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THÉRAPEUTIQUE
THÉRAPEUTIQUE

SI L’ON RÉSERVE le cas des techniques chirurgicales, la thérapeutique apparaît comme la science établissant les règles d’application des médicaments, des régimes alimentaires et de divers agents physiques à la cure et à la prévention des maladies. Certaines de ses subdivisions, justifiées au début du siècle, n’ont plus de raison d’être aujourd’hui: ainsi la phytothérapie et l’opothérapie, car la plupart des plantes médicinales et des sécrétions glandulaires ont livré leur secret; les formules chimiques de leurs principes actifs sont connues et la synthèse, au moins partielle, de beaucoup d’entre eux se pratique à l’échelle industrielle.

La thérapeutique médicamenteuse actuelle presque tout entière est donc une chimiothérapie . Les exemples abondent: ainsi le pavot et ses alcaloïdes, la digitale et ses glucosides, le Rauwolfia et ses alcaloïdes, la pervenche et la vinca-leucoblastine, les champignons et les antibiotiques; ainsi les hormones stéroïdes d’où dérivent les anabolisants protéiques et les contraceptifs, les hormones protéiques (qu’on sait rendre moins antigéniques en modifiant la séquence de leurs acides aminés constitutifs), les diverses vitamines; ainsi même les sérums, qui, en devenant des globulines ou mieux des immunoglobulines, ont perdu leur mystère. Les médicaments y ont gagné une activité plus constante, une posologie plus précise, une plus grande sécurité d’emploi, et la prescription magistrale a pratiquement disparu pour faire place à celle des spécialités pharmaceutiques. Mais, devenue plus efficace, la thérapeutique s’est révélée plus dangereuse, soit par la toxicité propre des médicaments, soit par leur action seconde, au point d’engendrer une pathologie nouvelle dite « iatrogène », c’est-à-dire d’origine thérapeutique.

Des associations médicamenteuses synergiques, antitoxiques ou correctrices sont en conséquence devenues nécessaires. Par exemple, l’administration simultanée de plusieurs antibiotiques vise à éviter la sélection de souches microbiennes résistantes. Ils sont en principe choisis d’après leur action spécifique sur les constituants de la cellule microbienne, les pénicillines sur la membrane, les sulfamides sur le métabolisme, les cyclines sur les ribosomes, l’acide nalidixique sur l’A.D.N. bactérien. Un seul médicament ne peut prétendre détruire toutes les cellules d’un cancer (cf. THÉRAPEUTIQUE – Chimiothérapie): au méthotrexate, antimétabolite, il faut adjoindre un anti-A.D.N., tel le 5-fluoro-uracile et un poison fusorial comme la vinca-leucoblastine. La toxicité directe de la streptomycine ou de l’isoniazide sur le système nerveux au cours du traitement de la tuberculose est combattue par l’acide pantothénique ou par la vitamine B6.

La corticothérapie de longue durée à visée anti-inflammatoire, endocrinienne ou antiallergique, riche en effets seconds, exige une couverture antibiotique (notamment antituberculeuse), la prescription de chlorure de potassium (pour compenser la fuite potassique urinaire), d’hormone mâle (contre la déminéralisation osseuse) et de corticotrophine hypophysaire (pour relancer la surrénale). La chimiothérapie des états psychopathiques [cf. PSYCHOPHARMACOLOGIE] a transformé la psychiatrie individuelle et asilaire, notamment grâce aux inhibiteurs de la mono-amino-oxydase dont l’emploi exige une grande prudence; ils risquent d’être potentialisés par l’alcool, les barbituriques, les opiacés et de causer une névrite optique ou un ictère; ils peuvent déclencher des crises d’hypertension artérielle si le malade absorbe des amines pressives, telles les catécholamines, ou même des aliments, comme le fromage, qui en contiennent les précurseurs.

