déblayer [ debleje ] v. tr. <conjug. : 8>
• debloyer 1388; desblaer « moissonner; enlever le blé » XIIIe; de dé- et blé
1 ♦ Débarrasser (un endroit) de ce qui encombre, obstrue. ⇒ dégager. Déblayer le chemin. — Spécialt Aplanir par des travaux de terrassement (⇒ déblai). « Cinq terrassiers rejetaient les bonnes terres [...] , déblayant un espace de dix-huit pieds » (Balzac).
2 ♦ Fig. Loc. Déblayer le terrain : faire disparaître les premiers obstacles avant d'entreprendre qqch. ⇒ aplanir, balayer, préparer. « Une fois le terrain déblayé, je m'en tirerai toujours » (F. Mauriac).
♢ Déblayer un travail : trier, préparer.
3 ♦ Retirer, enlever (ce qui encombre, gêne). Déblayer des gravats. « le chasse-neige en déblayait aisément un mètre [de neige] » (Zola).
⊗ CONTR. Remblayer.
● Déblayer partir, dégager.
déblayer
v. tr.
d1./d Enlever des terres, des décombres de. L'armée est venue déblayer les rues après le tremblement de terre.
d2./d Dégager (un lieu) de ce qui l'encombre. Déblayer une cave.
|| Fig. Déblayer le terrain: aplanir les difficultés, préparer avant d'entreprendre.
⇒DÉBLAYER, verbe trans.
A.— 1. Enlever des décombres. Déblayer un terrain.
♦ Emploi pronom. passif. Nos ruines se déblaient (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 601).
2. P. ext. Dégager un lieu des choses ou des personnes qui l'encombrent :
• 1. ... je me suis mis à déblayer pupitre, tables et embrasure de fenêtre, des paperasses et imprimés qui les encombraient.
AMIEL, Journal intime, 1866, p. 34.
♦ Par brachylogie. Je suis à vous dans quelques minutes. Le temps de déblayer tous ces importuns (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 375). On déblaya la place des cadavres, qui tachaient la neige de leur sang (VERNE, Île myst., 1874, p. 326).
♦ Emploi abs. Le conducteur sauta dans la neige, dont il avait jusqu'aux genoux. (...). — Nous ne pouvons qu'essayer de déblayer, finit par dire le mécanicien (ZOLA, Bête hum., 1890, p. 150).
♦ Emploi pronom. passif. Les horizons pyrénéens se sont déblayés de leurs nuages (LOTI, Ramuntcho, 1897, p. 41). Il y eut une brusque averse orageuse, puis le ciel se déblaya (ZOLA, Vérité, 1902, p. 25).
— Fam. Déblayer le plancher. Faire partir quelqu'un :
• 2. — Arrangez-vous, six vendeurs doivent vous suffire... Vous en reprendrez en octobre, il en traîne assez dans les rues!
D'ailleurs, Bourdoncle se chargeait des exécutions. (...). Tout lui devenait prétexte pour déblayer le plancher.
ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, p. 534.
B.— Au fig. Faire disparaître ce qui est devenu inutile ou gênant :
• 3. ... le christianisme eut d'abord à déblayer les absurdités et les abominations dont l'idolâtrie et l'esclavage avaient encombré le genre humain.
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 597.
♦ Emploi abs. Avant d'en venir à l'essentiel, je voudrais déblayer un peu (MALRAUX, Conquér., 1928, p. 165).
♦ Emploi pronom. passif. Mais avec du temps, tout dans la vie se déblaie (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 77).
— Déblayer le terrain. Aplanir les difficultés avant d'aborder l'essentiel d'une question :
• 4. Hosmer voudrait même pousser les chefs à organiser, avant le congrès, des réunions préparatoires. Pour déblayer le terrain.
MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, p. 100.
— Spéc., THÉÂTRE. Débiter très rapidement les parties peu importantes d'un rôle pour mettre en relief les parties essentielles :
• 5. Aussi sabota-t-il complètement le dernier acte [du Roi s'amuse] (...) déblayant les vers à la vapeur, avec la hâte visible d'en finir.
L. DAUDET, Fantômes et vivants, 1914, p. 110.
♦ Emploi abs. Sur tous ces points, Cornelius, comme on dit en style de théâtre, déblayait (BARRÈS, Leurs fig., 1901, p. 221). [Il] pressait son débit, déblayait, usait d'abréviations pour paraître moins long (PROUST, Sodome, 1922, p. 872).
Rem. On rencontre ds la docum. l'adj. déblayant. Qui déblaie. Il s'imagina respirer, à longues respirations déblayantes et tremblées, quelque chose comme de l'air naïf et tout simple (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 86).
