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VOLONTARISME
VOLONTARISME

VOLONTARISME

Doctrine qui affirme le primat de la volonté sur l’intelligence. Elle inspire des théologies (Duns Scot), des philosophies (Schopenhauer, Nietzsche, et aussi Descartes), des psychologies (Wundt, Burloud), des sociologies (Weber, Tönnies, jusqu’à un certain point Talcott Parsons et Alain Touraine).

En fait, le volontarisme n’est radical que là où la volonté est conçue comme créatrice, non seulement des valeurs, mais aussi des idées (du vrai autant que du bien). Duns Scot et, à sa suite, Descartes ont professé la création des vérités éternelles par Dieu, par une libre décision de Dieu (ces vérités n’étaient pas contenues depuis toujours dans son essence: elles ont été décrétées, posées par un acte de sa volonté). Curieusement, mais sciemment, délibérément, Sartre a changé le dieu cartésien en créateur humain: qu’il s’agisse des valeurs ou des catégories, tout dérive de l’initiative du pour-soi, c’est-à-dire de l’homme. En résulte-t-il, comme on l’a reproché à Sartre et aussi à Nietzsche, une dépréciation de la logique et de la science? Probablement pas. Sartre n’enseigne point que l’existence se pose sans lois: il enseigne, selon une formule de Simone de Beauvoir, que l’existence se pose elle-même en posant ses lois.

On aurait donc tort de penser que le volontarisme, ou la créativité des valeurs, est nécessairement synonyme d’arbitraire, d’anomie. La tendance est néanmoins très forte d’assimiler volontarisme et irrationalisme. Le grief est fondé dans le cas où l’on privilégie, sous le nom de volonté, l’affectif, le sentimental, les impulsions de la sensibilité. Mais beaucoup d’auteurs admettent que la volonté est capable d’orientation, capable de jugement. De leur point de vue, le volontarisme n’exclut nullement la réflexion; il refuse seulement que la représentation ait le pas sur l’activité de l’esprit; c’est celle-ci qui est souveraine, la représentation n’est que médiatrice.

volontarisme [ vɔlɔ̃tarism ] n. m.
• 1909; de volontaire
Philos. Doctrine d'après laquelle le fond des choses est volonté et non représentation. Théorie d'après laquelle les normes du vrai et du bien dépendent d'une libre détermination de la volonté divine.
Psychol. Doctrine tendant à attribuer à la volonté des fonctions habituellement reconnues à l'intelligence (comme la fonction de juger chez Descartes).
Cour. Attitude de qqn qui croit pouvoir soumettre le réel à ses volontés.

volontarisme nom masculin Attitude de quelqu'un, d'un groupe qui pense modifier le cours des événements par la seule volonté. Doctrine qui affirme la supériorité de la volonté sur la raison. Doctrine qui affirme que la volonté de l'homme peut l'emporter sur les contraintes sociales et psychologiques.

volontarisme
n. m.
d1./d PHILO Doctrine qui place la volonté au-dessus de l'intelligence, soit en affirmant la priorité des tendances irrationnelles de la volonté sur les idées formées au niveau de l'intelligence, soit en démontrant la supériorité de l'action et de la volition sur la pensée réfléchie.
d2./d Attitude qui consiste à mettre tout en oeuvre pour soumettre le réel à une volonté définie et exprimée.