La thérapeutique endocrinienne a ses particularités. Elle réalise soit l’apport d’une substance qui fait défaut, comme la thyroxine dans le myxœdème, ou l’insuline dans le diabète insulinoprive, soit l’inhibition d’une sécrétion excessive, dans l’hyperthyroïdisme par exemple, grâce aux antithyroïdiens de synthèse, paradoxalement associés à la prise de tyroxine pour freiner l’antéhypophyse par rétroaction. Parfois elle se propose la destruction ménagée, totale ou partielle, grâce à des corps radioactifs (iode 131 ou yttrium 90), d’une glande tumorale ou en hyperfonction, ou bien encore, dans le syndrome de Cushing, le blocage de la sécrétion corticosurrénale par un anticorticoïde de synthèse, l’orthoparadiphényldichloréthane. Ce médicament isomère d’un insecticide proche du D.D.T. réalise une véritable surrénalectomie chimique.

La diététique connaît un renouveau d’intérêt. Elle constitue la meilleure prévention des maladies dégénératives par excès, déficit ou déséquilibre nutritionnel. Ainsi, la restriction calorique globale peut guérir un diabète floride, et le recours aux sulfamides antidiabétiques ou aux biguanides n’est pas toujours indispensable. Dans la goutte, l’hyperuricémie étant surtout endogène, la restriction alimentaire élective doit être complétée par la prise d’urico-éliminateurs ou d’inhibiteurs de la synthèse urique, sous la protection de la colchicine. L’athérome peut être prévenu par un régime enrichi en acides gras poly-insaturés, et certains cas de goitre ou de spasmophilie par l’apport régulier d’iode ou de magnésium. Les divers troubles de l’assimilation digestive exigent des régimes étudiés en fonction du chimisme gastro-intestinal et l’apport d’aliments appauvris ou enrichis dont certains sont fabriqués industriellement. Mais, quand un déficit enzymatique par erreur innée du métabolisme est en cause, il n’est d’autre possibilité que de supprimer l’aliment nocif, par exemple le fructose ou le saccharose dans l’intolérance correspondante, la phénylalaline qu’apportent le lait naturel et la viande dans la phénylcétonurie, alors que dans l’hémochromatose l’excès de fer ne sera réduit que par les saignées répétées ou l’usage de chélateurs spécifiques du fer comme la desferrioxamine, et que, dans la maladie hémolytique congénitale, la splénectomie guérit seulement l’anémie mais non la maladie causale.

La mise en pratique des traitements médicamenteux diététiques ou instrumentaux est devenue fort complexe. On s’ingénie à trouver des formes médicamenteuses ingérables présentées en capsules ou gélules (c’est le cas des antibiotiques) et parfois associées à des substances synergiques (c’est le cas des hypotenseurs et des diurétiques); parfois, c’est un effet retard que l’on recherche en usant d’un solvant huileux ou d’un «pellet» inséré sous la peau. Mais l’inflation des doses nécessite souvent le recours aux injections sous-cutanées avec ou sans l’aide d’un agent diffusant comme l’hyaluronidase, ou à la voie veineuse (perfusion continue grâce à un cathéter laissé en place). Cette dernière voie rend possible l’alimentation parentérale utilisée en chirurgie, en pédiatrie et chez les grands dénutris. Autant qu’un personnel expérimenté, des contrôles répétés sont indispensables: hémogrammes, bilans des électrolytes sanguins et urinaires, mesure des facteurs de coagulation, antibiogrammes, etc.

Le coût des traitements devient considérable, surtout dans les unités de soins intensifs ou de réanimation, qui utilisent en outre des techniques instrumentales: assistance respiratoire en pneumologie, défibrillateurs, stimulateurs cardiaques, «monitoring en cardiologie, épuration rénale en néphrologie grâce à l’hémodialyse (rein artificiel), perfusion de foie sain ou circulation croisée dans les grandes insuffisances hépatiques. Le traitement des malades graves échappe au praticien isolé, il devient un travail d’équipe. L’incidence de tels progrès sur la structure médicale et sur l’économie nationale est évidente.

C’est pourquoi la thérapeutique tend vers la prévention . Une simple hygiène individuelle (respect du rythme naturel de la veille et du sommeil, activité physique régulière, régime équilibré sans excès calorique) inculquée dès l’adolescence, ce qui implique un entraînement psycho-affectif, est encore la meilleure façon de prévenir le diabète, l’obésité, l’athérome, la sénescence précoce. La vaccination a fait ses preuves, que les vaccins soient antitoxiques (contre la diphtérie et le tétanos), microbiens (contre la tuberculose et la typhoïde), viraux (contre la variole, la rage, la fièvre jaune, la poliomyélite, la grippe). La séroprophylaxie (gamma-globulines) est utilisée contre le tétanos, les oreillons. La chimioprophylaxie convient aux infections comme aux parasitoses: elle est réalisée grâce à la chloroquine dans le paludisme, à l’isoniazide dans la tuberculose, à la sulfométhoxine dans le choléra.