Prononc. et Orth. :[]. Transcrit avec [e] fermé (par harmonisation vocalique) à la 2e syll. [-ble-] ds DUB., Pt ROB. et Lar. Lang. fr. WARN. 1968 réserve cette prononc. au lang. cour. Admis ds Ac. 1694-1932. Conjug. je déblaye [] ou déblaie []. Cf. bégayer. Étymol. et Hist. 1. 1265 desbleer « cultiver le blé, faire la moisson » (Li Livres de Jostice et de Plet, éd. Rapetti, 270); 1388 deblayer (BAIL, Arch. M.M. 31, f° 78 r° ds GDF.); 2. 1311 desblaver « déblayer, débarrasser » (Arch. J.J. 46, f° 103 r°, ibid.). Dér. de blé; préf. dé-; dés. -er. Fréq. abs. littér. :185.
DÉR. Déblayage, subst. masc. Action d'enlever ce qui est encombrant. Synon. déblaiement. Si l'on peut appeler travail le déblayage d'un amoncellement de correspondance (GIDE, Journal, 1917, p. 631). — []. — 1res attest. 1866 « action de débarrasser » (AMIEL, Journal, p. 200); 1890 arg., théâtre (Lar. 19e Suppl.); de déblayer, suff. -age. — Fréq. abs. littér. : 5.
BBG. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 406.
déblayer [debleje] v. tr. [CONJUG. payer.]
ÉTYM. 1388; desbleer, (1265), desblaver (1311); sens primitif « débarrasser la terre du blé », « moissonner »; sens actuel au XIVe; de des- (→ 1. Dé-), et blé.
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1 Débarrasser (un endroit) de ce qui encombre ou obstrue. ⇒ Dégager. || Déblayer la salle, l'entrée, la porte, le chemin.
1 Il faudrait des sommes aussi énormes pour déblayer le chenal du golfe que pour s'ouvrir une voie dans l'intérieur des terres.
Balzac, Séraphîta, I, Pl., t. X, p. 460.
2 J'essayai d'approcher du trou par où j'étais tombé. La neige l'avait obstrué. J'y mis les mains pour en déblayer l'orifice. Je creusai un moment.
H. Bosco, Hyacinthe, p. 138.
♦ Faire des travaux de terrassement pour aplanir un terrain.
3 C'est lord Elgin qui a fait ouvrir ce monument et déblayer les terres (…)
4 Après le déjeuner, tous allèrent assister à l'ouverture des travaux, que vinrent voir aussi tous les vieux de Montégnac (…) Cinq terrassiers rejetaient les bonnes terres au bord des champs, en déblayant un espace de dix-huit pieds, la largeur de chaque chemin.
Balzac, le Curé de village, IV, Pl., t. VIII, p. 727.
♦ Absolt. || Les terrassiers vont déblayer.
♦ ☑ Loc. fig. Déblayer le terrain : faire disparaître les premiers obstacles avant d'entreprendre (une affaire, une discussion). ⇒ Aplanir, balayer, préparer.
5 Avec ce qui me reviendra de maman, je n'aurai plus besoin (…) que d'un million. Une fois le terrain déblayé, je m'en tirerai toujours.
F. Mauriac, le Nœud de vipères, XVII, p. 208.
5.1 Faites vos questions. Si je puis y répondre, j'essaierai de contenter votre curiosité. Pour simplifier les choses, je vais même déblayer le terrain.
M. Aymé, Travelingue, p. 70.
2 Déblayer sa correspondance, un travail : préparer, trier.
♦ Spécialt (théâtre). Mettre en valeur les bonnes parties d'un rôle en débitant les autres très vite. || Déblayer un rôle, ou, absolt, déblayer. || Acteur qui a l'art de déblayer.
♦ Simplifier en enlevant tout ce qui encombre.
6 L'apologue arabe est tellement déblayé, qu'il n'y a plus rien, qu'une espèce de tension, un mot juste, une situation lapidaire… Brèves sentences, bref éclat.
Henri Michaux, Un barbare en Asie, p. 50.
7 Le commissaire, aux agents. J'ai déjà dit que je ne voulais personne dans l'escalier.
Un des agents, à la dame. Allez !… Allez !… Déblayez !
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se déblayer v. pron.
♦ Être déblayé. || Le chemin ne se déblaye pas vite.
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déblayé, ée p. p. adj.
♦ Voir à l'article.
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CONTR. Encombrer, engorger, remblayer.
DÉR. Déblai, déblaiement ou déblayement, déblayage, déblayeur.
Encyclopédie Universelle. 2012.