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NUAGES
NUAGES

Un nuage est un ensemble visible de minuscules particules d’eau liquide ou de glace, ou des deux à la fois, en suspension dans l’atmosphère. Cet ensemble peut également comporter des particules d’eau liquide de plus grandes dimensions, des particules liquides non aqueuses ou des particules solides (vapeurs industrielles, fumées, poussière, sable...).

Les nuages proviennent de la condensation de la vapeur d’eau contenue dans l’air. Cette condensation sous forme de gouttelettes d’eau liquide ou de cristaux de glace est toujours la conséquence d’un refroidissement de l’air résultant le plus souvent de la détente subie par un certain volume d’air qui s’élève dans l’atmosphère (ascendance) et qui est soumis, par conséquent, à des pressions décroissantes.

Les gouttelettes d’eau, de forme sphérique, ont un diamètre compris entre 0,008 et 0,8 mm, fréquemment de l’ordre de 0,02 mm. Les gouttelettes de diamètre supérieur au dixième de millimètre ayant des vitesses de chute, en air calme, de l’ordre du mètre par seconde, ne trouvent généralement pas dans les nuages du type altostratus de courants ascendants suffisants pour les soutenir et tombent sous forme de pluie ou de bruine; cependant, le plus souvent, les gouttes d’eau qui forment la pluie ont un diamètre compris entre 1 et 7 mm.

Les flocons de neige ou les cristaux de glace ont, à poids égal, une vitesse de chute beaucoup plus faible: ils sont soumis, du fait de leur forme, à une résistance de l’air plus importante.

L’état physique des nuages (liquide ou solide) peut être révélé par certaines photométéores [cf. MÉTÉORES]; la température n’est pas toujours un indice suffisant car, par suite du phénomène de surfusion, on peut observer des nuages de gouttelettes d’eau à des températures inférieures à 漣 30 0C.

La teneur en eau condensée des nuages est de l’ordre du gramme ou du décigramme par mètre cube d’air; elle est plus faible pour les nuages élevés que pour les nuages bas.

Un nuage n’est pas composé constamment des mêmes particules: certaines s’évaporent, se subliment ou sont précipitées (pluie, neige, etc.), d’autres au contraire se constituent à partir de la vapeur d’eau contenue dans l’air; les nuages sont donc des ensembles de particules en évolution incessante, qui se forment et se déplacent, comme les causes qui participent à leur formation et les entretiennent (cf. CONDENSATION [Météorologie], FRONT [Météorologie]). Ils ne se répartissent pas au hasard dans l’atmosphère; leur répartition dépend des causes de leur formation.

1. Classification

Principes

Les nuages, en perpétuelle évolution, se présentent sous une infinie variété de formes. Il a été cependant possible de définir un nombre limité de «formes caractéristiques» que l’on peut observer fréquemment en toute partie du globe et qui permettent de classer les nuages en différents groupes. La classification des formes caractéristiques qui a été établie par l’Organisation météorologique mondiale comporte une subdivision en «genres», «espèces» et «variétés». D’autre part, les nuages peuvent présenter des parties caractéristiques qui sont appelées, lorsqu’elles sont attenantes à leur partie principale, «particularités supplémentaires» et, lorsqu’elles sont séparées, «nuages annexes». Il existe, par ailleurs, une catégorie de nuages observés rarement ou accidentellement: ce sont les «nuages spéciaux», qui ne sont pas inclus dans la classification précitée.

Les genres correspondent aux formes caractéristiques principales des nuages et ils sont au nombre de dix, à savoir: cirrus, cirrocumulus, cirrostratus, altocumulus, altostratus, nimbo-stratus, strato-cumulus, stratus, cumulus et cumulo-nimbus; ces dix catégories principales s’excluent mutuellement.

Les genres ont été subdivisés en espèces , déterminées en tenant compte de la forme ou de la structure interne des nuages; les espèces s’excluent mutuellement: un nuage appartenant à un genre donné ne peut appartenir qu’à une seule espèce.