La prophylaxie collective est surtout l’affaire des pouvoirs publics: elle repose sur l’éducation sanitaire, les bilans de santé, la lutte contre l’alcoolisme, les vaccinations de masse. Il apparaît aujourd’hui que la médecine préventive est l’investissement le plus efficace des ressources d’un État.

Des progrès sont prévisibles. Déjà, les ordinateurs [cf. INFORMATIQUE] contribuent à définir le traitement le plus convenable des cas difficiles, les maladies iatrogènes pourront perdre de l’ampleur grâce à l’éducation du public, trop facilement enclin aujourd’hui à absorber, pour des malaises mineurs, sulfamides ou antibiotiques, tranquillisants, somnifères ou stimulants: cette «automédication» est dangereuse. À court terme, ce sera la chimiothérapie antivirale et le contrôle effectif des processus immunitaires d’où découle le vrai traitement du cancer. Mais le traitement des maladies génétiques et de la sénescence par l’induction enzymatique (réalisée à l’échelle de la cellule, et parfois à l’échelle humaine) est toujours l’objet de nombreuses recherches.

La thérapeutique est devenue une science, mais sa pratique est soumise à des considérations extra-scientifiques, non seulement celles qu’inspire, dans une perspective «d’économie médicale», le coût des actes curateurs, mais surtout son adaptation, dans une tradition humaniste, à la personnalité propre de chaque patient. Par là, elle demeure l’art de guérir.

thérapeutique [ terapøtik ] adj. et n. f.
• v. 1379 n.; gr. therapeutikos thérapeute
1(v. 1500) Qui concerne l'ensemble des actions et pratiques destinées à guérir, à traiter les maladies; apte à guérir. curatif, médical, médicinal. « l'action thérapeutique sur l'organisme des agents anormaux ou médicaments » (Cl. Bernard). Vertus thérapeutiques d'une eau minérale. Procédés ( remède) , substances thérapeutiques ( médicament) . Avortement thérapeutique. Acharnement thérapeutique.
2 N. f. Partie de la médecine qui étudie et met en application les moyens propres à guérir et à soulager les malades. médecine; chirurgie, médication, soin, traitement; allopathie, homéopathie; -thérapie. « en la mer, on découvrirait toute une thérapeutique » (Michelet). Par anal. Thérapeutique des animaux ( vétérinaire) , des chevaux ( hippiatrie) .
Spécialt Ensemble de procédés concernant un traitement déterminé. thérapie. Une thérapeutique nouvelle.

thérapeutique adjectif (grec therapeutikos, de therapeuein, soigner) Relatif au traitement des maladies. ● thérapeutique (expressions) adjectif (grec therapeutikos, de therapeuein, soigner) Essai thérapeutique, expérimentation d'un nouveau médicament préalablement à sa mise sur le marché. Infiltration thérapeutique, injection à l'aide d'une aiguille d'une substance médicamenteuse ou anesthésique dans une structure anatomique délimitée. Suivi thérapeutique, ensemble des moyens mis en œuvre pour surveiller l'efficacité et la bonne tolérance d'un traitement. ● thérapeutique nom féminin Partie de la médecine qui s'occupe des moyens - médicamenteux, chirurgicaux ou autres - propres à guérir ou à soulager les maladies. Manière choisie de traiter une maladie ; traitement, thérapie. ● thérapeutique (synonymes) nom féminin Partie de la médecine qui s'occupe des moyens - médicamenteux, chirurgicaux...
Synonymes :
- thérapie
Manière choisie de traiter une maladie ; traitement, thérapie.
Synonymes :
- médication
- thérapie
- traitement

thérapeutique
adj. et n. f.
rI./r adj. Relatif au traitement, à la guérison des maladies; propre à guérir. Action, produit thérapeutique.
rII./r n. f.
d1./d La thérapeutique: la médecine qui traite des moyens propres à guérir ou à soulager les maladies. Thérapeutique somatique.
d2./d Une thérapeutique: un traitement.

