chambrer [ ʃɑ̃bre ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1678 « loger ensemble »; de chambre
1 ♦ (1762) Vx Tenir (qqn) enfermé dans une chambre.
2 ♦ Fig. Isoler pour mieux circonvenir, convaincre. ⇒ endoctriner, sermonner.
♢ Fam. Taquiner, se moquer de (qqn), en paroles. ⇒ charrier. « Tu me chambres, ou tu te fais des idées ? » (Simonin).
3 ♦ (1877, à Neuchâtel) Mettre (le vin) à la température de la pièce, le réchauffer légèrement. On chambre les vins rouges (opposé à frapper) . — P. p. adj. Vin chambré.
● chambrer verbe transitif Vieux. Garder quelqu'un enfermé dans une chambre. Sortir de la cave une bouteille de vin rouge pour que celui-ci atteigne naturellement la température idéale de dégustation. Familier. Tenir quelqu'un à l'écart pour essayer de le convaincre et l'empêcher de subir d'autres influences ; se moquer de lui. ● chambrer (homonymes) verbe transitif chambrée nom féminin ● chambrer (synonymes) verbe transitif Garder quelqu'un enfermé dans une chambre.
Synonymes :
- cloîtrer
- séquestrer
chambrer
v.
d1./d v. tr. Laisser (un vin) prendre la température de la pièce où il sera bu.
— Pp. Un vin chambré.
d2./d v. intr. (Québec) Loger dans une chambre en location.
⇒CHAMBRER, verbe.
A.— Emploi trans., vx. Tenir quelqu'un enfermé dans une chambre. Synon. enfermer :
• 1. — Mon cher, sifflotait le docteur, je suis allé reconnaître les environs de ton domaine. Tu ne comptes pas nous chambrer, je pense. Tu sais que j'aime la campagne, les flâneries, la liberté.
G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, La Nuit de la Saint-Jean, 1935, p. 149.
♦ Se chambrer. Alors, se chambrant dans son atelier, Coriolis y resta quinze jours, enfermé, seul, n'y voulant personne (E. et J. DE GONCOURT, Manette Salomon, 1867, p. 345).
— Au fig. et fam. Tirer quelqu'un à part pour le convaincre, et éventuellement le circonvenir. Synon. endoctriner, sermonner :
• 2. Ces malheureux [3 chanoines] circonvinrent l'archevêque, le chambrèrent et finalement ne lui firent plus voir Don Bosco que par leurs méchantes lunettes.
J. DE LA VARENDE, Don Bosco, 1951, p. 187.
— P. ext., arg. Chambrer qqn. Se moquer de lui. Synon. railler, pop. charrier. Marinette entrait tout juste. On s'est mis à se marrer. Elle a compris. — C'est moi qu'on chambre, elle a fait (...) Arrêtez votre charre (A. SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 162).
B.— Chambrer un vin. Le laisser séjourner dans une pièce tiède quelques heures avant de le servir, pour qu'il prenne lentement la température ambiante. Anton. frapper. Chambrer un vin rouge. Les bordeaux rouges doivent être chambrés, puis servis décantés en carafe (ALI-BAB, La Gastronomie pratique, 1907, p. 161).
— Emploi intrans. [Le suj. désigne un vin rouge] Prendre la température de la pièce où il séjourne. Les bouteilles se vidaient, qui chambraient entre la cheminée de pierre peinte et le placard (POURRAT, Gaspard des Montagnes, À la belle bergère, 1925, p. 29).
C.— ARM. Creuser une chambre, (cavité). Chambrer un canon, un fusil (A. LEDIEU, E. CADIAT, Le Nouv. matériel naval, t. 1, 1890, p. 216).
Rem. Région. (Canada), emploi intr. Être locataire d'une chambre dans une pension de famille ou chez des particuliers.
