TSIGANES
Répandus dans la plupart des nations du monde, les Tsiganes sont presque les seuls nomades qui ne soient ni pasteurs ni conquérants. Même lorsqu’ils sont sédentaires de gré ou de force, ils demeurent profondément marqués par le nomadisme ancestral. Au milieu des populations sédentaires dont ils empruntent, au moins partiellement, les croyances religieuses et quelques usages, ils ont réussi à rester eux-mêmes, en conservant leur langue originelle et leur mode de vie. Il est peu de groupes humains qui aient été aussi souvent décrits et étudiés, qui aient autant intrigué les savants comme le grand public, et qui continuent cependant d’être l’objet de tant de mythes et paraissent enveloppés de tant de mystère.
Ce qui contribue à brouiller les pistes, c’est la multiplicité des noms qui leur ont été attribués. Du grec byzantin Athinganos ou Atsinkanos , par référence à une ancienne secte orientale de magiciens et de devins, provient le mot «Tsigane» (Zigeuner, Zigenaar, Zingaro, Cingaro). Le nom d’Égyptiens a longtemps prévalu, parce que dans la Grèce médiévale les voyageurs occidentaux avaient remarqué une de leurs colonies en un lieu dit Petite-Égypte, sans doute à cause de sa fertilité (en Espagne: Egitanos, Gitanos; en Angleterre: Egypcians, Egypsies, puis Gypsies). Bohémiens, parce qu’ils présentaient, au XVe siècle, des passeports du roi de Bohême. En France, de nos jours, on distingue quatre groupes principaux: les Manouches, qui y vivent depuis longtemps ou qui viennent des frontières franco-germaniques; les Sinti piémontais; les Gitans, venus d’Espagne; les Rom, les plus traditionalistes, arrivés assez récemment d’Europe orientale. Parmi les Rom, des tribus se différencient par des noms de métiers, comme les Kalderach, chaudronniers; les Tchurara, fabricants de tamis; les Lovara, maquignons. Certains groupes itinérants, qui ne sont pas de race ni de langue tsiganes, ont un mode de vie assez semblable: ainsi les Tinkers en Grande-Bretagne et en Irlande; les Yennitch, d’origine germanique, en Europe occidentale; les Fanter en Norvège.
Le nombre des Tsiganes vivant dans le monde ne peut être évalué avec précision; il est souvent surestimé. Il n’a été fait de recensements, plus ou moins exacts, que dans quelques États; les intéressés s’y prêtent mal. C’est en Europe centrale ou orientale que les Tsiganes sont le plus nombreux. Voici quelques évaluations pour 1990: Albanie, 80 000; république fédérale d’Allemagne, 100 000; Bulgarie, 300 000; Espagne, de 250 000 à 450 000; France, de 180 000 à 300 000; Grande-Bretagne, de 70 000 à 100 000; Grèce, 90 000; Hongrie, de 400 000 à 600 000; Italie, de 70 000 à 100 000; Pologne, 30 000 (100 000 avant 1939); Portugal, 30 000; ex-Tchécoslovaquie, de 300 000 à 400 000; ex-U.R.S.S., 130 000 (dont 12 000 en Sibérie); ex-Yougoslavie, de 700 000 à 900 000; États-Unis, 100 000; Mexique, 10 000.
Origine et migrations
Depuis l’apparition des Tsiganes en Europe occidentale, toutes sortes d’hypothèses ont été émises et de légendes forgées sur leurs origines: descendants des bâtisseurs de pyramides, des Éthiopiens, des Persans, des Tartares; l’une des tribus perdues d’Israël; un mélange de Juifs et de Maures; derniers représentants des métallurgistes de l’âge du bronze; survivants des Atlantes; postérité de Caïn ou de Cham, ou bien même d’Adam et d’une femme antérieure à Ève (ce qui justifierait l’exemption de la loi du travail).
À la fin du XVIIIe siècle, des savants remarquèrent une grande similitude entre la langue des Bohémiens d’Europe et le sanskrit, ainsi que certaines langues vivantes de l’Inde. Depuis lors, l’origine indienne a été confirmée par les travaux des linguistes, des anthropologues et des historiens.
