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courtisane

courtisane [ kurtizan ] n. f.
• 1547; courtisanne 1537; courtisienne v. 1500; it. cortigiana, de corte « cour »
Anciennt ou littér. Femme entretenue, d'un rang social assez élevé. hétaïre. Les courtisanes grecques Laïs, Phryné, Thaïs. Par ext. Demi-mondaine. 1. cocotte. « l'amour terrible, désolant et honteux, l'amour maladif des courtisanes » (Baudelaire).

courtisane nom féminin Littéraire. Femme qui vend ses faveurs ; femme de mœurs légères, qui est d'une élégance distinguée et a des manières mondaines. ● courtisane (citations) nom féminin Gustave Flaubert Rouen 1821-Croisset, près de Rouen, 1880 Académie française, 1880 La courtisane est un mythe. Jamais une femme n'a inventé une débauche. Correspondance, à Mme X, 1852 courtisane (difficultés) nom féminin Orthographe Avec un seul n. ● courtisan, courtisane adjectif Littéraire. Propre au courtisan : Avoir l'âme courtisane.

⇒COURTISANE, subst. fém.
A.— Femme vénale, aux mœurs légères, qui se distingue par son élégance et ses manières mondaines. Une courtisane effrontée, dont le langage et la conduite trahissent bientôt la profession, et forcent la femme honnête à se retirer, pour ne pas laisser pendant deux heures, sous les yeux de sa fille, un exemple de la plus impudente dépravation (JOUY, Hermite, t. 1, 1811, p. 202). Ces courtisanes honorées, disputées à prix d'or, qui dictaient la mode du costume et de la philosophie (AYMÉ, Puits, 1932, p. 232).
P. métaph. Cette douce nuit de mai fut l'entremetteuse ou la courtisane des supplices, des lâchetés, des héroïsmes indicibles (BLOY, Femme pauvre, 1897, p. 296).
P. anal. :
1. Penser, rêver, concevoir de belles œuvres est une occupation délicieuse. C'est fumer des cigares enchantés, c'est mener la vie de la courtisane occupée à sa fantaisie. L'œuvre apparaît alors dans la grâce de l'enfance, dans la joie folle de la génération, ...
BALZAC, La Cousine Bette, 1846, p. 196.
B.— En partic., ANTIQ. Femme qui, en raison de son éducation et de ses qualités artistiques, joua un grand rôle dans la vie de certains hommes de haut rang (politiques, philosophes, etc.). La vraie courtisane, au sens antique du mot, était une artiste, une prêtresse même (PROUDHON, Pornocratie, 1865, p. 167) :
2. C'était à l'extrémité lointaine de la grande avenue rectiligne qui (...) menait du temple à l'agora (...) « Les courtisanes! Les courtisanes sacrées! » (...) Elles arrivaient comme une inondation vivante, (...). On les reconnaissait, à présent. On distinguait leurs robes, leurs ceintures, leurs cheveux. Des rayons de lumière frappaient les bijoux d'or.
, Aphrodite, 1896, p. 196.
C.— P. ext. [P. oppos. à la fille publique]
1. Femme galante et légère non vénale :
3. On croirait une Violante, une de ces courtisanes du XVIe siècle, êtres instinctifs et irréglés comme des faunesses, qui portent, comme un masque d'enchantement, le sourire plein de nuit de la Joconde. Tout est brouillé, tout est mêlé dans cette créature ardente, confuse et voilée.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1860, p. 719.
4. Le (...) héros, qui fait l'apologie de la courtisane, « poétesse de son propre corps », adore l'innocence des jeunes filles mystiques et vaporeuses. Lui qui vit d'abord dans la rêverie et s'en délecte éprouve ensuite un sentiment de délivrance à se baigner dans des voluptés brûlantes.
BÉGUIN, L'Âme romantique et le rêve, 1939, p. 273.
P. anal. :
5. Oh! si quelqu'un lisait sous vos regards baissés Tous les impurs désirs dont vous vous enlacez, Courtisanes d'esprit, filles dont le corps chaste Est comme un champ de fleurs que l'ouragan dévaste!
BANVILLE, Les Cariatides, Les Baisers de pierre, 1842, p. 55.
2. Au fig. [À propos d'une notion abstr.] Ce bas monde est une vieille courtisane, mais qui ne cesse d'avoir de jeunes amants (SAINTE-BEUVE, Pensées, 1840, p. 19). La gloire? Il ne faut pas s'en flatter. Elle suit le succès. La gloire n'est qu'une courtisane (J. SIMON, Relig. nat., 1856, p. 329).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1500 courtisienne « femme ayant les manières de la Cour » (L'Advocat des Dames de Paris, 57 ds Anc. poésies fr., t. XII, p. 8); 2. 1537 Courtisanne « dame vivant à la Cour » (Les quatre livres du Courtisan du conte Baltazar de Castillon, trad. [de l'ital.] par Mellin de Saint-Gelays, LIII, 43 r° ds QUEM.); 1547 courtisane (N. DU FAIL, Propos rustiques ds Œuvres, éd. J. Assézat, t. I, p. 128); 1553 « femme galante » (RONSARD, Amours ds Œuvres, éd. Laumonnier, t. V, p. 123). Empr. à l'ital. cortigiana, attesté dep. av. 1529 au sens de « dame de la Cour » (B. Castiglione, forme cortegiana ds BATT., original de la trad. citée supra, 1537), dep. 1536 au sens de « femme galante de haut vol » (L'Arétin, ibid.), fém. de cortigiano (courtisan). Fréq. abs. littér. : 740. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 529, b) 1 540; XXe s. : a) 1 145, b) 327. Bbg. FITCH (G. B.). Mod. Lang. Notes. 1948, t. 63, pp. 204-206. — HOPE 1971, p. 149, 184. — SAINT-JACQUES (B.). Sex, dependency and lang. Linguistique. Paris, 1973, t. 9, p. 95.

