SUREAU
SUREAU
Arbuste familier aux usages thérapeutiques étendus, le sureau (Sambucus nigra L.; caprifoliacées) est connu depuis l’Antiquité. Les palafittes d’Annecy (env. \SUREAU 2500-\SUREAU 1800) ont livré ses graines en masse. Il est prescrit comme diurétique et laxatif par les hippocratiques (\SUREAU IVe s.) et par Dioscoride (Ier s.), lequel signale de nombreuses indications externes, et il reste en usage tout au long des temps historiques (particulièrement au XVIIe s., apogée de la médecine purgative), et çà et là, dans les campagnes, jusqu’à nos jours.
Écorce, feuilles, fleurs et fruits ont des emplois médicinaux distincts, au moins en partie. L’écorce interne des rameaux (revêtant le bois sous la couche de liège superficielle), très riche en nitrate de potassium, contient de la résine purgative, du tanin, des traces d’huile essentielle, de l’acide valérianique, des alcaloïdes (conicine, sambucine). Puissamment diurétique, elle est aussi laxative, analgésique, sédative, mais dangereuse à fortes doses (accidents nerveux, irritations). On l’emploie pour traiter: hydropisies, ascite, anasarque, œdèmes, néphrites aiguë et chronique, rétention d’urine, rhumatismes. En faisant macérer, pendant 48 h, 10 g d’écorce dans 1 litre de vin blanc, on obtient un vin diurétique (prendre 100 à 200 g par jour, progressivement). Décoction purgative: 20 à 30 g d’écorce (ou de feuilles) pour 1/2 l d’eau ou de lait (prendre à jeun en 3 ou 4 prises espacées). La teinture de plante entière, aux mêmes indications, est de surcroît analgésique (sciatique, douleurs dentaires, névralgies). Les feuilles et les jeunes pousses feuillées, fraîches, ont les mêmes emplois (décoction: 20-30 g/l); en usage externe, elles sont résolutives et vulnéraires (après broyage). Les fleurs , diurétiques et laxatives quand elles sont fraîches, sont très sudorifiques après séchage. Utiles dans la grippe, les affections aiguës des voies respiratoires, les fièvres éruptives, les rhumatismes, certaines dermatoses (considérées autrefois comme spécifiques de l’érysipèle), elles seraient galactogènes. On les emploie en infusion (10 à 30 g/l), à raison de trois tasses par jour. En usage externe, on les dit adoucissantes et résolutives. La décoction concentrée (100 g/l) est utile en lotions ou compresses sur dermatoses, inflammations et brûlures. Les fruits ont une composition en partie voisine de celle de l’écorce, avec en outre: sucres (4,5 à 6 p. 100), acides, pectine, pentosanes, glucoside cyanhydrique (avant maturité), matière colorante (sambucoside). Ils sont laxatifs, diurétiques, sudorifiques et particulièrement analgésiques, comme l’écorce. On en fait un sirop médicinal, de la confiture (en user modérément), des teintures. La décoction concentrée des feuilles est insecticide.
Dans le folklore européen des plantes, le sureau est un arbre magique, ici protecteur, là malfaisant. C’est l’un des simples de la Saint-Jean.
sureau [ syro ] n. m.
• 1545; a. champenois suraut (1360); de seür (1105), altér. de seü, saü, lat. sabucus, sambucus
♦ Arbre ou arbrisseau (caprifoliacées) dont le bois très léger renferme un large canal médullaire et dont la fleur odorante donne des grappes de baies rouges (sureau rouge) ou noires (sureau noir). Un « sureau laisse mûrir au soleil des myriades de baies noires et brillantes » (Genevoix). Des sureaux. Évider une tige de sureau pour faire une sarbacane, un mirliton.
⊗ HOM. Suros.
● sureau nom masculin (ancien français seur, altération de seu, du bas latin sabucus) Arbre ou arbuste (caprifoliacée) à croissance rapide et dont les tiges ont une moelle importante. ● sureau (homonymes) nom masculin (ancien français seur, altération de seu, du bas latin sabucus) suraux adjectif pluriel suros nom masculin
sureau
n. m. Arbuste (Fam. caprifoliacées) dont les fleurs hermaphrodites en corymbe donnent un fruit noir ou rouge et dont le bois renferme un large canal médullaire.
⇒SUREAU, subst. masc.
Arbuste au bois léger, à la moelle tendre et abondante, donnant des fleurs blanchâtres très odorantes en grappes et des baies d'un noir violacé ou d'un rouge très vif. Bosquet de sureaux; branche, baie de sureau. Les sureaux abondaient dans l'île, vers l'embouchure du Creek-Rouge, et les colons employaient déjà en guise de café les baies de ces arbrisseaux (...). Ainsi donc, cette moelle de sureau, c'est-à-dire la cellulose, il suffisait de la récolter (VERNE, Île myst., 1874, p. 282). Je ne passerai même plus devant la porte, au-dessus de laquelle un sureau laisse pendre les raquettes blanches de ses fleurs (COPPÉE, Bonne souffr., 1898, p. 65). V. sarbacane A ex. de Moselly.
