asphalte [ asfalt ] n. m.
• asfalte v. 1160; bas lat. asphaltus, gr. asphaltos
1 ♦ Minér. Mélange noirâtre naturel de calcaire, de silice et de bitume se ramollissant entre 50 et 100 °C. L'asphalte de la mer Morte.
2 ♦ (1839) Cour. Préparation destinée au revêtement des chaussées, à base de brai de pétrole et de gravillons. ⇒ bitume, goudron.
♢ Chaussée, trottoir asphalté. Le cheval « semblait avec ses sabots jouer des castagnettes sur l'asphalte » (Martin du Gard).
● asphalte nom masculin (bas latin asphaltus, du grec asphaltos, bitume) Terme général désignant des substances noirâtres, visqueuses ou solides, appartenant aux bitumes et imprégnant certaines roches, d'où l'on peut les extraire par chauffage. Synonyme fréquent de bitume. Familier. Rue bitumée, trottoir bitumé. Roche calcaire imprégnée de bitume (généralement de 6 à 11 %) servant à la construction des chaussées et des trottoirs. ● asphalte (difficultés) nom masculin (bas latin asphaltus, du grec asphaltos, bitume) Orthographe Avec -ph- (pas de f). Genre Masculin : l'asphalte luisant de pluie du trottoir. ● asphalte (synonymes) nom masculin (bas latin asphaltus, du grec asphaltos, bitume)
Synonymes :
- bitume
- macadam
asphalte
n. m. PETROG Roche sédimentaire, calcaire, poreuse, imprégnée naturellement de bitume.
|| TRAV PUBL Revêtement pour les chaussées préparé avec cette roche, pulvérisée et mélangée à chaud à du bitume.
⇒ASPHALTE, subst. masc.
Composé naturel ou artificiel d'hydrocarbures, servant à divers usages industriels et techniques.
A.— CHIM. et TECHNOL.
1. Bitume solide, fusible à plus de 100°, d'un noir luisant et qui surnage dans les eaux de certains lacs et de la mer Morte. Asphalte de la Trinité (DELORME 1962).
Rem. Attesté ds Ac. 1835-1932.
2. Sorte de bitume, mou, glutineux, durcissant par le froid, se ramollissant par la chaleur et provenant en Europe et en Asie où on le rencontre, du calcaire, de l'argile, du grès ou de roches volcaniques. Asphalte naturel (Pétrol. 1964) :
• 1. ... on devait chercher des asphaltes dans les terrains caillouteux, du bitume dans les marais, et réaliser des bénéfices sur les chemins de fer en projet.
BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, p. 474.
♦ Caoutchouc d'asphalte. Synon. de élatérite (cf. DUVAL 1959).
3. ,,Résidu de fractionnement du pétrole brut`` (DUVAL 1959 ). Asphalte de pétrole (cf. DELORME 1962) :
• 2. Les Antilles produisent des quantités intéressantes d'huiles minérales. Les Barbades et Trinidad renferment de puissants gisements d'asphalte.
J.-J. CHARTROU, Pétroles naturel et artificiels, 1931, p. 158.
• 3. ... aux mines de Nœux, à la sortie des presses où les schlamms, venus des rhéolaveurs, s'agglomèrent au brai ou à l'asphalte, les boulets sont cokéfiés à basse température, dans un four à cellules.
E. SCHNEIDER, Le Charbon, 1945, p. 314.
B.— TRAV. PUB. Mélange à base de bitume, employé notamment, à chaud ou à froid, pour revêtir les rues et les trottoirs :
• 4. ... le siècle où tu es né est un siècle heureux : les chemins de fer sillonnent la campagne; il y a des nuages de bitume et des pluies de charbon de terre, des trottoirs d'asphalte et des pavages en bois, des pénitenciers pour les jeunes détenus et des caisses d'épargne pour les domestiques économes qui viennent y déposer incontinent tout ce qu'ils ont volé à leurs maîtres.
FLAUBERT, Correspondance, 1842, p. 99.
— P. ext. Couche d'asphalte :
• 5. La voie des Boulevards devrait être un asphalte égal, et ne pas être entremêlée de dalles et d'asphalte, car on pense aussi par les pieds à Paris, et ce changement dans le tillac cahote la tête.
BALZAC, Œuvres diverses, t. 3, 1850, p. 613.
