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NARCISSE
NARCISSE

NARCISSE, lat. NARCISSUS (mort en 54)

Avec Pallas, Polybe, Félix et Calliste, Narcisse est l’un des plus célèbres affranchis impériaux de Rome sous Claude et sous Néron, entre 41 et 54. Le portrait peu flatteur qu’en fait Racine dans Britannicus , l’opprobre dont il a été chargé par Suétone et par Tacite, l’homme véreux, le concussionnaire, l’intrigant et le criminel qu’il fut sans doute ne sauraient nous cacher le rôle important qu’il joua dans l’Empire romain. Ancien esclave grec, affranchi, Narcisse est intelligent, cultivé et rusé. Il plaît à l’empereur Claude qui fait de lui son conseiller privé, l’équivalent d’un Premier ministre. Protégé par l’impératrice Messaline, il n’hésite pourtant pas à la faire assassiner en l’accusant d’avoir voulu détrôner Claude au profit d’un de ses amants, le jeune et ambitieux chevalier romain Silius. Au service d’un empereur sans volonté et las de régner, Narcisse devient empereur de fait sans en avoir le nom. Toutes les affaires de la Rome impériale passent entre ses mains. Il fait nommer les légats, se livre à des trafics d’influence, vend les charges de l’État, prête de l’argent aux souverains alliés de Rome à des taux usuraires, spécule sur des achats de blé en Égypte et en Afrique du Nord, fait construire à Rome des demeures qu’il transforme en maisons de rapport. Il dirige les travaux d’agrandissement du port d’Ostie, commence l’assèchement du lac Fucin et change ainsi l’image de Rome, en lui donnant le prestige qui convient à la capitale d’un empire. Son rôle est donc loin d’être négatif. On peut mettre aussi à son crédit la totale fidélité qu’il voua à Claude: sur le point d’être tué par les sicaires d’Agrippine qui ne lui pardonnait pas l’influence qu’il avait exercée sur Claude, il brûla tous les papiers compromettants qui auraient pu desservir la mémoire de son ancien maître et empereur.

narcisse [ narsis ] n. m.
• 1538; narciz 1363; lat. narcissus, gr. narkissos
IBot. Plante monocotylédone (amaryllidacées) bulbeuse, herbacée, à fleurs campanulées blanches très odorantes, ou jaunes. Narcisse des poètes. 1. jeannette. Narcisse jonquille. jonquille . Narcisse sauvage, des prés. coucou.
Cour. Absolt NARCISSE : le narcisse blanc odorant.
II(1598; de Narcisse, personnage de la myth., qui s'éprit de lui-même en se regardant dans l'eau d'une fontaine, et fut changé en la fleur qui porte son nom) Littér. Homme qui se contemple, s'admire. « Des Narcisses, aimant et détestant leur image, mais à qui toute autre est indifférente » (Radiguet).

narcisse nom masculin (latin narcissus, du grec narkissos) Herbe vivace (amaryllidacée) bulbeuse, aux feuilles allongées, aux fleurs printanières, d'un blanc éclatant, à courte coronule pourpre. (Le genre narcissus comprend aussi la jonquille, le coucou, etc.) Littéraire. Homme amoureux de sa propre image. ● narcisse (citations) nom masculin (latin narcissus, du grec narkissos) Jean Giraudoux Bellac 1882-Paris 1944 Le seul Narcisse coupable est celui qui trouve les autres laids. L'Apollon de Bellac, scène 8, le monsieur de Bellac Grasset

Narcisse
dans la myth. gr., jeune homme très beau épris de ses propres traits; il périt de langueur en contemplant son visage dans l'eau d'une fontaine et fut changé en la fleur narcisse.
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Narcisse
n. m.
d1./d Plante ornementale d'Europe et d'Afrique du Nord (Fam. amaryllidacées), bulbeuse à fleurs jaunes ou blanches très parfumées. Syn. coucou.
d2./d Homme exclusivement ou complaisamment attaché à sa propre personne.

