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PERSONA
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PERSONA

Le mot latin persona désignait le masque de l’acteur. Puis il a signifié le personnage ou le rôle. «Personne» et ses dérivés en proviennent. Carl Gustav Jung reprend ce terme vers 1920 pour désigner une instance psychique d’adaptation de l’être humain singulier aux normes sociales.

D’une façon très générale, la persona est le masque que tout individu porte pour répondre aux exigences de la vie en société. La persona donne à tout sujet social une triple possibilité de jeu: «apparaître sous tel ou tel jour», «se cacher derrière tel ou tel masque», «se construire un visage et un comportement pour s’en faire un rempart» (Dialogue du moi et de l’inconscient ). Nous prenons un visage de circonstance, nous jouons un rôle social, nous nous différencions par un titre (docteur, professeur, maître, colonel, etc.), autant d’effets de cette fonction psychique que la persona recouvre. Si le sens de «masque» semble porter une connotation négative, en fait la persona correspond à une fonction générale de socialisation dont l’aspect «duperie» est plus l’exception que la règle.

S’adapter à la société («faire sa place au soleil») est une nécessité qui remplit toute la première partie de la vie humaine. Cette tâche d’intégration sociale exige de chaque sujet un investissement considérable d’énergie. Elle oblige à cacher des pans entiers de la vie intérieure et à laisser en friche la quasi-totalité des possibilités créatrices de l’individu. Durant tout ce temps, la persona est d’une importance capitale. Le sujet se doit d’apprendre à maîtriser les structures d’adaptation. Mais l’adaptation, plus ou moins réussie selon les cas, n’est pas, selon Jung, la finalité de la vie psychique. Elle ne représente qu’une condition pour pouvoir, dans la seconde partie de la vie, aller «à la découverte de son âme». Pour nombre de sujets sociaux, la «crise des quarante ans» (la «demi-vie» selon l’expression jungienne) est d’abord une crise de la persona; elle correspond à une impossibilité de continuer à se mentir à soi-même en s’identifiant à la persona. Selon Jung, cette crise, loin d’être pathologique, est hautement souhaitable et correspond à un retour sur soi de la conscience. Elle répond à une exigence intérieure de recherche d’un sens à sa vie, par-delà les préjugés, les opinions, les valeurs collectives.

Cette approche de la persona semble en faire une notion relativement simple. En fait, la simplicité n’est qu’apparente et bien des aspects de cette notion jungienne annoncent des élucidations psychologiques ultérieures, menées par d’autres auteurs ou d’autres écoles. C’est ainsi que des parallèles peuvent être faits, entre autres, avec Abraham Maslow et sa psychologie des métavaleurs et des métabesoins, Rollo May et la psychologie existentielle qui interroge l’homme-en-situation, la psychologie des rôles telle que l’étudient l’analyse transactionnelle ou les techniques de psychodrame, l’œuvre d’Éric Fromm comme réflexion sur le rapport «relation sociale-création personnelle». Gilbert Durand a esquissé comment la notion de persona peut introduire à la constitution d’une «sociologie des profondeurs»; et Pierre Solié, en prolongeant la métapsychologie jungienne, a tenté de dégager les formes archétypes qui relient le sociologique et l’organisation de la psyché en mettant en relation la persona avec d’autres «actants» qui composent le moi: double, ombre, idéal du moi, surmoi, moi idéal, complémentaire, contraire.

persona [pɛʀsɔna] n. f.
ÉTYM. D. i.; en all., Jung; latin persona.
Psychan. (Dans la théorie de Jung). Comportement qu'un individu adopte artificiellement dans sa vie en société et qui n'est pas le reflet exact de son moi. Rôle (social).

Encyclopédie Universelle. 2012.