Les nuages peuvent présenter des caractéristiques particulières, qui déterminent leurs variétés; ces caractéristiques sont spécifiées d’après les différents types d’agencement des éléments constitutifs des nuages et de leur plus ou moins grande transparence. Une variété peut apparaître dans plusieurs genres; de même, un nuage peut comporter plusieurs variétés et le nom du nuage est complété par les qualifications des variétés observées (tabl. 1).

Un nuage peut être accompagné de particularités supplémentaires attenantes à sa partie principale ou à celle de nuages annexes situés soit au-dessus ou au-dessous, soit à n’importe quel niveau de la partie principale du nuage. Les particularités supplémentaires ne s’excluent pas mutuellement: un nuage déterminé peut en comporter plusieurs.

Un nuage peut apparaître en air limpide ou se former à partir d’un autre appelé nuage origine. Deux cas principaux sont possibles:

– Une partie d’un nuage se développe et des prolongements plus ou moins importants se forment, qui peuvent se séparer ou non du nuage origine. Le nuage ainsi formé est désigné par son genre, suivi du nom du genre du nuage origine auquel on ajoute le suffixe «genitus»; par exemple, «cirrus cumulo-nimbogenitus» désigne un cirrus formé à partir d’un cumulo-nimbus.

– La totalité d’un nuage ou une partie importante de celui-ci peut être l’objet d’une transformation d’ensemble, déterminant son passage d’un genre à un autre. Le nouveau nuage qui en résulte est désigné par son genre, suivi du genre du nuage origine auquel on ajoute le suffixe «mutatus»; par exemple, «altostratus cirrostratomutatus» désigne un altostratus formé par épaississement d’une couche de cirrostratus.

La considération des altitudes auxquelles certains genres de nuages se rencontrent le plus fréquemment a conduit à la notion d’étage. La partie de l’atmosphère dans laquelle on observe habituellement les nuages (troposphère) a été divisée verticalement en trois étages appelés respectivement: étage supérieur, étage moyen, étage inférieur.

Chaque étage est défini comme l’ensemble des niveaux auxquels certains genres de nuages apparaissent presque exclusivement. Les étages se chevauchent quelque peu et certaines de leurs limites varient avec la latitude (tabl. 2).

Les trois principaux aspects caractéristiques des divers genres de nuages sont les suivants:

– Nuages plus ou moins isolés et séparés les uns des autres: ce sont, d’une part, les cirrus et, d’autre part, les cumulus et les cumulo-nimbus.

– Nuages en bancs ou en couches plus ou moins continues, couvrant ou non la totalité du ciel, mais présentant un aspect ondulé, ridé, en forme de dallage, de lamelles, de galets, de rouleaux, etc. Les noms des genres de nuages correspondants se terminent par le mot «cumulus». Ce sont les cirro-cumulus, les altocumulus, les strato-cumulus.

– Nuages en voile ou en nappe continue, d’aspect assez uniforme, couvrant ou non la totalité du ciel. Les noms des genres de nuages correspondants se terminent par le mot «stratus». Ce sont les cirrostratus, les altostratus, les nimbo-stratus et les stratus.

Les dix genres de nuages

Nuages de l’étage supérieur

Les noms des genres de nuages caractéristiques de l’étage supérieur comportent tous le mot «cirrus». Ce sont les cirrus (Ci), cirrocumulus (Cc), et cirrostratus (Cs). Ces nuages sont composés essentiellement de cristaux de glace; cette structure leur confère un aspect général blanc, plus ou moins fibreux, et souvent un éclat soyeux; ils donnent fréquemment lieu à des phénomènes de halo. Leur opacité est toujours faible; ils ne présentent pratiquement jamais d’ombres propres.

Cirrus

En forme soit de filaments blancs et délicats, soit de bancs ou de bandes étroites, blancs ou en majeure partie blancs, les cirrus ont un aspect fibreux (chevelu) ou un éclat soyeux, ou les deux. Leur finesse et leur transparence sont dues à la disposition des cristaux de glace qui les constituent.