Peut-être s’agissait-il, en Inde, non pas d’un groupe homogène, mais d’une ancienne population de voyageurs ayant adopté une langue et une culture aryennes. Le premier témoignage sur l’exode des ancêtres des Tsiganes et sur leur arrivée en Iran est un récit, composé, vers 950, par Hamza d’Ispahan: ils y sont décrits comme nomades, musiciens, quelque peu pillards et tout à fait rebelles à l’agriculture. De l’Iran, un de leurs groupes oblique vers le sud-est de l’Asie; un autre, cheminant par l’Arménie, les pays caucasiens, est signalé en Grèce dès le début du XIVe siècle. Ils séjournèrent longtemps dans l’Empire byzantin, en Serbie, dans les pays roumains.
Au début du XVe siècle, pour échapper sans doute aux guerres entre Byzantins et Turcs, plusieurs tribus se remettent en mouvement, et, en 1417-1418, grâce à des passeports de l’Empereur, roi de Bohême, elles circulent en Hongrie, en Allemagne, en Suisse. Pendant l’été et l’automne de 1419, les Tsiganes apparaissent dans le pays de Bresse, à Mâcon, en Provence, les années suivantes, dans les Pays-Bas du Sud et du Nord, en 1422 en Italie, où ils prétendent obtenir des lettres de protection du pape. À Paris, en 1427, ils attirent une foule de curieux. Les voici en Espagne du Nord dès 1425, en Andalousie à partir de 1462, au Portugal au début du XVIe siècle.
C’est également dans les premières années du XVIe siècle que leur présence est attestée en Écosse et en Angleterre. Une de leurs compagnies s’embarque, en 1505, sur un navire écossais pour le Danemark et fait, en 1512, son entrée à Stockholm. De Suède, les Tsiganes passent en Finlande. La Pologne reçoit l’immigration tsigane par le sud et par l’ouest, de même que la Russie, à partir de 1501. En 1721, des Tsiganes polonais traversent la Russie, font route en Sibérie.
Les premiers départs d’Europe pour les colonies d’Afrique et d’Amérique ne sont pas volontaires. Les Espagnols, les Portugais, les Britanniques tentent ainsi de se débarrasser de cette population. Quelques familles bohémiennes participent à la colonisation française de la Louisiane. Aux XIXe et XXe siècles, les Tsiganes se répandent librement dans presque tous les pays d’Amérique du Nord et du Sud.
Langue
La langue tsigane (la langue romani ou le romaneš ) est une langue indo-européenne, proche parente du sanskrit et de langues vivantes de l’Inde centrale ou de la région de l’Indus. Elle est purement orale. De nos jours, les linguistes la transcrivent (comme d’autres langues orientales n’ayant pas leur alphabet propre) en employant l’alphabet latin, avec quelques signes spéciaux.
Assez pauvre, à l’origine, elle s’est enrichie, dès les premières migrations, de termes empruntés à l’iranien, à l’arménien, puis, dans une forte proportion, au grec. Plus tard, par suite de la dispersion dans toute l’Europe, divers dialectes se sont constitués: dialectes vlach , formés en Roumanie, et parlés avec des variantes par la plupart des Rom, et dialectes non vlach , comme l’anglo-romani, le manouche (très influencé par l’allemand), le sinto piémontais, le calo de la péninsule Ibérique (le plus dégradé, et qui a perdu sa grammaire). Des mots tsiganes sont entrés dans l’argot de plusieurs pays.
Ressources et métiers divers
D’après une opinion assez généralement répandue, les Tsiganes n’auraient guère d’autres ressources que la mendicité ou les larcins. En réalité, la mendicité existe, directe ou déguisée, exercée surtout par les femmes et les enfants. Mais les métiers sont d’une grande variété et diffèrent suivant les goûts et les besoins de chaque contrée. Sauf dans les pays de sédentarisation forcée, ce sont presque toujours des métiers de nomades ou compatibles avec la vie nomade.
Dire la «bonne aventure» est l’affaire des femmes tsiganes. La devineresse prend la main du client et la regarde, mais observe surtout le visage de son interlocuteur. L’usage divinatoire des cartes à jouer, et particulièrement des tarots, n’est pas d’origine tsigane, mais les Bohémiennes ont adopté la cartomancie des non-Tsiganes.
