colporter [ kɔlpɔrte ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1539; en a. fr. comporter; lat. comportare « transporter », refait d'apr. col; cf. coltiner
1 ♦ Transporter avec soi (des marchandises) pour les vendre. Colporter des livres.
2 ♦ Transmettre (une information) à de nombreuses personnes (souvent péj.).⇒ divulguer, propager, rapporter, répandre. Colporter une histoire scandaleuse, la raconter à tout le monde. « Jusqu'au soir, de bureau en bureau, il fut colporter la nouvelle » (Courteline).
● colporter verbe transitif (de comporter, porter, avec l'influence de porter à col) Vieux. Porter çà et là, dans les villes ou les campagnes, des marchandises pour les vendre : Colporter des livres. Propager, faire connaître partout (souvent péjoratif) : On colporte sur toi des bruits curieux. ● colporter (synonymes) verbe transitif (de comporter, porter, avec l'influence de porter à col) Propager, faire connaître partout (souvent péjoratif)
Synonymes :
- diffuser
- ébruiter
- propager
- publier
- répandre
Contraires :
- cacher
- taire
colporter
v. tr.
d1./d Présenter (des marchandises) à domicile, pour les vendre.
d2./d Fig. (Souvent péjor.) Répandre (une nouvelle, une information, un renseignement) en les répétant à de nombreuses reprises.
⇒COLPORTER, verbe trans.
A.— COMMERCE
1. Transporter des marchandises d'un endroit à un autre afin de les vendre à une clientèle sollicitée à domicile. Il me montra les quartiers populeux où quinze ans plus tôt il colportait des savonnettes (S. DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 423) :
• 1. Tout leur génie étoit dans leurs balles d'étoffes, et on les voyoit, comme les Bataves, colporter les livres des beaux esprits des temps, sans en avoir jamais ouvert un seul.
CHATEAUBRIAND, Essai sur les Révolutions. t. 1, 1797, p. 318.
— Spéc. [L'obj. désigne des journaux ou périodiques] :
• 2. Dans les grandes artères retentissaient les cris des vendeurs de journaux, qui colportaient dans la banlieue les éditions du soir.
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, p. 486.
2. [Dans le cadre d'un commerce organisé et/ou réglementé] :
• 3. Un certain degré d'organisation technique et commerciale existait dans l'artisanat rural : paysans travaillant l'hiver à leur compte et colportant leurs produits ensuite; ...
J.-A. LESOURD, C. GÉRARD, Hist. écon., XIXe et XXe s., t. 1, 1968, p. 183.
B.— Fig. et souvent péj. Transmettre à plusieurs personnes une nouvelle, des propos entendus, etc. Les propos malveillants qu'il colportait sur moi (JOFFRE, Mémoires, t. 2, 1931, p. 105). Il colportait les ragots (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 183) :
• 4. ... le laitier collecte ses 5 ou 600 litres de lait par jour, bon an, mal an. Il fait aussi fonction de gazette. Il colporte les histoires du pays.
M. DEBATISSE, La Révolution silencieuse, 1963, p. 22.
♦ Emploi pronom. avec valeur passive :
• 5. Rien de plus grave que ces paroles qu'on nous prête, qui circulent et s'impriment (...). Le Verbe se fait toujours et instantanément chair. C'est pourquoi la chose dite est d'une suite incalculable. C'est pourquoi il importe de prendre garde à ce qui se colporte, d'en vérifier les sources et, si cela est faux, de couper net.
COCTEAU, La Difficulté d'être, 1947, p. 151.
Prononc. et Orth. :[], (je) colporte []. Ds Ac. 1740-1932. Étymol. et Hist. 1. 1539 « porter (sur les épaules) un mort en terre » (EST.) — XVIIIe s. être colporté en grève (CAYLUS, Œuvres badines, Recueil de 1787, X, 304 ds IGLF); 2. a) 1690 [1539, EST. d'apr. FEW t. 2, p. 987a] (FUR. : Porter à son col, ou sur le dos quelque manne ou balle de marchandises, pour le vendre par les rües & par la campagne [...] colporter des marchandises); b) 1798 au fig. colporter une histoire scandaleuse (Ac.). Altération de comporter « porter (quelque chose ou quelqu'un) » issu du lat. class. comportare « transporter (diverses choses ensemble) » (v. comporter), spéc. au sens de « transporter ici et là (notamment pour vendre) » (cf. E. BOILEAU, Métiers, éd. G.-B. Depping, 238 ds T.-L. : Nus corroier ne puet comporter ces corroies par le vile de Paris, ne faire comporter, se il a estal), d'apr. l'expr. porter a col « transporter sur soi, à son cou, sur son dos » attestée aux XIIIe et XIVe s. (v. M. Höfler ds Cah. Lexicol., t. 1, fasc. 6, 1965, p. 100). Fréq. abs. littér. :134. Bbg. Mél. Dauzat (A.). 1951, pp. 251-252. — ORR (J.). Pompon et pompette. R. Ling. rom. 1965, t. 29, pp. 4-5.
colporter [kɔlpɔʀte] v. tr.
ÉTYM. 1539; de l'anc. franç. comporter, du lat. comportare « transporter », de com- (cum-), et portare (→ Porter); refait d'après cou, col. → Coltiner.
❖
1 Transporter avec soi (des marchandises) pour vendre. || Colporter son bagage sur le dos, sur une petite voiture. || Colporter des marchandises, des livres (→ Article, cit. 15).
1 Les contrebandiers en amorces devaient les colporter chez les filles (…)
P. Mac Orlan, la Bandera, XI, p. 126.
2 Transmettre (une information) à de nombreuses personnes (souvent péj.). ⇒ Divulguer, propager, rapporter, répandre. || Colporter une nouvelle, une histoire scandaleuse, la raconter à l'un et à l'autre. || Colporter de faux bruits, des cancans. || Comptez sur lui pour colporter la nouvelle, il est discret comme une trompette (très indiscret).
2 Jusqu'au soir, de bureau en bureau, il fut colporter la nouvelle.
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 5e tableau, I, p. 172.
3 Nous savions par cœur ses vers. On colportait des traits de lui, on citait ses mots.
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 93.
❖
DÉR. Colportage, colporteur.
Encyclopédie Universelle. 2012.