carotteur, euse [ karɔtɶr, øz ] adj. et n.
• av. 1850; « joueur mesquin » 1752; de carotter
♦ Personne qui carotte (qqch.), qui escroque (qqn). — On dit aussi CAROTTIER, IÈRE , 1833 .
carotteur, euse ou (Belgique) carottier, ère
n. Fam.
d1./d Personne qui a l'habitude d'obtenir ce qu'elle veut par ruse, escroc.
d2./d (Belgique) Personne qui tente d'échapper à une corvée.
— Personne paresseuse.
⇒CAROTTEUR, EUSE, CAROTTIER1, IÈRE, subst.
A.— [Correspond à carotter I] JEUX. vieilli, fam. Personne qui joue d'une manière mesquine, en ne hasardant que très peu. Anton. gros joueur :
• 1. « Au Palais-Royal, il se joue assez gros jeu; on y fait néanmoins la partie de 3 francs, on appelle ceux-là carotteurs; ... » (Voyage de Paris, 1821).
L. LARCHEY, Dict. hist. d'arg. 2e Suppl., 1883, p. 29.
B.— [Correspond à carotter II] Péj.
1. Personne qui a pour habitude de soutirer habilement à son entourage quelque chose, en particulier des sommes d'argent relativement modestes :
• 2. ... ta mère t'a mis au monde pour le plus grand bien des tapeurs et des poseurs de lapins. Tu n'as pas honte, gros cornichon, de payer les soucoupes de ces deux carottiers quand ce serait justement à eux de payer les nôtres?
COURTELINE, Boubouroche, 1893, I, 2, p. 26.
— Emploi adj. Zeller est par trop carottier (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1874, p. 1023).
♦ P. plaisant. [En parlant d'une lettre, d'une demande] Qui est fait en vue de carotter quelqu'un :
• 3. Ces soldats... peuvent s'acquérir [auprès de leurs camarades illettrés] de la popularité en composant les déclarations amoureuses adressées aux cuisinières, et les missives carottières destinées aux banquiers que nous a donné la nature [c'est-à-dire aux parents].
E. DE LA BEDOLLIÈRE, Les Français peints par eux-mêmes, L'Armée, t. 5, 1842, p. 33.
2. P. ext. Personne qui se livre à des petites manœuvres malhonnêtes, en particulier dans le domaine commercial, financier :
• 4. Le monde parlementaire [de l'affaire du Panama] sent qu'il n'est plus maître de rien... Dans leur terreur ces petits avocats, ces fils de notaires ou de paysans aisés, se reconnaissent pour ce qu'ils sont : de simples tripoteurs, des carottiers.
BERNANOS, La Grande peur des Bien-Pensants, 1931, p. 275.
3. Arg. des casernes. Soldat qui se dérobe par un subterfuge au règlement, aux obligations du service. [Les] carottiers qui, de tous temps, ont peuplé les infirmeries (COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, II, p. 216) :
• 5. Au fond, j'ai le tempérament d'un troupier. C'est ma perte. Mon vice est une sorte de sobriété. Je supporte naïvement ce qui vient. Je n'aime pas les carotteurs ni les protestataires...
P. VALÉRY, Lettres à quelques-uns, 1945, p. 75.
Rem. 1. La forme carottier, moins fréq. dans l'ensemble, paraît être la forme arg. La docum. ne fournit aucun ex. d'emploi des subst. fém. carotteuse et carottière attestés ds les dict. 2. Selon RIGAUD, Dict. de l'arg. mod., 1881, p. 77 : Dans le Jura ceux qui font la contrebande du tabac sont connus sous le nom de tabatiers ou carotiers (Ch. Toubin, Les Contrebandiers de Noirmont).
Prononc. et Orth. Carotteur : [], fém. [-ø:z]. Ds Ac. 1835-1932. Carottier : [], fém. [-]. Ds Ac. 1718 et 1740 sous la forme carotier (cf. FÉR. Crit. t. 1 1787 qui propose cette graphie); ds Ac. 1762, 1798 et 1932 sous la forme moderne avec 2 t; ds Ac. 1835 et 1878 s.v. carotteur avec la rem. : ,,on dit aussi, mais moins ordinairement carottier``. Étymol. et Hist. I. Carottier 1. a) 1718 carotier jeux (Ac. Carotier. On appelle ainsi au jeu un homme ou une femme qui joüent timidement & sou à sou); 1752 carottier (Trév.); b) 1833 « celui qui risque peu » (L. VIDAL, J. DELMART, La Caserne, p. 124); 2. 1833 « celui qui extorque quelque chose à quelqu'un » (ID., ibid., p. 145 : C'est un carottier qui se met en faction aux portes des cantines pour voir si on le régalera et qui ne paierait jamais une tournée); en partic. 1841-42 missives carottières « lettres destinées à soutirer de l'argent » (La Bédollière ds LARCH., p. 433). II. Carotteur 1. a) 1752 jeux « personne qui joue timidement » (Trév., s.v. coupe-gorge); cf. Ac. 1798; b) 1838 Bourse « celui qui risque peu » (BALZAC, La Maison Nucingen, p. 601); 2. av. 1850 « expert en l'art de soutirer de l'argent » (Balzac ds Lar. 19e : Allons, adieu, carotteur!). Dér. de carotter; suff. -ier; -eur2. Fréq. abs. littér. Carotteur : 11. Carottier1 : 5. Bbg. DARM. 1877, p. 107. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 140, 385.
carotteur, euse [kaʀɔtœʀ, øz] n.
ÉTYM. 1752; de carotter.
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1 Vx. Joueur mesquin, qui joue sou à sou.
2 (Av. 1850). Mod. Personne qui carotte (qqch.), qui escroque (qqn).
♦ Par ext. ⇒ Tire-au-flanc.
REM. On emploie aussi carottier, ière.
Encyclopédie Universelle. 2012.