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OURAL
OURAL

Hourra l’Oural! Aragon à son retour d’Union soviétique saluait, dès 1932, la promotion de cette région. Terre de colonisation dès le XVIIIe siècle, réservoir d’abondantes ressources naturelles, foyer de l’industrie lourde, arsenal de l’Armée rouge durant la Seconde Guerre mondiale, l’Oural offre l’exemple d’une région longtemps informe, de centres de peuplement mal reliés; il n’est devenu un ensemble homogène et continu qu’à une époque récente.

Avant d’être l’une des dix-huit «grandes régions (rajon ) économiques» de l’Union, l’Oural est une montagne, mais les deux espaces ne se recouvrent pas. L’Oural-montagne se compose d’un ensemble de chaînes allongées du nord au sud sur plus de 2 500 km, appartenant au système hercynien et présentant des altitudes faibles (point culminant: Jaman-Tau, 1 800 m).

Jusqu’en 1965, les statisticiens soviétiques avaient classé l’Oural – la région économique – parmi le groupe des «régions orientales» de l’Union; les tableaux de production publiés ensuite le rangent parmi les «régions occidentales», c’est-à-dire européennes. C’est la conséquence de son développement.

1. Géologie

La chaîne varisque de l’Oural, dont la genèse était amorcée dès le Précambrien et pratiquement achevée à l’aurore du Mésozoïque, sépare la plate-forme russe, européenne (dite aussi d’Europe orientale), de la plate-forme sibérienne, asiatique. D’orientation méridienne, elle présente dans sa partie occidentale des courbures légères, notamment dans la région d’Oufimsk, face à une saillie anticlinale de la plate-forme russe. Par contre, vers le nord, la chaîne prend brutalement, dans une zone faillée, une direction ouest-nord-ouest - est-sud-est dans les monts Paï Khoé (Paj Choj), puis se rabat à 900 vers le nord-nord-est pour former l’île de la Novaja Zemlja (Nouvelle-Zemble). La puissance de la sédimentation, les phénomènes de métamorphisme bien que discrets, l’épaisseur des séries volcano-sédimentaires, les intrusions de roches éruptives et, enfin, le plissement intense confèrent à l’Oural un caractère bien différent de celui des zones qui l’encadrent, caractère que l’on peut souligner par l’emploi du terme d’orogène, qu’il faut d’ailleurs tempérer par le fait que la chaîne a des caractères intracratoniques également bien marqués. Elle est installée en effet dans une dépression subsidente qui a subdivisé le continent eurasiatique et qui s’est ensuite trouvée écrasée par le serrage qui a rapproché l’Asie de l’Europe.

Structure

La structure de l’Oural, caractérisée par une grande continuité longitudinale, se divise naturellement en une zone occidentale et une zone orientale (fig. 1).

La zone occidentale comprend de puissants anticlinoriums (Bachkirie, Kolva-Vichersk) où affleure largement le Protérozoïque, dont le matériel sédimentaire molassique provenait de la plate-forme russe. En direction de l’est (anticlinorium d’Oural-Taou), le degré de métamorphisme augmente, tandis que les plis de lâches deviennent serrés avec déversement vers l’ouest. Les plis précédents sont séparés par des synclinoriums (Zilaïr, Lemvinsky) remplis de Paléozoïque dont les faciès varient au Carbonifère: nettement carbonatés vers la plate-forme russe, de type «flysch» à l’est. Dans la zone occidentale, les intrusions ultrabasiques sont rares.

La zone orientale est effondrée par rapport à la précédente et, en conséquence, le Précambrien ne s’y montre guère. Elle présente un magmatisme basique très important au Dévonien et au Silurien. Les principales unités en sont les grands synclinoriums étroits de Magnitogorsk, Taghil et Chtchoutchinsk, puis l’anticlinorium de l’Oural-Tobolsk avec de grands massifs intrusifs de granitoïdes hercyniens, enfin le synclinorium d’Ayat, esquissé dès le Dévonien, qui s’enfonce sous les dépôts plus récents de la plate-forme sibérienne.

