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PÉDOPHILIE
PÉDOPHILIE

PÉDOPHILIE

Le mot «pédophilie» est un néologisme forgé à partir de deux termes grecs – pais , paidos , «enfant», et philia , «amitié», «attirance» –, pour désigner spécifiquement une forme d’organisation psychique perverse qui a longtemps été confondue avec la notion d’homosexualité. Cet «amour des enfants» désigne la structuration psychique d’un sujet ayant un désir préférentiel pour les rapports sexuels avec les enfants et les adolescents. Plus répandue chez l’homme que chez la femme, cette attirance est souvent indifférenciée quant au sexe de l’enfant, et reste généralement de l’ordre du fantasme. Lorsqu’elle est mise en acte, elle peut recourir à la violence et parfois même prendre un tour sadique et meurtrier. La définition ainsi dégagée recouvre une réalité qui est sans le moindre doute coextensive à l’histoire humaine, mais dont les multiples exemples – de la pédérastie célébrée par les Grecs à la figure monstrueuse d’un Gilles de Rais –, révèlent d’emblée l’ambiguïté entretenue par toutes les sociétés à son endroit. Entre la pratique initiatique codifiée et la condamnation formelle, entre la répression féroce et aveugle pratiquant l’amalgame et la feinte ignorance, il semble que la rationalité sociale ait recouru à toutes les ruses pour ne pas être ici déjouée ou trahie. Il faut attendre le XIXe siècle pour que les médecins aliénistes, en entreprenant une analyse clinique de la folie, inaugurent l’investigation scientifique du psychisme humain. C’est cette première nosographie psychiatrique qui, en définissant la catégorie des perversions, a fourni le cadre de la prise en compte contemporaine de la pédophilie en tant que trouble du psychisme. Actuellement, la dixième classification internationale des maladies (C.I.M.), éditée par l’O.M.S., range la pédophilie dans la catégorie des «troubles de la préférence sexuelle», expression qui a été substituée au terme de «perversion», pris toujours en un sens péjoratif par le langage commun. Le fétichisme, l’exhibitionnisme et le sadisme sexuel figurent dans la même catégorie. L’homosexualité, après de nombreuses hésitations, en a été exclue.

La médicalisation de la pédophilie n’a pas entraîné son exclusion du champ de la répression pénale. Le principe traditionnel d’exonération de la responsabilité pénale de l’individu déclaré dément n’a pas trouvé à s’appliquer dans cette hypothèse où le délinquant, du point de vue du juriste et du psychiatre, reste parfaitement conscient lors de l’acte, qui plus est fréquemment prémédité. En France, le nouveau Code pénal de 1994 vise la pédophilie dans la section intitulée «De la mise en péril des mineurs», où l’article 227-25 punit de deux ans de prison et de 200 000 francs d’amende «le fait, par un majeur, d’exercer sans violence, contrainte, menace ni surprise une atteinte sexuelle sur la personne d’un mineur de quinze ans». Suivant les cas, cette même atteinte commise avec violence, contrainte, menace ou surprise peut porter la peine de sept ans d’emprisonnement et 700 000 francs d’amende à la réclusion criminelle à perpétuité (section «Des agressions sexuelles», art. 222-22 sqq.). Ainsi, le droit refuse d’opérer une distinction de nature entre une «pédophilie douce», qui n’userait que de séduction et invoquerait pour sa défense le consentement et le plaisir de l’enfant, et une pédophilie violente qui seule mériterait de tomber sous le coup de la loi.

Ce faisant, il recoupe l’approche psychiatrique qui renvoie la pédophilie, quelle que soit sa traduction en acte, à la logique commune – quoique infinie dans ses versions – de la perversion. Pour sa part, la démarche psychanalytique mit au jour la formidable violence de ces logiques, toutes alimentées par une compulsion narcissique de la toute-puissance niant la loi du Père, celle de l’altérité et de la culpabilité, qui fonde la vie en société.

Les médications proposées – une «camisole chimique» aux effets mal évalués qui a remplacé aujourd’hui la castration chirurgicale usitée naguère dans certains pays – et une répression judiciaire accrue qui s’en remet à la solution de l’enfermement peuvent tenter d’apaiser une opinion horrifiée par la gravité et la multiplication des cas rendus publics ces dernières années. Elles n’en sont pas moins l’aveu d’un renoncement presque total, seulement combattu par quelques analystes travaillant en milieu pénitentiaire, à penser cette question en termes thérapeutiques. Se trouve ainsi pérennisée, sous les traits scientifiques du pédophile psychopathe – état limite (border-line ) qui peut conduire au meurtre répété – la figure du monstre incurable et inamendable, hors humanité.

pédophilie [ pedɔfili ] n. f.
• 1969; de pédophile
Didact.
1Attraction sexuelle pour les enfants.
2Spécialt pédérastie (1o).

pédophilie nom féminin Attirance sexuelle d'un adulte pour les enfants, filles ou garçons ; relation physique avec un mineur. (En France, la minorité qui, au plan pénal, était auparavant de 15 ans, va désormais jusqu'à 18 ans.)

pédophilie
n. f. Didac. Attirance sexuelle pour les enfants.

pédophilie [pedɔfili] n. f.
ÉTYM. XXe; de pédophile.
Didact. Attirance sexuelle pour les enfants. || Pédophilie inconsciente. || Pédophilie homosexuelle, hétérosexuelle.Pédophilie et détournement de mineurs.

Encyclopédie Universelle. 2012.