— P. méton. Rue, trottoir revêtu(e) d'asphalte :
• 6. Comment quitter l'asphalte parisien? Pénible, comme pour un vieil acteur de quitter les planches. Paris est un théâtre où cinq millions de cabotins venus des quatre coins de la province se raccrochent désespérément.
DRIEU LA ROCHELLE, Rêveuse bourgeoisie, 1939, p. 341.
Rem. 1. Asphalte, unanimement noté comme masc., peut cependant prendre le genre fém. : asphalte grise (ZOLA, La Curée, 1872, p. 446). 2. Selon les circonstances locales et l'imagination de l'écrivain, l'asphalte peut être noir (MALRAUX, L'Espoir, 1937, p. 722), blanc (A. DAUDET, Les Rois en exil, 1879, p. 375; BERNANOS, L'Imposture, 1927, p. 424), bleu (MALRAUX, L'Espoir, 1937, p. 483; GRACQ, Un Beau ténébreux, 1945, p. 29), jaune (QUENEAU, Zazie dans le métro, 1959, p. 220), etc. Il en vient à symboliser la civilisation urbaine :
• 7. Ils descendent le boulevard Barbès. Ils s'avancent de front sur cet asphalte qui est leur sol natal.
DABIT, L'Hôtel du Nord, 1929, p. 18.
— Arg. ou fam.
♦ Arpenter l'asphalte; se ballader sur l'asphalte; polir l'asphalte. Flâner sur le trottoir (cf. aussi polisseur d'asphalte au sens de « badaud », ds Nouv. Lar. ill.) :
• 8. Quand on verra paraître les Petits Bourgeois de Paris, le Programme d'une jeune Veuve, et qu'on saura que je fais répéter Mercadet, tous ces cancans des sots et des cent mille niais, qui polissent l'asphalte de nos boulevards, se tairont...
BALZAC, Lettres à l'étrangère, t. 2, 1850, p. 285.
♦ Faire l'asphalte. Faire le trottoir (cf. Ch.-L. CARABELLI, [Lang. pop.]). ,,Princesse de l'asphalte. Petite dame, dans l'argot des gens de lettres`` (A. DELVAU, Dict. de la lang. verte, 1866, p. 320).
SYNT. Technol. Asphalte armé. ,,Revêtement obtenu par coulage de béton asphaltique sur une armature constituée de carton sur lequel ont été fixées au bitume de petites pierres dures`` (BARB.-CAD. 1963). Asphalte bricks. ,,Briques imprégnées d'asphalte pour revêtements routiers`` (Ibid.). Asphalte comprimé. ,,Matériau de revêtement obtenu par compression, sous pilons chauffés, de poudre d'asphalte chaude`` (Ibid.). Asphalte coulé. ,,Produit d'étanchéité obtenu en mélangeant à chaud, au moment de l'emploi, des produits riches en bitume et du mastic d'asphalte`` (Ibid.). Asphalte coulé sablé. ,,Produit de revêtement obtenu en adjoignant, à la pose, à de l'asphalte coulé, un tiers environ de sable`` (Ibid.). Asphalte liège. ,,Béton asphaltique à agrégats en liège`` (Ibid.). Asphalte porphyrique. ,,Béton asphaltique à agrégats en porphyre`` (Ibid.). Mastic d'asphalte. ,,Produit d'étanchéité noir et solide à la température ordinaire obtenu par addition de produits riches en bitume à l'asphalte naturel`` (Ibid.).
Rem. On rencontre dans la docum. le subst. masc. asphaltais (Nouv. Lar. ill.; suff. -ais). ,,Flâneur amoureux`` (Ch.-L. CARABELLI, [Lang. pop.]).
DÉR. Asphaltène, subst. masc., chim.Hydrocarbure entrant dans la composition de l'asphalte et du bitume (cf. J.-J. CHARTROU, Pétroles naturel et artificiels, 1931, p. 176). (1865, LITTRÉ-ROBIN; suff. -ène).
PRONONC. :[asfalt].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. Ca. 1160 « bitume solide, d'un noir luisant, qui se trouve à la surface de certains lacs » (Eneas, éd. Salverda de Grave, 6496 ds T.-L. : Il ot del betumei d'asfalte Al seeler la sepolture); 1488 « id. » (La Mer des Histoires, I, 150d, éd. 1491, cité par Vaganay ds Rom. Forsch., t. 32, p. 14 : ceste mer morte qui aultrement nommée la mer du sel ou le lac de asphalti et de cyment, separe Arabie et Judée); 2. 1866 « préparation destinée au revêtement des chaussées » (Lar. 19e).
