concentré, ée [ kɔ̃sɑ̃tre ] adj. et n. m.
• 1762; de concentrer
1 ♦ Dont la concentration (3o) est grande. Solution concentrée. Boîte de lait concentré. ⇒ condensé. Tablette de bouillon concentré (⇒ consommé) . N. m. Du concentré de tomates.
2 ♦ Qui fait preuve de concentration (4o). Esprit concentré. ⇒ absorbé, attentif, réfléchi.
⊗ CONTR. Dilué. Distrait.
● concentré nom masculin Accumulation sous une forme condensée : Ce livre est un concentré de banalités. Produit alimentaire obtenu par concentration. Minerai concentré, par préparation physique ou chimique, à teneur marchande. Mélange des éléments odorants entrant dans la constitution d'un parfum, avant ajout de l'alcool. ● concentré (expressions) nom masculin Concentrés érythrocytaire, granulocytaire, plaquettaire, unitaire, préparations contenant seulement certains éléments du sang et utilisés en transfusion sanguine. ● concentré (synonymes) nom masculin Accumulation sous une forme condensée
Synonymes :
concentré, ée
adj. et n. m.
d1./d Que l'on a concentré. Lait concentré.
|| n. m. Substance concentrée. Du concentré de tomate.
d2./d Qui manifeste de la concentration (sens 4).
⇒CONCENTRÉ, ÉE, part. passé, adj. et subst. masc.
I.— Part. passé de concentrer.
II.— Adjectif
A.— [Correspond à concentrer A]
1. [En parlant de groupes de pers.] Rassemblé :
• 1. Le coût élevé de la réalisation des films fait que les pays dont la population est la plus riche, la plus nombreuse et la plus concentrée dans les grandes villes jouissent d'une supériorité cinématographique indéniable.
Arts et litt. dans la société contemp., 1936, p. 8807.
a) ÉCON. [En parlant d'une ville] Peuplé, dont la population est dense. Zurich (...) ville moins concentrée que Genève, moins originale que Lucerne (MICHELET, Sur les chemins de l'Europe, 1874, p. 518).
b) ART MILIT. Frappez d'abord les groupes dispersés et isolés de l'ennemi; et plus tard frappez les forces les plus puissantes et les plus concentrées (P. BILLOTTE, Considérations stratégiques, 1957, p. 4010).
2. Fig. [En parlant d'une pers., de ses forces intellectuelles et affectives; suivi ou non d'un obj. second.] Fortement appliqué à quelque chose, à l'exclusion d'autre chose; dont l'esprit est entièrement accaparé par quelque chose; très attentif. Certains acteurs jouent si concentrés sur leur rôle qu'ils se mettent presque en état second (MORAND, Excursions immobiles, 1944, p. 145). Seuls, à deux travées différentes, deux élèves écoutaient, concentrés, passionnés, avides (DRUON, Les Grandes familles, t. 1, 1948, p. 92) :
• 2. Je voudrais cependant vous savoir une passion plus concentrée. Vous me parlez de sculpture, de peinture ou de dessin. J'aimerais mieux que vous réunissiez toutes vos forces sur un seul art.
MÉRIMÉE, Lettres à la duchesse de Castiglione-Colonna, 1870, p. 93.
— Emploi subst. :
• 3. Parmi les concentrés, on a mis en évidence deux types (Neumann) : l'un, le concentré pur, est tourné vers l'observation en profondeur, méditative ou scientifique; l'autre, distributif, se fait remarquer par l'étalement de son pouvoir d'attention et la facilité avec laquelle il mène deux ou plusieurs opérations à la fois.
MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 429.
B.— [Correspond à concentrer B] Qui est dans un espace limité et a peu d'expansion.
1. MÉD. Pouls concentré. Pouls dont les battements se font peu sentir. Ton pouls est petit, dur, concentré (BRILLAT-SAVARIN, Physiol. du goût, 1825, p. 251).
2. P. métaph. Enfermé. Mon esprit est trop concentré dans un même cercle; aussi dès que je pourrai m'échapper, je me hâterai d'en sortir (TOCQUEVILLE, Correspondance [avec Henry Reeve], 1836, p. 36).