— BOT. Plante dicotylédone de la famille des Caprifoliacées dont il existe plusieurs variétés réparties dans toutes les zones tempérées ou chaudes du globe. Sureau rouge; sureau du Canada. Les arbrisseaux sont aussi très-nombreux: on y voit le petit saule, le laurier de plusieurs espèces, le sureau nain, le sureau vénéneux (BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, 1802, p. 172).
— PHARM. Partie de cette plante servant à diverses préparations, en particulier des sudorifiques, des anti-inflammatoires locaux, des anti-rhumatismaux, des purgatifs. Tisane, thé, infusion, sirop de sureau; rob de sureau; miel de baies de sureau; huile de fleurs de sureau. J'ai voulu prendre de l'eau de sureau chaude, pour transpirer (STENDHAL, Corresp., t. 3, 1831, p. 44). Vous allez me dire: « Une médecine coûte deux ou trois francs! » Se purger avec du sureau, gratté comme une carotte qu'on met dans la soupe (GONCOURT, Journal, 1862, p. 1131).
— CUIS. Le sureau est aussi entré dans l'art culinaire: ses baies fournissent de la confiture et sont distillées en eau-de-vie fine, les fleurs, cuites en pâte à friture, donnent des gâteaux et beignets (Encyclop. de l'Alsace, Strasbourg, Éd. Publitotal, t. 12, 1986, p. 7204). Vin de sureau. Les fleurs et les fruits [du sureau] servent à confectionner des boissons fermentées; le vin de sureau est un vieux remède contre la toux (O. POLUNIN, Arbres et arbustes d'Europe, Paris, Delachaux et Niestlé, 1983, p. 195). Vinaigre de sureau. Vinaigre préparé avec une infusion de fleurs de sureau. Synon. surard (infra rem.). On usait alors d'une grande variété de vinaigres: vinaigres doux, vinaigres de sureau, de moutarde, vinaigres de santé qu'Olivier de Serres aromatisait de fleurs d'églantier (Gdes heures cuis. fr., Éluard-Valette, 1964, p. 254).
REM. Surard, adj. et subst. masc., cuis. Vinaigre surard, p. ell., surard. (Vinaigre) préparé avec des fleurs de sureau que l'on fait infuser pour le parfumer. (Dict. XIXe et XXe s.).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. GATTEL 1841 a une forme suzeau. Étymol. et Hist. 1360 suraut (Ordonn. des Rois de France, t. 3, p. 417); [1527 sureau (d'apr. BL.-W.5, s. réf.)] 1530 sureau (PALSGR., p. 193b: alder tree sureau). Dér., au moyen du suff. -eau, de l'a. fr. seür « sureau » (1174-78, ÉTIENNE DE FOUGÈRES, Manières, éd. R. A. Lodge, 312), lui-même dér., au moyen d'une finale -r d'orig. obsc., de l'a. fr. seü « sureau » (1176, CHRÉTIEN DE TROYES, Cligès, éd. A. Micha, 4725), issu du lat. sabucus, var. de sambucus « sureau » (v. FEW t. 11, p. 8). Fréq. abs. littér.:137. Bbg. JORET (Ch.). Gloss. des noms de plantes. Romania. 1889, t. 18, p. 581. — KELLER (H. E.). Notes d'étymol. gallo-rom. et rom. R. Ling. rom. 1962, t. 26, pp. 146-155. — STEFEN (M.). Vox rom. 1954/55, t. 14, p. 206.
sureau [syʀo] n. m.
ÉTYM. 1530; anc. champenois suraut, 1360; de seür, 1105, altér. de seü, saü, lat. sabucus, sambucus.
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♦ Arbre ou arbrisseau (Caprifoliacées) dont le bois très léger renferme un large canal médullaire et dont la fleur odorante donne des fruits en grappes de boules rouges (sureau rouge) ou noires (sureau noir). || Une haie de sureaux (→ aussi Fourré, cit. 1; houppé, cit. 8). || Moelle de sureau. || Évider une tige de sureau pour faire une sarbacane, un mirliton… || Bois de sureau utilisé en tabletterie. || La fleur de sureau est un sudorifique. || Vinaigre parfumé au sureau. ⇒ Surard. || Rob, confiture de sureau.
0 Près de cette fenêtre, un vieux sureau laisse mûrir au soleil des myriades de baies noires et brillantes.
M. Genevoix, Forêt voisine, I.
➪ tableau Noms d'arbres, arbustes et arbrisseaux.
➪ tableau Noms de plantes médicinales.
♦ Bois, écorce de sureau. || Seringue de sureau pour lancer de l'eau (⇒ Clifoire), des boulettes (⇒ Pétoire).
♦ Baies de sureau. || Alcool de sureau.
➪ tableau Noms de fruits.
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HOM. Suros.
Encyclopédie Universelle. 2012.