L’Oural est séparé de la plate-forme russe par l’avant-fosse du pré-Oural, formée au Carbonifère supérieur et au Permien inférieur. Celle-ci se subdivise du sud vers le nord en: dépression de Belski, avec une épaisseur de 9 à 10 km de Permo-Carbonifère; dépression d’Oufimsk-Solikamsk, en face de l’Oural moyen; dépression de la Petchora; puis dépression de Vorkouta, comblée de flysch carbonifère, de molasses marines artinskiennes et de formations à charbon, l’ensemble atteignant près de 10 km d’épaisseur; enfin dépression de Korotaikhski, face au Paï Khoé. Ces dépressions sont séparées par des seuils (Karatau, rocher de Polioud, Tchenyschev et Tchernova).

L’Oural se termine au sud dans les monts Mougodjar sans se réunir ni au Donbass ni au Tian-Chan. Vers le nord, l’ennoyage axial des dernières structures visibles semble annoncer la terminaison de la chaîne.

Stratigraphie

L’Oural présente une épaisse succession montant du Précambrien au Paléozoïque supérieur.

Le Précambrien affleure largement dans l’Oural occidental (anticlinorium de Bachkirie). L’Archéen est représenté par les gneiss et les migmatites du complexe de Taratach. Le Protérozoïque comprend trois séries, débutant toutes par des discordances, épaisses au total de plus de 8 500 m, qui sont de bas en haut: la série épimétamorphique schisto-gréseuse des Bourzianes, avec intercalations de roches effusives à la base et de dolomies vers le sommet; la série détritique et volcanisée de Mashak; enfin la série essentiellement schisto-dolomitique des Iourmatines. Dans l’Oural-Taou, la moitié supérieure de l’ensemble précédent se retrouve principalement sous la forme de schistes phylliteux ou d’amphibolites. Dans l’Oural polaire, on observe l’équivalent du complexe de Taratach, ainsi que dans l’Oural oriental.

Le Cambrien est généralement discordant. Dans l’Ouest, le Cambrien inférieur (fig. 2 a) est détritique et calcaire (4 500 m), le Cambrien moyen calcaréo-dolomitique (700 m) et le Cambrien supérieur manque. Dans le Centre, le Cambrien inférieur est surtout calcaire, tandis que dans l’Est il est métamorphique. Les termes plus élevés du Cambrien, séparés par une discordance, ont le même faciès dans ces deux régions: Cambrien moyen schisteux plus ou moins volcanisé, Cambrien supérieur détritique.

Le Trémadoc et l’Arénig (fig. 2 b) sont gréseux dans l’ensemble de l’Oural, avec passage sur les bordures à des faciès argilogréseux. L’Ordovicien moyen et supérieur est essentiellement schisteux dans l’axe de la chaîne, légèrement volcanisé dans le Sud. Sur la bordure occidentale, le Caradoc et l’Asghil sont calcaires, tandis que, dans l’Est, l’Ordovicien moyen et supérieur n’a pas été individualisé avec certitude. La puissance de l’Ordovicien oscille entre 3 300 et 900 m.

Parfois légèrement discordant sur l’Ordovicien, le Silurien (fig. 2 c) présente des faciès très différents sur les deux flancs de la chaîne. À l’ouest, il est essentiellement calcaire et très fossilifère, avec parfois, dans l’Oural septentrional et moyen, des niveaux détritiques à la base et une lacune au sommet (Ludlow supérieur); dans l’Oural méridional, le passage au type volcanisé oriental s’amorce soit avec une trilogie qui est de bas en haut schisteuse, puis terrigène, enfin carbonatée, soit avec une série effusive volcanisée encadrée de discordance et surmontée par une formation terrigène. Sur le flanc est, les séries volcaniques à tufs, diabases, spilites et albitophyres sont très largement développées, admettant ici et là des termes calcaires ou plus rarement terrigènes. Comme dans l’Oural méridional, une discordance au début du Ludlow peut être présente. La puissance du Silurien n’est en général pas très grande.

