SOLOMON
SOLOMON 1902-1988
De son vrai nom Solomon Cutner, ce pianiste anglais verra sa carrière prématurément interrompue par la maladie. Il voit le jour à Londres le 9 août 1902 et commence très tôt l’étude du piano à la Royal Academy of Music, avec Mathilde Verne, une élève de Clara Schumann. Il donne son premier concert au Queen’s Hall le 30 juin 1911, en jouant le Premier Concerto de Tchaïkovski. Puis, ce sont le Premier Concerto de Beethoven et la Fantaisie hongroise de Liszt, sous la direction de sir Henry Wood. Il se trouve alors engagé dans une carrière d’enfant prodige, pour laquelle il adopte son prénom comme pseudonyme. Devant le développement trop rapide de cette carrière, ses parents décident, en 1917, une interruption momentanée pour lui permettre de travailler avec d’autres maîtres. Il séjourne à Paris où il est l’élève de Lazare Lévy et de Marcel Dupré. Après cinq années de travail intense, il éprouve une véritable répulsion pour le piano et cesse toute activité pendant quelque temps, sur les conseils de sir Henry Wood. Lorsqu’il reparaît en public, en 1923, il retrouve d’emblée les succès d’antan. Il fait ses débuts aux États-Unis en 1926 et enregistre son premier disque en 1928. Il s’affirme alors comme l’une des figures marquantes du piano en Grande-Bretagne et voit sa carrière s’étendre dans le monde entier. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il joue pour les troupes alliées sur les différents fronts et donne la quasi-totalité de ses concerts à des fins caritatives. En 1946, il est décoré de l’ordre du British Empire (C.B.E.) et reprend une activité internationale. Passionné de musique de chambre, il joue avec le violoncelliste Gregor Piatigorsky et l’altiste Lionel Tertis. En 1955, il forme un trio au festival d’Édimbourg avec Zino Francescatti et Pierre Fournier. Un an plus tard, profondément marqué par la mort de son père, il est victime d’une attaque d’hémiplégie qui lui laisse le bras droit paralysé. Il doit alors interrompre sa carrière; il meurt à Londres le 2 février 1988.
Solomon a été l’un des premiers artisans d’un renouveau du classicisme dans l’interprétation pianistique. Sa démarche s’imposait par sa clarté et sa pudeur: aucun effet qui ne soit écrit, aucune démonstration de virtuosité, avant tout une grande économie de moyens au service du texte. Il se dégageait de ses exécutions un raffinement subtil qui n’allait jamais à l’encontre d’une grande générosité et d’un enthousiasme communicatif. Ses penchants naturels le guidaient vers Mozart, Beethoven et Brahms, auxquels il avait consacré plusieurs disques aux premiers temps du microsillon. Mais il s’est aussi intéressé à la musique de son temps, créant notamment deux œuvres d’Arthur Bliss, sa Sonate pour alto et piano (avec Lionel Tertis, 1933) et son Concerto pour piano (New York, 1939), écrit à son intention. Il laisse une importante discographie (près d’une centaine de titres), principalement réalisée sous la direction artistique de Walter Legge pour E.M.I.
Encyclopédie Universelle. 2012.