⇒THÉRAPEUTIQUE, subst. fém. et adj.
I. — MÉDECINE
A. — Subst. fém.
1. La thérapeutique
a) Branche de la médecine qui étudie, enseigne la manière de traiter les maladies et les moyens propres à guérir, à soulager les malades. Telle est donc la conception claire de mon enseignement de la médecine expérimentale: ramener la physiologie, la pathologie et la thérapeutique à constituer une seule science (Cl. BERNARD, Princ. méd. exp., 1878, p. 283). Celui-ci, depuis qu'il voulait troquer sa chaire contre celle de thérapeutique, s'était fait une spécialité des intoxications. Les intoxications, périlleuse innovation de la médecine (PROUST, Sodome, 1922, p. 796).
b) Ensemble des moyens propres à lutter contre les maladies, à rétablir, préserver la santé. La bactériologie dispose (...) de techniques et de méthodes (...) qui assurent une efficacité indiscutable à la thérapeutique (PLANTEFOL, Bot. et biol. végét., t. 2, 1931, p. 34). — Soignez-vous sérieusement (...)Mais non (...). Je suis à moitié médecin. Si je n'ai pas continué, c'est que je n'avais pas confiance. La thérapeutique est la cause de presque toutes nos misères (DUHAMEL, Cécile, 1938, p. 61). V. médecine ex. 1.
2. La/une thérapeutique + adj. qualificatif (spécifiant le mode d'action), la/une thérapeutique de + subst. (spécifiant généralement le type de maladie ou de malade)
a) Traitement spécifique de telle maladie, de tel trouble. Synon. thérapie (v. ce mot A). Thérapeutique du cancer; thérapeutique thermale. Il passait ses journées à rédiger, pour des revues médicales, des articles sur la thérapeutique des gazés (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 766). L'introduction des produits nitrés, vers 1875, a marqué le vrai début de la thérapeutique de l'angine de poitrine, et ce traitement reste (...) la médication de base (R. SCHWARTZ, Nouv. remèdes et mal. act., 1965, p. 81).
Thérapeutique chirurgicale. Traitement par voie opératoire. Dans tous ces cas de mégacôlon fonctionnel, en dehors du traitement étiologique, il faudra toujours prescrire un régime (...), des cures thermales (...). En cas d'échec des traitements médicaux, la thérapeutique chirurgicale peut être envisagée (QUILLET Méd. 1965, p. 164). Thérapeutique étiologique, traitement qui vise à combattre la cause de l'affection; thérapeutique symptomatique, traitement qui se borne à éliminer certains symptômes de l'affection. La thérapeutique médicale symptomatique comporte: des médications classiques (...): la belladone, le sulfate d'atropine (...).La thérapeutique médicale étiologique (...) comprend le traitement d'une syphilis par les médicaments spécifiques (QUILLET Méd. 1965, p. 348).
b) En partic. Traitement propre aux troubles psychiques. Synon. psychothérapie, thérapie (v. ce mot B). La thérapeutique analytique (...) cherche à remonter jusqu'à la racine et se sert de la suggestion pour modifier dans le sens qu'elle désire l'issue de ces conflits. La thérapeutique hypnotique laisse le patient inactif (...) sans résistance devant une nouvelle cause de troubles morbides (FREUD, Introd. psychanal., trad. par S. Jankélévitch, 1959 [1922], p. 483). Pour certains psychiatres, toutes les névroses enfantines sont liées au jeu; d'ailleurs la principale thérapeutique des névroses réside, à cet âge, dans les jeux choisis (Jeux et sports, 1967, p. 123). Thérapeutique occupationnelle. V. ce mot dér. s.v. occupation. Thérapeutique de choc.
3. Au fig. Ce qui adoucit, abolit les maux de l'âme. Thérapeutique morale. Quels beaux vers (...)! cela réconforte, de les réciter. Thérapeutique poétique (LARBAUD, Amants, 1923, p. 185). Bayreuth, où il [Liszt] est venu mourir un jour qu'on représentait Tristan, est une cure d'idéal instituée grâce à lui. Cette thérapeutique a-t-elle fait son temps? (POURTALÈS, Vie Liszt, 1925, p. 11). V. médicinal ex. de Lacordaire.
B. — Adjectif
1. a) Qui se rapporte au traitement des maladies. Action, application, effet, vertu thérapeutique. De plus en plus la médecine humaine se convaincra (...) que jamais une méthode thérapeutique n'est pleinement bonne et durablement bonne pour le corps si elle est malsaine pour l'âme (BIOT, Pol. santé publ., 1933, p. 34). Tout acte thérapeutique (...) est une bataille et (...) une bataille coûte cher, même à celui qui la gagne. Pour détruire l'ennemi, c'est-à-dire le germe infectieux, il est parfois nécessaire de ravager le territoire envahi (DUHAMEL, Maîtres, 1937, p. 174).