Au Dévonien, l’opposition entre les deux flancs se manifeste encore. À l’ouest, le Dévonien inférieur (fig. 2 d) manque en général et l’Eifélien est discordant. Le Dévonien moyen et supérieur atteint un millier de mètres et est essentiellement carbonaté, avec, dans l’Eifélien, des formations détritiques et, dans le Frasnien inférieur, des schistes. Dans la partie sud du flanc oriental, le Dévonien est de type volcanique effusif, plus épais, avec des intercalations sédimentaires se terminant par des calcaires ou des formations terrigènes; dans la partie nord, on a affaire à une succession principalement calcaire avec des niveaux gréseux ou schisteux. Les discordances intradévoniennes sont rares (débuts de l’Eifélien, du Givétien et du Frasnien) et localisées.

Au Carbonifère, l’opposition continue à se marquer (fig. 2 e): à l’ouest, le Carbonifère est entièrement calcaire et dépasse 1 500 m, avec des niveaux à Fusulines; à l’est, il est principalement terrigène et marino-continental, avec des roches effusives vers la base et des horizons calcaires qui tendent à se développer dans le Carbonifère moyen, le Carbonifère supérieur manquant.

Localisé sur le flanc occidental, le Permien, dont le sommet manque, est représenté par des calcaires marins ou des formations détritiques marino-continentales (fig. 2 f), se terminant par des grès cuprifères continentaux (fig. 2 g).

Le Trias (fig. 2 h) prend son plus grand développement sur le versant oriental de l’Oural du Sud, où il comporte des formations continentales discordantes. À la base vient un ensemble volcano-sédimentaire à plantes, avec des tufs, basaltes, porphyrites, puis des conglomérats, des grès, des pélites et des couches de charbon (1 000 m). Le Carnien est discordant par place.

Le Jurassique débute en discordance par le Jurassique moyen continental sous forme de sables lacustres, d’argiles à lits de charbon et lentilles de bauxite et végétaux.

Phases tectoniques

La phase tectonique majeure se situe vers la limite permo-triasique. Elle a été précédée par une série de phases correspondant à des discordances plus ou moins importantes et plus ou moins généralisées: discordance de base du Cambrien, mouvements au sommet du Cambrien moyen, discordance de base de l’Ordovicien, discordances localisées aux débuts du Silurien inférieur et du Silurien supérieur, mouvements localisés au début du Dévonien moyen et du Dévonien supérieur. L’histoire orogénique se termine avec la phase majeure. Le Trias et le Jurassique, séparés par une discordance d’âge jurassique moyen, correspondent à une sédimentation molassique continentale, amorcée dans l’avant-fosse du pré-Oural dès le Carbonifère supérieur.

Durant le Mésozoïque et le Cénozoïque, l’Oural a été affecté par des mouvements ascendants, déterminant une érosion généralisée de la chaîne, sauf dans certains grabens étroits (région de Tchéliabinsk) ou dans des fosses (Vorkouta) qui communiquèrent avec la mer Arctique et la Téthys (fig. 2 i) jusqu’à l’Oligocène.

2. Géographie physique

L’Oural représente, en fait, une relique de montagne qui, depuis l’achèvement de la chaîne, s’est réduite en étendue et en altitude: les plissements couvraient une vaste zone entre les boucliers de l’Ukraine et de l’Angara. Or presque tous les plis ont été arasés et voilés par les transgressions marines et lacustres du Secondaire. Il n’en reste que des racines, des culots de volcans, des morceaux de socle. La morphologie actuelle résulte de l’action de l’érosion exercée en de longues phases d’aplanissement, ravivée par un soulèvement épeirogénique tertiaire d’amplitude moyenne, mais suffisant pour exposer les parties structurales les plus profondes d’une ancienne montagne dont il ne demeure que les moignons. Le versant russe, précédé du pays des uvaly , dépressions allongées entre les collines, est généralement en pente plus douce que le versant sibérien, formé d’escarpements liés à des failles. Cette dissymétrie s’accompagne de contrastes dans le climat. La barrière montagneuse oppose un obstacle aux dernières perturbations cyclonales venues de l’ouest: la pluviosité est de un mètre à l’ouest, de moins de 500 mm à l’est.

Bien disséqué par l’érosion, l’Oural est d’accès facile. Les cols sont nombreux et bas; la montagne n’a pas arrêté la migration asiatique des Cosaques et des Russes; le trakt puis le Transsibérien l’ont aisément traversée; deux richesses de l’Oural ont attiré les colons: la forêt et les mines.

