Akademik

TATAR
TATAR

TATAR

Au nombre de 6 600 000 sur l’ensemble du territoire soviétique lors du recensement de 1989, les Tatar constituent 3,8 p. 100 de la population russe dans les années 1990. Outre ceux qui habitent sur le cours moyen de la Volga et dans l’Oural — les plus nombreux — qu’on appelle Tatar de la Volga, on rencontre les Tatar d’Astrakan (Koundrof ou Koundro et Karagach) qui, descendants des Nogaï, diffèrent de leurs frères de la Volga par leur genre de vie; quant aux Tatar de Crimée, différents tant par le genre de vie que par la langue, ils sont maintenant dispersés (en 1989, on en dénombrait 272 000, dont 38 000 en Crimée et 189 000 en Ouzbékistan). À la fin de la Seconde Guerre mondiale, après que leur république fut dissoute par ordre du gouvernement soviétique (la R.S.S.A. de Crimée fut dissoute en 1943 et cette dissolution confirmée en 1946) pour «collaboration» avec l’ennemi, la majeure partie de la population tatare fut déportée vers l’Asie centrale; 468 000 Tatar habitent en Ouzbékistan et 328 000 au Kazakhstan. Les Tatar de Lituanie (venus il y a plusieurs siècles de Crimée) semblent totalement assimilés. Enfin, les Tatar de la Sibérie occidentale, s’ils sont proches par la langue des Tatar de la Volga, ont un genre de vie différent.

Les Tatar de la Volga se divisent en deux groupes linguistiques et culturels: les Tatar de Kazan et les Michari. Le groupe le plus important des Tatar de Kazan habite le Tatarstan et le Bachkortostan. Des groupes moins importants se trouvent dans les républiques des Mari (45 000, soit environ 6 p. 100 de la population totale) et d’Oudmourtie (113 000). Le Bachkortostan compte l’une des plus importantes concentrations tatares (1 130 000 au début des années 1990), soit environ le quart de la population totale. Un grand nombre de Michari habite sur la rive droite de la Volga. Des communautés tatares (de Kazan et Michari) vivent dans le Donbass et au Caucase (région de Grozny et Azerbaïdjan). On compte de nombreux Tatar à Moscou, Saint-Pétersbourg et dans les villes de la Volga et de l’Oural. Des groupes de Tatar émigrés vivent en Chine, en Finlande et dans d’autres pays.

1 765 000 Tatar habitent leur république, le Tatarstan, fondée en 1920. Y représentant 49 p. 100 de la population, ils côtoient une forte communauté russe (1 575 000), des Tchouvaches (134 000), des Moraves et des Oudmourtes.

Le terme de Tatar de la Volga est un terme littéraire, car eux-mêmes s’appellent «Tatar». Les Tatar de Kazan s’appellent «Kazanlyk», les Michari «Michar». Parmi les Tatar de la Volga, un petit groupe ethnique mérite d’être signalé, les Kreachen. Christianisés par les Russes, ayant adopté beaucoup de traits de la culture russe, ils n’en continuent pas moins à parler leur langue et à conserver leur genre de vie traditionnel.

La langue tatare fait partie du groupe des langues turques. Elle se divise en de nombreux dialectes qui conservent jusqu’à aujourd’hui des traces des différentes peuplades qui ont formé cette ethnie. La langue littéraire s’est formée sur la base du dialecte de Kazan. Du fait de la liquidation de la R.S.S.A. de Crimée, de la dispersion de sa population tatare et de la supériorité numérique des Tatar de la Volga, il semble que le dialecte de Kazan est en voie de s’imposer à toutes les communautés tatares. L’écriture, sur la base de l’alphabet arabe, est apparue en Tatarie aux XIe et XIIe siècles, venant d’Asie centrale en même temps que l’islam (sunnite). Elle se conserva jusqu’en 1920 et fut remplacé par l’alphabet russe pour des raisons pratiques. À la fin du XIXe siècle, le taux d’alphabétisation était l’un des plus élevés des peuples non russes de l’Empire.

tatar, are [ tatar ] adj. et n.
• 1756; p.-ê. d'apr. le russe tartare
Se disait des populations d'Asie centrale (Mongols) et de Russie orientale.
N. m. Langue turque parlée dans la vallée de la Volga, les monts Oural et la Sibérie.

tatar nom masculin Nom donné à plusieurs langues du groupe turc parlées par les Tatars. (La plus importante est celle parlée par les Tatars de Kazan, appelée souvent tatar sans spécification.) ● tatar, tatare adjectif et nom Qui appartient aux Tatars. ● tatar, tatare (synonymes) adjectif et nom Qui appartient aux Tatars.
Synonymes :
- turco-tatar

tatar, are
adj. et n. m. Des Tatars.
|| n. m. Langue altaïque du groupe turc, parlée par les Tatars.