courtisane [kuʀtizan] n. f.
ÉTYM. 1547; courtisanne, 1537; courtisienne, v. 1500; ital. cortigiana « dame de la cour, femme galante »; de corte « cour ».
1 Anciennt ou littér. Femme d'un rang social assez élevé, qui monnaye ses faveurs, qui accepte des relations sexuelles moyennant rétribution ( Prostituée).
Dans l'Antiquité, Les courtisanes grecques. || Aspasie, Laïs, Phryné, Thaïs, célèbres courtisanes. || Courtisane d'un rang assez élevé. Hétaïre.Influence des courtisanes sur le gouvernement. Pornocratie. || Célèbres courtisanes des grandes villes d'Italie. || Les courtisanes de Venise. || Les ambubaïes, courtisanes d'origine orientale, à Rome.
1 Il (dom Carlos) savait bien qu'il y avait plusieurs princesses et dames de condition dans Naples, mais il savait bien aussi qu'il y avait force courtisanes affamées, fort âpres après les étrangers, grandes friponnes et d'autant plus dangereuses qu'elles étaient belles.
Scarron, le Roman comique, I, IX, p. 29.
2 (1553). Demi-mondaine. Cocotte, créature (vx), fille (spécialt), grisette, lorette (anciennt).
2 Il avait souvent singé la passion; il fut contraint de la connaître; mais ce ne fut point l'amour tranquille, calme et fort qu'inspirent les honnêtes filles, ce fut l'amour terrible, désolant et honteux, l'amour maladif des courtisanes.
Baudelaire, la Fanfarlo.
3 (…) dans Manon Lescaut, la courtisane qui est bonne fille, immorale par le besoin du luxe, mais affectueuse par instinct, capable à la fin de payer d'un amour égal l'amour absolu qui pour elle a fait tous les sacrifices, est un type si visiblement durable que George Sand dans Leone Leoni, et Victor Hugo dans Marion Delorme, l'ont repris pour le mettre en scène, en retournant les rôles ou en changeant le moment.
Taine, Philosophie de l'art, t. II, V, II, III, p. 260.
4 Quand un amant désirait se présenter à une courtisane, il lui suffisait d'écrire leurs deux noms avec le prix qu'il proposait; si l'homme et l'argent étaient reconnus dignes, la femme restait debout sous l'affiche, en attendant que l'amateur revînt.
Pierre Louÿs, Aphrodite, II, p. 33.

Encyclopédie Universelle. 2012.