I.
⇒NARCISSE1, subst. masc.
A.BOT. Plante vivace, bulbeuse, de la classe des Monocotylédones, de la famille des Amaryllis, haute de 30 à 40 cm, dont les fleurs, parfumées, en forme de couronne entourant une clochette centrale, présentent diverses nuances de jaune et de blanc, suivant les espèces; p. méton., fleur de cette plante (sur sa tige ou non). Synon. coucou, jonquille. Narcisse des prés (jaune, sauvage); narcisse des bois. Et sur une petite table, des narcisses à très longues tiges mouraient, comme des âmes (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p.204). À midi l'odeur des narcisses et des jacinthes reflue sur le vallon comme un vertige tournoyant (GRACQ, Syrtes, 1951, p.54):
—. ... ses yeux, fatigués par les pleurs, avoient une douceur angélique: elle ressembloit à un tendre narcisse qui penche sa tête languissante au bord d'une eau solitaire.
CHATEAUBR., Martyrs, t.3, 1810, p.209.
B.P. méton. Représentation stylisée de la fleur. Il aimait sa jeune affranchie et partageait avec elle son lit de pourpre brodé de narcisses (A. FRANCE, Révolte anges, 1914, p.224).
Rem. Le genre du mot est parfois fém. dans certaines régions francophones. Des narcisses blanches (Canada 1930). Vers l'époque des premières narcisses (GIONO, Naissance de l'Odyssée cité par GEORGIN ds DUPRÉ 1972).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. V. narcisse2.
II.
⇒NARCISSE2, subst. masc.
Souvent péj. [P. réf. au personnage de la mythologie grecque, qui, après une déception amoureuse, ou par punition divine, fasciné par son reflet, fut transformé en fleur] Personne qui s'admire elle-même, qui est infatuée, éprise de son apparence physique. Mais, les heureux jours d'exercices, Il faut voir zouave et turco Venir là, faire les narcisses, Et se mirer dans ce coco [de la Mère aux Zouaves] (MONTESQUIOU, Hort. bleus, 1896, p.57). Quelques Narcisses possédaient bien de petits miroirs de poche dont ils se servaient en grand mystère. Mais Joanny n'était pas de ceux-là (LARBAUD, F. Marquez, 1911, p.171). Stendhal narquois peint un évêque qui se mire, un Narcisse mitré qui s'essaie à bénir noblement et moelleusement devant une glace de sacristie (VALÉRY, Variété II, 1929, p.114).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. 1718-1878. Étymol. et Hist. 1. a) 1363 narciz ynde désigne une couleur, prob. jaune (Inventaire de la Ste Chapelle ds DU CANGE, s.v. narcissus [traduisant le lat. Narcissus Yndus, cf. aussi Narcissus Albus dès 1335, ibid.], v. aussi GDF. Compl.); b) 1538 bot. (EST., s.v. narcissus); 2. a) 1552 p. allus. au mythe de Narcisse (RONSARD, Amours, éd. P. Laumonier, t.4, p.121: Un vray Narcisse en misere je suis); b) av. 1648 «beau garçon» (VOITURE, Poésies, éd. M. A. Ubicini, t.2, p.292); c) 1668 «homme amoureux de lui-même» (LA FONTAINE, Fables, livre I, 11, éd. Régnier, t.1, p.92). De Narcisse (lat. Narcissus, gr.  ) héros de la mythologie dont la légende est rapportée de façon différente suivant les auteurs; la version la plus connue est celle d'Ovide selon laquelle Narcisse ayant vu son visage alors qu'il se désaltérait à une source, tomba amoureux de lui-même et, n'ayant plus d'intérêt au monde, se laissa mourir en contemplant son image. À l'endroit où il mourut poussa la fleur qui prit son nom (v. Dict. myth. gr. et romaine).
DÉR. Narcissiste, adj. et subst. a) Adj. et subst. (Individu) qui est atteint de narcissisme. Le narcissiste qui veut se désirer, se maquille et se déguise, puis se plante devant une glace en cet équipage, et parvient à dresser à demi un faible désir qui s'adresse à son apparence trompeuse d'altérité (SARTRE, Baudelaire, 1947, p.180). b) Adj. Qui est propre au narcissisme. Il est permis de parler de l'origine narcissiste de l'oeuvre d'art (MOUNIER, Traité caract., 1946, p.391). La maladie chez l'enfant peut avoir le même effet qu'une beauté trop admirée: créer chez lui le sentiment qu'il est un être d'exception, et favoriser une fixation narcissiste (MOUNIER, Traité caract., 1946 p.222). []. 1re attest. 1946 id.; de Narcisse2, suff. -iste.
STAT.Narcisse1 et 2. Fréq. abs. littér.:101.

narcisse [naʀsis] n. m.
ÉTYM. 1538; narciz, 1363; lat. bot. narcissus, lat. narcissus, grec narkissos « narcisse (fleur) », et n. pr. (héros myth.; → ci-dessous, II.).
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I Plante monocotylédone (Amaryllidacées) bulbeuse, herbacée, à fleurs en campanules, parfumées, solitaires ou en bouquets, portées par une hampe nue et rigide (→ Hyacinthe, cit. 1). || Narcisse à fleurs blanches. || Narcisse des poètes. Jeannette (→ Émailler, cit. 7). || Narcisse jonquille. Jonquille. || Narcisse faux-narcisse ou narcisse sauvage, narcisse des prés. Coucou (→ Fourmiller, cit. 7).Absolt. || Narcisse : narcisse blanc odorant, cultivé comme fleur d'ornement.
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II (1598; sens repris à la mythologie grecque; de Narcisse, personnage qui s'éprit de lui-même en se regardant dans l'eau d'une fontaine, et fut changé en la fleur qui porte son nom [cf. Valéry, Mélange, « Cantate du Narcisse »; → Aimer, cit. 64]).
Littér. (Avec une majuscule). Adolescent, homme infatué de lui-même, épris de sa beauté. || C'est un Narcisse. || Des Narcisses (ou des Narcisse).
1 Quelques Narcisses possédaient bien de petits miroirs de poche dont ils se servaient en grand mystère.
Valery Larbaud, Fermina Marquez, XVII.
2 Sans doute, sommes-nous tous des Narcisses, aimant et détestant leur image, mais à qui toute autre est indifférente.
R. Radiguet, le Diable au corps, p. 123.
DÉR. (Du sens II). Narcissique, narcissisme.

Encyclopédie Universelle. 2012.