MONTPELLIER
MONTPELLIER
Au centre de la plaine languedocienne, Montpellier, chef-lieu du département de l’Hérault (208 103 hab. en 1990, 380 000 pour l’agglomération), est la capitale administrative de la région Languedoc-Roussillon.
Le nom de Montpellier, seule grande ville languedocienne qui ne remonte pas à la période romaine, apparaît dans la charte qui lui est octroyée en 985. Profitant de la décadence de Maguelone, elle a d’abord été une étape de pèlerinage (Notre-Dame des Tables) sur le Cami Roumieu. Le commerce ainsi attiré fut favorisé par la navigation sur le Lez jusqu’aux étangs côtiers; de nombreux changeurs installèrent leurs tables. Cette activité développa les libertés et les luttes sociales. Révoltée contre son seigneur (un Guilhem), Montpellier obtint, dès 1141, un consulat éphémère. Au XIIIe siècle, le consulat fut rétabli et un règlement daté de 1252 fixa les élections en répartissant les bourgeois en dix «échelles» (groupes de métiers). Entre-temps, Montpellier était passée à la famille d’Aragon. Tout près, la colline de Montpellieret, propriété épiscopale, formait un second noyau de peuplement. Montpellier et Montpellieret passèrent par étapes aux mains du roi de France, de 1258 (par le traité de Corbeil) à 1349 (vente par les rois de Majorque).
Le rôle intellectuel fut marqué dès le XIIe siècle par la renommée des écoles de médecine, nées spontanément. Maîtres et élèves, laïques pour la plupart, parvinrent à échapper au contrôle de l’évêque de Maguelone; ils n’étaient pas tenus par l’interdiction de verser le sang. La médecine universitaire n’abandonna donc pas comme ailleurs la chirurgie aux barbiers. L’érection des écoles en Université, en 1289, par Nicolas IV favorisa le développement du droit (Guillaume de Nogaret), qui profita au XIVe siècle de la proximité d’Avignon. Mais la médecine garda la prépondérance; attirant des étudiants de toute l’Europe, après avoir été l’initiatrice de l’anatomie elle fut, au XVIe siècle, celle de la chimie pharmaceutique.
À l’époque moderne, Montpellier servit de place aux huguenots (chute en 1622). Siège d’une généralité et des états du Languedoc, la ville fut embellie (promenade du Peyrou, hôtels particuliers). Son commerce maritime (pour le textile languedocien) se poursuivit grâce à la création de Sète à la fin du XVIIe siècle.
À partir du XVIIIe siècle, la ville, lieu de résidence de la noblesse de robe, des hauts fonctionnaires, financiers, magistrats, grands médecins et maîtres de l’Université, tire l’essentiel de ses revenus des charges administratives et de la rente foncière. Riche, calme et prospère, elle se complaît dans un ordre bourgeois stable et ne connaîtra pas les bouleversements nés de la révolution industrielle. La viticulture (son réseau foncier est riche de près de 80 000 ha) lui assure des revenus élevés et fait sa splendeur. La classe dominante y imprime sa marque en de somptueux hôtels qui embellissent encore le centre de la ville (le «marais» montpelliérain). Au XIXe siècle, sous l’impulsion d’hommes d’affaires avertis, elle entreprend de grands travaux édilitaires. La progression spectaculaire de sa population, qui a doublé en moins de vingt-cinq ans, repose sur de nouvelles attributions: la ville rentière du sol est devenue une capitale administrative et universitaire dynamique. Malgré un essor certain, 16,7 p. 100 seulement des actifs travaillent dans l’industrie et le bâtiment. Cependant, une judicieuse politique d’incitation a permis l’implantation d’entreprises modernes, d’industries «propres» dont la croissance repose sur la recherche technologique, d’activités de pointe (électronique, pharmacie industrielle, informatique) liées à des groupes puissants et souvent à des capitaux étrangers (installation d’I.B.M. en 1965, de G.E.C.-Alsthom, de Toshiba). La ville est entourée de plusieurs parcs d’activités groupant plus d’un millier d’entreprises. Le commerce de luxe assure à la cité un rôle régional certain. Mais c’est surtout par ses fonctions de commandement et ses universités que s’affirme l’ambition de la ville. Les grandes administrations à compétence régionale ont entraîné une rapide croissance des emplois tertiaires (82,4 p. 100 des actifs en 1990) et transformé la morphologie de la vieille ville: immeubles de bureaux du centre Chaptal (agriculture), du Polygone, quartier d’affaires Antigone, dont la réalisation s’effectue de 1981 à 1996. La fonction universitaire (trois universités, un I.U.T. et de nombreuses grandes écoles associant enseignement et recherche, réunissant plus de 60 000 étudiants dans les années 1990) permet à la cité de disposer d’une main-d’œuvre spécialisée dans les activités tertiaires supérieures. Les fonctions universitaire et hospitalière marquent profondément la vie sociale et les mentalités, et confèrent à Montpellier un rayonnement considérable. Le campus, repoussé vers le nord, est devenu un élément structurant du tissu urbain, qui oriente la croissance spatiale de l’agglomération et a suscité une reconquête bourgeoise du centre. Dans les années 1990, plusieurs quartiers sont construits (dans le cadre du projet Port-Marianne) avec la volonté de rééquilibrer géographiquement le développement de la ville vers l’est, après les extensions des années 1960-1970 réalisées au nord et à l’ouest du centre-ville.
Dans le cadre d’une région urbaine en formation le long de l’axe Sète-vallée du Rhône, la stratégie du développement se situe de plus en plus dans une optique de complémentarités urbaines et, à cet égard, Montpellier dispose de vigoureux atouts pour animer son espace local et donner un élan à l’économie régionale.
Montpellier
v. de France, ch.-l. du dép. de l'Hérault et de la Rég. Languedoc-Roussillon; 210 866 hab. Aéroport. Centre commercial (vins), industriel et culturel.
— Université. Faculté de médecine (dep. le XIIIe s.). Jardin botanique (1593). Musée Fabre.
— Import. centre comm. (épices d'Orient) au Moyen âge grâce à son port de Lattes (envasé au XVIe s.), rattaché à la Couronne en 1349, foyer du calvinisme aux XVIe et XVIIe s.
Encyclopédie Universelle. 2012.