PAMPA
PAMPA
La Pampa argentine est originale par la mise en valeur et l’organisation de son espace, aussi étendu que le territoire français. La moitié de la population du pays y réside (dont les dix millions d’habitants du Grand Buenos Aires). C’est la région la plus peuplée d’Argentine et celle dont les infrastructures sont le plus développées. Elle bénéficie d’un dense réseau de voies ferrées et de routes. On ne saurait trop insister sur l’exceptionnelle rencontre d’une voie fluvio-maritime et d’une plaine naturellement et remarquablement fertile, propice aux grandes cultures de grains et d’oléagineux, qui est à l’origine de l’étonnante prospérité que connut l’Argentine de 1900 à 1930. La poursuite de l’élevage, la culture des céréales, du maïs, du soja et du tournesol donnent à la Pampa un poids économique considérable en Argentine, malgré une productivité assez faible. Depuis les années 1980 s’est accentué le déclin du blé, que compense mal l’essor tardif du maïs, et plus encore du sorgho, mieux adapté aux risques de sécheresse. L’élevage de bœufs de boucherie connaît, tous les deux ou trois ans, un essor auquel succède bientôt une stagnation sinon une récession. Plus d’un tiers du cheptel bovin est concentré dans les pâtures de la province de Buenos Aires. L’Argentine, qui est un des pays les plus endettés du monde, devient de moins en moins capable de tenir sa place, naguère une des premières, sur un marché mondial en pleine expansion. Cette incapacité à produire s’explique par l’histoire agraire, qui privilégie la grande propriété et bloque l’expansion spatiale des petites exploitations. Elle est ainsi le fruit d’une contrainte et d’un choix qui tiennent aux structures les plus fondamentales du pays. Les estancieros , assurés par l’ampleur des surfaces qu’ils exploitent de la constance et de l’importance de leur revenu global, pour minime que soit le produit brut à l’hectare, choisissent un «profil bas» de production qui limite au minimum investissements, coûts et responsabilités. C’est ainsi que la prairie naturelle recouvre les trois quarts de l’espace pampéen. À son tour, la faiblesse des coûts unitaires permet de se plier à la contrainte qu’impose l’État: il s’efforce de limiter les prix à la production des denrées de base pour maintenir le bas niveau des salaires des secteurs industriels et tertiaires, et pour financer l’équipement (ou la gestion) du pays grâce à de forts prélèvements tarifaires sur les exportations pratiquées aux cours mondiaux. Cette contrainte de prix explique l’impossibilité, pour les petits exploitants, d’intensifier leur production, car cela impliquerait des investissements, en machines et en engrais, prohibitifs compte tenu des prix d’achat de leurs récoltes. Ils recherchent alors un «profil moyen» qui, dans le cas le plus favorable, celui des «colonies» de Santa Fe, revêt la forme d’une polyculture commercialisée associée à un élevage laitier sommaire et excluant toute spéculation sur la viande; de même, il paraît exclu d’envisager la transformation sur place des grains et oléagineux destinés à l’engraissement des animaux d’Europe occidentale et du Japon. Les profondes disparités de la mise en valeur, liées à la nature et plus encore à l’histoire, introduisent des déséquilibres marqués dans l’espace pampéen: l’immensité des zones vides d’hommes, parce que livrées presque exclusivement à l’élevage extensif, surprend: zones naisseuses en milieu semi-aride du sud de San Luis, de la Pampa centrale ou du nord de Córdoba, ou encore dans les domaines inondables du sud-est de Buenos Aires, secteurs d’embouche de la frange sèche qui s’étend du sud-est de la province de Córdoba et du sud de celle de Santa Fe jusqu’au nord de Bahía Blanca. Les petits centres urbains fort actifs qui regroupent toutes les activités de services bancaires, commerciaux, techniques, administratifs, se situent à la charnière de ces espaces pastoraux et des aires de colonisation avancées de l’Ouest. La pampa humide, proche de Buenos Aires, de Santa Fe et de Rosario présente une image déjà différente, où alternent des estancias sous-exploitées et de vastes zones de colonisation agricole densément peuplées et morcelées en unités de polyculture (maïs, tournesol, blé, lin, fourrages artificiels, lait); ces zones de culture intensive possèdent un réseau serré de coopératives de commercialisation (et d’industrialisation pour le lait) installées dans les grosses bourgades où les colons ont transféré leur résidence. Córdoba et Bahía Blanca, Rosario et Santa Fe jalonnent la région dite du «littoral» à la fois densément urbanisée et fortement industrialisée: sur 400 kilomètres jusqu’aux abords du Grand Buenos Aires, quelques-unes des plus importantes usines du pays s’égrènent le long du cours du Paraná: raffineries et pétroléochimie de San Lorenzo, de Campana et de Zarate; sidérurgie de San Nicolás, de Constitución et de Ramallo; fabrication de cellulose et de pâtes à papier de Capitán Bermúdez. De plus, nombre d’industries métallurgiques et mécaniques ainsi que des unités de transformation des produits agricoles essaiment dans les campagnes, sur une centaine de kilomètres de profondeur. On peut ainsi définir une véritable région industrielle du bas Paraná, dans laquelle le fleuve a favorisé l’implantation des usines consommatrices de produits pondéreux, tandis que les centres ruraux attirent des activités plus diversifiées qui profitent des ressources en main-d’œuvre, parfois des capitaux locaux, et enfin de la situation sur l’une des principales voies de communication.
pampa [ pɑ̃pa ] n. f.
