CACTACÉES
Les Cactacées constituent une famille de plantes dicotylédones, communément appelées cactus, appréciées pour leurs formes curieuses et leurs fleurs brillamment colorées. Caractéristiques de l’Amérique tropicale, ces plantes épineuses, dépourvues de feuilles mais à tiges charnues, constituent une adaptation remarquable à la sécheresse.
Le figuier de Barbarie
Le figuier de Barbarie (Opuntia ficusindica ) est formé d’articles aplatis, de forme ovale, les «raquettes», dont la surface est parsemée d’aréoles. Chacune d’elles comprend un point végétatif dormant, protégé par des soies, des poils barbelés ou glochidies (caractéristiques du genre), des épines. Elles constituent ainsi l’homologue des bourgeons. Sur les jeunes pousses, les aréoles sont axillées par de petites feuilles charnues, rapidement caduques (fig. 1).
En juin, les fleurs, d’un jaune pâle, apparaissent dans les aréoles. Les pièces florales s’insèrent en spirale, au sommet du réceptacle globuleux contenant l’ovaire infère (fig. 2); à l’intérieur, quatre à cinq bourrelets ou placentas pariétaux portent de nombreux ovules renversés (anatropes). Le fruit, charnu, comestible, est une baie épineuse (figue de Barbarie) renfermant des graines à embryons courbes et à périsperme (tissu de réserve spécial).
Les Cactacées
La famille comprend environ 2 000 espèces, groupées, selon les auteurs, en 30 à 200 genres, qui se distinguent surtout par des caractères morphologiques.
Les tiges cylindriques, cannelées, se dressent comme des cierges (Cereus , Carnegiea ) ou rampent sur le sol (Machaerocereus , Aporocactus ou queue de rat); elles sont aussi globuleuses, garnies de côtes (Echinocactus , Melocactus ), de mamelons (Mamillaria ) ou de longs appendices (Leuchtenbergia ) ou au contraire aplaties (Epiphyllum ). Les aréoles contiennent des épines parfois très développées (Echinocactus ) et acérées (Ferocactus ) ou des poils longs et abondants (Cereus senilis ). Certaines (Lophophora , Astrophytum ) et, en général, les formes épiphytes sont internes (Rhipsalis , Epiphyllum , Phyllocactus ).
Les fleurs solitaires et éphémères sont pollinisées par les insectes ou les oiseaux. La longueur du réceptacle, garni d’aréoles et de bractées écailleuses, la soudure plus ou moins marquée des pièces périanthaires définissent deux types de fleurs, les fleurs rotacées des Opuntia et Pereskia , et les fleurs tubuleuses de très nombreux genres (fig. 4).
De cet ensemble, il faut cependant distinguer les Pereskia , arbustes à feuilles persistantes et succulentes, à fleurs disposées en grappe et à placentation centrale.
La structure des Cactacées appelle quelques remarques. Si l’interprétation classique considère ces plantes comme des «succulentes caulinaires» dont les feuilles sont réduites à des épines, Lucien Plantefol les assimile aux «succulentes foliaires»: la tige serait réduite au cylindre central (fig. 3), alors que le manchon de tissus charnus représenterait les bases foliaires soudées, dont une partie s’individualise parfois en limbe (Opuntia ); les épines seraient alors des poils spécialisés, protégeant les points végétatifs ou terminant les mamilles. La situation des méristèmes, profondément enfoncés dans les tissus, explique la position de l’ovaire et la nature caulinaire du réceptacle, pouvant engendrer pousses ou fleurs.
Biologie. Ces plantes vivaces sont des xérophytes qui réalisent leur économie hydrique grâce à leurs surfaces évaporantes réduites (suppression des feuilles, stomates enfoncés dans un épiderme épais, ouverts seulement quelques heures par jour ou la nuit) et à leur système radiculaire superficiel étendu, drainant le maximum d’humidité (pluies et rosées). Les racines plus profondes n’ont qu’un rôle de fixation. Les tiges chlorophylliennes constituent alors de véritables réservoirs d’eau.
Cette adaptation à la sécheresse se retrouve au niveau physiologique. Le métabolisme est de type crassulacéen dans lequel il y a accumulation d’acides organiques, absorption du gaz carbonique la nuit et son utilisation le jour dans la photosynthèse. En outre, plusieurs espèces produisent des alcaloïdes, des alcamines ou des saponines.
Ces plantes sont capables d’une multiplication végétative intense: même fanées, les raquettes des Opuntia et parfois aussi les fruits peuvent bourgeonner au niveau des aréoles (fruits prolifiques d’Opuntia fulgida ).
