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dépit

dépit [ depi ] n. m.
• v. 1170; despit « mépris » v. 1140; lat. despectus « mépris »
1Chagrin mêlé de colère, dû à une déception personnelle, un froissement d'amour-propre. aigreur, amertume, désappointement, ressentiment, vexation. Avoir, éprouver du dépit. enrager, rager. Concevoir du dépit de qqch. La réussite de son rival lui cause du dépit. jalousie, rancœur; dépiter. Faire qqch. par dépit. Pleurer, se ronger, mourir, crever de dépit. « Je vois bien, Marie, que je te déplais [...] dit Germain avec dépit » (Sand). Dépit amoureux : déception provoquée par la froideur qu'on croit découvrir chez la personne aimée.
2Loc. prép. (dépit au sens ancien de « mépris ») EN DÉPIT DE : sans tenir compte de. ⇒ malgré, nonobstant . Il a agi en dépit de mes conseils. « je veux qu'en dépit de sa bassesse vous le preniez en pitié » (F. Mauriac). — EN DÉPIT DU BON SENS : très mal. ⇒ absurdement (cf. N'importe comment). Cette affaire est dirigée en dépit du bon sens. Agir en dépit du bon sens.
⊗ CONTR. Joie, satisfaction. Conformément (à), grâce (à).

dépit nom masculin (latin despectus, mépris, de despicere, mépriser) Irritation légère causée par une déception, une blessure d'amour-propre, amertume, rancœur passagère ; désappointement : Éprouver du dépit d'être refusé à un poste.dépit (difficultés) nom masculin (latin despectus, mépris, de despicere, mépriser) Orthographe Avec un t final qui ne se prononce pas (comme dans lit, délit, répit). Penser à dépiter. Registre En dépit que j'en aie, que tu en aies, etc. (= malgré le dépit que cela me cause, te cause, etc.). Registre soutenu. ● dépit (expressions) nom masculin (latin despectus, mépris, de despicere, mépriser) Dépit amoureux, déception provoquée par un amour non payé de retour. En dépit de quelque chose, malgré cela, sans en tenir compte. En dépit du bon sens, d'une façon déplorable, incohérente. ● dépit (synonymes) nom masculin (latin despectus, mépris, de despicere, mépriser) Irritation légère causée par une déception, une blessure d'amour-propre, amertume...
Synonymes :
- aigreur
- amertume
- désappointement
- irritation
- rancoeur
- ressentiment
Contraires :
- satisfaction

dépit
n. m.
d1./d Vive contrariété mêlée de colère, causée par une déception, une blessure d'amour-propre. Manifester son dépit. Agir par dépit.
d2./d Loc. Prép. En dépit de: malgré, sans tenir compte de. Réussir en dépit des obstacles.

I.
⇒DÉPIT1 (EN — DE), loc. prép.
Au mépris de, malgré. Ils n'ont pas besoin de faire du style, ceux-là; ils sont forts en dépit de toutes les fautes et à cause d'elles (FLAUB., Corresp., 1852, p. 31).
Faire qqc. en dépit du bon sens, du sens commun. ,,Le faire très mal`` (Ac.).
En dépit qu'il en ait (fam.). ,,Malgré qu'il en ait`` (Ac. 1835, 1878).
SYNT. En dépit de, du, des + subst. : en dépit de la/sa colère, douleur, inquiétude, raison, situation, volonté; en dépit des accords, airs, avertissements, circonstances, différences, difficultés, efforts, événements, malheurs, obstacles, précautions, protestations, résistances, résolutions.
Rem. ,,La synonymie de en dépit et malgré a entraîné une analogie de construction, notamment avec le verbe en avoir. Il s'est produit une contamination de l'expression malgré qu'il en ait et de en dépit. D'où en dépit qu'il en ait. Toute tentative pour dissocier cette expression en une construction grammaticale logique apparaît vaine`` (DUPRÉ 1972).
Prononc. et Orth. :[depi]. BESCH. 1845 et LITTRÉ soulignent que le t se lie. Ds Ac. 1694 et 1718, s.v. dépit ou despit; ds Ac. 1740 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. Cf. dépit2.
II.
⇒DÉPIT2, subst. masc.
Mouvement passager de colère ou d'impatience mêlée de chagrin et provoqué par une contrariété, une déception. Affectant un dépit et une colère qui enchantaient le vainqueur (SCRIBE, Camaraderie, 1837, I, 3, p. 241). Avec cet air bougon dont, à son insu, sa grande amabilité était froncée par le recroquevillement boudeur, le dépit physiologique de la vieillesse (PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 198). Cf. aussi dépiter ex. 1 :
1. Le sentiment profondément amer d'un dépit secret paraissait avoir fait remonter sur sa figure des plaques de fiel et de bile qui coulaient sous sa peau comme des veines bleuâtres. Ses coudes tremblaient. Il avait l'air d'un squelette galvanisé.
VIGNY, Le Journal d'un poète, 1842, p. 1175.
En part. Dépit (amoureux). Amertume passagère éprouvée par l'amant(e) déçu(e). Le Dépit amoureux (comédie de Molière, 1658). De plus tourmentées existent : celles qui se sont mariées par dépit; affreuse résolution que ces mariages (GOZLAN, Notaire, 1836, p. 93). Cf. aussi amoureux ex. 71 :
2. Hier, ce matin encore, je le défendais contre toi-même. Sa passion l'égare, me disais-je; ce n'est qu'un dépit amoureux. Toutefois, comme il s'agissait de ton bonheur, j'ai pensé que la chose méritait réflexion.
SANDEAU, Sacs et parchemins, 1851, p. 28.
SYNT. Dépit amer, cruel, jaloux, orgueilleux; accès, exclamation, moment, mouvement, sentiment de dépit; éprouver, concevoir, dissimuler du dépit. PARAD. a) Synon. amertume, contrariété, courroux, déception, désappointement, froissement, rancœur, ressentiment. b) Anton. contentement, joie, satisfaction.
Loc. Par dépit :
3. Rebutées, aigries et réduites à une économie sévère ou au désordre, elles se mettent à suivre l'ordre avec chagrin et par dépit, se réunissent très-peu entre elles, ne s'aiment point du tout, et se font dévotes, parce qu'elles ne connaissent que l'église où elles puissent aller.
SENANCOUR, Obermann, t. 2, 1840, p. 57.
Prononc. et Orth. Cf. dépit1. Étymol. et Hist. 1. Ca 1140 avoir en despit « mépriser » (Voyage de Charlemagne, éd. E. Koschwitz, 227), despit « mépris » — XVIe s., HUG., ne subsiste que dans la loc. en dépit de (ca 1174 el despit le rei, G. DE PONT-SAINTE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 1560); 2. 1160-74 « colère » (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, 646). Du lat. despectus proprement « action de regarder de haut en bas », « mépriser » et « mépris, paroles méprisantes », part. passé du lat. class. despicere « mépriser »; au sens 2 p. ext. de 1, p. réf. aux sentiments de la personne méprisée.
STAT. — Dépit1 et 2. Fréq. abs. littér. :2 540. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 840, b) 3 461; XXe s. : a) 3 463, b) 4 441.
BBG. — DARM. Vie 1932, p. 156, 173. — GOTTSCH. Redens. 1930.

