digue [ dig ] n. f.
• 1360; dike 1373; moy. néerl. dijc
1 ♦ Longue construction destinée à contenir les eaux (⇒ endiguer). Digues fluviales. Digue de retenue d'eau dans le voisinage d'une écluse. ⇒ chaussée, levée. — Digue faisant une avancée en mer. ⇒ jetée, 2. môle. Digue à claire-voie. ⇒ estacade. Digue d'où l'on embarque. ⇒ embarcadère. Digue en pleine mer. ⇒ brise-lames. Se promener sur la digue. Tempête qui brise une digue.
2 ♦ Fig. Ce qui contient, retient, arrête une force, un mouvement. ⇒ barrière, frein, obstacle. « Le flot accumulé, renversant toutes les digues du devoir et de la loi » (Taine). Élever une digue, des digues contre qqch. ⇒ rempart.
● digue nom féminin (moyen néerlandais dijc) Ouvrage continu sur une certaine longueur, destiné à contenir les eaux ou à protéger contre leurs effets, ou encore à guider leur écoulement. Obstacle naturel qui s'oppose à l'écoulement des eaux : Le sable forme une digue. Obstacle destiné à contenir l'action d'une force quelconque, dans l'ordre naturel, moral, psychologique ou social : Élever une digue contre la révolution. Barrage en matériaux discontinus (enrochements ou terre). ● digue (expressions) nom féminin (moyen néerlandais dijc) Digue à stériles, bassin de décantation des stériles rejetés par l'usine d'enrichissement du minerai, délimité par une digue. ● digue (synonymes) nom féminin (moyen néerlandais dijc) Obstacle destiné à contenir l'action d'une force quelconque, dans l'ordre...
Synonymes :
- barrage
- barrière
- entrave
- frein
- mur
digue
n. f.
d1./d Construction servant à contenir les eaux marines ou fluviales.
d2./d Fig. Ce qui retient. Les digues de la morale.
⇒DIGUE, subst. fém.
A.— Longue construction destinée à faire obstacle aux eaux, soit pour protéger les côtes de l'érosion marine et les terrains bas de l'envahissement par la mer, soit pour régulariser un cours d'eau et protéger ses rives. Digue insubmersible, submersible; digue en enrochement. Synon. moins usuel levée. On allait au hasard sur le large lit de l'Escaut, entre les deux rives basses et sablonneuses, (...) bordées de digues en fascines (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 93). La construction de cette petite digue qui éviterait l'inondation périodique des bas quartiers (CAMUS, Exil et Roy., 1957, p. 1661) :
• 1. Le 28 a été employé à visiter le pont en détail et à naviguer sur la rivière pour voir la grande digue d'une lieue élevée pour maîtriser le cours de la Garonne devant Bordeaux.
MAINE DE BIRAN, Journal, 1820, p. 290.
SYNT. Digue protectrice; digue crevée, rompue; pied, sommet de la digue; bâtir, construire une digue; dissoudre, éventrer une digue.
— En partic. Construction reliée à la terre s'avançant dans la mer et protégeant l'entrée d'un port. Synon. jetée, môle. Nous arrivions à Thorshavn dont la rade est (...) protégée par une digue (CHARCOT, Mer Groënland, 1929, p. 106). Contre les vents de suroît une digue de bonne maçonnerie protégea l'isthme (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 157).
B.— P. anal.
1. Obstacle naturel longitudinal ou transversal qui s'oppose à l'écoulement des eaux. Une digue mobile de vase qui se forme, au-devant de l'embouchure (LAPPARENT, Abr. géol., 1886, p. 33). Les galets que la mer a amoncelés forment une digue naturelle et protègent les maisons, ainsi qu'une partie des champs (FRANCE, Pierre Nozière, 1899, p. 223). Des rochers allongés dans la mer faisaient une digue sauvage (FRANCE, Île ping., 1908, p. 21).
2. Élévation de terre qui enclôt un champ, un verger. Chaque champ forme [en Normandie] comme un enclos entouré de murs de terre; ces digues, établies régulièrement sur le bord de tous les champs, sont couronnées d'une foule de jeunes ormeaux (STENDHAL, Lamiel, 1842, p. 23).
3. Obstacle naturel protégeant un lieu ou rendant son accès difficile. Vous [Mexicains] avez eu pour défenseurs (...) vos barrières naturelles, l'âpreté des Cordillères, les hautes digues basaltiques (HUGO, Actes et paroles, 2, 1875, p. 391).
C.— 1. P. métaph. Ses épais cheveux noirs étaient tordus avec une feinte négligence et semblaient s'échapper à tout moment, comme des vagues, derrière la digue du peigne (CHAMPFL., Avent. Mlle Mariette, 1853, p. 298). Entre des digues de vignes et d'oliviers, elles [les Roses de mai] coulent de toutes parts comme un fleuve (MAETERL., L'Intelligence des fleurs, 1907, p. 97).