La divination est une forme de la magie qui est souvent une manière d’exploiter la crédulité publique, par la vente de philtres ou d’amulettes, par toutes sortes de rites bizarres, et que les Tsiganes appellent le Xochano baro (la Grande Farce). À la magie blanche s’apparente l’art de guérir, qui d’ailleurs est parfois fondé sur une connaissance réelle des vertus thérapeutiques des plantes. Guérisseurs, herboristes et vétérinaires tsiganes connaissent un certains succès dans les campagnes.
Déjà célèbre en Iran au Xe siècle, la musique tsigane est toujours appréciée. À travers les siècles, en Europe centrale et en Europe orientale, elle s’est imposée dans toutes les fêtes, aristocratiques ou villageoises. Elle utilise les thèmes populaires en les transformant: musique instrumentale en Hongrie, musique vocale en Russie, flamenco , où l’élément gitan, qui s’est mêlé à des éléments andalous, arabes et hébraïques, s’associe assez étroitement à la danse.
Des danseuses gitanes espagnoles ont acquis une renommée mondiale. En France, la danse a obtenu plus de succès que la musique, surtout au XVIIe siècle: danseurs et danseuses se produisaient à Fontainebleau devant Henri IV et sa cour, à Saint-Maur chez le prince de Condé (la belle Liance y recevait l’hommage des poètes), aux Rochers, domaine breton de la marquise de Sévigné.
Parmi les arts du spectacle figurent les théâtres de marionnettes, les manèges des fêtes foraines, les cirques, l’exhibition d’animaux savants (chèvres, chevaux, singes, lions ou tigres, ours). Les ursari , ou montreurs d’ours, sont nombreux dans les Balkans. Au Mexique, les Gitans exploitent des cinémas ambulants. En Espagne, plusieurs des toreros les plus applaudis sont des Gitans.
Du Bosphore jusqu’à l’Atlantique, les Tsiganes, depuis le XVe siècle, ont toujours passé pour grands connaisseurs en chevaux; ils en possèdent qu’ils montent ou attellent; ils en achètent, en vendent, en font le troc; ils savent les soigner; ils savent aussi (ce qui leur a été souvent reproché) transformer, au moins pour un peu de temps, grâce à des procédés secrets, une misérable rosse en une monture fringante. Ils font également le commerce des mulets et des ânes. En Espagne, ils sont tondeurs de mulets.
Avant tout, les Tsiganes travaillent le métal selon les techniques pratiquées déjà en Inde. Avec un matériel rudimentaire et facile à transporter (double soufflet en peau de chèvre, enclume, marteau, lime, paire de pinces, petit fourneau ou meule conique), les forgerons tsiganes ont su se rendre longtemps indispensables en Europe centrale et orientale; ils étaient à peu près seuls à savoir fabriquer ou réparer les outils agricoles; jusqu’au milieu du XIXe siècle, les forgerons et maréchaux-ferrants des campagnes hongroises étaient surtout des Tsiganes. Aujourd’hui, un peu partout, ils sont ferrailleurs, mécaniciens et «casseurs d’autos», ce qui est une façon de se reconvertir quand la motorisation ruine le maquignonnage.
Pendant longtemps, la récolte de l’or, surtout par lavage des sables de rivières, fut un monopole des orpailleurs tsiganes en Transylvanie, dans les principautés roumaines et en Bosnie. Le travail du cuivre et l’étamage permettent encore aux membres de la tribu des Kalderach (chaudronniers par définition) de gagner leur vie.
Pour vendre ces produits de l’artisanat, les Tsiganes n’attendent pas le client dans une boutique: ils vont à lui. Mais ils ne vendent pas seulement ce qu’ils fabriquent. Colporteurs, ils écoulent toutes sortes de marchandises qu’ils ont achetées. Ce commerce ambulant, appelé la «chine», est surtout, en France, aux mains des Manouches et des Gitans, qui fréquentent les foires et les marchés et qui font du porte-à-porte.
