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⇒DOCTRINARISME, subst. masc.

A.— HIST. Position ou système politique des doctrinaires de la Restauration. On reconnaissait en lui ces éléments contraires au tempérament français, qui constituent dans notre histoire les sectes sans flammes et les partis sans jeunesse, hier le jansénisme, aujourd'hui le doctrinarisme. Henri Mauperin était un jeune doctrinaire (GONCOURT, R. Mauperin, 1864, p. 88) :

• ... tandis que le mouvement direct de la société donne lieu à deux partis contraires, l'absolutisme et le socialisme, le mouvement oscillatoire produit à son tour deux autres partis, hostiles entre eux et aux deux autres, que j'appellerai de leurs noms historiques, le premier juste-milieu ou doctrinarisme, le second, démagogie, jacobinisme ou radicalisme.

PROUDHON, Les Confessions d'un révolutionnaire, 1849 p. 73.

— P. ext. Attitude d'esprit qui rappelle celle des doctrinaires de la Restauration. C'est cette fausse philosophie de juste-milieu, d'éclectisme et de doctrinarisme, qui aveugle encore aujourd'hui les économistes (PROUDHON, Syst. contrad. écon., t. 2, 1846, p. 71).

B.— Domaine pol. (en gén.). Tendance à établir, promouvoir, imposer une doctrine politique. La similitude de certaines pratiques qui ne saurait être avouée par les doctrinaires des deux camps ennemis (...) en deçà et au-delà du rideau de fer (...) l'élargissement et l'assouplissement des concepts figés dans les doctrinarismes opposés (PERROUX, Écon. XX^e s., 1964, p. 610).

C.— Domaine idéol., gén. péj. Tendance à établir, répandre, imposer une doctrine quelconque; esprit de système. Il [M. Renan] faisait le procès (...) au bon sens grivois (...) qui ne se sauve de tous les fanatismes, de tous les doctrinarismes comme de toutes les préciosités, qu'aux dépens du respect et de l'idéal (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 11, 1863-69, p. 403). Il nous parle sérieusement de choses qui nous sont devenues comme étrangères, de prosodie libérale, (...) de tout un doctrinarisme en poésie (VERLAINE, Œuvres compl., t. 5, Biogr. poètes et littérateurs (G. Lafenestre), 1896, p. 440). On idéalisait systématiquement, substituant (...) un académisme romantique à l'académisme classique. (...) Le nègre remplace le grec dans les préoccupations d'un doctrinarisme nouveau (FAURE, Hist. art, 1921, p. 241).

Prononc. :[]. Mais Lar. Lang. fr. transcrit [do-]. Étymol. et Hist. 1832 (MICHEL CHEVALIER, Rel. St Simonienne, Syst. de la Méditerranée, p. 21). Dér. du rad. lat. étymol. de doctrinaire; suff. -isme. Fréq. abs. littér. :3.

doctrinarisme [dɔktʀinaʀism] n. m.

ÉTYM. V. 1830; de doctrinaire.

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1 Didact. Système politique des doctrinaires (2.), pendant la Restauration.

2 Péj. Esprit d'une personne qui se montre systématiquement, étroitement attachée à une doctrine. ⇒ Doctrinalisme.