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chienlit

chienlit [ ʃjɑ̃li ] n. f.
• 1534; de chier, en et lit
1Vieilli ou littér. Masque de carnaval.
2Fig. Mascarade, déguisement grotesque.
Désordre. pagaille. « Je suis heureux de mourir plutôt que de voir la chienlit en France » (Drieu la Rochelle). « La réforme, oui; la chienlit, non » (attribué au de Gaulle en mai 1968).

chienlit nom féminin Populaire. Désordre, anarchie sociale ou politique, pagaïe. Littéraire. Masque de carnaval ; mascarade, déguisement.

chienlit
n. f. Fam. Agitation, désordre, pagaille. La chienlit règne.

⇒CHIENLIT, subst.
I.— Subst. masc. ou fém.
A.— Vx, pop. Celui, celle qui défèque au lit.
Rem. Attesté ds DG, Nouv. Lar. ill., Lar. 20e, ROB., QUILLET 1965, Lar. Lang. fr.
B.— P. ext., vieilli, fam.
1. a) Celui, celle qui laisse passer par derrière un morceau de chemise malpropre.
Rem. Attesté ds DG, Nouv. Lar. ill.-Lar. lang. fr.
b) Personne ridiculement accoutrée, grotesque :
1. ... Coupeau dansait et gueulait. Un vrai chienlit de la Courtille, avec sa blouse en lambeaux et ses membres qui battaient l'air; ...
ZOLA, L'Assommoir, 1877, p. 782.
c) Personnage répugnant :
2. Parcouru avec dégoût les journaux du matin, relatant le triomphe de Rochefort, qui vient de rentrer à Paris, aux acclamations d'une sale multitude. Paul Adam lui-même applaudit à la victoire du vieux chienlit.
BLOY, Journal, 1895, p. 169.
3. ... une statue de cette bruyante ganache de Garibaldi s'élevait, évoquant, dans le coin d'un carrefour pacifique, le souvenir d'un chienlit de guerre, ignoble.
HUYSMANS, L'Oblat, t. 1, 1903, p. 135.
2. Personne masquée de carnaval populaire. Au milieu des clameurs du carnaval et des huées des chienlits (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1888, p. 764) :
4. On était dans un bastringue de barrière, à la Boule-Noire, en plein mardi gras; des chienlits chantaient une ronde, ...
ZOLA, Nana, 1880, p. 1111.
P. méton., rare. Chanson chantée par une personne masquée de carnaval populaire. Psalmodier tous les rhythmes depuis le De Profundis jusqu'à la Chienlit (HUGO, Les Misérables, t. 1, 1862, p. 688).
II.— Subst. fém.
A.— Mascarade désordonnée et gueuse :
5. On en est à la chienlit, monsieur... On en est à la mascarade, au corso carnavalesque. On se déguise en pierrot, en arlequin, colombine ou en grotesque pour échapper à la mort. On se masque...
GIONO, Le Hussard sur le toit, 1951, p. 270.
Au fig. À la chienlit. Cri de dérision (adressé à des personnes masquées courant dans les rues aux jours gras) :
6. — Allons, gamins, respect à un grand homme! fit Lemulquinier.
À la chienlit! crièrent les enfants. Vous êtes des sorciers.
BALZAC, La Recherche de l'absolu, 1834, p. 325.
B.— P. ext., fam. Action, manifestation désordonnée, tumultueuse et répugnante :
7. Cette tourbe de dégénérés, de poissardes et de putains, arriva vers le soir à Versailles (...) Extraordinaire chienlit, avec des corps travestis et débraillés, de soûlardes juchées sur des canons ou à cheval...
L. DAUDET, Les Lys sanglants, 1938, p. 91.
P. méton.
1. Excès, débauche grossière :
8. [Le repas] c'est le seul moment où l'homme soit heureux de vivre. Dieu ne peut s'en froisser, malgré la chienlit du vin — crapula vini — et la turpitude de certains mets nationaux ou plats locaux...
CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 196.
2. Profusion désordonnée. Une chienlit d'énormes panneaux réclames installés en diorama de chaque côté [de l'autostrade] (GIONO, Voyage en Italie, 1953, p. 28).
Rem. La réforme, oui; la chienlit, non. Mot du général de Gaulle au moment des troubles de mai 1968 et qui a popularisé le mot (cf. GILB. 1971).
Prononc. et Orth. :[]. Cf. chiendent. Ac. 1835-1878 : chie-en-lit. Cf. aussi BESCH. 1845, GUÉRIN 1892 et LITTRÉ qui rappelle l'orth. de Voltaire chiant-lit qu'il juge fautive bien qu'elle reproduise la prononc. correcte. La graph. chie-en-lit est mentionnée à titre hist. ds ROB. et ds Lar. encyclop., ds DUB. et ds Lar. Lang. fr. qui souligne cependant : ,,Certains auteurs restituent l'orthographe étymologique``. DG, Nouv. Lar. ill., Lar. 20e et QUILLET 1965 admettent parallèlement chie-en-lit et chienlit. Ac. 1932 donne uniquement chienlit. Étymol. et Hist. 1. 1534 chienlict « celui, celle, qui chie au lit » (RABELAIS, Gargantua, éd. Marty-Laveaux, ch. 25, p. 98), qualifié de ,,vx et pop.`` par Lar. Lang. fr.; 1866 pop. (Lar. 19e : Chie-en-lit. Bout de chemise malpropre qui sort par la fente postérieure de la culotte d'un enfant); 2. a) 1740 « masque de carnaval » (Ac., s.v. chier); d'où 1830, 11 nov. à la chianlit (BALZAC, Œuvres diverses, La Reconnaissance du gamin [La Caricature], éd. M. Bouteron et H. Longnon, t. 2, p. 195); b) 1862 « air de carnaval » d'où « le carnaval lui-même » (synon. de désordre et de débauche) (HUGO, loc. cit.). Composé de la forme verbale chie (chier), de en et de lit. Fréq. abs. littér. :41.

