désolation [ dezɔlasjɔ̃ ] n. f.
• XIIe; bas lat. desolatio
1 ♦ Littér. Action de désoler, de ravager (un pays); son résultat. ⇒ calamité, destruction, dévastation, ravage, ruine. « Ils pleuraient la mort de leurs proches et la désolation de leur pays » (Fléchier). — Allus. bibl. L'abomination de la désolation.
2 ♦ Extrême affliction. ⇒ affliction, consternation, détresse , peine. Cette nouvelle l'a plongé dans la désolation. « Le cri de la désolation absolue et de l'effroi » (Huysmans).
⊗ CONTR. Consolation.
● désolation nom féminin (bas latin desolatio, -onis) Littéraire. État d'un lieu inhabité, désert, dépourvu de verdure : Pays de désolation. Peine extrême, affliction extrême ; consternation : Être plongé dans la désolation. Ce qui est cause d'une grande contrariété ; ennui : Cet enfant est la désolation de ses parents.
désolation
n. f. Affliction extrême. Cette mort les a plongés dans la désolation.
⇒DÉSOLATION, subst. fém.
A.— 1. Action de vider un lieu, un pays en le ravageant; résultat de cette action, état de ce lieu ravagé, détruit. Depuis vingt ans tu portes le deuil et la désolation (GUILBERT DE PIXER., Victor, 1798, III, 8, p. 47) :
• 1. ... on accumule dans un roman les accidents les plus funestes, des inondations, des naufrages, des incendies, la ruine et la désolation qui accompagnent ces grands désastres, et le désespoir qui les suit...
MARMONTEL, Essai sur les romans, 1799, p. 321.
♦ Expr. biblique. [P. allus. aux anges qui, aux chap. VIII, IX et XV de l'Apocalypse, sont chargés d'exécuter le jugement de Dieu sur les méchants et la terre qu'ils habitent] Les anges de la désolation (BARRÈS, Colline insp., 1913, p. 299).
— P. ext. [En parlant d'un lieu quelconque] C'est une désolation, c'est un spectacle de désolation :
• 2. L'ingénieur et Nab arrivèrent sur le plateau. C'était une désolation. Les champs avaient été piétinés. Les épis de la moisson, qui allait être faite, gisaient sur le sol. Les autres plantations n'avaient pas moins souffert. Le potager était bouleversé.
VERNE, L'Île mystérieuse, 1874, p. 506.
— P. méton. Lieu frappé de désolation. Ces troncs que l'on voit parmi la désolation d'alentour (GIDE, Retour Tchad, 1928, p. 975).
2. [En parlant d'une étendue de pays] État d'un lieu inhabité, désert, dépourvu de verdure (d'où profondément triste). La désolation lunaire (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1910, p. 231). La grande lande, ce pays de désolation (MAURIAC, Mém. intér., 1959, p. 126) :
• 3. Madrid est, comme Rome, entourée d'une campagne déserte, d'une aridité, d'une sécheresse et d'une désolation dont rien ne peut donner l'idée...
GAUTIER, Tra los montes, Voyage en Espagne, 1843, p. 70.
— P. ext. [En parlant d'un lieu quelconque] :
• 4. En suivant la rue Riquet, il [Martin] débouchait sur des paysages de gazomètres, de voies ferrées et des gares de marchandises, qui avaient, dans leur désolation, un déroulement d'infini.
AYMÉ, Derrière chez Martin, 1938, p. 97.
— P. méton. Lieu désert :
• 5. ... j'ai cru aimer le musée du Trocadéro, les marais d'Aigues-Mortes, de Ravenne, (...) mais à toutes ces fameuses désolations, je préfère maintenant le moindre cimetière lorrain où devant moi s'étale ma conscience profonde.
BARRÈS, Mes cahiers, t. 9, 1912, p. 307.
3. P. ext. Calamité.
— [P. réf. à l'expr. biblique (Daniel, XI, 31; Matth., XXIV, 15)] L'abomination de la désolation (cf. abomination). La pire des calamités :
• 6. Le poëte [V. Hugo] était présenté comme un Antechrist littéraire, qui apportait dans les lettres françaises l'abomination de la désolation.
ZOLA, Nos auteurs dramatiques, 1881, p. 71.
— Fam. C'est la désolation des désolations. Le troupier sans guerre, c'est la désolation des désolations; c'est un médecin sans épidémies (BOREL, Champavert, 1833, p. 214). C'est une (la) désolation (cf. ROMAINS, Knock, 1923, II, 4, p. 12).
♦ [En interj.] Horreur! désolation! triple enfer sur vous! (FLAUB., Tentation, 1849, p. 254).
B.— Au fig.
1. [En parlant d'une pers., de son âme, de son cœur] État d'une personne qui se découvre seule, perdue, à qui il manque quelqu'un ou quelque chose (notamment un signe de Dieu). On n'a pas su ce que c'est que la désolation du cœur, quand on n'est point demeuré seul à errer dans les lieux naguère habités d'une personne qui avait agréé votre vie (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 120) :
• 7. ... Condren n'avancera plus (...) que par le chemin de « la foi nue », parmi les sécheresses, les terreurs, les doutes, les ténèbres, la désolation infinie qu'entraîne le silence et la « retraite de Dieu ».