La direction méridienne de la chaîne a pour effet de perturber la régularité zonale: l’altitude altère les traits dus à la latitude, si bien que, dans chaque domaine climatique, apparaissent les caractères du domaine zonal situé plus au nord. Ainsi, l’Oural du Nord reste couvert d’une toundra nue ou boisée, jusqu’au 61e parallèle, alors qu’à ses pieds s’étend déjà la taïga; l’Oural moyen (du 61e au 55e parallèle) porte une belle forêt, mais jusqu’à 800 m seulement; l’Oural du Sud est une île de taïga au milieu de la steppe boisée et de la steppe. L’étendue des forêts non exploitées est énorme, bien que l’Oural ait produit jusqu’au quart de la cellulose et de la pâte à papier de l’Union soviétique. Les minerais et les substances énergétiques témoignent de l’histoire géologique de la montagne: fer et métaux non ferreux liés à des phénomènes éruptifs et de minéralisation; bauxite dans des calcaires anciens; charbon dans des synclinaux ou des bassins de subsidence; sel dans les dépôts permiens; hydrocarbures au pied de la montagne, dans la république fédérée du Bachkortostan (ex-Bachkirie) à l’ouest ou dans le bassin de subsidence de l’Ob à l’est.

3. La région économique

La grande région économique de l’Oural (rajon ) ne coïncide pas avec les limites de la montagne. En effet, la partie septentrionale, formée de plis en éventail qui se prolongent par les îles de Vajga face="EU Caron" カ et de la Nouvelle-Zemble (Novaja Zemlja), peu peuplée et pauvre en ressources naturelles, n’en fait pas partie. Elle est administrativement divisée entre la république fédérée des Komis, l’arrondissement autonome (okrug ) des Nenets sur le versant européen et la grande région économique de Sibérie occidentale, formée elle-même de plusieurs okrug , sur le versant asiatique. En revanche, la région de l’Oural s’évase entre les 60e et 52e parallèles et déborde à l’ouest sur le bassin supérieur de la Kama, sur le bassin du fleuve Oural, à l’est sur le réseau d’affluents de la partie moyenne de l’Ob. La république fédérée du Bachkortostan, correspondant au cours supérieur de la Belaja et de l’Ufa, après avoir été rattachée à la région économique de la Volga a fait retour à l’Oural. La population dans la région ainsi délimitée est de 20 millions d’habitants répartis sur 824 000 kilomètres carrés, soit moins de 25 habitants au kilomètre carré, les trois quarts étant concentrés dans les agglomérations urbaines. La région assurait plus du quart de la production de fer de l’Union, le tiers de l’acier, le cinquième de l’électricité et le quart des engrais chimiques. Le taux de croissance de la production industrielle a toujours été plus élevé que la moyenne de l’Union.

Les étapes de la croissance industrielle

Le premier développement industriel de cette partie moyenne et méridionale de l’Oural date de Pierre le Grand. L’historien Roger Portal a retracé les étapes de la fondation des premières mines et des centres habités. De la colonisation «sauvage» effectuée par les Cosaques, les aventuriers et les errants, les sectes religieuses pourchassées (raskol’niki ), les trappeurs et les chercheurs d’or, on passe à une colonisation systématique, ordonnée, souvent autoritaire. Les seigneurs, les premiers «maîtres de forges» (Demidov, Tati face="EU Caron" カev), établissent autour des premières mines, dans les clairières, des «serfs de possession» transférés de la vieille Russie. Les premiers ateliers, puis les manufactures sont protégés par des fortins (ostrog ) destinés à les défendre des incursions des peuples de la steppe: c’est l’origine des villes actuelles. Cette forme d’exploitation s’épanouit à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe; elle décline, faute de main-d’œuvre et de rénovation technique, à la fin du XIXe siècle.