Acharnement thérapeutique. Utilisation de moyens médicaux relativement importants pour prolonger la survie d'un malade gravement atteint, d'un moribond, et qui est considérée comme excessive, dépassant les limites du raisonnable, de l'humain. Mon texte (...) stipule seulement que chaque citoyen sain de corps et d'esprit pourra faire (...) une déclaration affirmant sa volonté (...) de se voir épargner l'acharnement thérapeutique à la suite d'une maladie incurable ou d'un accident mortel (H. CAILLAVET ds Le Nouvel Observateur, 23 avr. 1978, p. 62, col. 2).
b) En partic. Relatif au traitement des troubles psychiques. À la différence du rêve, de la névrose, du retour thérapeutique de l'oublié, qui d'une manière ou d'une autre donnent issue au refoulé dans la conscience, la sublimation fait travailler les tendances (...) sur un plan moins instinctif (RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 377).
P. méton. [En parlant d'un lieu, d'un groupe de pers.] Où s'exerce une psychothérapie. L'École est un lieu ouvert, un « lieu thérapeutique total », où l'environnement, le cadre de vie doivent permettre la réalisation de l'idée essentielle de Bettelheim: une solidarité communautaire effective des malades, des éducateurs (Réalités, janv. 1976, p. 73, col. 1).
2. Qui a une action efficace dans la lutte contre les maladies, qui permet de guérir ou de prévenir une affection. Synon. médicinal, pharmaceutique. Agent, moyen, procédé thérapeutique. Cette garenne (...) produisait en abondance des plantes utiles (...). Harbert recueillit ainsi une certaine quantité de pousses (...) qui possèdent des propriétés thérapeutiques diverses, les unes pectorales, astringentes, fébrifuges, les autres anti-spasmodiques (VERNE, Île myst., 1874, p. 177). Les utilisations médicales du radium dont l'action thérapeutique (...) avait été découverte au début du siècle (...), les propriétés curatives du radium (...) en faisaient oublier les dangers (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 18). V. médicament et médicamenteux ex. de Cl. Bernard.
Avortement thérapeutique. Avortement provoqué médicalement, notamment lorsque la poursuite de la grossesse mettrait gravement en danger la santé ou la vie de la femme. L'une des patientes (...) a perdu un garçon myopathe et a subi déjà deux avortements thérapeutiques, l'examen du liquide amniotique ayant indiqué chaque fois, au troisième mois de la grossesse, que les enfants à naître étaient à nouveau des garçons (Le Monde, 2 avr. 1980, p. 16, col. 3).
3. Au fig. Qui est censé réparer un dommage moral. « (...) Qui ne voit que je veux couper un petit nombre de têtes pour en sauver un grand nombre? » (...) Marat (...) réclamait deux cent soixante-treize mille têtes. Mais il compromettait l'aspect thérapeutique de l'opération en hurlant au massacre (CAMUS, Homme rév., 1951, p. 160).
II. — HIST. RELIG., adj., vx. Relatif aux thérapeutes (v. thérapeute A). La vie thérapeutique (Ac. 1798-1935). L'idée thérapeutique est (...) en accord complet avec le désir de solitude et de contemplation (É. BRÉHIER, Les Idées philos. et relig. de Philon d'Alexandrie, 1908, p. 324).
REM. Thérapeutiquement, adv., méd. D'une manière thérapeutique, selon la/une thérapeutique. On n'agit pas thérapeutiquement sur une entité morbide; on agit (...) pathologiquement sur un phénomène physico-chimique quelconque, qui donne ensuite naissance à un phénomène vital déterminé (Cl. BERNARD, Princ. méd. exp., 1878, p. 98). À Nancy, des centres médicaux ont été créés, où les enfants (...) peuvent, en même temps qu'ils sont suivis thérapeutiquement, poursuivre leurs études (Encyclop. éduc., 1960, p. 203).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. Ca 1370 subst. « partie de la médecine qui a pour objet le traitement des maladies » (GUY DE CHAULIAC, La Grande chirurgie, ms. Montpellier ds SIGURS, p. 77); ca 1500 adj. « relatif au traitement des maladies » (Jard. de santé, I, 56 ds GDF. Compl.); 1848 subst. « ensemble des moyens de traitement qui conviennent à telle ou telle maladie en particulier » (BALZAC, Initié, p. 417). Empr. au gr. « qui prend soin de », « qui concerne le soin qu'on prend de quelqu'un ou de quelque chose » et subst. « l'art de prendre soin ». Fréq. abs. littér.:228. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 19, b) 889; XXe s.: a) 120, b) 404. Bbg. QUEM. DDL t. 40.