À côté de ces ressources traditionnelles, il en est d’autres, particulières à un pays, à une époque. Au XVIIIe siècle et au début du XIXe, en Espagne, beaucoup d’auberges de petites villes étaient tenues par des Gitans. Aux mêmes époques, sur la côte basque, les Tsiganes s’engageaient dans les navires armés pour les pêches lointaines, et leurs femmes étaient marchandes de poisson. Les Tsiganes affichent un certain mépris pour l’agriculture, mais ils acceptent volontiers les travaux saisonniers agricoles: vendanges, récolte des fraises, des petits pois, du houblon. En Moldavie et en Valachie, esclaves dans les domaines des boyards, ils exécutaient tous les travaux extérieurs et intérieurs, servant de maçons, briquetiers, serruriers, charpentiers, jardiniers, porteurs d’eau, cochers, cuisiniers, femmes de chambre.
Les Tsiganes ont la passion des armes. Pendant les guerres civiles et les guerres étrangères (surtout en Allemagne, lors de la guerre de Trente Ans, et en Hongrie), des compagnies entières de Tsiganes suivaient les troupes régulières. Certains furent enrôlés dans les régiments d’infanterie et de cavalerie, et particulièrement dans les musiques militaires.
Croyances, mœurs et coutumes
Les Tsiganes croient au Dieu créateur (Devel ou Del ) et l’invoquent souvent. Le Diable (Beng ) existe aussi, mais il est toujours dans un état d’infériorité par rapport à Dieu. La destinée de chaque individu est marquée dès sa naissance; cependant, il est possible de l’infléchir légèrement. Les Tsiganes n’ont pas de religion commune. Ils adoptent, au moins partiellement, la religion dominante du pays où ils vivent: ils sont musulmans, orthodoxes, catholiques, protestants (en France, où ils sont catholiques pour la plupart, depuis quelques années une forte minorité évangélique se dessine). Certains pèlerinages rassemblent des foules tsiganes: ainsi, fin mai, celui des Saintes-Maries-de-la-Mer.
Lorsque les Tsiganes circulaient en grandes bandes, des chefs étaient indispensables pour les diriger, leur imposer une certaine discipline, et aussi pour prendre contact avec les autorités locales. Ils se paraient de titres empruntés aux hiérarchies du pays: voïvodes, ducs ou comtes au XVe siècle; plus tard, capitaines. Des qualifications de rois et de reines ont encore quelque succès dans le monde des sédentaires. En tout cas, il n’y eut jamais de chef suprême. Dans certains groupes existe toujours l’autorité du Conseil des anciens, avec le tribunal de la Kris .
Les hommes, sauf dans l’exercice de certaines professions (musiciens, belluaires), ne se distinguent guère par l’habillement des autres habitants du pays. Les femmes se parent de couleurs vives, de bijoux, d’anneaux d’oreilles, de colliers de pièces d’or, et beaucoup d’entre elles continuent à porter les longues jupes bariolées. L’alimentation utilise presque toutes les ressources des pays de séjour. Les Tsiganes font preuve d’un goût très vif pour la viande (à l’exception de celle de cheval, généralement proscrite): ils apprécient surtout le porc et les volailles; le hérisson est un mets de choix.
Les Tsiganes sont essentiellement des voyageurs. Pendant longtemps, ils ont circulé à pied, comme à cheval, avec des charrettes, parfois bâchées, tirées par des chevaux ou, dans l’Est, par des buffles. La roulotte est apparue vers le milieu du XIXe siècle; elle est de plus en plus remplacée par la caravane. À l’étape, ils s’abritent sous des tentes, des rochers, des grottes, des arches de pont, des cabanes. Et, lorsque les Tsiganes se sédentarisent, la disposition et la décoration de leur logis rappellent celles de la tente.
La cellule familiale est très forte. Si le père détient l’autorité, quand la mère prend de l’âge et qu’elle est reconnue de bon conseil elle exerce parfois son influence au-delà de la famille proche. Le fait d’avoir un grand nombre d’enfants est considéré comme une bénédiction. La naissance est entourée de tabous d’impureté. Le mariage (qui se fait souvent sans passage à la mairie ni à l’église) est la principale occasion de réjouissances, qui entraînent de lourdes dépenses. Les funérailles sont aussi coûteuses; elles rassemblent un grand nombre de parents et d’amis, venus parfois de très loin, et s’accompagnent de cérémonies religieuses et de rites traditionnels pour apaiser l’âme du défunt et l’aider dans ses pérégrinations d’outre-tombe; les fantômes sont redoutés.
