affect [ afɛkt ] n. m. ♦ Psychol. État affectif élémentaire. Les sensations et les affects.
● affect nom masculin (allemand Affekt) Processus de décharge de l'énergie pulsionnelle qui constitue l'une des deux manifestations fondamentales de la pulsion, l'autre étant la représentation. ● affect (difficultés) nom masculin (allemand Affekt) Prononciation [&ph85;&ph90;ɛ&ph95;&ph104;] comme dans secte et contrairement à aspect. ● affect (homonymes) nom masculin (allemand Affekt) affecte forme conjuguée du verbe affecter affectent forme conjuguée du verbe affecter affectes forme conjuguée du verbe affecter
affect
n. m. PSYCHO état affectif.
⇒AFFECT, subst. masc.
PSYCHOL. Disposition affective élémentaire (p. oppos. à intellect) ,,que l'on peut décrire par l'observation du comportement, mais que l'on ne peut analyser``. (Psychol. 1969). Affect actif :
• 1. L'appétit se donne comme une indigence et une exigence, un manque éprouvé de... et une impulsion orientée vers... Manque et impulsion sont vécus dans l'unité indivise d'un « affect » (nous dirions affection, si le mot n'appartenait par ailleurs au langage des sentiments intersubjectifs; nous ne disons pas état affectif, le mot état impliquant repos et arrêt; seule la satiété serait en ce sens un état). Précisons : manque et impulsion sont vécus dans l'unité d'un affect actif, par opposé au plaisir et à la douleur qui sont au contraire des affects sensibles. Le besoin est un affect en ce qu'il est tout entier une indigence qui par son élan tend vers ce qui le comblera.
P. RICŒUR, Philosophie de la volonté, 1949, p. 86.
• 2. ... le désir est l'épreuve spécifiée et orientée d'un manque actif — c'est le besoin ou affect actif —, éclairée par la représentation d'une chose absente et des moyens pour l'atteindre, nourrie par des sentiments affectifs originaux : par leur matière, qui est l'effigie affective du plaisir, ces affects sensibles figurent le plaisir à venir; par leur forme, qui est l'appréhension imageante du plaisir, ils tiennent le besoin prêt pour un jugement qui désigne l'objet du besoin comme bon, c'est-à-dire prêt pour un jugement de valeur.
P. RICŒUR, Philosophie de la volonté, 1949 p. 99.
• 3. ... dans la mesure où il répond par des contre-affects aux affects de l'analysé, l'inconscient de l'analyse agit d'une manière gênante dans le processus thérapeutique.
M. CHOISY, Qu'est-ce que la psychanalyse?, 1950, p. 186.
• 4. Selon Freud, toute pulsion s'exprime dans les deux registres de l'affect et de la représentation. L'affect est l'expression qualitative de la quantité d'énergie pulsionnelle et de ses variations. (...) Freud distingue (...) nettement l'aspect subjectif de l'affect et les processus énergétiques qui le conditionnent. On notera qu'il emploie parallèlement au terme d'affect celui de « quantum d'affect » (Affektbetrag), entendant désigner par là l'aspect proprement économique : le quantum d'affect « ... correspond à la pulsion pour autant que celle-ci s'est détachée de la représentation et trouve une expression adéquate à sa quantité dans des processus qui nous deviennent sensibles comme affects » (...) [Freud] refuse d'établir un parallèle entre l'affect dit « inconscient » (sentiment de culpabilité inconscient, par exemple) et les représentations inconscientes.
LAPL.-PONT. 1967.
Rem. Autres syntagmes : affects intra-individuels, inter-individuels (J. Piaget ds BATTRO 1966); - d'attention et d'exploration (Piéron ds Psychol. 1969); - d'expansion et de recherche devant une situation agréable (ibid.); - de retrait et de fuite devant une situation pénible (ibid.); affects dépressifs, expansifs, déficit d'affect (Lar. encyclop. Suppl. 1968).
Prononc. :[].
