baille [ baj ] n. f.
• 1325; bas lat. bajula « chose qui porte; récipient renfermant une substance »
1 ♦ Mar. Baquet. — Bateau qui n'avance pas vite.
2 ♦ (1767) Arg. mar. Eau. — Par ext. arg. cour. L'eau, la mer. La grande baille. Jeter qqn à la baille.
3 ♦ (v. 1865 « navire-école ») Surnom de l'École navale.
⊗ HOM. poss. Bail.
● baille nom féminin (bas latin baiula, celle qui porte) Baquet servant à divers usages à bord d'un navire. Surnom de l'École navale. Populaire. L'eau, la mer. ● baille (homonymes) nom féminin (bas latin baiula, celle qui porte) bail nom masculin baille forme conjuguée du verbe bailler bâille forme conjuguée du verbe bâiller baillent forme conjuguée du verbe bailler bâillent forme conjuguée du verbe bâiller bailles forme conjuguée du verbe bailler bâilles forme conjuguée du verbe bâiller
baille
n. f. (Acadie) Cuve à lessive.
⇒BAILLE, subst. fém.
A.— Sorte de baquet de bois plus large du fond que du haut qui servait à des usages divers dans la marine à voile. (Est signalé comme ,,vx`` ds WILL. 1831) :
• 1. J'ordonnai donc de mettre des bailles pleines de braise sous le gaillard et dans l'entrepont où couchaient les équipages; ...
Voyage de La Pérouse, t. 2, 1797, p. 132.
• 2. Gilliatt regretta de ne point avoir apporté son enclume. Comme il ignorait que la Durande avait été coupée en deux par la tempête, il avait espéré trouver la baille du charpentier et tout son outillage ordinairement logé dans la cale à l'avant.
HUGO, Les Travailleurs de la mer, 1866, p. 274.
♦ Baille à brai. Baquet dans lequel on mettait le goudron destiné aux diverses opérations de calfatage.
— Arg. ,,Bateau malpropre`` (ESN. 1966).
♦ Baille à chaux :
• 3. Quelques-uns d'entre eux dénichèrent la baille à chaux sur le gaillard d'avant et s'en barbouillèrent complètement.
DUMONT D'URVILLE, Voyage au Pôle Sud, t. 5, 1843, p. 296.
♦ Baille de combat :
• 4. Toutes les mèches allumées grésillaient, piquées dans chaque baille de combat portant le numéro de la pièce.
J. DE LA VARENDE, Le Maréchal de Tourville et son temps, 1943, p. 193.
♦ Baille à déjection :
• 5. [Au fond de chaque case de forçats, à l'île Noir, était] une sorte de cabine (...) qui servait à renfermer les appareils de nettoyage (...) et ce qu'on appelait à Toulon les « bailles à déjection ».
A. HUMBERT, Mon bagne, 1880, p. 106.
♦ Baille à drisse. Baquet en bois dans lequel on lave des drisses ou des manœuvres (GRUSS 1952).
♦ Baille à sonde. Baquet qui reçoit la ligne mouillée à laquelle est attachée la sonde (d'apr. SOÉ-DUP. 1906) :
• 6. Le peu de rhum et de gin que le timonier pouvait dérober au guet vigilant du capitaine, il le tenait en réserve dans ce coin mystérieux de la cale-à-l'eau, au fond d'une baille de sonde, et presque toutes les nuits il avait un rendez-vous amoureux avec cette cambuse.
HUGO, Les Travailleurs de la mer, 1866, p. 192.
— Arg. La Sainte baille. ,,Le prélart dans lequel on baigne le néophyte au passage de la ligne`` (Mar., 1902 ds ESN. 1966).
Rem. On parle aussi de baille de distribution, de baille à lavale, de baille à incendie.
B.— P. anal.
1. ,,Baquet de blanchisseuse`` (Lar. 19e); attesté ds GUÉRIN 1892, Nouv. Lar. ill..
2. ,,Cuve dans laquelle on fait fermenter le raisin`` (Lar. 19e); attesté ds Nouv. Lar. ill..
C.— Argot
1. Péj. Bateau en mauvais état, vieux rafiot.
Rem. Selon BARBER. 1969 ,,on le compare ainsi à un baquet car en fait, dans l'ancienne marine, une baille était une barrique sciée par son milieu`` :
• 7. C'était pour la troisième, la quatrième fois qu'on était venu jeter l'ancre à Anvers. C'est moi qui accompagnais les émigrants de Libau à New-York et qui leur servais d'interprète. Le Volturno était une vieille baille noire tachée de minium qui allait chercher en Lettonie les émigrants les plus pauvres d'Europe pour les transporter à New-York, ...
CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 88.
— Par antiphrase. ,,Baille (dans la marine, péjorativement, Bateau quelconque) est devenu l'appellation classique du prestigieux vaisseau-école, le Borda`` (R. COINDREAU, L'École navale et ses traditions, L'Arg. Baille, 1957, p. 58) :
• 8. Le surnom de Baille [donné au vaisseau-école] ne date, semble-t-il, que de 1890, lors de l'entrée en service de l'Intrépide, comme vaisseau-école.
R. COINDREAU, L'École navale et ses traditions, L'Arg. Baille, 1957, p. 58.
2. P. méton.
a) [Pris adjectivement inv.] (Surnom de l')École navale. ,,... qualificatif de tout ce qui concerne l'École Navale : ... unif-Baille, quette-Baille, tradi-Baille, chanson-Baille, père-Baille, fils-Baille, etc.``(R. COINDREAU, L'École navale et ses traditions, L'Arg. Baille, 1957, p. 58) :
• 9. Un élève de l'École Navale, pendant les dernières années du Borda, se nommait un type-Baille, terme qui avait remplacé (...) Bordachien ou Bordache (...) L'expression type-Baille n'a guère plus cours aujourd'hui.