Empr. du b. lat. asphaltus (transcription du gr. « bitume ») 2e moitié IVe s., PELAGONIUS, 92 ds TLL s.v., 828, 78.
STAT. — Fréq. abs. littér. :119.
BBG. — BACH.-DEZ. 1882. — BARB.-CAD. 1963. — Bible 1912. — BOUILLET 1859. — BRARD 1838. — CHABAT t. 1 1875. — CHESN. 1857. — COLAS-CAB. 1968. — Comm. t. 1 1837. — DELORME 1962 (et s.v. asphaltène). — DUVAL 1959 (et s.v. asphaltène). — FRANCE 1907. — FROMH.-KING 1968. — GRAND. 1962. — JOSSIER 1881. — LARCH. 1880. — Lar. comm. 1930. — LITTRÉ-ROBIN 1865 (et s.v. asphaltène). — NOTER-LÉC. 1912. — NYSTEN 1824. — Pétrol. 1964 (et s.v. asphaltène). — PRIVAT-FOC. 1870. — Sc. 1962. — SIZ. 1968. — UV. CHAPMAN 1956.
asphalte [asfalt] n. m.
ÉTYM. 1839; asfalte, v. 1160; asphalti, 1488; bas lat. asphaltus, grec asphaltos « bitume ».
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1 Minéralogie. Mélange noirâtre naturel de calcaire, de silice et de bitume se ramollissant entre 50 et 100°. || Le nom de bitume de Judée donné à l'asphalte (⇒ Spalte, 1.) vient du premier gisement connu, celui de la mer Morte, appelé lui-même lac asphaltite par les Anciens. || Le bitume qui, suivant la Genèse (XI), servit à la construction de la tour de Babel, serait de l'asphalte. || Les Égyptiens se servaient de l'asphalte (dit baume de momie) pour embaumer leurs momies.
1 (…) cette eau lourde de la mer Morte, immobile, si chargée de sel et d'asphalte que nulle vie n'y résiste, que le corps humain y flotte. Paysage de mort et de cataclysme; grande comme le lac de Genève, cette nappe ne sert à rien, ne produit rien que du bitume pour momies.
Daniel-Rops, le Peuple de la Bible, II, 2, p. 122.
➪ tableau Classes de roches.
2 Techn. (Trav. publ.). Calcaire imprégné de bitume visqueux (⇒ Malthe) que l'on utilise principalement pour le revêtement des chaussées. || Asphalte pulvérisé. || Mastic d'asphalte : asphalte artificiel employé dans la construction des trottoirs.
♦ Cour. Couche d'asphalte. ⇒ Asphaltage. || L'asphalte des trottoirs (cit. 2).
2 (…) le vernis des chaussures jetait des flammes sur l'asphalte des trottoirs.
Maupassant, Correspondance, Tombouctou.
2.1 (…) j'achève de me retourner vers la rue, m'apprêtant à descendre les trois marches de fausse pierre qui raccordent le seuil au niveau du trottoir, à l'asphalte rendu luisant par la pluie maintenant terminée, où les passants se hâtent dans l'espoir d'arriver chez eux avant la prochaine averse (…)
A. Robbe-Grillet, Projet pour une révolution à New York, p. 12.
2.2 Trois ou quatre hommes s'affairaient à dégager la rue d'un arbre qu'ils venaient d'abattre. La souche, d'une douce couleur de chair forcée, émergeait de l'asphalte au pied de la muraille.
François Nourissier, Le Maître de maison, p. 41.
2.3 La ville n'était faite que de pierres, immeubles de béton, plaques de marbres, rues de macadam (…) Des montagnes de pierre dure, hermétiques, verticales, debout au-dessus des plaines d'asphalte.
J.-M. G. Le Clézio, les Géants, p. 109.
♦ Cour. Chaussée asphaltée.
3 Le cheval n'avançait guère et semblait avec ses sabots jouer des castagnettes sur l'asphalte.
Martin du Gard, Les Thibault, I, IX.
♦ Fam. || Arpenter l'asphalte, polir l'asphalte : flâner sur le trottoir.
♦ Argot. || Faire l'asphalte : se prostituer. → Faire le trottoir.
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DÉR. Asphalter, asphalteux, asphaltier, asphaltique. — V. Asphaltite.
Encyclopédie Universelle. 2012.