• 1716; mot d'Amérique lat., empr. à une langue indigène
♦ Vaste plaine d'Amérique du Sud, dont le climat et la végétation sont ceux de la steppe. Les gauchos de la pampa.
● pampa nom féminin (espagnol pampa) En Amérique du Sud, région de prairie caractérisée par la présence de plus de 300 espèces végétales, presque exclusivement des graminées dures, riches en tissus scléreux et à feuilles étroites, parfois silicifiées.
Pampa
(la) vaste plaine herbeuse d'Argentine centrale, entre les Andes et l'Atlantique S., au sol fertile. Le N.-E., plus humide, est une région de culture (blé, maïs) et d'élevage bovin (et ovin dans l'O. et le S.). La prov. de La Pampa (ch.-l. Santa Rosa) s'étend sur une partie de cette plaine, au N. de la Patagonie.
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Pampa
n. f. Vaste plaine d'Amérique du Sud, à végétation principalement herbacée.
⇒PAMPA, subst. fém.
Vaste plaine herbeuse de l'Amérique du Sud. Pampas de l'Argentine; boeufs des pampas. Il y a encore, de l'autre côté de l'Équateur, des solitudes immenses, de vierges déserts, des forêts où l'on ne pénètre qu'à coups de hache, d'incultes pampas où galopent les chevaux sauvages (COPPÉE, Franc-parler I, 1894, p.398).
♦Herbe des pampas. ,,Plante vivace de quelques mètres de haut, en gros buissons, à feuilles grisâtres assez nombreuses, droites mais assez longues et coupantes; fleurs en longs épis argentés et plumeux`` (F. BIANCHINI, A. CARRARA PANTANO, Le Guide vert, Paris, éd. Solar, 1975, p.198). Des roseaux gigantesques, semblables à ceux que nous appelons «l'herbe des pampas», porteurs de grands panaches gris de chanvre, de la plus grande beauté (GIDE, Voy. Congo, 1927, p.829).
— P.anal. Vaste plaine où galopent des chevaux. C'était une partie de chasse ou de pêche en Camargue, vers l'étang du Vacarès, parmi les boeufs et les chevaux sauvages librement lâchés dans ce coin de pampas (A. DAUDET, Trente ans Paris, 1888, p.171).
— P.métaph. Il est tantôt sur les cimes, tantôt dans les bas-fonds, jamais dans la plaine parcourue, dans les pampas de l'âme (HUYSMANS, Là-bas, t.2, 1891, p.97).
Prononc. et Orth.:[]. Att.ds Ac. dep. 1878. Plur. des pampas. Étymol. et Hist. 1716 (FRÉZIER, Relation du voy. de la mer Sud aux côtes du Chili et du Pérou, p.76 ds ARV.); de nouv. 1831 (J.-B.-J. D'OMALIUS D'HALLOY, Éléments de géologie, 529 ds FEW t.20, p.74b). Mot hisp.-amér. qui désigne spéc. la vaste plaine d'Amérique du Sud (.VIIes., COR.-PASC. et AL.), lui-même empr. à l'aymara et au quitchua pampa «id.», proprement «plaine». Voir FRIED. et FEW loc. cit. Fréq. abs. littér.:101.
DÉR. Pampero, subst. masc. ,,Vent et coup de vent froid du sud ou du sud-ouest sur les pampas de l'Amérique du Sud`` (VILLEN. 1974). Nous avancions dans le vent, contre ce pampero du Sud, à cause duquel (...) aucun arbre n'aime la pampa (MORAND, Air indien, 1932, p.47). — []. Au plur. des pamperos. — 1re attest. 1771 [éd.] (L.-A. DE BOUGAINVILLE, Voy. autour du monde par la frégate, 1re part., p.42); mot esp. de même sens (v.AL. et COR.-PASC.), dér. de pampa. Voir FEW t.20, p.74b.
pampa [pɑ̃pa] n. f.
ÉTYM. 1716; rare jusqu'au XIXe; esp. pampa; mot d'Amérique lat., empr. à un terme commun à plusieurs langues indiennes (quechua, aymara…).
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♦ Vaste plaine d'Amérique du Sud, dont le climat et la végétation sont ceux de la steppe (→ Espace, cit. 17). || De la pampa. ⇒ Pampéen. || Gauchos qui conduisent un troupeau de bœufs, de mustangs dans la pampa. — Au plur. || Des pampas.
0 La nuit roule de l'Est, où les pampas sauvages
Sous les monts étagés s'élargissent sans fin (…)
Leconte de Lisle, Poèmes barbares, « Le sommeil du condor ».
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DÉR. Pampéen, pampéro.
Encyclopédie Universelle. 2012.