À l’ordinaire, lorsqu’ils passent devant le Soleil ou la Lune, ils en affaiblissent très peu l’éclat. Un peu avant le lever du Soleil, les cirrus se teintent souvent de rose ou de rouge vif, puis fréquemment de jaune orangé et de jaune paille avant de devenir blancs; peu après le coucher du Soleil, ils deviennent roses ou rouge vif. Nettement avant le lever ou après le coucher du Soleil, ils présentent une couleur grise.

Cirrocumulus

Les cirrocumulus se présentent en banc, nappe ou couche mince de nuages blancs, sans ombres propres, composés de très petits éléments en forme de granules, de rides, etc., soudés ou non et disposés plus ou moins régulièrement; la plupart des éléments ont une largeur apparente inférieure à un degré. Des gouttelettes d’eau fortement surfondues peuvent exister, passagèrement, avec les cristaux de glace; des irisations sont parfois observées. Les cirrocumulus sont fréquemment solidaires de bancs ou de nappes de cirrus ou de cirrostratus.

Cirrostratus

Voiles nuageux, transparents et blanchâtres, d’aspect fibreux (chevelu) ou lisse, couvrant entièrement ou partiellement le ciel, les cirrostratus donnent généralement lieu à des phénomènes de halo. Ils ne sont jamais suffisamment opaques pour masquer le contour des disques solaire ou lunaire et pour supprimer les ombres portées des objets sur le sol, au moins lorsque le Soleil se trouve à plus de 300 au-dessus de l’horizon.

Nuages de l’étage moyen

Les nuages caractéristiques de l’étage moyen sont l’altocumulus (Ac) et l’altostratus (As); en fait, ce dernier s’étend assez fréquemment jusque dans l’étage supérieur. Ces nuages sont essentiellement constitués par des gouttelettes d’eau. Toutefois, la région supérieure de l’altostratus est souvent formée, au moins partiellement, par des cristaux de glace.

Altocumulus

Les altocumulus se présentent sous forme de banc, nappe, ou couche de nuages blancs ou gris, ou à la fois blancs et gris, ayant généralement des ombres propres, composés de lamelles, galets, rouleaux, etc., d’aspect parfois partiellement fibreux ou diffus, soudés ou non; la plupart des petits éléments disposés régulièrement ont généralement une largeur apparente comprise entre 1 et 50 (une largeur apparente de 50 correspond approximativement à la largeur de trois doigts, le bras tendu).

La diffusion de la lumière par les minuscules gouttelettes d’eau qui constituent ces nuages donne fréquemment lieu au phénomène de couronne autour du Soleil ou de la Lune, ou même des étoiles très brillantes.

Certains altocumulus, en forme de lentilles ou d’amandes (Ac lenticularis), prennent souvent naissance au-dessus de régions accidentées, par suite du soulèvement de l’air provoqué par des phénomènes ondulatoires qui se développent «sous le vent» du relief et parfois en atmosphère libre.

Certains altocumulus, qui apparaissent par ciel préorageux ou orageux, sont l’indice d’une stabilité à leur niveau. Ils se présentent soit sous forme de bancs assez étendus, à base presque horizontale et dont la partie supérieure a un aspect crénelé (Ac castellanus), soit sous forme de flocons ou de petites balles ressemblant à de petits cumulus mal formés (Ac floccus), prolongés en général vers le bas par une légère traînée blanche.

Altostratus

L’altostratus se présente sous forme de nappe ou couche, grisâtre ou bleuâtre, d’aspect strié, fibreux ou uniforme, et couvre entièrement ou partiellement le ciel. Il ressemble à un cirrostratus très épais, mais il ne donne pas de phénomènes de halo; le Soleil et la Lune apparaissent vaguement, sous l’aspect d’une lueur trouble, comme au travers d’un verre dépoli, ou sont masqués complètement. La pluie et la neige peuvent tomber de l’altostratus, mais quand la précipitation devient forte, le voile nuageux s’épaissit et s’abaisse, devenant un nimbo-stratus (cf. infra ).

