brûlot [ brylo ] n. m.
• 1627; de brûler
1 ♦ Mar. Anciennt Petit navire chargé de matières combustibles et destiné à incendier les bâtiments ennemis.
♢ Fig. Idée, objet susceptible de causer des dommages, un scandale. Les Cahiers sont « un brûlot au flanc de la Sorbonne » (Péguy). Spécialt Journal, article polémique.
3 ♦ (1810) Eau-de-vie sucrée et flambée.
● brûlot nom masculin (de brûler) Machine de guerre dont les Anciens se servaient pour lancer des dards enflammés. Petit bâtiment bourré de matières inflammables que l'on utilisait pour incendier les vaisseaux adverses. Tasse de café fort sur lequel on fait flamber un sucre arrosé d'eau-de-vie. Journal, tract, etc., se livrant à de violentes polémiques. Au Canada, moustique dont la piqûre provoque une sensation de brûlure.
brûlot
n. m.
d1./d Navire que l'on chargeait de matières inflammables pour incendier les vaisseaux ennemis.
|| Fig. Lancer des brûlots: attaquer par un écrit polémique irréfutable.
d2./d (Québec) Très petit moustique noir dont la piqûre semble une brûlure.
⇒BRÛLOT, subst. masc.
A.— Vx, MAR. Bâtiment chargé de matières inflammables ou explosives destiné à incendier les vaisseaux ennemis :
• 1. Contre des brûlots ennemis, il suffit de la vitesse supérieure du navire, pour laisser en arrière les brûlots rendus inutiles.
MAIZIÈRE, Nouv. archit. navale, 1853, p. 29.
— P. métaph. :
• 2. D'inquiétants événements rallumaient le brûlot des Balkans.
ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, p. 427.
B.— P. ext., région. Feu de broussailles :
• 3. ... le feu d'un campement nomade ressemblait à un brûlot dans nos champs.
J. et J. THARAUD, La Fête arabe, 1912, p. 173.
— Spécialement
1. Charbon de bois imparfait :
• 4. ... entre 150° et 260°, il [le bois] se décompose progressivement, de manière à donner un charbon imparfait appelé brûlot.
Ch.-A. WURTZ, Dict. de chim. pure et appliquée, t. 2, 1876, p. 1168.
2. Eau-de-vie, alcool mélangé avec du sucre que l'on fait flamber. Des mitrailleurs préparaient un brûlot dans une gamelle (DORGELÈS, Les Croix de bois, 1919, p. 245).
3. Pipe (cf. brûle-gueule) :
• 5. Le drôle trouva Clotilde seule, salua d'un tout petit geste protecteur, sans se découvrir ni retirer son brûlot, ...
BLOY, La Femme pauvre, 1897, p. 229.
4. Journal polémique :
• 6. J'ai eu dans les mains une collection du brûlot qu'était la Lanterne de Rochefort. Il s'exhalait d'elle, à peine entr'ouverte, une odeur de tombeau, où des os maxillaires riaient macabrement.
L. DAUDET, Bréviaire du journ., 1936, p. 45.
Rem. En entomol., le mot désigne un petit moustique dont la piqûre produit une sensation de brûlure :
• 7. ... les feuilles nouvelles des bouleaux scintillaient en poudroiement doré. Les maringouins nous harcelaient et aussi de sales petites mouches noires, les brûlots.
GENEVOIX, Match à Vancouver, Laframboise et Belle-humeur, 1942, p. 104.
PRONONC. :[]. [] mi-long dans PASSY 1914 (qui donne aussi la possibilité de prononcer [] ouvert à la finale, cf. abricot). Pour une durée sur la 1re syll. cf. également FÉR. 1768, NOD. 1844 et DG. LITTRÉ signale : ,,le t ne se lie pas dans le parler ordinaire; au pl. l's se lie``.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. a) 1627 mar. (F. HASCHKE, Die Sprache Richelieus nach seinem Briefwechsel; Leipziger Romanistische Studien, 7, Leipzig-Paris, 1934, p. 14); b) p. ext. 1740 fig. fam. « homme déterminé qu'un parti détache contre un parti opposé » (Ac.); 2. 1843 fam. « eau-de-vie brûlée avec du sucre au-dessus de la tasse de café » (Phys. du matelot dans LARCH., p. 52); 3. 1845 « pipe » (BESCH.).
Dér. de brûler; suff. -ot.
STAT. — Fréq. abs. littér. :46.
DÉR. Brûlotier, subst. masc., vx. Marin qui dirige un brûlot. — Dernière transcr. dans LITTRÉ : bru-lo-tié. BESCH. 1845 enregistre brûlottier avec 2 t. — 1re attest. 1829 (BOISTE); dér. de brûlot étymol. 1, suff. -ier.
BBG. — KEMNA 1901, pp. 61-62. — ROG. 1965, p. 98.
brûlot [bʀylo] n. m.
ÉTYM. 1627; de brûler.
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1 (XVIIe et XVIIIe). Mar. Anciennt. Petit navire chargé de matières combustibles et destiné à incendier les bâtiments ennemis en se consumant lui-même. || Attacher un brûlot au flanc d'un navire.
1 Les vaisseaux (…) embrasés par les brûlots, sautent en l'air (…)
Racine, les Campagnes de Louis XIV.
♦ Par comparaison :
2 Ils se bornaient à lancer un pamphlet de Camille Desmoulins, comme un brûlot.
Jaurès, Hist. socialiste…, t. VII, p. 351.
♦ Par métaphore (moderne) :
3 Puis je créai le « Syndicat des Gens de Lettres », brûlot attaché au flanc du grand navire qu'est la Société des Gens de Lettres, afin de lui permettre d'ester en justice au profit de ses membres.
Georges Lecomte, Ma traversée, p. 371.
4 (…) il (Talleyrand) trouva avec ce « gamin » endiablé (Thiers) un brûlot que, après l'avoir soigneusement préparé, il attacherait au flanc du bâtiment pour le faire sombrer.
Louis Madelin, Talleyrand, V, 36, p. 390.
2 Fig. Objet, idée susceptible de causer des dommages, des dégâts.
5 Les Cahiers (de la Quinzaine) sont « un brûlot au flanc de la Sorbonne ».
A. Maurois, Études littéraires, Charles Péguy, t. I, p. 237.
♦ Spécialt. Journal polémique.
6 La Revue de l'aviation française se vendait bien, mieux en tout cas que La Gauche, petit brûlot de peu de flamme créé par lui de moitié avec un vieux radical hors d'âge nommé Georges Ponsot dans le but plus ou moins avoué d'empêcher l'alliance électorale des radicaux et des socialistes.
Raymond Abellio, les Militants, p. 81.
♦ (1740). Personne qui polémique vivement sans craindre de prendre des risques. || Le brûlot d'un parti. ⇒ Boutefeu, casse-cou.
3 (1696, Canada). Moustique, petit insecte dont la piqûre donne une sensation de brûlure.
4 (1719). (Vx). Mets très épicé.
♦ (1843). Mod. Préparation obtenue en faisant flamber un sucre arrosé d'eau-de-vie, qu'on mélange à une tasse d'eau-de-vie ou de café. || Se faire un brûlot. || « Des mitrailleurs préparaient un brûlot dans une gamelle » (Dorgelès, in T. L. F.).
5 Techn. Charbon de bois incomplètement traité.
6 (1845). Fam. Pipe. ⇒ Brûle-gueule.
Encyclopédie Universelle. 2012.