Répartition. Connues dès l’Éocène dans le Nouveau Monde (gisement fossile de l’Utah), les Cactacées s’y sont diversifiées et cantonnées (plantes endémiques). Les Rhipsalis épiphytes trouvés en Afrique et à Ceylan auraient été transportés par les oiseaux au cours de leurs migrations.
Inhérentes aux paysages désertiques ou steppiques du sud-ouest des États-Unis (Arizona, Californie), du Mexique et du Brésil, elles existent aussi dans des régions plus humides: sud-est des États-Unis et forêts tropicales. Dans les Andes, elles s’étagent jusqu’à six mille mètres, supportant la neige et les gelées de l’ordre de 漣 10 0C.
Beaucoup sont acclimatées dans les régions de climat méditerranéen. La prolifération des Opuntia a été parfois si exceptionnelle qu’il a fallu lutter contre leur envahissement (Australie) par l’introduction de prédateurs spécifiques, en l’occurrence un papillon argentin (Cactoblastis cactorum ) dont les chenilles minent les raquettes.
Utilisation. Outre leur intérêt horticole, les Cactacées sont des facteurs de vie dans les déserts, par l’humidité, l’ombre et les débris organiques qu’elles y apportent. Certains Opuntia sont utilisés et même cultivés comme fourrage; les fruits et les jeunes pousses de nombreuses espèces sont comestibles. Les poils criniformes des Cephalocereus et des Pachycereus sont utilisés comme rembourrage et fibres à tisser, les grands Cereus ligneux comme bois de chauffage et de construction; les Nopals permirent l’élevage de la cochenille dont on extrayait le carmin. Enfin les Peyotls, dont le Lophophora williamsii , contiennent des alcaloïdes à pouvoir hallucinogène (mescaline, anhalonine).
Relations phylétiques. Les Cactacées, parfois érigées en un ordre indépendant (Cactales ou Opuntiales), sont considérées par Wettstein, Emberger, Mangenot, Cronquist, comme faisant partie intégrante des Caryophyllales (Centrospermales) et placées à proximité des Aizoacées et Didiéracées. Cette opinion s’appuie sur les similitudes des caractères morphologiques, embryologiques, palynologiques, mais aussi sur la présence de pigments de type bétalaïnes et non pas d’anthocyanes. L’existence de plastes particuliers dans les vaisseaux libériens confirme cette inclusion parmi les Caryophyllales. Ces plastes offrent un cristalloïde central et un anneau périphérique de filaments protéiniques.
Il est encore admis que les Cactacées dérivent des Phytolaccacées ou d’un groupe très proche de cette famille.
À l’intérieur de la famille, les Pereskia , aux tiges bien développées, aux feuilles succulentes, aux fleurs terminales parfois groupées en inflorescences et ne possédant pas de glochidies, sont considérées comme les plus primitives, alors que les formes globuleuses (Mamillaria ) sont estimées les plus évoluées.
cactées [ kakte ] n. f. pl.
• cacté 1803 ; de cactus
♦ Famille de plantes dicotylédones dialypétales, aux tiges charnues, vertes, remplies d'un suc (d'où leur nom de plantes grasses), en forme de raquettes, de colonnes, etc., aux feuilles réduites à des épines. ⇒ cactus. — On dit aussi CACTACÉES .
⊗ HOM. Caqueter.
cactacées ou cactées
n. f. pl. BOT Plantes dicotylédones (dites plantes grasses ou succulentes) originaires de l'Amérique centrale, à tige charnue (servant de réserve d'eau), aux feuilles réduites à des épines, cultivées souvent pour leurs fleurs colorées.
— Sing. Une cactacée ou une cactée.
ÉTYM. 1850; cacté, adj., 1803; de cact(us), et -acées, -ées.
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♦ Bot. Famille de plantes phanérogames, dicotylédones dialypétales, comprenant des arbres, arbrisseaux ou herbes vivaces, charnus, à végétation lente, renfermant un suc aqueux ou laiteux, ce qui leur a valu le nom de plantes grasses (qu'elles partagent avec d'autres plantes). || Les cactacées, en forme de raquettes, de colonnes, de « cierges », de sphères, etc., ont des feuilles réduites à des épines (oponce; cierge). ⇒ Cactus. || On dénombre environ 2 000 espèces de cactacées. — Au sing. || Une cactacée, une cactée.
0 De loin en loin, il y avait les silhouettes calcinées des petits acacias, des buissons, et les touffes des cactées et des palmiers nains, là où l'humidité de la vallée mettait de vagues taches sombres.
J.-M. G. Le Clézio, Désert, p. 210.
Encyclopédie Universelle. 2012.