⇒JEAN-, élém. de compos.
Nom propre entrant comme élém. initial dans la compos. de subst. masc., gén. dépréc., désignant des personnes.
A. — [Le 2e élém. est un subst.] V. jean-foutre et aussi :
jean-fesse, subst. masc. inv., pop., péj., vieilli. Supplétif atténué de jean-foutre. Jean-Jacques Rousseau (...) était un jean-fesse qui prétendait tirer sa morale de la nature et qui la tirait en réalité des principes de Calvin (FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 80). Ce livide sourire de Jean-Fesse à quoi se reconnaît le catholique honteux (BERNANOS, Gde peur, 1931, p. 117). Rem. On relève le plur. jean-fesses : Monsieur, dit Ernest en prenant le bras de Giraud et le lui serrant avec force, allez dire de ma part à tous ceux qui vous ont tenu ces propos que ce sont des jean-fesses (KOCK, Cocu, 1831, p. 181).
Jean-Peuple, subst. masc., hapax. Homme du peuple. L'amant trompé est importun pour sa maîtresse, le solliciteur l'est pour le ministre, le créancier pour son débiteur, le malheureux pour le philanthrope, Jean-Peuple pour les gens qu'il a obligés (BALZAC, Œuvres div., t. 2, 1831, p. 319).
jean-sucre, subst. masc., hapax. Supplétif euphémique de jean-foutre. Peu après il entendit gratter à cette porte. — Quel est le jean-sucre, s'écria-t-il en jurant de toute la force de ses poumons, quel est le jean-sucre qui vient ici m'apporter sa sotte présence? (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 234).
— [Le 2e élém. est un syntagme nom.] :
jean-bout-d'homme, subst. masc., hapax. Homme faible, petit. Ses coudes, ses omoplates de coutil neigeux, baisant rudement le dur pavé fangeux (...) tandis que le dolent jean-bout-d'homme voit trente-six chandelles et plus encore (VERLAINE, Œuvres compl., t. 4, 1886, Mém. veuf, p. 285).
B. — [Le 2e élém. est un syntagme verbal] :
Jean-prend-tout, subst. masc., hapax. Je te connais, reprit Marche-à-terre, pour être un de ces bons Jean-prend-tout, qui aiment autant donner des coups que d'en recevoir, quand il n'y a que cela à choisir (BALZAC, Chouans, 1829, p. 364).
jean-s'en-fiche, subst. masc., hapax. Synon. je-m'en-foutiste, je-m'en fichiste. Auguste Broca (...) jouait, à l'opposé de Poirier, son émule, le débraillé, le bohème, le jean-s'en-fiche (L. DAUDET, Dev. douleur, 1931, p. 78).
Rem. Jean, prénom masc. très répandu, a eu une fortune partic. dans la phraséologie et le lex. pop. Il est entré dans des loc. dont certaines sont encore bien vivantes (p. ex. Gros-Jean comme devant, s.v. Gros-Jean). Employé seul il a désigné le « sot », le « cocu » (emplois vx encore enregistrés dans Lar. Lang. fr.). En tant qu'élém. de mots composés, il a appartenu à des termes à valeur dépréc. marquée [v. supra ainsi que Jean-Bête « imbécile » (DELVAU 1883, FRANCE 1907), Jean le cul, même sens (FRANCE 1907)] ainsi qu'à la dénomination pop. de certaines professions : Jean de la suie « savoyard, ramoneur » (DELVAU 1883, FRANCE 1907), Jean Guêtré « paysan » (ibid.), Jean-Raisin « vigneron » (ibid.). L'homon. avec le subst. gens a pu jouer un rôle dans la formation ou la diffusion des composés formés de cet élément.
Prononc. et Orth. : []. Ds les loc. avec ou sans trait d'union. Jean-Bête, Jean-Raisin, mais Jean de la suie, Jean Guêtré (supra rem.).
BBG. — QUEM. DDL t. 19 (s.v. jean cul).
jean-
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♦ Élément de mots composés de formation populaire, tiré du prénom Jean. ⇒ Jean-fesse, jean-foutre, jean-jean, jean-le-blanc.
Encyclopédie Universelle. 2012.