Akademik

compassé

compassé, ée [ kɔ̃pase ] adj.
XVIe; de compasser
Dont le comportement est affecté et guindé; sans rien de libre, de spontané. contraint, empesé, gourmé. Un homme compassé. D'un air compassé. Style compassé. « l'allure compassée, noble et précieuse » du menuet (Herriot). ⊗ CONTR. Aisé, libre, naturel, simple.

compassé, ée
adj. (En parlant d'une personne, de son comportement.) Affecté, sans spontanéité. Une politesse compassée.

⇒COMPASSÉ, ÉE, part. passé et adj.
I.— Part. passé de compasser.
II.— Adjectif
A.— Rare. Mesuré au compas (cf. compasser).
P. ext. Fait comme au compas, avec régularité, symétrie. Leurs fonds [des abeilles] pyramidaux savamment compassés (J. DELILLE, Les Trois règnes de la nature, 1808, p. 140). Les jardins monarchiques et compassés de Le Nôtre (TAINE, Philos. de l'art, t. 1, 1865, p. 85). De longues faces du Nord aux sourcils égaux et compassés (DRUON, Les Grandes familles, t. 1, 1948, p. 100).
B.— Cour., au fig.
1. Qui est réglé minutieusement, codifié, qui ne laisse aucune place à l'imprévu :
1. ... chaque fois que l'heure sonnait, il se passait quelque chose dans la maison des Schwanthaler (...) tout cela si bien réglé, si compassé, si méthodique, que d'entendre tous ces Schwanthaler se mettre en branle au premier coup de timbre (...) on songeait au défilé des apôtres dans l'horloge de Strasbourg...
A. DAUDET, Contes du lundi, 1873, p. 66.
2. Péj. [En parlant de la manière d'être d'une pers. ou, p. ext., d'une pers.] Qui est mesuré, étudié, retenu dans de strictes limites, qui bannit toute spontanéité, toute vivacité. Air, attitude, gestes, manières, maintien, pas, démarche, ton compassé(e, s); personne compassée. Il avait ce maintien compassé, tenait cette allure mesurée qui faisait dire aux uns, en se moquant, qu'il ressemblait à un maître à danser (A. FRANCE, Les Dieux ont soif, 1912, p. 168) :
2. Aussi longtemps qu'on vit la tour de Saint-Martin, chacun des beaux messieurs garda l'air compassé. Mais sitôt qu'on fut hors des yeux de la cité, tous les fronts s'éclaircirent, et les esprits se mirent comme moi, en bras de chemise.
R. ROLLAND, Colas Breugnon, 1919, p. 143.
En partic. Style compassé (en litt., peint., mus.); portrait, prose compassé(e). Cette lettre (...), ce papier froid et compassé, cette écriture soignée (...) avec des points et des virgules! (MÉRIMÉE, Théâtre de Clara Gazul, 1825, p. 336). La littérature compassée du siècle de Louis XIV (NERVAL, Nouvelles et fantaisies, 1855, p. 131).
PARAD. a) Quasi-synon. affecté, apprêté, gourmé, guindé. b) Termes souvent associés froid, glacé; formel; cérémonieux, digne, grave, raide, sage, sérieux, solennel. c) Anton. animé, chaleureux, fougueux, libre, naturel, simple, spontané.
Emploi subst. Personne compassée. Ça m'amuse que des compassés comme vous aient un enfant drôlichon comme cette moutarde-là (GYP, Ces Bons docteurs, 1892, p. 16) :
3. Fontanes avait l'imagination vive, ardente, primesautière (...), il avait une inexpérience d'enfant en beaucoup de choses, une vraie bonhomie et candeur (...) le contraire du compassé...
SAINTE-BEUVE, Portraits littér., t. 2, 1844-64, p. 275.
Prononc. et Orth. Cf. compasser. Fréq. abs. littér. : 113.

Encyclopédie Universelle. 2012.