croisée [ krwaze ] n. f.
1 ♦ (v. 1500) Point où deux choses se coupent (à angle droit ou presque).
♢ Spécialt Croisée des chemins, des routes : carrefour, croisement de voies. Fig. Être à la croisée des chemins, à un moment de sa vie où il faut faire un choix.
♢ Archit. Croisée d'ogives. Croisée du transept : espace déterminé par le croisement du transept et de la nef.
2 ♦ (1690; « montants de pierre en croix » 1508) Châssis vitré, ordinairement à battant, qui ferme une fenêtre. Ouvrir, fermer la croisée. — Par méton. Littér. La fenêtre. « Les branches et la pluie se jettent à la croisée de la bibliothèque » (Rimbaud).
● croisée nom féminin Littéraire. Point où deux choses se croisent : La croisée de deux routes. Fenêtre divisée par un ou plusieurs meneaux ou montants et un ou plusieurs croisillons. Vieux. Fenêtre quelconque. ● croisée (expressions) nom féminin À la croisée des chemins, au moment d'un choix délicat, d'une décision importante. Croisée d'ogives, croisement d'arcs ou nervures appelés ogives, qui forme l'armature de la voûte gothique. Croisée de (ou du) transept, travée d'intersection du vaisseau central d'une église avec le transept. (Souvent surmontée d'une coupole ou d'une tour-lanterne.) ● croisée (homonymes) nom féminin croisé nom masculin croiser verbe ● croisée (synonymes) nom féminin Croisée de (ou du ) transept
Synonymes :
- carré du transept
croisée
n. f.
d1./d Endroit où deux choses se croisent. La croisée des chemins.
— (Mart., Réunion) Spécial. Carrefour, croisement. Tu m'attendras à cette croisée-là. Syn. croix (sens II, 5).
— Fig. Se trouver à la croisée des chemins: être dans une situation où un choix décisif s'impose.
|| ARCHI Croisée du transept: croisement de la nef et du transept.
d2./d Châssis vitré à un ou plusieurs vantaux qui sert à clore une fenêtre.
|| Par ext. Fenêtre.
⇒CROISÉE, subst. fém.
A.— Point d'intersection.
1. [À propos d'inanimés concr., notamment voies de communications] Croisée des chemins, des routes :
• 1. Regarde là-bas, du côté des Halles, on a coupé Paris en quatre... Et de sa main étendue, ouverte et tranchante comme un coutelas, il [Saccard] fit signe de séparer la ville en quatre parts.
— Tu veux parler de la rue de Rivoli et du nouveau boulevard que l'on perce? demanda sa femme.
— Oui, la grande croisée de Paris, comme ils disent. Ils dégagent le Louvre et l'Hôtel-de-Ville.
ZOLA, La Curée, 1872, p. 389.
— Emploi fig. Croisée des chemins, des routes. Moment où une personne doit faire un choix délicat :
• 2. Qui ne s'est assis à la croisée de deux routes. Je me demande souvent avec une sorte d'anxiété rétrospective, avec un vertige en arrière, où j'allais, ce que je devenais, si je ne fusse point allé en sixième, si M. Naudy ne m'avait point repêché juste à ces vacances de Pâques.
PÉGUY, L'Argent, 1913, p. 1131.
2. [À propos d'entités abstr.] À cette croisée de deux générations et de deux sociétés (PROUST, Temps retr., 1922, p. 977) :
• 3. La description pure nous invite à poser ainsi la question : par quel trait le besoin peut-il être un motif sur lequel le vouloir s'appuie en se déterminant? Il faut donc situer notre étude à la croisée de cette double analyse, l'une de la forme du motif, l'autre de la matière affective du besoin telle qu'elle vient de nous apparaître.
RICŒUR, Philos. de la volonté, 1949. p. 89.
B.— Emplois spéc.
1. ARCHIT. Intersection de lignes ou de volumes.
a) Croisée d'ogive(s). ,,Croisement des nervures d'une voûte d'arête`` (CHABAT 1881).
b) Intersection de la nef et du transept dans une église. Le clocher sur la croisée (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 181).
— P. méton. Transept. L'église, toute d'une pièce, sans croisée qui la coupe (MICHELET, Journal, 1835, p. 212). Dans le côté gauche de la croisée, un autel (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 46).
2. CONSTR. et MENUIS.
a) Vieilli. Croix de pierre ou de bois qui divise l'espace d'une fenêtre. De grandes baies à croisées de pierre (BOREL, Champavert, 1833, p. 75).
— P. méton. Espace ainsi délimité. Les vitraux du chœur (...). Chaque croisée est une grande scène architecturale (MICHELET, Chemins Europe, 1874, p. 201).
b) Châssis vitré, en bois ou en métal, qui entoure et clôt une fenêtre. Les suies des usines sur les croisées des fenêtres (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 342) :
• 4. Les contrevents battent, on entend tomber une échelle; les croisées de la chambre de Thérèse, qui étaient mal fermées, s'ouvrent toutes grandes.
RAMUZ, Derborence, 1934, p. 65.
— P. métaph. :
• 5. Je fuis et je m'accroche à toutes les croisées
D'où l'on tourne l'épaule à la vie, et, béni,
Dans leur verre, lavé d'éternelles rosées,
Que dore le matin chaste de l'infini
Je me mire et me vois ange! (...).
