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dissipé

dissipé, ée [ disipe ] adj.
XVIe; de dissiper
1 Qui manque d'application, est réfractaire à la discipline. Enfant, élève dissipé. indocile, turbulent.
2Littér. Frivole, déréglé. Mener une vie dissipée. dissolu.
⊗ CONTR. Appliqué, attentif. Sérieux.

dissipé, ée
adj.
d1./d Inattentif, turbulent. Un élève dissipé.
d2./d Litt. Livré aux plaisirs. Une existence dissipée.

⇒DISSIPÉ, ÉE, part. passé et adj.
I.— Part. passé de dissiper.
II.— Adjectif
A.— Rare
1. [En parlant d'une réalité mensongère ou erronée] Qui a été anéanti, qui a disparu. Une erreur dissipée nous donne un sens de plus (PROUST, Sodome, 1922, p. 613).
2. [En parlant d'un bien] Qui a été dépensé follement ou avec prodigalité. La portion dissipée du capital (SAY, Écon. pol., 1832, p. 447). Son patrimoine dissipé s'était rétabli par un heureux mariage (BALZAC, Méd. camp., 1833, p. 195).
B.— [En parlant d'une pers. ou d'une de ses qualités]
1. Domaine moral, vieilli. Qui aime à s'amuser, qui s'adonne à des occupations frivoles. Anton. sérieux. Odette dissipée, moi studieuse, Odette toujours dans les chiffons, les histoires d'amour, rapidement prise par Montparnasse; moi, habillée à la diable, regardant les hommes de travers, puisque Vladimir n'était plus, et dès quinze ans prenant des allures d'étudiante (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 299) :
1. Qu'était-ce que Morny? Disons-le. Un important gai, un intrigant, mais point austère (...) souteneur de Guizot, ayant les manières du monde et les mœurs de la roulette (...) dissipé, mais concentré...
HUGO, Histoire d'un crime, 1877, p. 24.
PARAD. Dissipé et léger, frivole, volage, étourdi; dissipé et dépensier, prodigue.
Emploi subst. Octave mena cette vie d'inutile et de dissipé (VERNE, 500 millions, 1879, p. 171).
P. ext., plus usuel. Vie, jeunesse dissipée. Passée dans la dissipation. Milieu, siècle dissipé; caractère dissipé; humeur, nature dissipée. Il [Cowper] retourna à Londres reprendre sa vie, non pas licencieuse, mais gaiement dissipée et diversement légère (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 11, 1851-62, p. 144) :
2. Elzéar s'était organisé une existence conforme à son programme, partagée entre les heures studieuses et les heures dissipées. Ce double aspect se reflétait fidèlement dans la physionomie de l'appartement qu'il occupait, avenue Bosquet.
DE VOGÜÉ, Les Morts qui parlent, 1899, p. 49.
2. Domaine intellectuel
a) Qui n'est pas concentré, qui se disperse. Esprit dissipé. Je ne sais plus où j'en suis. Je suis tout dissipé. Manœuvres, départ, tant de villes traversées m'ahurissent (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1895, p. 248) :
3. Le dandy se rassemble, se forge une unité, par la force même du refus. Dissipé en tant que personne privée de règle, il sera cohérent en tant que personnage.
CAMUS, L'Homme révolté, 1951, p. 73.
Rem. On rencontre ds la docum. la constr. arch. être dissipé à qqc.,à signifie « vers » ou « par ». Une présence (...) qui (...) protégeait son esprit, le défendait d'être dissipé aux divertissements du monde (VALÉRY, Variété IV, 1938, p. 27).
b) Spéc., usuel, dans le lang. scol. Qui est inattentif et turbulent. Enfant, élève, écolier dissipé :
4. Vous êtes une mauvaise enfant, me dit-elle, et ce que vous pensez est pire que tout ce que vous faites. On vous pardonnerait d'être dissipée et paresseuse, mais puisque c'est par entêtement et par mauvaise volonté que vous mécontentez votre bonne maman, vous mériteriez qu'elle vous renvoyât chez votre mère.
SAND, Histoire de ma vie, t. 3, 1855, p. 60.
Emploi subst. Un dissipé, une dissipée. Un enfant, un élève dissipé. Le dissipé se constitue une personnalité, il se fait remarquer : ne pouvant briller dans ses études, il se distingue dans le chahut (LAFON 1969, s.v. dissipation).
Fréq. abs. littér. :605. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 106, b) 785; XXe s. : a) 657, b) 812.

Encyclopédie Universelle. 2012.