, ibid.); 3. 1556 « appareil servant à retirer du limon, du sable du lit d'un cours d'eau » (P. Saliat, trad. d'HÉRODOTE, II, 136 ds HUG.); 4. 1701 (FUR. : Chercher une ancre avec le gros cordage appelé drague). Empr. au m. angl. dragge, angl. drag, (XIVe s., terme de pêche; début XVe s., sens 2; fin XVe s., sens 4 ds MED) se rattachant au verbe a. nord. draga « tirer », subst. verbal drag « madrier sous la quille d'un bateau; isthme où l'on doit tirer un bateau » cf. isl. drag « action de tirer, de traîner » (DE VRIES Anord.). Fréq. abs. littér. :17. Bbg. BONN. 1920, p. 48.
II.
⇒DRAGUE2, subst. fém.
A.— Aller à, faire la drague (ESN. 1966). Aller à, faire la maraude.
B.— Action de flâner à la recherche d'une aventure galante. Être fort à la drague. Cf. La Drague de G. Bedos ds L'Avant scène, n° 538, 1er avril 1974, p. 23.
Prononc. :[]. Homon. drag. Étymol. et Hist. 1961 (Dict. des femmes, Sté de publications et d'éditions d'Alger, p. 109). Déverbal de draguer (en quête d'aventures galantes).
III.
⇒DRAGUE3, subst.
Argot
A.— Subst. fém. [Chez les camelots]
1. Vente de plantes médicinales, d'orviétans, de remèdes plus ou moins charlatanesques (cf. GALTIER-BOISSIÈRE, DEVAUX, Dict. arg., 1939, p. 34) :
• Le pathos [hérité des vieux marchands d'orviétan] est resté, encore que certains « ouvriers de la drague » soient garçons intelligents et de belle culture.
A. BREFFORT ds L'Œuvre, 28 janv. 1937, p. 2, col. 1.
2. P. ext.
a) ,,Fonds de commerce ou état de saltimbanque; attirail d'escamoteur`` (DELVAU 1866).
b) Le métier de banquiste lui-même. Monter une drague. S'établir charlatan. Il avait pris des associés et monté une drague (J. Vallès ds L. RIGAUD, Dict. jargon paris., 1878, p. 125).
B.— Subst. masc.
1. P. méton. [Chez les camelots] Celui qui vend de la drague, des plantes médicinales. Synon. dragueur. Les « dragues » sont les descendants stylisés de l'ancien marchand d'orviétan (A. Breffort ds L. RIGAUD, Dict. jargon paris., 1878, p. 125).
2. P. ext. Médecin. J'ai poissé la fauf d'un drague (j'ai volé la tabatière d'un médecin) (Dict. complet de l'arg., 1844, p. 41).
Prononc. :[]. Homon. drag. Étymol. et Hist. 1. 1866 fém. « attirail d'escamoteur » (DELVAU); 2. 1885 masc. « charlatan » (Le Petit Journal, 6 janv. ds Z. fr. Spr. Lit. t. 8, 351). Peut-être issu de drague1 « filet pour pêcher à la traîne », « le charlatan essayant d'attirer, de prendre des victimes comme dans une nasse » (FEW t. 18, p. 53a).
1. drague [dʀag] n. f.
ÉTYM. 1556; drègue, en 1388, Bloch; dragge, en lat. médiéval (v. 1300); drague « machine à curer », au XVIIe; angl. drag « crochet, filet », de to drag « tirer ». → Drag.
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1 Filet en forme de poche, muni d'une armature (en triangle, en arc de cercle…), et dont la partie inférieure forme racloir. || Drague à huîtres, à moules, pour l'exploitation des gisements naturels d'huîtres. || Drague à étriers (ou grège), utilisée pour la pêche des coquilles Saint-Jacques. || Pêcher à la traîne avec une drague. || Pêcheur à la drague. || Petite drague. ⇒ Draguette, drainette.
1 La drague, dans quelques ruisseaux affluents du Mississippi, amène de grandes huîtres à perles (…)
Chateaubriand, Voyage en Amérique, IV, 14.
♦ Le racloir adapté au filet.
2 Plus cour. Instrument ou machine servant à enlever du fond de l'eau du sable, du gravier, de la vase. || Drague à bras, à main : poche en tôle munie d'un manche. || Curer un puits, le fond d'une rivière à la drague.
➪ tableau Noms de machines.
♦ Spécialt. Construction flottante (chaland, ponton, navire) portant un engin mécanique destiné à curer les fonds des fleuves, canaux, estuaires, à creuser les bassins et chenaux des ports, etc.; l'engin mécanique lui-même (⇒ Cure-môle). || Drague à godets, munie d'une chaîne sans fin formée de récipients. || Drague à benne preneuse, à benne piocheuse, servant à dérocher (on l'appelle aussi dérocheuse). || Drague suceuse, aspirant le sable, la vase au moyen d'une pompe centrifuge (drague à succion). || Drague à cuiller. || On charge les vases extraites par la drague sur un chaland. ⇒ Marie-salope. — Drague sèche, pour creuser, approfondir des fossés, etc. ⇒ Excavateur.
2 Afin d'améliorer l'accès des ports, on approfondit les chenaux, les passes ou les mouillages (…) Jadis, pour entretenir les profondeurs, par exemple dans le chenal intérieur de Dunkerque, on ne disposait que des chasses d'eau d'un bassin de retenue (…) maintenant les dragues entretiennent des profondeurs de 5 à 6 mètres (…) Par les mêmes procédés, on a ouvert aux gros navires les lits de la Seine et de la Loire (…) La même méthode aboutit à creuser des mouillages en eau profonde (…)
Demangeon, Géographie économique et humaine de la France, p. 560.
♦ Filet, grappin ou griffe de fer destinés à racler le fond d'un bassin, d'une rivière pour y retrouver des objets immergés.
♦ Drague pour mines sous-marines : appareil remorqué par un navire (⇒ Dragueur, I., 3., b), immergé à profondeur constante et muni de cisailles qui coupent les orins des mines rencontrées.
♦ Drague hydrographique ou drague flottante : filin immergé à profondeur constante, remorqué par deux embarcations, et qui sert à repérer les roches sous-marines.
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II (1961, in T. L. F.; déverbal de draguer). Fig., fam. Action de déambuler à la recherche d'une aventure galante.
3 (…) c'est le ghetto redouté de l'homosexualité féminine, de la drague grossière, qui se trouve révélé d'un coup (dans une scène de la Recherche du temps perdu) : toute une scène par le trou de serrure du langage.
R. Barthes, Fragments d'un discours amoureux, p. 34-35.
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DÉR. (Du sens I) Draguer, draguette.
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2. drague [dʀag] n. f. ⇒ Drèche.
Encyclopédie Universelle. 2012.