Prononc. et Orth. :[], (je) chambre []. Ds Ac. 1718-1932. Étymol. et Hist. 1. 1678 (G. GUILLET, Les Arts de l'homme d'épée, Paris, 2e part., p. 60 : Chambrer est loger ensemble) — 1798, Ac.; 2. 1762 (Ac. : On dit, Chambrer quelqu'un, pour dire, Le tenir enfermé par une sorte de violence ou de séduction, le tirer en particulier dans une assemblée); 3. 1877 Suisse rom. (LITTRÉ Suppl. : À Neuchâtel [Suisse], Chambrer le vin); 1907 fr. bordeaux rouges... chambrés (ALI-BAB, loc. cit.); 4. 1926 pop. « railler » (ds ESN. sans ex.); 1927 (Tillet ds La Pédale, 9 nov., p. 14, col. 1 : [notre speaker] commença par se faire « chambrer », il n'avait pas l'accent!). Dér. de chambre étymol. A; dés. -er; au sens 3 le terme est d'orig. dial. : Suisse rom. et Bourgogne, v. Pat. Suisse rom. Fréq. abs. littér. :16.
chambrer [ʃɑ̃bʀe] v. intr. et tr.
ÉTYM. 1678, « loger ensemble »; de chambre.
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I V. intr.
1 (Vx). Habiter la même chambre. ⇒ Cohabiter.
1 Plus de façons entre eux; ils chambraient ensemble, et n'eurent qu'un lit et qu'une table.
A. R. Lesage, Gil Blas, IX, 8.
2 (D'un vin). Prendre la température ambiante. → ci-dessous II., 3. || Faire chambrer du vin.
1.1 Le champagne, versé à petite quantité pour être tenu glacé et ne point chambrer dans le verre, remuait ses bulles blanches dans de l'or liquide.
Pierre Hamp, la Peine des hommes (Moteurs), p. 100.
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II V. tr.
1 Vx. Tenir (qqn) enfermé dans une chambre, une pièce. ⇒ Enfermer.
1.2 Flaubert racontait que pendant ces deux mois, où il est resté chambré, la chaleur lui avait donné comme une ivresse de travail (…)
Ed. et J. de Goncourt, Journal, t. V, p. 217.
2 Fig. a Tenir (qqn) à l'écart, isoler (qqn) pour mieux circonvenir, convaincre. ⇒ Endoctriner, envelopper, sermonner.
2 Les plénipotentiaires de l'Empereur étant enfin arrivés, le 28 novembre, il (Bonaparte) les chambra, les pressa, les accula à se compromettre.
Louis Madelin, l'Ascension de Bonaparte, XIV, p. 207.
3 Tiens, mon marchand de vinasse, s'écria Desmond. Sauve-toi, je vais le chambrer comme un Corton.
Colette, la Fin de Chéri, p. 37 (→ ci-dessous le sens 3).
b (Fam.). || Chambrer (qqn), se moquer de lui en paroles. ⇒ 1. Charrier (II., 1.), railler; et → Boîte (mettre en).
4 T'es beau, toi, Max. Rentrer ! Où ça ? Je suis virée !
Virée ? Tu me chambres, ou tu te fais des idées ?
A. Simonin, Touchez pas au grisbi, p. 125.
3 (1877; donné comme expression helvétique de Neuchâtel, in Littré, Suppl.). || Chambrer du vin, le laisser réchauffer légèrement, à la température de la pièce où il doit être consommé. || Chambrer un bourgogne. Par métaphore → ci-dessus, cit. 3; → aussi I., 2., intransitif.
4 V. tr. Creuser une cavité, une chambre.
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chambré, ée p. p. adj.
♦ || Vin chambré.
5 Pas tout à fait assez chambré mon Pontet-Canet 1947. Mais quelle année divine ! Mes grands-parents avaient une propriété à Pauillac.
Claude Mauriac, le Dîner en ville, p. 230.
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HOM. Chambré, adj.; chambrée.
Encyclopédie Universelle. 2012.