R. COINDREAU, L'École navale et ses traditions, L'Arg. Baille, 1957, p. 58.
b) L'eau :
• 10. Après avoir lesté le macchab, les tueurs l'avaient filé à la baille.
LE BRETON 1960.
♦ À la baille! Au bain! On dit aussi la grande baille (Mar. 1847 ds ESN. 1966) :
• 11. Où que t'as l'intention de le coller [le cadavre]? (...)
Le Nord-Africain de la rue de la Goutte D'Or :
À la baille! ... à la flotte!
A. LE BRETON, Du Rififi chez les hommes, 1953, p. 207.
c) Eau, pluie. ,,Quérir de la baille`` (Auberges de la jeunesse, 1951 ds ESN. 1966).
PRONONC. :[baj]. (BARBEAU-RODHE 1930 [ba:j]).
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. Av. 1236 « gouvernante, gardienne, nourrice » (G. DE COINCY, De l'Empereri qui garda sa chastée par moult temptacions, vers 1179-1181 ds Nouv. Rec. de fabl. et contes inéd., éd. Méon, Paris, 1823, tome 2 : Son seul enfant li donne et baille, N'ot onqes mès si riche baille Tel bajasse ne tel meschine); 1er quart XIIIe s. « sage-femme » (Dolopathos, éd. Brunet et de A. de Montaiglon, 323 ds T.-L. : Ne vost k'ele äust se li non De bailles a l'anfantement) — 1611, COTGR.; repris par GUÉRIN 1892 qui le donne comme ,,anc.``; 2. 1340 « baquet » (Actes Normands, 274 : deux bailles de vuiés oeint, X fès de cuir vers); 1382-84 (Comptes Clos Galées, 67); en partic. 1690 mar. (FUR. : Baille [...] est une espece de baquet fait d'un demi-tonneau, qui sert à divers usages sur les vaisseaux, et particulierement à mettre le breuvage qu'on donne aux matelots); d'où a) [1767 « l'eau, la mer » (à Brest, d'apr. ESN.)]; b) 1889 arg. « bateau en mauvais état » ([PESCH]. Hist. Éc. Nav., 328); c) 1919 « surnom donné à l'École navale » (G. ESNAULT, Commentaire de l'École navale et ses traditions, L'Argot Baille (R. Coindreau) lors du dépouillement...).
1 du b. lat. baiula (fém. de baiulus), littéralement « celle qui porte », attesté au sens de « nourrice, bonne d'enfant », 2e moitié du VIe s. (GRÉG. DE TOURS, Vit. patr., 6, praef. ds TLL, s.v. baiulus, 1687, 53); 2 bajula « chose qui porte », ici « récipient renfermant une substance » (720-799, PAULUS DIACONUS, Carm., 7, 6, 1 ds Mittellat. W. s.v., 1313, 50); peut-être neutre plur., devenu fém. sing. L'hyp. selon laquelle 2 serait un empr. à l'ital. baglia (DAUZAT68) ne semble pas à retenir, l'ital. baglia, balia ne paraissant pas attesté en ce sens (TOMM.-BELL.; BATT.).
STAT. — Fréq. abs. littér. :38.
BBG. — COINDREAU (R.). L'Arg. de l'Éc. navale. Vie Lang. 1961, pp. 59-60.
baille [baj] n. f.
ÉTYM. 1325; du bas lat. bajula « chose qui porte; récipient renfermant une substance ».
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1 Mar. Baquet (autrefois, en bois), servant à divers usages. || Baille à lavage. || Baille à incendie. || Baille à drisse.
1 Nus, semblables à des antiques avec leurs bras forts, ils se lavaient à grande eau froide; ils plongeaient de la tête et des épaules dans les bailles, couvraient leur poitrine, d'une mousse blanche de savon, et puis s'associaient deux à deux, naïvement, pour se mieux frotter le dos.
Loti, Mon frère Yves, XC, p. 216.
➪ tableau Noms de récipients.
2 Argot mar. Bateau mauvais marcheur. ⇒ Rafiot.
♦ Par ext. Fam. Bateau.
2 (…) auprès de ce rêve qu'il caresse de ses beaux yeux bruns poétiques, le commandement d'une grande baille de six mille tonneaux (…) lui paraît d'un faible prix.
J.-R. Bloch, Sur un cargo, p. 36.
3 Roulant leur bosse depuis de nombreuses années, ils connaissent presque tous les bateaux, les bons comme les mauvais, et espèrent trouver un embarquement prochain sur le navire de leur choix mais se contenteraient probablement de n'importe quelle baille, pourvu qu'elle parte vite.
Bernard Moitessier, Cap Horn à la voile, p. 29.
♦ (V. 1865). Argot scol. || La Baille : l'École navale (installée jusqu'en 1914 dans un vaisseau réformé mouillé en rade de Brest).
3 (1767). Argot mar. Eau; l'eau. — Par ext. (argot cour.). L'eau, la mer (où l'on se baigne, où l'on risque la noyade). || La grande baille. || Filer (qqn) à la baille, le jeter à l'eau.
4 J'ai vu Calibou qui traversait le boulevard en direction du fleuve. Il marchait à grandes enjambées mais ne gesticulait plus. J'ai dit, inquiet : Il va se jeter à la baille. Ça le rafraîchira, le sale fumier, m'a répondu Lairdin.
Jean Hougron, la Gueule pleine de dents, p. 68.
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HOM. Bail. Formes des verbes bailler, bâiller et bayer.
Encyclopédie Universelle. 2012.