MALLARMÉ, Poésies, Les Fenêtres, 1898, p. 33.
— P. méton. La fenêtre elle-même (notamment quand on la considère de l'intérieur). Assise, la fileuse au bleu de la croisée (VALÉRY, Charmes, Vers anciens, la fileuse, 1922, p. 75) :
• 6. Les jeunes filles, restées seules, s'accoudèrent deux à deux sur l'appui des fenêtres, jasant, penchant leur tête et se parlant d'une croisée à l'autre.
HUGO, Les Misérables, t. 1, 1862, p. 180.
• 7. La rue vide s'emplit peu à peu du bruit régulier des pas. Un anarchiste tomba : on venait de tirer sur lui d'une fenêtre. Laquelle? La troupe était à cinquante mètres. Des croisées, comme on devait bien voir toutes les portes du trottoir opposé!
MALRAUX, L'Espoir, 1937, p. 447.
SYNT. Appui, châssis, embrasure, rideau, vitre de croisée; fermer, ouvrir, refermer la croisée; aller à, courir à, se mettre à la croisée; s'approcher de la croisée, regarder par la croisée; la croisée donne sur (+ élément du paysage).
3. TECHNOL. ,,Pièces de bois ou de métal fixées en croix dans tel ou tel mécanisme`` (Ac. 1932).
Rem. Emploi signalé ds la plupart des dict. gén. à partir de BESCH. 1845.
Prononc. et Orth. :[]. Cf. croix. Admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1348 [ms. début XVe s.] « endroit où deux choses se croisent, se coupent » (Songe vert, 1560 ds T.-L.); 1380 (Inv. de Charles V, n° 4 ds GAY); 2. 1390 archéol. « carré du transept ». (doc. ds FAGNIEZ, Doc. relatifs à l'histoire de l'industrie et du commerce, II, p. 144); 3. 1455 fenestres croesées (LECOY, Comptes du roi René, art. 240 ds GAY); 1504 croisié (Comptes du chât. de Gaillon, p. 116, ibid.); 1527 croisée (Le Loyal Serviteur, Hist. de Bayart, ch. 17 ds HUG.). Dér. de croiser; suff. ée. Fréq. abs. littér. :915. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 749, b) 1 952; XXe s. : a) 996, b) 757. Bbg. GOUG. Mots t. 1 1962, p. 176. — SOYER (J.). Qq. mots du fr. mod. rares ou inéd. trouvés ds les doc. orléanais. Fr. mod. 1944, t. 12, pp. 179-193.
croisée [kʀwaze] n. f.
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1 Techn. Point où deux choses se coupent transversalement (⇒ Croiser). — Croisée d'une épée : point de rencontre des quillons dans une épée à garde en forme de croix. || Croisée des fils d'un réticule de lunette. — Mar. || Croisée d'une ancre. — Archit. || Croisée d'ogives (cit. 2). || Croisée du transept, et, absolt, la croisée : croisement du transept et de la nef. ⇒ Croisillon (→ Clocher, cit. 1), croix.
♦ Croisée des chemins : carrefour, croisement de voies. || La croisée de deux rues, de deux routes. || Se rencontrer à la croisée des chemins. ☑ Fig. Croisée des chemins : moment de la vie où doit être fait un choix déterminant.
1 Je délibérais aux croisées des chemins.
Rousseau, les Confessions, IV.
♦ (Avec un autre subst. que chemin) :
1.1 (…) le milicien lui apparut un soir à la croisée de quatre rues.
Jean Genet, Pompes funèbres, p. 54.
1.2 Des bars encore, de petits restaurants, sont au bas de chaque façade ou presque, et à droite et à gauche il jette des regards en suivant le courant, car à partir de la croisée des rues le mouvement s'est accentué dans la direction que lui-même avait prise.
A. Pieyre de Mandiargues, la Marge, p. 63.
2 (1690; « montant de pierre ou de bois qui divisait l'ouverture d'une fenêtre », 1508). Vieilli ou régional. Châssis vitré, ordinairement à battant, qui ferme une fenêtre. || Ouvrir, fermer la croisée. || Montants et traverses de la croisée. ⇒ Meneau. || Linteau de la croisée. ⇒ Sommier. || Espagnolette qui sert à fermer une croisée. ⇒ Crémone. || Le solement, filet de plâtre autour de la croisée.
♦ Par ext. Fenêtre. || Refermer la croisée (→ Augure, cit. 11).
2 Les branches et la pluie se jettent à la croisée de la bibliothèque.
Rimbaud, Illuminations, Enfance, IV.
3 Sans que je m'en fusse aperçu, ma lampe s'était éteinte; devant l'aube s'était ouverte ma croisée. Je mouillai mon front à la rosée des vitres, et repoussant dans le passé ma rêverie consumée, les yeux dirigés vers l'aurore, je m'aventurai dans le val étroit des métempsychoses.
Gide, le Voyage d'Urien, in Romans, Pl., p. 15.
4 Assise, la fileuse au bleu de la croisée (…)
Valéry, Poésies, « La fileuse », in Œ., t. I, Pl., p. 75.
3 Techn. Pièce de bois ou de métal disposée en croix. || Croisée d'une presse d'imprimeur. || Croisée de l'axe d'un dévidoir. || Croisée d'une roue d'horlogerie. || Croisée à la partie supérieure d'une ruche.
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HOM. Croiser.
Encyclopédie Universelle. 2012.