3. Fig. [En parlant d'une pers., de son caractère, p. méton. de son visage] Qui ne s'épanche pas au dehors, renfermé, peu communicatif. C'est un homme concentré, qui ne fait part à personne de ses impressions (G. SAND, Consuelo, t. 1, 1842-43, p. 227) :
• 4. Toutes, quand on passe, demeurent à leur tâche, quelques-unes penchées, toutes, la physionomie fermée. Il semble qu'il y ait un mur entre votre regard et elles. Leur visage est muet, concentré, replié : on sent qu'il fait le mort.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1862, p. 1148.
— Emploi subst. C'était [Lydie], ainsi que lui [Richard], une concentrée, une silencieuse (A. DAUDET, La Petite paroisse, 1895, p. 33).
4. CHIM. et MINÉR.
a) Adj. [En parlant d'une solution ou d'une substance] Dont on a fortement diminué la partie aqueuse. [Le serpentin réchauffeur] permet en infusion de réduire la quantité d'eau chaude et d'avoir des moûts plus concentrés (E. BOULLANGER, Malterie, brasserie, 1934, p. 241). [En parlant d'un minerai] Dont on a accru la teneur en minéral de valeur par élimination d'une partie de la gangue. L'uranium dit enrichi, c'est-à-dire plus concentré en uranium 235 que l'uranium naturel (GOLDSCHMIDT, L'Aventure atomique, 1962, p. 94).
— P. anal. [En parlant d'une boisson, de substances alimentaires] Du lait concentré :
• 5. Vous êtes jusqu'au wagon-restaurant pour y prendre non point le précieux café italien, cette liqueur vivifiante et concentrée, mais simplement une eau noirâtre...
M. BUTOR, La Modification, t. 4, 1957, p. 96.
— P. métaph. Qu'est-ce que l'art, Monsieur? C'est la nature concentrée (BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, p. 227).
b) Subst. masc. ,,Substance présentée commercialement sous un petit volume riche en matière active; produit obtenu à partir d'un minerai brut qui a été traité de manière à augmenter le pourcentage d'un élément qu'il contient`` (DUVAL 1959). Usine chimique de traitement du minerai pour la production de concentrés d'uranium (GOLDSCHMIDT, L'Aventure atomique, 1962 p. 147).
— ALIM. Du concentré de tomate. Comme soupe, c'était un concentré de poissons dont madame Roux avait le secret (CENDRARS, L'Homme foudroyé, 1945, p. 95).
— Fig. Synon. un condensé :
• 6. Une visite au gymnase Henri, ce sont toutes les attractions des plus fameux programmes [de cirque] dont on trouve un ensemble et un concentré.
L'Œuvre, 1er mars 1941.
5. P. ext., fig. [En parlant d'une œuvre, du style] Dont on a éliminé ce qui peut être considéré comme accessoire; qui consiste en ce procédé. Je sens que ma critique étant trop courte, trop concentrée, prend un air brutal que je ne lui voudrais pas (J. RIVIÈRE, Correspondance [avec Alain-Fournier], 1906, p. 345).
— Emploi subst. :
• 7. ... fuyant la glose, il vise davantage au concentré pour parvenir à cette forme moderne, le slogan, où la notion incluse, à force de se ramasser, en arrive à imiter l'effet d'un choc sensoriel et son automatisme.
HUYGHE, Dialogue avec le visible, 1955, p. 43.
C.— Fig. Fort, intense.
1. [Parce qu'accumulé, réuni en un point] L'on nous soumettait à des tirs concentrés (PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1925, p. 239).
2. [Parce que condensé (cf. supra B 5)] Le tableau du salon qui marque le plus grand effort de pensée, dont l'effet est le plus concentré et le plus puissant, est sans contredit le Christ mort de M. Henner (CASTAGNARY, Salons, t. 2, 1876, p. 216). Il [Bergotte] est plus aigu, plus concentré dans le journal que dans le livre où il délaie un peu (PROUST, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, p. 581).
Encyclopédie Universelle. 2012.