TRIPOLITAINE
TRIPOLITAINE
Des conditions naturelles relativement favorables font de la Tripolitaine, province occidentale de la Libye, la région la plus peuplée de ce pays. Une plaine côtière (grande et petite Djeffara à l’ouest, Dafnia à l’est) avec des sols assez fertiles reçoit environ 250 millimètres de précipitations annuelles: des oasis (saniya ) la jalonnent (Zouara, Tripoli, Homs, Zliten et Misourata). La plaine est dominée au sud par un grand escarpement arqué qui prend un aspect montagneux à l’ouest, dans le djebel Nefousa (650 m), et à l’est, dans le djebel Gharian (750 m), où se sont retranchées de vieilles populations agricoles d’origine berbère. Au sud, en direction du Fezzan, s’étend le désert de Tripolitaine (hamada al-Hamra) avec l’oasis de Ghadamès à la frontière tunisienne.
À la différence de la Cyrénaïque qui fait déjà partie du Moyen-Orient, la Tripolitaine se rattache davantage au Maghreb. Tandis que la Cyrénaïque fut grecque et surtout agricole, la Tripolitaine fut carthaginoise et surtout commerçante; en effet, vers \TRIPOLITAINE 600, les Carthaginois transformèrent en colonies une série de comptoirs phéniciens, notamment Uiat, Lpay et Sabrata dont la présence donna son nom au pays: Tripolitaine, du grec «les trois villes». Un peu bridée par Carthage, la Tripolitaine s’épanouit à l’époque romaine, notamment Lpay, devenue Leptis Magna, ville natale de Septime Sévère qui l’embellit.
Des fortifications (limes tripolitanus ) la protégèrent des nomades garamantes puis asturiens venus du désert intérieur, mais n’arrêtèrent pas l’invasion des Vandales qui épargna la Cyrénaïque. La Tripolitaine, conquise en 643 par les Arabes, échappa aux invasions hillaliennes (1047) qui ravagèrent la Cyrénaïque. Aussi la population fut-elle moins arabisée (elle conserve des reliques berbères dans le djebel Nefousa, où persiste l’hérésie ib dite, et dans l’oasis de Ghadamès) et resta plus sédentaire. Conquise au début du XVIe siècle par les Ottomans, la Tripolitaine s’émancipa de 1711 à 1835 sous la direction de la dynastie des Karamanli qui favorisèrent la piraterie à partir des ports, ce qui provoqua la réoccupation de la région par les Ottomans. En 1911, les Italiens n’occupèrent guère que la côte: la véritable conquête de l’intérieur ne fut achevée qu’en 1931. Une importante colonisation italienne se développa; mais, à la différence de la Cyrénaïque, la Tripolitaine conserva un grand nombre de colons italiens jusqu’en 1970. En 1951, la Tripolitaine, la Cyrénaïque et le Fezzan constituèrent le royaume indépendant de Libye. Ces régions administratives furent supprimées en 1963, quand la Libye devint un État unitaire.
Tripolitaine
région du N.-O. de la Libye, correspondant à un plateau aride, le Harnada el-Homra, qui s'étend des oasis du Fezzan, au S., jusqu'à la plaine côtière de la Djeffara, au N.
— Sous contrôle turc dès le XVIe s., elle jouit cependant, du début du XVIIIe s. à 1835, d'une quasi-indépendance: ses pachas, devenus héréditaires, imposaient un tribut aux navires étrangers. Conquise par les Italiens (1911-1914), rattachée (1934) à la colonie italienne de Libye, elle fut le théâtre de durs combats pendant la Seconde Guerre mondiale. Avec la Cyrénaïque, elle constitua le royaume de Libye en 1951.
Encyclopédie Universelle. 2012.