Étymol. ET HIST. — 1942 affect, psychol. et psychanal. « état affectif élémentaire » (P. J. JOUVE, Tombeau de Baudelaire, éd. du Seuil, Paris, p. 14 ds RHEIMS 1969 : Ces condamnations ont précipité l'affect angoissé de Baudelaire dans un tourment continuel, de révolte inutile, de détachement accompagné d'attachement et de revendication); 1946 id. « id. » (E. MOUNIER, Traité du caractère, p. 438 : (...) dans l'ombre du moi, une charge émotive, l'« affect », [entre guillemets dans le texte] qui reste agressive et disponible, prête à se porter sur d'autres objets ...); 1951 id. « id. » (A. MALRAUX, Les Voix du silence, 318 : Comme toute conversion, la découverte de l'art est la rupture d'une relation entre un homme et le monde. Elle connaît l'intensité profonde de ce que les psychanalystes nomment les affects).
Empr. à l'all. Affekt « mouvement ou état affectif impétueux » (HEHLMANN, Wörterbuch der Psychologie6, Kröner, Stuttgart, 1968, s.v. Affekt :R. HELLER, Das Wesen der Affekte, 19462), spécialisé comme terme de psychanal., surtout à partir des premiers travaux de BREUER et de FREUD, Studien über Hysterie, 1895 (cf. LAPLANCHE et PONTALIS, Vocab. de la psychanal., 1967 s.v. affect). All. Affekt dep. 1526 (Polit. Korresspond. von Strassburg, I, 263 d'apr. KLUGE 1967; empr. au lat. affectus « état, disposition de l'âme » dep. Cicéron (Tusc., 5, 47 ds GAFF.). Du même étymon lat. l'a. fr. affect(e) « sentiment, passion » : 1180 affecte s. f. (Expl. du Cant. des Cant., ms. du Mans 173, f° 69 v° ds GDF. s.v. affecte :Des quatre vertuz principals E des affectes naturals Nos fait un bel ordenement.); 1226-1250 affet s. m. (Bible, Richel. 899, f° 250 c ds GDF. s.v. affect : Il trespasserent outre en affet de cuer, ce est en entalentement de cuer). Le sens d'« état, disposition » existe encore au XVIe s. (HUG.).
STAT. — Fréq. abs. litt. :32.
BBG. — BATTRO 1966. — FOULQ.-ST-JEAN 1962. — LAFON 1963. — LAPL.-PONT. 1967. — MIQ. 1967. — MOOR 1966. — MUCCH. Psychol. 1969. — PIÉRON 1963. — PIGUET 1960. — POROT 1960. — Psychol. 1969. — RHEIMS 1969. — SILL. 1965.
affect [afɛkt] n. m.
ÉTYM. 1908, in D. D. L.; all. Affekt, lat. affectus « état, disposition de l'âme »; cf. l'anc. franç. affecte, 1180 (encore au XVIe « état, disposition »), de même origine.
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♦ Psychol. État affectif élémentaire. || On classe les affects en intéressants, agréables, désagréables. || Réaction (d'attention, de recherche, de fuite) à un affect. || Affect perturbateur du sommeil.
1 Un affect refoulé et fort et qui ne peut accéder à la conscience sans provoquer une réaction d'angoisse trouverait pour s'exprimer clandestinement un subterfuge corporel tout aussi symbolique que les fantasmes oniriques.
Jean Delay, Introd. à la médecine psychosomatique, p. 31.
2 Le hasard réunit tout d'un coup dans ce café quelques amis : tout un paquet d'affects. La situation est chargée; bien que j'y sois engagé et même en souffre, je la vis comme une scène.
R. Barthes, Fragments d'un discours amoureux, p. 145.
♦ (All. Affekt, spécialisé en 1895, Breuer et Freud). Psychan. « (…) tout état affectif, pénible ou agréable, vague ou qualifié, qu'il se présente sous la forme d'une décharge massive ou comme tonalité générale ». || « Selon Freud, toute pulsion s'exprime dans les deux registres de l'affect et de la représentation. L'affect est l'expression qualitative de la quantité d'énergie pulsionnelle et de ses variations » (Laplanche et Pontalis).
Encyclopédie Universelle. 2012.