Il arrive aussi souvent que plusieurs couches d’altostratus soient superposées, avec un faible intervalle entre elles (quelques dizaines de mètres); cela est dû à la structure fréquemment feuilletée de l’atmosphère et explique qu’un ensemble nuageux situé à assez haute altitude et vu du sol offre l’aspect d’une couche unique, alors qu’en réalité il est formé de plusieurs couches très rapprochées.

Nuages de l’étage inférieur

Les genres de nuages caractéristiques de l’étage inférieur sont les strato-cumulus (Sc) et les stratus (St). Ils sont essentiellement constitués par de petites gouttelettes d’eau, parfois accompagnées de cristaux de glace lorsque la température descend fortement au-dessous de 0 0C; dans ce cas, il arrive également que les gouttelettes d’eau liquide gèlent et donnent naissance à une précipitation de granules de glace.

Strato-cumulus

Les strato-cumulus apparaissent en banc, nappe ou couche de couleur grise ou blanchâtre, ayant presque toujours des parties sombres, et sont composés de dalles, galets, rouleaux, etc., d’aspect non fibreux, soudés ou non; la plupart des petits éléments disposés régulièrement ont une largeur apparente supérieure à 50. Lorsque ces nuages ne sont pas très épais, on peut y observer des couronnes ou des irisations. La plupart des remarques mentionnées à propos des altocumulus s’appliquent aux strato-cumulus. Ces deux genres de nuages sont en effet très voisins, à la fois par leur aspect et les processus qui leur donnent naissance. Ils diffèrent surtout par leur altitude et le diamètre apparent de leurs éléments constitutifs.

Stratus

Les stratus se présentent sous forme d’une couche nuageuse généralement grise, à base assez uniforme, pouvant donner de la bruine, des prismes de glace ou de la neige en grains. Lorsque le Soleil est visible au travers de la couche, son contour est nettement discernable. Parfois, le stratus apparaît sous forme de bancs déchiquetés. Il ne donne pas lieu à des phénomènes de halo, sauf éventuellement par très basse température. Il ressemble à un brouillard qui ne reposerait pas sur le sol et résulte d’ailleurs fréquemment de l’évolution d’un brouillard. L’observation de la pluie ou de la neige en présence d’un stratus indique l’existence d’une couche supérieure susceptible de provoquer ces précipitations.

Nuages à grande extension verticale

Les nuages appartenant aux genres nimbo-stratus (Ns), cumulus (Cu) et cumulo-nimbus (Cb) ont presque toujours leur base située dans l’étage inférieur, mais ils ne peuvent être considérés comme des nuages caractéristiques de cet étage, car leur partie supérieure s’élève très fréquemment jusque dans l’étage moyen et même jusque dans l’étage supérieur. Le nimbo-stratus est principalement un nuage de l’étage moyen; cependant il s’étend généralement de part et d’autre de ce niveau. Les cumulo-nimbus culminent surtout dans l’étage supérieur; leur développement vertical considérable n’est souvent arrêté qu’au niveau de la tropopause. Les cumulus peuvent être tout entiers situés dans l’étage inférieur (Cu humilis), mais ils s’étendent fréquemment dans l’étage moyen (Cu mediocris ou congestus), ou même dans l’étage supérieur (Cu congestus); dans ce dernier cas, ils évoluent d’habitude en cumulo-nimbus.

Nimbo-stratus

Formé d’une couche nuageuse grise, souvent sombre, et d’aspect rendu flou par des chutes plus ou moins continues de pluie ou de neige, le nimbo-stratus est partout assez épais pour masquer complètement le Soleil. Il existe fréquemment, au-dessous de la couche, des nuages bas déchiquetés, soudés ou non avec elle. Le nimbo-stratus fait généralement suite à une couche de plus en plus épaisse d’altostratus et peut aussi provenir de l’étalement de cumulo-nimbus. Cette couche épaisse se double de nuages bas déchiquetés, d’abord isolés, se soudant souvent ensuite en une couche quasi continue, dans les interstices de laquelle on peut apercevoir le nimbo-stratus.

