⇒ASSOURDI, IE, part. passé et adj.
I.— Part. passé de assourdir.
II.— Emploi adj.
A.— [En parlant d'une pers.] Rendue sourde de façon passagère :
• 1. Guillaume fut comme éveillé en sursaut. Pris de la même anxiété, il tendit également l'oreille. Ils restèrent ainsi un instant, tous deux demi-courbés, assourdis et étouffés par les battements de leur cœur.
ZOLA, Madeleine Férat, 1868, p. 150.
B.— Plus fréquemment. [En parlant d'un inanimé] Dont le son, la sonorité, l'éclat sont fortement atténués.
1. [En parlant d'un son, d'un bruit] :
• 2. Relégué et verrouillé dans sa loge, à l'écart du monde, à peine percevait-il le va-et-vient de la basse-cour autour de lui, l'aboi étouffé d'un chien, le chant assourdi d'un coq...
PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p. 74.
— P. métaph. :
• 3. ... Joseph entra de plain-pied, avec une tranquille aisance, dans un univers mystérieux, assourdi, étouffé par des tapis épais comme des toisons, par des tapis feutrés comme des prairies, ...
G. DUHAMEL, La Passion de Joseph Pasquier, 1945, p. 142.
SYNT. Chant lointain et assourdi (ZOLA, Une Page d'amour, 1878, p. 918); choc assourdi; le pas assourdi d'un passant attardé (MURGER, Scènes de la vie de jeunesse, 1851, p. 195); voix d'un timbre assourdi (ESTAUNIÉ, L'Empreinte, 1896, p. 253).
— MUS. [En parlant du timbre d'un instrument] :
• 4. ... quelque chose comme des moires lumineuses... s'élargissait, et des espèces de bruits indéfinissables, musique lugubre, il semblait, de tympanons voilés et de trompettes assourdies (...) pleuraient, ronflaient, ...
VERLAINE, Œuvres posthumes, t. 1, Histoires comme ça, 1896, p. 342.
♦ [En parlant d'un morceau de mus.] :
• 5. Mais dans le pacem, le dessin est à la fois plus assourdi et plus heurté que dans la freude, où il est très fortement appuyé, mais coule plus librement, sans se heurter et se replier, comme dans le dona, aux angles des troisième et sixième temps. La paix est loin d'avoir l'assurance de la joie.
R. ROLLAND, Beethoven, t. 2, 1928, p. 404.
2. [En parlant d'une couleur] :
• 6. La couleur rutilante du premier [Rubens] fait place à la sourde complaisance du second [Van Dyck] pour le noir et le blanc, pour les tonalités épuisées de l'automne : ors cuivrés, rouges assourdis et profonds, jaunes éteints viennent s'associer au froid des bleus. La chaleur des pleins midis d'été s'est changée en splendeurs mourantes du crépuscule et de l'arrière-saison. L'ombre monte et étouffe la clarté.
HUYGHE, Dialogue avec le visible, 1955, p. 296.
SYNT. Beige si pâle, si assourdi de la robe (DU BOS, Journal, 1927, p. 350).
3. [En parlant d'un parfum] Un parfum discret et assourdi (THEURIET, La Maison des deux barbeaux, 1879, p. 145).
C.— Au fig. (ou par synesthésie), rare. Dont la manifestation est atténuée. Sympathie assourdie (GRACQ, Un Beau ténébreux, 1945, p. 134).
PRONONC. :[].
Encyclopédie Universelle. 2012.