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affecté

affecté, ée [ afɛkte ] adj.
• 1493; lat. affectatus 1. affecter
Qui manque de sincérité ou de naturel. « Sa bizarrerie avait l'avantage de n'être pas affectée » (Gautier). étudié, feint, forcé, hypocrite. « Aucune charlatanerie dans le regard, rien de théâtral et d'affecté » (Chateaubriand). Style affecté. contourné, entortillé, maniéré , précieux. Manières, attitudes affectées. affété, apprêté, compassé, contraint, forcé, guindé, raide. ⊗ CONTR. Naturel, simple.

affecté, ée
adj.
d1./d Feint, imité. Humilité affectée. Ant. sincère.
d2./d Qui manque de naturel, de simplicité. Manières affectées.
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affecté, ée
adj.
d1./d Qui a reçu une affectation. Officier récemment affecté.
d2./d (Afr. subsah.) Muté.
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affecté, ée
adj.
d1./d ému, affligé. Il semble très affecté.
d2./d MATH Doté (d'un coefficient, etc.). 10 -4 est un nombre affecté d'un exposant négatif.

I.
⇒AFFECTÉ1, ÉE, part. passé, adj. et subst.
I.— Part. passé de affecter1.
II.— Adj. Qui manifeste de l'affectation, qui manque de simplicité naturelle et parfois de sincérité.
1. [En parlant d'une pers.] :
1. Malheur à l'homme le moins du monde affecté! même quand il aimerait, même avec tout l'esprit possible, il perd les trois quarts de ses avantages. Se laisse-t-on aller un instant à l'affectation, une minute après, l'on a un moment de sécheresse.
STENDHAL, De l'Amour, 1822, p. 96.
2. ... le fond était mieux que la forme : sous ses dehors prétentieux, sous les exagérations de ses attitudes, il recélait un brin de personnalité vraiment « personnelle ». Il était affecté, mais pas entièrement factice. Il avait un tempérament, et le laissa vibrer avec une spontanéité qui les conquit tous.
R. MARTIN DU GARD, Devenir, 1909, p. 65.
3. D'abord il avait été affecté, hautain, égoïste, vaniteux dans la vie comme dans ses écrits. — Oui, mais était-ce un tort réel? Tout homme a le droit d'être affecté jusqu'à ce qu'il ait réussi.
A. MAUROIS, La Vie de Disraëli, 1927, p. 45.
4. Elle joue mal, pauvre petite, elle parle faux. Sa voix, l'émission de sa voix, la livre tout entière. Toi aussi, jeune femme, tu étais affectée. Mais dès ta première grossesse, tu redevins toi-même.
F. MAURIAC, Le Nœud de vipères, 1932, p. 80.
2. P. ext. [En parlant du vêt., d'une attitude, du comportement d'une pers.] Ton affecté :
5. Sous Henri IV, l'habit français avait quelque chose de chevaleresque; mais les grandes perruques, et cet habit si sédentaire et si affecté que l'on portait à la cour de Louis XIV, n'ont commencé que sous Louis XIII.
G. DE STAËL, Considérations sur les principaux événements de la Révolution française, t. 2, 1817, p. 164.
6. Il passa la soirée entière avec moi, et parut aussi calme que la Méditerranée. Ce qui m'étonnait le plus, c'est que ce calme n'avait rien d'affecté. C'était de l'indifférence sincère.
H. MURGER, Scènes de la vie de bohème, 1851, p. 254.
7. ... Baccarat s'était insensiblement approchée de la croisée, sur laquelle elle s'était accoudée avec une négligence affectée, mais, en réalité, pour jeter un regard ardent et curieux à une croisée de la maison voisine, ...
P.-A. PONSON DU TERRAIL, Rocambole, t. 1, L'Héritage mystérieux, 1859, p. 105.
8. Vous brodez avec habileté, citoyenne, mais, si vous voulez que je vous dise, le dessin qui vous a été tracé n'est pas assez simple, assez nu, et se ressent du goût affecté qui régna trop longtemps en France dans l'art de décorer les étoffes, les meubles, les lambris; ces nœuds, ces guirlandes rappellent le style petit et mesquin qui fut en faveur sous le tyran.
A. FRANCE, Les Dieux ont soif, 1912, p. 31.
9. Peut-être recevrait-elle dans huit jours un de ces billets où il enfermait son secret d'être aimable avec insulte, ce secret (qui lui fait tant d'ennemis) de donner à ses politesses une banalité si affectée qu'il fût impossible de ne pas sentir qu'il les avait voulues criantes d'indifférence...