thérapeutique [teʀapøtik] adj. et n. f.
ÉTYM. Av. 1478, thérapeutice, n. f.; grec therapeutikos, de therapeutês. → Thérapeute.
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I N. f.
1 (XIVe). Partie de la médecine qui étudie et met en application les moyens propres à guérir et à soulager les malades (→ Maladie, cit. 2). Médecine; chirurgie, cure; médicament, médication, remède, soin, traitement; allopathie, homéopathie; et les suff. -logie (posologie, radiologie; ophtalmologie, neurologie…), -thérapie. || Emploi des produits chimiques, des plantes, des sérums et vaccins,… en thérapeutique. || Thérapeutique symptomatique.Thérapeutique scientifique; traditionnelle, magique(→ Granule, cit.). || La thérapeutique des guérisseurs, des sorciers.
1 Il en prit une (fiole) pour énumérer les propriétés de la matière qu'elle contenait, puis une seconde, puis une troisième, et il fit un vrai cours de thérapeutique qu'on semblait écouter avec grande attention.
Maupassant, Pierre et Jean, IX.
2 (1848). Ensemble des moyens de traitement mis en œuvre dans un cas (cit. 14) particulier; ensemble de procédés de traitement (syn. : thérapie).
2 Halpersohn aime l'invention de l'homéopathie, plus à cause de sa thérapeutique que pour son système médical (…)
Balzac, l'Initié, Pl., t. VII, p. 389.
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II Adj. (1865, Cl. Bernard).
1 Qui concerne l'ensemble des actions et pratiques destinées à guérir, à traiter les maladies; apte à guérir. Curatif, médical, médicinal (cit.). || Action thérapeutique de certains agents ou substances (→ Pathologique, cit.). || Efficacité (→ Pénicilline, cit.), vertu thérapeutique. || Indications (cit. 8) thérapeutiques d'une eau minérale.Procédés ( Remède), substances thérapeutiques ( Médicament). || Agents thérapeutiques employés dans l'antisepsie (→ Asepsie, cit. 2). || Cautérisation, fomentation, pulvérisation… thérapeutiques.
3 Harbert recueillit ainsi une certaine quantité de pousses de basilic, de romarin, de mélisse, de bétoine, etc., qui possèdent des propriétés thérapeutiques diverses, les unes pectorales, astringentes, fébrifuges, les autres anti-spasmodiques ou anti-rhumatismales. Et quand, plus tard, Pencroff demanda à quoi servirait toute cette récolte d'herbes :
« À nous soigner, répondit le jeune garçon, à nous traiter quand nous serons malades. »
J. Verne, l'Île mystérieuse, t. I, p. 253 (1874).
Loc. Méd. Avortement thérapeutique.
2 Qui soigne, tend à guérir d'un mal, d'un trouble (psychique, moral).
4 La confession (…) est devenue, dans le coulage et le dévalage actuel du christianisme, un vulnéraire si parfaitement incolore et neutre que sa force thérapeutique sur les âmes doit, en général, être à peu près nulle.
Léon Bloy, le Désespéré, p. 151.
COMP. (Adj.) Sociothérapeutique.

Encyclopédie Universelle. 2012.