C’est le nimbo-stratus qui donne communément le temps très sombre, accompagné de chutes durables de pluie ou de neige.

Les nuages bas qui apparaissent sous la couche principale sont dus à la double action de l’évaporation de la pluie et de la turbulence qui règne dans les basses couches de l’atmosphère.

Cumulus

Les cumulus sont nettement séparés, généralement denses et à contours nets; ils se développent en forme de mamelons, de dômes ou de tours, dont la partie supérieure bourgeonnante ressemble ordinairement à un chou-fleur. Les parties de ces nuages éclairées par le Soleil sont, le plus souvent, d’un blanc éclatant; leur base, relativement sombre, est sensiblement horizontale. Parfois, les cumulus sont déchiquetés. Ils se développent au cours de la journée sous l’action de courants de convection thermique. Pour cette raison, ils présentent une variation diurne nette au-dessus des continents (sur mer, la variation diurne est plus faible); sur terre, ils naissent dans la matinée, se gonflent au cours de la journée, se résorbent et disparaissent le soir; sur les mers, l’évolution est inverse.

Selon l’importance de leur développement vertical et l’aspect de leurs contours, on distingue trois types de cumulus correspondant aux espèces ci-après: le cumulus humilis caractérisé par un faible développement vertical et un aspect aplati; le cumulus mediocris à développement vertical modéré et bourgeonnements peu importants (ces nuages ne donnent pas de précipitations); enfin le cumulus congestus caractérisé par un fort développement vertical et des bourgeonnements très développés, et qui peut donner des averses.

Cumulo-nimbus

Provenant de l’évolution finale d’un cumulus congestus, le cumulo-nimbus, dense et puissant, à extension verticale considérable, se présente sous forme de montagne ou d’énormes tours. Une partie au moins de sa région supérieure est généralement lisse, fibreuse ou striée, et presque toujours aplatie; cet aspect du sommet, qui le différencie du cumulus congestus, est dû à la présence de cristaux de glace qui jouent d’ailleurs un rôle fondamental dans le déclenchement des précipitations. La partie supérieure s’étale habituellement en forme d’enclume ou de vaste panache. Au-dessous de la base de ce nuage, souvent très sombre, il existe fréquemment des nuages bas déchiquetés, soudés ou non avec elle. Les cumulo-nimbus donnent généralement des averses de pluie, de neige ou de grêle, parfois accompagnées de manifestations orageuses.

Ces nuages, dus à des mouvements de convection thermique intenses, sont le siège de courants ascendants et descendants pouvant atteindre les vitesses de 15, 20 ou même 30 m/s, donnant lieu à une turbulence considérable, susceptible de mettre en péril la structure des aéronefs même de fort tonnage.

Les nuages sous les tropiques

La classification internationale des nuages est valable pour toutes les régions du globe. Elle est donc valable dans les régions tropicales et équatoriales, mais la fréquence d’apparition de certains types de nuages est plus grande dans ces régions que dans les régions tempérées ou polaires. Les nuages de convection (cumulus, cumulo-nimbus, et certaines formes d’altocumulus et de cirrocumulus) y sont de règle. L’évolution diurne et les réactions locales (effets orographiques, nature du sol, influence côtière...) sont toujours plus nettes sous les tropiques et ont une forte influence sur tous les types de ciel.

Les nuages spéciaux et accidentels

On appelle nuages spéciaux et accidentels des nuages qui rappellent par leur aspect certains des nuages dont il vient d’être question; tels sont les nuages nacrés, les nuages nocturnes lumineux, les nuages d’incendie, les nuages d’explosions, les nuages d’éruptions volcaniques, les nuages de cascades d’eau, les traînées de condensation.