H. DE MONTHERLANT, Le Songe, 1922, p. 203.
10. Je m'affectai péniblement, non tant de ces paroles absurdes que de leur ton; un ton déclamatoire, indiciblement affecté, auquel mon vieux maître, si naturel avec moi d'ordinaire et si confiant, ne m'avait pas habitué.
A. GIDE, Les Faux-monnayeurs, 1925, p. 1129.
11. Le visage de l'abbé lui apparut mal distinct dans la chambre obscure (les rideaux étaient encore à demi tirés). Ce qu'il en vit démentait suffisamment le calme affecté de la voix.
G. BERNANOS, Sous le soleil de Satan, 1926, p. 214.
12. Machinalement, je regardai le portrait. À travers la vitre sale, on apercevait un visage mince encadré d'anglaises blondes; l'ensemble était affecté et banal tout à la fois, mais les yeux, très grands, faisaient oublier le reste et fascinaient.
DANIEL-ROPS, Mort, où est ta victoire?, 1934, p. 274.
III.— Emploi subst. masc. Ce qui manifeste de l'affectation :
13. ... c'est peut-être à l'aversion que cette petite persécution de tous les instants m'inspira pour le maniéré que je dois d'être restée naturelle dans mes idées et dans mes sentiments. Le faux, le guindé, l'affecté me sont antipathiques, et je les devine, même quand l'habileté les a couverts du vernis d'une fausse simplicité.
G. SAND, Histoire de ma vie, t. 2, 1855, p. 331.
Rem. Affecté, apprêté, compassé, composé, étudié, guindé, maniéré, recherché. ,,Recherché indique que l'on pousse le bon goût et la distraction jusqu'à la minutie (...); étudié renferme une idée de pédantisme ou d'astuce (...); maniéré exprime la prétention ridicule que certaines personnes mettent dans leurs gestes ou dans leurs paroles (...); affecté marque la recherche dans les manières et le langage (...); apprêté ajoute à l'idée d'affecté (...); guindé renchérit encore sur l'idée exprimée par apprêté (...); composé exprime les allures de certains pédants et les manières hypocrites de certains dévots (...); compassé se dit de ce qui est d'une régularité, d'une symétrie minutieuse.`` (Lar. 19e).
II.
⇒AFFECTÉ2, ÉE, part. passé et adj.
I.— Part. passé de affecter2.
II.— Adjectif
A.— Touché par un malaise physique :
1. ... la constitution d'été cesse et l'automnale commence; j'éprouve l'influence du changement; je sens un malaise; mon estomac est affecté, ma tête pesante, mais il y a plus d'aplomb dans tout mon être et une amélioration sensible dans mon état physique et moral.
MAINE DE BIRAN, Journal, 1814, p. 19.
B.— Touché et ébranlé par un événement malheureux ou fâcheux :
2. ... elle affectait de s'en aller chaque soir au bras de son mari, rapprochés tous deux par l'infortune, comprenant que le mal venait de la débandade de leur intérieur; tandis que le pauvre homme, plus affecté qu'elle, dans la peur maladive qu'on ne le soupçonnât lui-même de vol, comptait deux fois les recettes, bruyamment, en faisant avec son mauvais bras de véritables miracles.
É. ZOLA, Au bonheur des dames, 1883, p. 725.
3. J'espérais que tu étais... guéri, ô le plus opiniâtre des hommes. Je vois bien, aujourd'hui, que tu souffres encore et j'en suis plus affecté que mécontent.
G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Les Maîtres, 1937, p. 148.
C.— MATH. ,,Se dit d'une quantité accompagnée par un signe, un coefficient, un exposant, etc.`` (Lar. 20e).
III.
⇒AFFECTÉ3, ÉE, part. passé, adj. et subst. masc.
I.— Part. passé de affecter3.
II.— Emploi adj., DR. CANONIQUE. ,,Se dit d'un bénéfice chargé de quelque mandat, indult ou réservation du pape.`` (Ac. Compl. 1842 et Nouv. Lar. ill.).
III.— Emploi subst. masc., MILIT. Affecté spécial (cf. affecter3). Homme mobilisable, attaché, en cas de guerre, à un emploi civil :
L'envie des petits bourgeois, des petits commerçants de quartier, ils ont envié les fonctionnaires puis les affectés spéciaux. À présent, les Alsaciens.
J.-P. SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, p. 259.
Prononc. — Enq. :/afekte1/.
STAT. — Fréq. abs. litt. :1 144. Fréq. rel. litt. :XIXe s. : a) 2 392, b) 1 159; XXe s. : a) 947, b) 1 633.

Encyclopédie Universelle. 2012.