Les Tsiganes dans la société
Les rapports sont souvent difficiles entre le Tsigane et le Gadjo (non-Tsigane). Le premier a un certain mépris pour le sédentaire. Celui-ci craint le nomade, lui reproche rapines et pillages, en particulier des vols de chevaux, de moutons, de volailles (qui sont d’ailleurs le fait de la plupart des itinérants), lui attribue de redoutables pouvoirs occultes. La légende des Tsiganes voleurs d’enfants est toujours tenace.
Les plaintes, surtout dans les campagnes, ont incité, dans presque tous les pays, les pouvoirs publics à prendre des mesures brutales, en général des mesures d’expulsion, sous les peines les plus sévères, contre les Tsiganes qui refusaient de se fixer. L’Espagne a réussi, au XVIIIe siècle, à imposer une sédentarisation. La Hongrie, sous le règne de Joseph II, a échoué dans cette tentative, malgré l’offre de maisons, de bestiaux et d’instruments agricoles. La Roumanie, du XIVe siècle jusqu’au milieu du XIXe, ayant besoin des Tsiganes pour son économie, les a réduits en esclavage. L’Allemagne hitlérienne, au cours de la Seconde Guerre mondiale, a enfermé et exterminé un très grand nombre de Tsiganes, considérés comme asociaux.
Cependant, les Tsiganes ont toujours trouvé des défenseurs; ils devaient leur prestige à leurs talents de musiciens et de danseurs. Les artistes s’intéressaient à eux. Les châtelains les accueillaient et leur permettaient d’échapper à la rigueur des édits.
Au XXe siècle, des associations comme la Gypsy Lore Society en Grande-Bretagne, les Études tsiganes en France ont aidé à les faire connaître. Ainsi, mieux renseignées, les administrations se montrent plus compréhensives. Une loi française de 1912, très dure pour les nomades, a été abrogée en janvier 1969; des terrains de stationnement sont aménagés çà et là. Des aumôneries spécialisées, des organismes divers, officiels ou privés, ont entrepris une action qui se révèle efficace. Les préjugés séculaires tendent à s’effacer. Il importe que la minorité tsigane puisse s’adapter à la société des Gadjé tout en préservant son identité et ses valeurs traditionnelles.
Tsiganes ou Tziganes
nomades d'origine mal connue, auj. disséminés en Europe et en Amérique, plus partic. en Europe centrale. L'exode des Tsiganes aurait débuté au IXe s., de l'Inde vers l'Iran, puis, par l'Arménie et les pays caucasiens, vers la Grèce (XIVe s.), ensuite (XVe-XVIIIe s.) la Hongrie, la Roumanie, l'Allemagne, la Pologne, la Russie, la France, l'Espagne, le Portugal, l'Angleterre. Ils furent de grands forgerons. La musique tsigane, célèbre en Iran au Xe s., a souvent influencé celle des pays hôtes: musique instrumentale en Hongrie, vocale en Russie, flamenco en Espagne, etc. Les Tsiganes se divisent en trois grands groupes, parlant des dialectes de la langue tsigane (langue indo-européenne du groupe indo-aryen) qu'a enrichi la cohabitation avec d'autres peuples: Gitans ou Kalé (langue kalo), en Espagne surtout; Rom (langue romani), les plus traditionalistes, en Europe de l'E. (Hongrie notam.); Manouches ou Sinti (langue sinto) en Allemagne, Italie et France (où on les appelle gitans, bohémiens ou romanichels). De nombr. mesures d'expulsion ont été prises pendant des siècles dans divers pays à l'encontre des Tsiganes. L'Allemagne hitlérienne a pratiqué une politique d'extermination des Tsiganes, qui revendiquent, depuis la fin de la guerre, les mêmes indemnités que celles perçues par les autres déportés.
Encyclopédie Universelle. 2012.