Les nuages nacrés ressemblent à des cirrus ou à des altocumulus lenticulaires; ils présentent des irisations très marquées, analogues à celles de la nacre, dont l’éclat est maximal lorsque le Soleil se trouve à quelques degrés au-dessous de l’horizon; leur altitude est comprise entre 21 et 30 km; ils sont le plus souvent stationnaires ou se déplacent très lentement. Ils sont observés surtout aux latitudes élevées (Alaska, Écosse, Scandinavie...), plus rarement en France.

Les nuages nocturnes lumineux ressemblent à des cirrus fins, mais de couleur bleuâtre ou argentée, parfois orangée ou rouge, se détachant sur le fond sombre du ciel nocturne. Leur observation, rare, n’a eu lieu que pendant l’été, aux hautes latitudes, lorsque le Soleil se trouve entre 5 et 130 au-dessous de l’horizon; venant de l’est ou du nord-est et situés entre 75 et 90 km, ils ont des vitesses de déplacement élevées (50 à 250 m/s).

Les nuages nacrés et nocturnes lumineux sont constitués de cristaux de glace apparaissant lorsque la vapeur d’eau stratosphérique ou mésosphérique est suffisamment abondante et que la température est extrêmement basse.

Les traînées de condensation sont des nuages qui se forment dans le sillage d’un aéronef lorsque l’atmosphère à son niveau de vol est suffisamment froide (température inférieure à 漣 29 0C) et humide. Apparaissant sous forme de raies d’un blanc éclatant, elles présentent au bout de peu de temps des boursouflures qui se déforment ensuite par effet de turbulence souvent en bancs fibreux ayant un aspect cirriforme, si bien qu’il est parfois très difficile, au bout d’un certain temps, de les distinguer de ces nuages cirriformes. Ce sont en fait des cirrus artificiels provoqués par le refroidissement des gaz d’échappement et les noyaux de condensation que ceux-ci contiennent.

Les autres nuages (incendies, explosions, éruptions volcaniques) s’apparentent aux nuages cumuliformes en raison de leur origine convective; ils peuvent se développer considérablement et donner des précipitations ou même des orages, assez loin du lieu d’origine.

2. Systèmes nuageux

Structure

En général, on trouve les nuages groupés de part et d’autre des régions d’ascendance dynamique ou orographique telles que les surfaces de discontinuité, les zones de convergence ou les zones de convection.

Les nuages qui produisent, par exemple, de la pluie à un instant donné sont englobés dans de vastes surfaces où le ciel est couvert de nuages moyens souvent doublés de nuages bas. Ces surfaces sont elles-mêmes bordées à l’avant et dans leur partie septentrionale par des zones où les nuages élevés (Ci, Cs) prédominent. À l’arrière, se trouve une vaste région de ciel varié qui comprend principalement des nuages de type cumuliforme (Cu et Cb).

Ces ensembles nuageux organisés, habituels aux régions tempérées des deux hémisphères, ont été, dès 1923, appelés systèmes nuageux par l’école française de météorologie; leur superficie dépasse ordinairement celle de la France et de l’Espagne.

La comparaison de deux images satellitaires, à intervalle de quelques heures, montre que les systèmes nuageux se retrouvent d’une image à l’autre peu déformés.

La partie «antérieure», appelée tête , comprend des nuages élevés, répartis sur une bande étroite du ciel très nuageux (fig. 1). Elle est suivie d’une zone de nuages moyens en voiles de plus en plus épais et de plus en plus bas (As et Ns), au-dessous desquels coexistent des nuages très bas: le corps ; cette partie centrale du système nuageux est accompagnée de précipitations généralement continues, plus ou moins intenses (coupe AB).