⇒VOLONTARISME, subst. masc.
A. — 1. Tendance à croire (notamment en politique) que la volonté humaine est capable d'imposer le changement; thèse, tendance selon laquelle la volonté humaine l'emporte sur toutes les autres facultés, sur le réel, sur les événements, dans l'État et la société. Ne faut-il pas conclure à l'impossibilité, pour tout projet politique, d'exclure le volontarisme? (Encyclop. philos. univ. 1990).
2. a) Caractère de l'individu volontaire. Il crut qu'en sacrifiant ses plaisirs et sa liberté, il ferait naître en lui un homme neuf, solidement convaincu de ses devoirs et de ses droits, adapté à ses bureaux et à son foyer; mais le volontarisme ne paie pas (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 348).
b) ,,Tendance à imposer ses décisions sans admettre qu'on les discute ou même sans les justifier`` (FOULQ.-ST-JEAN 1969).
B. — PHILOSOPHIE
1. MÉTAPHYS. [P. oppos. à idéalisme] Doctrine ou théorie selon laquelle la volonté est le fondement réel de l'être et des choses, le monde n'étant qu'idée, apparence ou représentation; l'attitude qu'elle entraîne. Il ne nous paraît pas douteux que le dernier mot de son système [de Kant] soit dans la spontanéité pure, c'est-à-dire dans le volontarisme (HAMELIN, Élém. princ. représ., 1907, p. 333). V. kantisme ex.
2. LOG., MOR. Doctrine, théorie selon laquelle les normes du vrai et du bien dépendent de la volonté divine. Accusations de volontarisme outré portées contre Scot (Théol. cath. t. 4, 1 1920, p. 905). Nulle expression plus usitée que celle de « volontarisme scotiste ». Et il est bien vrai que la volonté joue un rôle considérable dans sa doctrine, mais elle y trouve ses limites (GILSON, Espr. philos. médiév., 1932, p. 48).
3. PSYCHOL. [P. oppos. à l'intellectualisme de Spinoza] Doctrine accordant la prééminence aux fonctions volontaires de l'individu, fonctions affective et active, notamment par rapport à l'intelligence et au jugement. Autant donc les formules de l'intellectualisme universalisaient le choix du côté de ses raisons les plus claires, autant celles du volontarisme l'individualisent du côté de son audace la plus souveraine (RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 166).
REM. Volontariste, adj. et subst., philos. a) Relatif au volontarisme philosophique. Philosophie, théorie, thèse volontariste. Les doctrines mystiques, sentimentales, volontaristes, où l'esprit de la théologie chrétienne a pris une forme philosophique (LÉVY-BRUHL, Mor. et sc. mœurs, 1903, p. 53). b) Empreint de volontarisme. Attitude volontariste. Le doute cartésien, semblable en cela au doute académique, supposait la conception volontariste de l'assentiment (LACROIX, Marxisme, existent., personn., 1949, p. 80). c) (Celui, celle) qui est partisan du volontarisme. Philosophes volontaristes. La crise de la volonté des volontaristes ne doit pas devenir une crise de l'énergie, comme le roman contemporain l'y a parfois engagée (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 456).
Prononc.:[]. Étymol. et Hist. 1. 1907 métaphys. « doctrine d'après laquelle le fond des choses est volonté et non représentation », spéc. en parlant de Schopenhauer (E. LE ROY, Dogme et critique, pp. 127-128 in A. LALANDE ds B. Sté fr. philos. t. 9, p. 259a); 2. 1912 psychol. « théorie philosophique selon laquelle le jugement est l'œuvre non seulement de l'intelligence, mais de la volonté » (A. LALANDE, Le Volontarisme intellectualiste ds R. philos. d'apr. LAL.13); 3. 1920 log., mor. « théorie selon laquelle la volonté divine détermine les normes du vrai et du bien » (Théol. cath., loc. cit.); 4. 1958 lang. usuelle « tendance à accorder à la volonté la primauté sur les autres facultés » (BEAUVOIR, loc. cit.). Dér. de volontaire; suff. -isme. Cf. l'angl. voluntarism, philos., 1896 ds NED; v. aussi intellectualisme. Fréq. abs. littér.:17.

volontarisme [vɔlɔ̃taʀism] n. m.
ÉTYM. 1909, Revue philosophique; de volontaire, et -isme.
A Didact.
1 Philos. a (En métaphysique). Doctrine d'après laquelle le fond des choses est volonté et non représentation. || La philosophie de Schopenhauer est un exemple typique de volontarisme en métaphysique.
b (En logique et en morale). Théorie d'après laquelle les normes du vrai et du bien dépendent d'une libre détermination de la volonté divine. || Le volontarisme de Duns Scot.
2 Psychol. Doctrine tendant à attribuer à la volonté des fonctions habituellement reconnues à l'intelligence (comme la fonction de juger chez Descartes).
B Cour. Attitude d'une personne qui croit pouvoir soumettre le réel à sa volonté. || Le volontarisme en politique. || Naïveté et volontarisme.
CONTR. (De A., 1.) Intellectualisme. — (De B.) Réalisme.

Encyclopédie Universelle. 2012.