BREMOND, Hist. littér. du sentiment relig. en France, t. 3, 1921, p. 311.
2. Peine extrême, douloureuse affliction (provoquée par un événement malheureux, souvent la perte de quelqu'un) :
• 8. Je viens, mon cher Hippolyte, me jeter dans vos bras et pleurer sur votre sein, et fondre ma désolation dans la vôtre. Vous entretenir de ma douleur, de mes larmes...
M. DE GUÉRIN, Correspondance, 1835, p. 191.
— P. méton. Lamentation. Il (...) put sangloter hors de sa vue, en une désolation courte et emportée (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 358).
3. P. exagér. Un pommier couvert de ces pucerons lanigères, qui font la désolation des jardiniers et la joie des fourmis (MICHELET, Insecte, 1857, p. 278).
— P. méton. [Désigne une chose concr. ou abstr., ou une pers.] Ce qui est cause d'une grande contrariété. Être la désolation de qqn; être une désolation (pour qqn) :
• 9. ... l'empereur laissait beaucoup à faire aux scribes; il était leur désolation; son écriture composait de véritables hiéroglyphes; elle était illisible souvent pour lui-même.
LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 2, 1823, p. 148.
Rem. On rencontre ds la docum. désolement, subst. masc. Synon. de désolation. Et par là vous savez que tout homme retourne Dans le désolement d'une éternelle nuit (PÉGUY, Ève, 1913, p. 734).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin XIIe s. « action de dépeupler, de ravager » (Dialogue Gregoire, 241, 3 ds T.-L.); 2. ca 1330 « affliction » (GIRART DE ROSSILLON, 116 ds T.-L.). Empr. au b. lat. desolatio « désolation, destruction ». Fréq. abs. littér. :688. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 827, b) 1 323; XXe s. : a) 1 314, b) 718. Bbg. MARTIN (E.). Que signifie l'expr. l'abomination de la désolation. Courrier (Le) de Vaugelas. 1869, t. 2, n° 1, p. 1.
désolation [dezɔlɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. XIIe; bas lat. desolatio, du supin de desolare. → Désoler.
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1 Vieilli ou littér. Action de désoler, de ravager un pays; résultat de cette action. ⇒ Destruction, dévastation, ravage, ruine (→ Blafard, cit. 4). || La désolation d'un pays. || Plonger un pays dans la désolation.
1 En regardant de loin fumer leurs villes et leurs maisons réduites en cendre, ils pleuraient la mort de leurs proches et la désolation de leur pays.
Fléchier, Hist. de Théodose, I, 32.
2 Les tombées des nuits devenaient sinistres. C'étaient les parages du cap Horn : désolation sur les seules terres un peu voisines, désolation sur la mer, désert partout.
Loti, Mon frère Yves, XIII, p. 56.
♦ Une, des désolations. ⇒ Calamité.
3 Ces guerres de province à province et de clocher à clocher étaient une des désolations de l'anarchie féodale.
J. Bainville, Hist. de France, IV, p. 49.
♦ ☑ Expr. bibl. (par allusion aux anges qui, dans l'Apocalypse, ravagent la terre qu'habitent les méchants). L'abomination de la désolation. ⇒ Abomination.
4 (…) il existait des gens qui, devant la fresque du jugement dernier de Michel-Ange, n'y avaient rien vu autre chose que l'épisode des prélats libertins, et s'étaient voilé la face en criant à l'abomination de la désolation !
Th. Gautier, Préface de Mlle de Maupin, p. 4 (éd. critique Matoré).
♦ Par ext. || C'est un spectacle de désolation. — Fam. || C'est la désolation des désolations, la pire des calamités.
♦ Lieu frappé de désolation.
4.1 Ces troncs que l'on voit parmi la désolation d'alentour.
Gide, le Retour du Tchad, in Souvenirs, Pl., p. 975.
2 Extrême affliction. ⇒ Affliction, amertume, chagrin, consternation, détresse, douleur, mal, peine, souffrance, tourment. || La désolation de qqn. || Sa désolation était complète. || Cette nouvelle l'a plongé dans la désolation.
5 (…) de là naissent les mélancolies et les tristesses, de là les désolations et les désespoirs (…)
Bourdaloue, Sermon sur la nativité de Jésus-Christ, II.
6 Dans sa désolation, un sourire inconscient était monté à sa face.
Zola, Nana, II, p. 23.
7 Aux premiers accords plaqués sur l'orgue, Durtal reconnut le « Dies iræ », l'hymne désespérée du moyen âge (…) le cri de la désolation absolue et de l'effroi.
Huysmans, En route, p. 10.
♦ Par métonymie. Cause de désolation. || Cet enfant est notre désolation !
3 Vive contrariété. ⇒ Contrariété, ennui. || « Vous me voyez dans la désolation, je n'ai pu obtenir ce que vous désiriez » (Académie).
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CONTR. Consolation. — Aise, contentement, joie; satisfaction.
Encyclopédie Universelle. 2012.