L’industrie se ranime au cours des années qui précèdent la Première Guerre mondiale, grâce à l’afflux de capitaux d’origine occidentale, à la construction de hauts fourneaux de plus grande capacité et à l’immigration d’une nouvelle population. Le million de tonnes de fonte est atteint en 1913. L’application des deux premiers plans quinquennaux, la priorité donnée à l’industrie lourde et à la production d’armements font alors de l’Oural, après le Donbass, la seconde «base sidérurgique» de l’Union. La fondation d’énormes complexes à cycle complet, l’établissement de liaisons ferroviaires avec le Kuzbass (bassin houiller du Kuzneck), la formation du gigantesque combinat de l’U.K.K. (Ural Kuzneck Kombinat) et en conséquence la multiplication des branches de transformations, ainsi que l’extension de l’agriculture autour des agglomérations, provoquent la formation de véritables régions minières et urbaines, reliées entre elles par un réseau ferroviaire dense. Protégé des bombardements durant la Seconde Guerre mondiale, l’Oural accueillit alors les usines transférées de la Russie centrale ou de l’Ukraine et accrut ses productions dans des proportions énormes. Dans les années soixante, ayant cumulé les effets de cette seconde industrialisation, l’Oural fournit plus de 30 millions de tonnes d’acier, produisit 55 millions de tonnes de coke, 75 milliards de kilowattheures d’énergie électrique, occupa le deuxième rang dans l’Union pour les minerais de cuivre et la bauxite.

Le problème de l’énergie

Le grand problème est celui du déficit de l’énergie: les gisements de charbon, surtout des lignites, sont peu productifs et très dispersés; la production ne fait que quintupler entre 1940 et 1960, tandis que la production industrielle globale sextuple; l’équipement hydraulique de la Kama supérieure ne permet pas de pallier complètement le manque de courant. Au total, l’Oural renfermait moins de 1 p. 100 du potentiel énergétique de l’Union, mais consommait le quart de l’énergie nationale. La solution est venue des hydrocarbures des régions voisines. Avec le plan septennal a commencé la construction des premiers oléoducs et gazoducs: des républiques des Tatars et des Baškirs, le pétrole gagne l’Oural central, la région de Perm’, et, traversant la montagne, se dirige vers la Sibérie. Le gisement de Gazli en Ouzbékistan livre à l’Oural méridional et moyen une grande partie de sa production. Depuis 1965, un nouveau réseau est construit à partir des gisements exploités de Sibérie occidentale (Chaïm, Berezovo, Gubkin): le gaz alimente la partie septentrionale de la région économique (Serov) et le pétrole sibérien prend la place de celui qui venait de Cisouralie, à l’ouest. Ainsi naît une troisième génération d’industries, et se transforment les structures et les profils de production de l’Oural traditionnel. La reconversion des centrales thermiques au gaz naturel entraîne d’importantes économies de combustible. L’emploi de gaz et d’oxygène dans la sidérurgie a déjà réduit de moitié la consommation de coke. Les liaisons économiques avec les autres régions se sont multipliées et diversifiées, si bien que le combinat U.K.K. s’est dissous. Mais l’Oural reçoit du coke de Karaganda, des hydrocarbures de Sibérie et d’Asie centrale; il établit des relations privilégiées avec les nouveaux centres industriels du Kazakhstan et s’intègre ainsi dans l’ensemble économique non seulement de la Sibérie, mais de l’Asie moyenne. L’industrie chimique lourde (raffineries, pétrochimie et dérivés) s’implante et alimente toute une chaîne d’aval de nouvelles branches attirant la population, employant la main-d’œuvre jeune et féminine.