chienlit [ʃjɑ̃li] n. f.
ÉTYM. 1534; de chier, en, et lit.
1 Vieilli ou littér. Masque de carnaval.
1 L'hypocrisie et le mensonge grouillaient partout. Les mots et les gestes les plus quotidiens étaient des masques, des déguisements, des chienlits.
Marie Cardinal, les Mots pour le dire, p. 316.
REM. Le sens de « masque de carnaval bizarrement accoutré » est attesté en 1740; selon P. Larousse, l'évolution de sens est la suivante. Le mot chie-en-lit aurait désigné le « bout de chemise malpropre qui sort par la fente postérieure de la culotte d'un enfant », puis un « morceau de chiffon ou de papier que l'on attache par plaisanterie au vêtement de quelqu'un ». Mais ces acceptions sont hypothétiques.
2 La bacchanale, jadis couronnée de pampres (…) aujourd'hui avachie sous la guenille mouillée du Nord, a fini par s'appeler la chie-en-lit.
Hugo, les Misérables, in P. Larousse.
Par ext. Chanson, air de carnaval qui accompagnait les cris de « à la chie-en-lit ! » (attesté en 1832).
3 Cet être braille, raille, gouaille, bataille (…) psalmodie tous les rythmes depuis le De Profundis jusqu'à la Chie-en-lit (…)
Hugo, les Misérables, III, I, III.
(V. 1860). || Un, des chie-en-lit. Invar. Personne habillée d'une manière excentrique. || « Les chie-en-lit qu'on appelle les petites dames… » (P. Larousse).
2 N. f. (1862). Mascarade tumultueuse et désordonnée.
4 On en est à la chienlit, monsieur (…) On en est à la mascarade, au corso carnavalesque. On se déguise en pierrot, en arlequin, colombine ou en grotesque pour l'échapper à la mort.
J. Giono, le Hussard sur le toit, p. 270.
Fig. Mascarade, déguisement grotesque.
Désordre. Pagaïe. || « La réforme, oui; la chienlit, non » (mots attribués au général de Gaulle, en mai 1968).

Encyclopédie Universelle. 2012.