La zone appelée traîne , qui fait suite au corps, est aussi étendue à elle seule que le reste du système; elle est caractérisée par une nébulosité très variable dans le temps et dans l’espace; cette partie postérieure du système nuageux est peuplée de nuages à grand développement vertical voisinant avec des bancs de nuages moyens. On y observe des précipitations de courte durée, souvent violentes (averses de pluie, neige, grésil ou grêle), parfois accompagnées de phénomènes électriques et de brusques rafales de vent (les grains); elles n’intéressent simultanément que de faibles superficies et sont séparées fréquemment par de belles éclaircies. Prolongeant la tête sur les bords latéraux du système nuageux, on trouve les marges , composées de nuages élevés en bancs constamment en transformation et souvent de forme lenticulaire.

Dans un système nuageux, on appelle nuages migrateurs ceux que l’on voit monter de l’horizon au zénith, pour disparaître à l’horizon opposé; les autres, qui naissent, évoluent et disparaissent à peu près sur place, notamment dans les intervalles, sont dits locaux ; à cette catégorie se rattachent les cumulus de beau temps (Cu hum), les nuages orographiques, les brouillards et stratus de rayonnement et certains nuages côtiers ou situés en bordure de régions glacées (St et Sc).

Les systèmes nuageux des latitudes tempérées ne sont pas tous identiques au schéma le plus fréquent indiqué plus haut; ils peuvent adopter toutes les structures de transition entre les trois grandes classes suivantes:

– les systèmes dépressionnaires , caractérisés par la netteté de leurs contours, l’existence d’une traîne nette bien distincte du corps, une grande stabilité des formes dans leur déplacement, une vitesse relativement rapide (vents forts en altitude);

– les systèmes orageux qui se distinguent, au contraire, par leurs contours irréguliers, le corps et la traîne étant généralement confondus, leur déformation rapide dans le temps et leur déplacement lent (vents faibles ou modérés en altitude);

– les systèmes à altocumulus qui sont en fait des systèmes dépressionnaires affaiblis dont le corps est constitué par un altostratus à structure d’altocumulus, accompagnés souvent de brume, assez forte; ce type de structure se retrouve dans les parties latérales, les bords de corps et les zones de liaison des systèmes dépressionnaires usuels.

Enfin, tout en se déplaçant sur le continent, les systèmes nuageux évoluent et peuvent même changer de classe au cours de leur existence, principalement en fonction de l’évolution du champ de pression. Un système dépressionnaire peut devenir orageux et vice versa. La nature et le relief du sol sous-jacent interviennent également dans l’évolution des systèmes nuageux; par exemple, le mauvais temps s’accentue et persiste, l’intensité des précipitations croît sur le versant «au vent», tandis que «sous le vent» des crêtes les couches nuageuses se fragmentent ou disparaissent par effet de fœhn.

Systèmes nuageux, fronts et noyaux de variation de pression

On a vu dans l’article DÉPRESSIONS ET CYCLONES comment les nuages et les précipitations se formaient autour des dépressions et comment la pression atmosphérique variait de part et d’autre de l’axe d’une dépression extratropicale.

L’école française a établi, dès 1921, les relations normales aux latitudes tempérées avec le couple de noyaux de variation de pression qui accompagne une perturbation. De son côté, l’école norvégienne établissait alors les relations entre les variations de pression et les fronts. Les deux relations concordent et permettent plus facilement de prévoir l’évolution et la position future, à court intervalle de temps, des systèmes nuageux. Vilhelm Bjerkness écrivait en 1923, dans la préface du Mémorial no 6 de l’Office national météorologique: «Nos idées sur l’organisation des masses nuageuses dans l’espace – les systèmes nuageux – se confirment tout à fait; le lien est très clair entre les discontinuités frontales et les noyaux de variation de pression.»

Plusieurs cas de relations peuvent se présenter; on ne citera que les deux principaux (fig. 2):

– la tête puis le corps coïncident avec la baisse barométrique, la traîne puis l’intervalle avec le noyau de hausse; le premier cas correspond à un cyclone extratropical jeune ou récemment occlus;

– la tête puis le début du corps coïncident avec la baisse, le corps puis la traîne ou le corps puis l’intervalle accompagnant la hausse; c’est le cas du cyclone extratropical à occlusion déjà ancienne.

Encyclopédie Universelle. 2012.