⇒TATAR, TATARE, adj. et subst.
ETHNOLOGIE
A. — 1. Relatif aux tribus nomades vivant autrefois en Mongolie, puis à l'ensemble des populations turques mahométanes et mongoles qui envahirent la Russie au XIIIe s. sous le commandement de Gengis Khan (v. tartare). Le peuple mongol est alors divisé en tribus (...) qui se battent entre elles avec acharnement quand elles ne tournent pas vers leurs voisins tatars leur agressivité (Ph. CONRAD, La Civilisation des Steppes, Genève, Famot, 1976, p. 112).
Empl. subst. La tente convient à l'Arabe, le chariot au Tatare; mais à une famille qui a un foyer domestique, il faut une demeure qui dure (FUSTEL DE COUL., Cité antique, 1864, p. 72).
2. Relatif aux habitants ou aux régions de Russie occupées par les Tatars et plus spécialement à la région nommée Tatarie, Tatarstan ou République Nationale autonome des Tatares et à une partie de la population de la République de Crimée (fondue avec la République d'Ukraine en 1954). Je suis Russe, c'est-à-dire Tatare de la province de Shyrcoan et musulman, pour vous servir (GOBINEAU, Nouv. asiat., 1876, p. 13). Dans la Dobroudja, aux bouches du Danube, on trouve des villages tatares éparpillés, marquant de petites taches sur la carte linguistique de cette région (SAUSS. 1916, p. 267).
Empl. subst. Les Tatars de Crimée, de Kazan. Les Tatars sont distribués en groupe sibérien (...) groupe caucasien (...) et groupe européen (Lar. 20e).
Loc. adv. À la tatare. À la manière des peuples et coutumes tatares. Elle se tenait dans une chambre, qui, pour être de construction à peu près européenne, n'en était pas moins meublée et accommodée à la tatare (GOBINEAU, Nouv. asiat., 1876, p. 32).
B. — LING. Langues tatares ou, subst. masc. sing., le tatare. Ensemble de langues d'origine mongole et turque parlées en Russie et plus spécialement dans la région de Kazan (Tatarie). Sibérie, dans la langue tatare, signifie terre assoupie. Elle ne l'est plus. Le continent blanc est devenu la région la plus dynamique de l'U.R.S.S. (L'Est Républicain, Magazine dimanche, 15 mai 1988, p. 8-9).
REM. Tatarisme, subst. masc. Particularité, trait marquant propre aux populations tatares. V. ibérisme rem. s.v. ibérique ex. de Giraudoux.
Prononc.:[]. V. tartare. Étymol. et Hist. 1765 géogr. subst. plur. (Encyclop. t. 15: Tartares ou Tatars); 1815 ling. subst. masc. tâtare (A. FABRE D'OLIVET, La Langue hébraïque restituée, vol. 1, XI ds QUEM. DDL t. 26, s.v. ouïghour: Quoique le tâtare oïghoury soit une des langues primitives de l'Asie); 1842 langues tatares (Ac. Compl.). Même mot que tartare par réaction étymol.; cf. le subst. a. fr. tatar « habitant de Tartarie » fin XIIIe-XIVe s., RUSTICIEN DE PISE, Marco Polo, II, éd. Pauthier ds Fonds BARBIER: Culbay Kaan, [...] seigneur des Tatars); v. Lang. Monde, p. 331 et pp. 336-340. Fréq. abs. littér.:13. Bbg. QUEM. DDL t. 26, 34; 7 (s.v. tatarisme).

tatar, are [tataʀ] n. et adj.
ÉTYM. 1756; p.-ê. d'après le russe, où le mot désignait toutes les populations de langue turque. → 1. Tartare.
1 Vx. Se disait des populations d'Asie centrale (Mongols) et de Russie orientale. 1. Tartare.
N. m. Langue turque (groupe ouralo-altaïque) parlée en U. R. S. S.
tableau Classification des langues.
2 Spécialt. D'un ancien peuple d'Asie (tribu mongole ou türk) mentionné par les annales chinoises. 1. Tartare (étym.).

Encyclopédie Universelle. 2012.