Le développement récent

Aux centres fondés dès le XVIIIe siècle et transformés par les premiers plans s’ajoutent les foyers d’industries nouvelles, réparties généralement aux frontières de la région. On distingue trois régions sidérurgiques, développées sur des gisements de minerais de bonne teneur et à fortes réserves. Au nord, Ekaterinbourg (Sverdlovsk et Nijni Tagil de 1924 à 1991): plus de 6 Mt d’acier, des combinats de construction de machines (Ural-elektro), des établissements techniques et des laboratoires, des industries modernes (plastiques, caoutchouc), des fonderies de cuivre. Au centre, Tchéliabinsk, fondé dès 1736: la plus grande aciérie électrique du monde (plus de 6 Mt), des bassins houillers (Kopejsk, Korkino), une grosse métallurgie de transformation; des fonderies de non-ferreux, cuivre et nickel. Au sud, Magnitogorsk («la montagne magnétique»), fondé en 1931, comprend le fameux M.M.K. (Magnitogorskij Metallurgi face="EU Caron" カeskij Kombinat), combinat sidérurgique à cycle complet d’une capacité de 12 Mt, et des centres satellites sur les rives de l’Oural: construction de machines et équipement. Ces trois agglomérations ont attiré des industries légères (bois, textiles, alimentaires). Ekaterinbourg, la plus peuplée, est passée de 420 000 habitants en 1939 à 1 371 000 en 1992; Tcheliabinsk, de 270 000 à 1 143 000; Magnitogorsk, de 140 000 à 441 000. Mais Tagil, indépendante d’Ekaterinbourg, atteint les 437 000, et toutes les villes satellites de ces trois bassins dépassent 100 000 habitants.

Les foyers plus récents, périphériques, s’accroissent au moins aussi rapidement. Sur la Kama supérieure, Berezniki et Solikamsk sont les centres traditionnels d’extraction de sel gemme et des industries de la soude; l’arrivée des hydrocarbures du Second-Bakou, puis de Sibérie occidentale et la découverte de gisements dans la région même ont permis de diversifier la gamme de production chimique. Plus en aval, Ijevsk (ex-Oustinov), qui passe de 180 000 habitants en 1939 à 651 000 en 1992, est favorisé par la fourniture de l’énergie hydro-électrique des centrales de la Kama inférieure et par la proximité des gisements de pétrole. Au nord, un autre foyer est en formation, après la découverte de nouveaux gisements de fer et de bauxite et l’arrivée du pétrole du bassin inférieur de l’Ob: la ville de Serov dépasse 100 000 habitants. Au sud enfin, le long du cours moyen de l’Oural et de ses affluents, Orsk, qui est passé de 60 000 habitants en 1939 à plus de 270 000 en 1992, est devenu le grand centre d’extraction du cuivre et du nickel, tandis que, plus en aval, Orenbourg (qui s’appela Tchkalov de 1938 à 1957 et est passé de 170 000 à 557 000 hab. durant la même période), bien situé entre les régions de la Volga et le Kazakhstan, est le centre d’industries de transformation. Vers l’est enfin, sur le Tobol, Kurgan occupe une position semblable entre les foyers d’industrie lourde de l’Oural et les foyers industriels du Kazakhstan (Kustanaj) et de Sibérie occidentale, et s’accroît de 50 000 (1939) à 365 000 habitants (1992).

L’Oural de Pierre le Grand et de Staline subit une mutation profonde par la diversification de ses activités et de sa production, l’intensité des relations avec les autres régions européennes ou asiatiques, la fondation de villes nouvelles ou la croissance rapide de centres locaux, qu’accompagnent aussi bien le développement des chaînes d’aval que l’extension des superficies cultivées et l’intensification de l’agriculture. Cependant, le rythme de sa croissance, qui était jusqu’aux années soixante celui des régions pionnières, se ralentit par rapport à celui des régions neuves de l’Asie moyenne ou de l’Extrême-Orient. Ce rythme est même devenu inférieur à celui que connaissent les bassins industriels de la C.E.I. d’Europe, moins coûteux à équiper. La population de Magnitogorsk et d’Ekaterinbourg ne s’accroît plus que fort lentement: les régions neuves, périphériques, prennent, en Oural, le relais des foyers traditionnels.

Oural
(monts ou chaîne de l') chaîne de montagnes de Russie (1 894 m à la montagne Narodnaïa), formant une limite conventionnelle entre l'Europe et l'Asie. Elle s'allonge de la Caspienne à l'Arctique sur 2 400 km.
Chaîne hercynienne usée dont une partie a été soulevée au tertiaire, l'Oural a un sous-sol riche: fer, cuivre, manganèse, chrome, or, potasse, etc. Sur sa bordure occid., le gisement de pétrole du Second-Bakou est d'une immense richesse. Les industries sont nombreuses.
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Oural
fl. de Russie (2 534 km); né dans l'Oural méridional, il se jette dans la mer Caspienne.

Encyclopédie Universelle. 2012.