anthropophage [ ɑ̃trɔpɔfaʒ ] adj. et n.
• XIVe; lat. d'o. gr. anthropophagus
♦ Qui mange de la chair humaine, spécialt en parlant des humains. Tribu anthropophage. — N. Un, une anthropophage. ⇒ cannibale.
● anthropophage adjectif et nom Se dit d'un être vivant qui mange de la chair humaine. ● anthropophage (synonymes) adjectif et nom Se dit d'un être vivant qui mange de la chair...
Synonymes :
anthropophage
adj. et n.
d1./d adj. Se dit d'une personne qui mange de la chair humaine (V. cannibale).
|| Subst. Un anthropophage.
d2./d n. (Afr. subsah.) Sorcier réputé pouvoir s'emparer du principe vital de ses victimes. Syn. mangeur d'âmes.
⇒ANTHROPOPHAGE, adj. et subst.
A.— Mangeur de chair humaine.
1. Emploi adj. [En parlant d'êtres humains sing. ou coll.] :
• 1. Ces pauvres affamés jetaient sur le chariot un regard effrayant et montraient des dents aiguës qui s'étaient peut-être exercées sur des lambeaux de chair humaine. La plupart des tribus australiennes ne sont pas anthropophages, sans doute, en temps de paix, mais il est peu de sauvages qui se refusent à dévorer la chair d'un ennemi vaincu.
VERNE, Les Enfants du capitaine Grant, t. 2, 1868, p. 173.
• 2. Une peinture (...) la représente dévorant la chair palpitante d'un homme blanc. En réalité la femme sauvage est une pauvre fille (...) et c'est elle qui fait la femme anthropophage!
A. FRANCE, Pierre Nozière, 1899, p. 234.
2. Emploi subst. :
• 3. Je crois bien que si j'étais capturé par des anthropophages, je prendrais des notes et des photos jusqu'au moment de ma cuisson finale.
T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1933, p. 292.
• 4. Dès qu'il y a progrès quelque part, il ne résulte que du sacrifice de plus en plus complet de l'intérêt personnel, au général. Il faut d'abord que chacun renonce à des vices qui sont des actes d'indépendance. Ainsi, à l'avant-dernier degré de la civilisation apique se trouvent les bourdons, qui sont encore semblables à nos anthropophages. Les ouvrières adultes rôdent sans cesse autour des œufs pour les dévorer, et la mère est obligée de les défendre avec acharnement.
MAETERLINCK, La Vie des abeilles, 1901, p. 23.
Rem. Anthropophage semble ne s'appliquer qu'aux êtres humains (cf. Ac. 1878 et Ac. t. 1 1932). Noté cependant ds Lar. 19e, GUÉRIN 1892 et Nouv. Lar. ill., l'ex. : ,,le boa est un terrible anthropophage``.
B.— P. anal. ou au fig. Personne barbare ou cruelle.
1. Emploi adj. :
• 5. ... l'article, signé Maurice Talmeyr, se termine par une allusion à un comité des funérailles, qu'appelle pour mon compte le rédacteur de l'article, qui me semble bien devoir être le rédacteur des nombreux entrefilets de La Plume, où il déclare à chaque corbillard qui passe dans la rue le regret de ne pas y voir Alphonse Daudet. Que voulez-vous? C'est le ton de la critique homicide, anthropophage, caraïbe, de l'heure présente.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1895, p. 723.
Rem. Critique désigne à la fois les personnes et leur production.
2. Emploi subst.
— P. plaisant. [En parlant du bourreau] :
• 6. ... échappé de la Bastille, plein d'indignation, je me précipite dans la démocratie; un anthropophage m'y attend à la guillotine.
CHATEAUBRIAND, Essai sur les Révolutions, t. 2, 1797, p. 412.
— Terme d'injure :
• 7. Au coin de la rue Honoré, les insultes redoublèrent. Des jeunes gens, attablés à l'entresol, dans les salons des traiteurs à la mode, se mirent aux fenêtres, leur serviette à la main, et crièrent : — Cannibales, anthropophages, vampires! La charrette ayant buté dans un tas d'ordures qu'on n'avait pas enlevées en ces deux jours de troubles, la jeunesse dorée éclata de joie : — Le char embourbé! ... Dans la gadoue, les Jacobins!
A. FRANCE, Les Dieux ont soif, 1912, p. 304.
Rem. 1. Anthropophage, cannibale. Employé au sens propre, anthropophage contient une simple constatation; cannibale évoque en outre l'idée de férocité, et la réprobation qui s'y attache. 2. Emploi except. du terme pour qualifier un inanimé (personnifié) :
• 8. La mer, avec ses tons troubles de nuit et de luminosité vague laissée par le soleil disparu, dans ces tons vagues qui, autour des barques échouées, silhouettées tout en noir, mettent des souvenirs de naufrages et comme un sillage de barques anthropophages et perdues.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1866, p. 269.
PRONONC. :[]. PASSY 1914 note une durée mi-longue pour la 1re syllabe du mot. FÉR. 1768 précise que la 1re syllabe du mot est longue (cf. aussi FÉL. 1851).
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1267-68 subst. lat. (pseudo-) ethnique antropofagi (BRUNET LATIN, Trésor, L. I, chap. 123, éd. Chabaille, p. 158 : et après est la grant deserte. Après i sont Antropofagi, une gent molt aspres et fieres); 1375 antropofages (RAOUL DE PRESLES, Cité de Dieu, 1, exp. ch. 12 ds DELBOULLE, Recueil de notes lexicol.); 2. 1578 adj. (J. DE LÉRY, Voy. au Brésil, 58 ds GDF. Compl. : des sauvages anthropofages).
Empr. au lat. anthropophagus « anthropophage » (PLINE, Nat., 6, 53 ds TLL s.v., 164, 57), lui-même empr. au gr. IVe s. av. J.-C. (ARISTOTE, H. A., 501b ds LIDDELL-SCOTT).
STAT. — Fréq. abs. littér. :77.
BBG. — BOUCHER 1835. — BOUILLET 1859. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — NYSTEN 1824. — ST-EDME t. 1 1824. — TIMM. 1892.
anthropophage [ɑ̃tʀɔpɔfaʒ] adj. et n.
ÉTYM. 1375, antropofage; lat. anthropophagus, grec anthrôpophagos, de anthrôpos (→ Anthropo-, et -phage).
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1 Qui mange de la chair humaine, en parlant des hommes. || Peuple, tribu anthropophage.
♦ N. || Un, une anthropophage. ⇒ Cannibale. — Les anthropophages des contes de fées. ⇒ Ogre.
0 Il n'est que trop vrai qu'il y a eu des anthropophages; nous en avons trouvé en Amérique; il y en a peut-être encore, et les Cyclopes n'étaient pas les seuls dans l'antiquité qui se nourrissaient de chair humaine.
Voltaire, Dict. philosophique, Anthropophages.
2 Fig., vieilli. Barbare, cruel. || « La critique homicide, anthropophage… » (Goncourt, in T. L. F.).
♦ En appellatif. || Espèce d'anthropophage ! (→ Cannibale). || « Cannibales ! anthropophages ! vampires ! » (A. France, in T. L. F.).
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DÉR. Anthropophagie.
Encyclopédie Universelle. 2012.