dépit [depi] n. m.
ÉTYM. V. 1140, despit « mépris »; sens actuel, v. 1170; lat. despectus « action de regarder de haut en bas, mépris », de despectum, supin de despicere, de de-, et specere, spicere « regarder ». → Spectacle.
1 (V. 1170). Chagrin mêlé de colère, dû à une déception personnelle, à un froissement d'amour-propre. Aigreur, amertume, bouderie, contrariété, ressentiment, vexation. || Avoir, éprouver du dépit. || Un dépit pénible, douloureux. Crève-cœur. || Un léger désappointement n'allant pas jusqu'au dépit. || Une pointe de dépit. Pique. || Cacher son dépit. || Manifester du dépit. Enrager, rager; bisquer, bouder, râler (fam.); → Rire jaune, faire une drôle de tête, faire un nez… || Le dépit de qqn, qu'il ou elle éprouve. || Son dépit était grand. || Concevoir du dépit de qqch. || La réussite de son rival lui cause du dépit. Jalousie, rancœur. || Pleurer de dépit. || Se mordre les lèvres de dépit; se ronger, mourir, crever de dépit. || Faire qqch. de dépit, par dépit. || Mariage de dépit : mariage contracté à la suite d'un dépit infligé par la personne que l'on désirait épouser.
1 L'autre pensa mourir de dépit et de honte.
La Fontaine, Fables, VIII, 13.
2 Un vif ressentiment, un dépit invincible (…)
Molière, Amphitryon, II, 6.
3 Oui, je ne pus souffrir d'abord de les voir si bien ensemble; le dépit alarma mes désirs (…)
Molière, Dom Juan, I, 2.
4 « Je vois bien, Marie, que je te déplais : c'est assez clair, dit Germain avec dépit. »
G. Sand, la Mare au diable, X, p. 85.
5 Joseph (Bonaparte) sut dissimuler son amère déconvenue au public : ses intimes, seuls, connurent son vif dépit dont ils devaient nous faire parvenir les échos.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Le Consulat, XV, p. 243.
Dépit amoureux : bouderie provoquée par la froideur qu'on croit découvrir chez la personne aimée. || Le Dépit amoureux, comédie de Molière.
2 Loc. prép. (formée avec dépit au sens ancien de mépris).
En dépit de : sans tenir compte de. Malgré, nonobstant. || Il a agi en dépit de mes conseils. || Nous l'apprécions en dépit de certains défauts. || Poursuivre un but en dépit de tout et de tous.
6 Pour s'instruire d'exemple, en dépit de l'envie,
Il lira seulement l'histoire de ma vie.
Corneille, le Cid, I, 3.
7 Il est certain qu'en France, en dépit de décrets et de circulaires absurdes, tout va plutôt mieux qu'ailleurs.
A. Maurois, les Discours du Dr O'Grady, XVII, p. 187.
8 Cet ennemi des siens, ce cœur dévoré par la haine et par l'avarice, je veux qu'en dépit de sa bassesse vous le preniez en pitié (…)
F. Mauriac, le Nœud de vipères, Avant-propos.
En dépit du bon sens : très mal. || Cette affaire est dirigée en dépit du bon sens.
9 Tes écrits, il est vrai, sans art et languissants,
Semblent être formés en dépit du bon sens (…)
Boileau, Satires, II.
Faire qqch. en dépit que qqn en ait, sans tenir compte de ce qu'il pourrait faire pour s'y opposer.REM. En dépit qu'il en ait provient d'une confusion de quelque dépit qu'il en ait et en dépit.
10 Tu me forces à rire en dépit que j'en aie.
Corneille, la Place royale, I, 2.
11 En dépit qu'on en ait, elle se fait aimer (…)
Molière, le Misanthrope, I, 1.
CONTR. Joie, satisfaction. — Cause (à cause de), conformément (à), grâce (à), selon.
DÉR. Dépiter, dépiteux.

Encyclopédie Universelle. 2012.