2. P. métaph. ou au fig., domaine moral, psychol., soc. Ce qui contient, obstacle qui retient, arrête une force quelconque jugée excessive ou nocive. Opposer une digue aux passions, aux désordres; briser, crever les digues. Synon. barrière, frein. Les hommes d'état du passé, ces grands constructeurs de digues en travers des courants (HUGO, Napoléon le Petit, 1852, p. 178). La montée d'un désir aussi brûlant et qui menace d'emporter toutes les barrières, toutes les digues, n'est pas sans éveiller en moi certaines correspondances un peu troubles (AYMÉ, Derr. chez Martin, 1938, p. 20) :
• 2. Ils verront surtout l'accueil qui sera fait à ces parvenus, pleins d'enflure, qui s'écrient dans un langage dont l'affectation déguise mal la terreur : « Il faut élever une digue contre la révolution! » (...) Élevez donc aussi une digue contre le temps! Il vous serait aussi facile d'arrêter la marche de l'un que de l'autre.
Les Fondateurs de la 3e République, 1869, p. 73.
Prononc. et Orth. :[dig]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1293 diic masc. (Actes français du comté de Flandre, éd. R. Mantou, Liège, 1972, p. 457, 18, 7); 1373 dike fém. (Compt. du Massart, Arch. mun. Valenciennes ds GDF. Compl.) — 1638 dicque ds Mém. de la Soc. des antiquaires de Morinie, t. 14, p. 407; b) 1530 digue (PALSGR., p. 214a); 2. 1637 au fig. (PATRU, 9e Plaidoyer ds Œuvres [éd. 1732], t. 1, p. 146). Empr. au m. néerl. dijc (VERDAM; VALKH., pp. 108-109), de même sens. Fréq. abs. littér. :644. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 081, b) 666; XXe s. : a) 770, b) 995. Bbg. Archit. 1972, p. 176. — BEHRENS D. 1923, p. 84. — ROMMEL 1954, p. 160, 162, 191. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 284. — SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], p. 370; t. 3 1972 [1930], p. 102.
digue [dig] n. f.
ÉTYM. 1530; dike, 1373; du moyen néerl. dijc.
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1 Longue construction destinée à contenir les eaux (⇒ Endiguer). || Digue en maçonnerie, en béton, en charpente, en terre, en fascine. || Fondations, enrochement d'une digue. — Digues fluviales. || Digue de retenue d'eau dans le voisinage d'une écluse. ⇒ Chaussée, levée. || Construire une digue le long des rives d'un fleuve pour l'empêcher de déborder. || Digue provisoire pour assécher un cours d'eau en aval. ⇒ Batardeau, barrage. || Colmatage au moyen de digues. — Digue en mer. || Digue reliée à la terre, faisant une avancée en mer. ⇒ Jetée, môle. || Digue à claire-voie. ⇒ Estacade. || Pointe d'une digue. ⇒ Musoir. || Phare situé à l'extrémité d'une digue. || Digue d'où l'on embarque. ⇒ Embarcadère. || Se promener sur la digue. || Vagues qui passent par-dessus la digue. || Digue coupée par la tempête. || Digue en pleine mer, servant de rempart, d'abri contre les vagues du large, les grandes marées, les raz de marée. ⇒ Brise-lames. || La digue de Cherbourg. — Digue établie le long d'une côte pour la protéger de l'érosion marine. ⇒ Endigage, endiguement. || Digues des polders en Hollande. || La mer a rompu, brisé, crevé les digues.
1 Ils (les Hollandais) firent percer les digues qui retiennent les eaux de la mer. Les maisons de campagne, qui sont innombrables autour d'Amsterdam, les villages, les villes voisines, Leyde, Delft, furent inondés (…) Amsterdam fut comme une vaste forteresse au milieu des eaux (…)
Voltaire, le Siècle de Louis XIV, X.
♦ Construction analogue faite par des animaux (castors).
1.1 (…) les castors avaient construit une digue, un peu arquée en amont : cette digue était un solide assemblage de pieux plantés verticalement, entrelacés de branches flexibles et d'arbres ébranchés, qui s'y appuyaient transversalement, le tout lié, maçonné, cimenté avec de la terre argileuse (…)
Cette digue, madame, dit Jasper Hobson, a eu pour but de donner à la rivière un niveau constant, et elle a permis aux ingénieurs de la tribu (des castors) d'établir en amont des cabanes de forme ronde dont vous apercevez le sommet.
J. Verne, le Pays des fourrures, t. I, p. 208.
2 Par métaphore ou fig. Ce qui contient, retient, arrête une force, un mouvement. ⇒ Barrière, frein, obstacle. || Opposer une digue aux passions, aux désordres. || Élever des digues contre… (→ Déluge, cit. 11). || Briser, crever (cit. 30), renverser, rompre les digues (⇒ Déborder).
2 Les passions rompirent les digues de la justice (…)
3 (…) à la première occasion, le flot accumulé déborde, renversant toutes les digues du devoir et de la loi.
Taine, Philosophie de l'art, III, I, I, t. I, p. 237.
4 À tous les torrents de l'âme, les mœurs opposent une digue rigide.
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », I, p. 74.
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CONTR. Ouverture, passage.
DÉR. 1. Diguer, diguette.
COMP. Endiguer.
HOM. Dig.
Encyclopédie Universelle. 2012.