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gonfle

gonfle nom féminin En Suisse, congère.

gonflé, ée ou (Suisse) gonfle
adj.
d1./d Enflé. Ventre gonflé.
d2./d Fig. Empli. Coeur gonflé de peine.
d3./d Loc. Fam. Gonflé à bloc: rempli d'ardeur.
Fam. être gonflé: montrer une assurance exagérée, avoir du culot.
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gonfle
n. f. et adj. (Suisse)
d1./d n. f. Syn. de congère.
d2./d adj. V. gonflé.

⇒GONFLÉ, -ÉE, part. passé et adj.
I. — Part. passé de gonfler et emploi adj.
A. — 1. Empli ou distendu par un corps généralement gazeux ou liquide.
a) [En parlant d'une chose extensible, flexible] Synon. bourré, dilaté, élargi, grossi, plein. Ballon, voile gonflé(e). L'oignon gonflé et bedonnant comme les clowns qui ont trente-six gilets (RENARD, Journal, 1906, p. 1074). Les bois sont imbibés de pluie; Les lourds bourgeons gonflés, mouillés, Scintillent d'eau et de lumière (NOAILLES, Forces étern., 1920, p. 146). Pneu sous gonflé ou se dégonflant (...) Ne pas hésiter à s'arrêter, pour vérifier le gonflement des pneumatiques (CHAPELAIN, Techn. automob., 1956, p. 357) :
1. Les murs du cabinet de travail, le plancher, le plafond même portaient des liasses débordantes, des cartons démesurément gonflés, des boîtes où se pressait une multitude innombrable de fiches, et je contemplai avec une admiration mêlée de terreur les cataractes de l'érudition prêtes à se rompre.
A. FRANCE, Île ping., 1908, p. 12.
TECHNOL. Éviter (...) de démouler trop tôt les pâtes délicates (...) très gonflées (Al. BRONGNIART, Arts céram., t. 1, 1844, p. 140). Les cuirs sont gonflés et le tanin les a largement pénétrés (BÉRARD, GOBILLIARD, Cuirs et peaux, 1947, p. 71).
b) [En parlant (d'une partie) du corps] Synon. empâté, hypertrophique, intumescent, turgescent. Monsieur l'Ambassadeur que voici tout tendu et gonflé, et réalisé de partout comme un petit cochon de baudruche (CLAUDEL, Soulier, 1929, 4e journée, 2, p. 860). Sur le fleuve, un noyé, gonflé comme une outre, le dôme noir d'un ventre (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 226).
SYNT. Cou gonflé; bouche gonflée; joues, lèvres, mamelles, narines, paupières, veines gonflées; yeux gonflés.
PATHOL. Synon. bouffi, boursouflé, congestionné, enflé, soufflé, tuméfié. Foie, ventre, visage gonflé; mains gonflées; doigts, pieds gonflés. Sous ces cartilages saillants et gonflés, entre les deux yeux vitreux siégeait un coryza éternel (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1939, p. 203).
2. Littér. Qui présente des courbes accusées. Synon. bombé, renflé. L'architecture Rubens, la ligne gonflée et puissante (...) le contour joufflu, pansu, opulent (HUGO, Rhin, 1842, p. 241). La coupole moelleuse et gonflée sur le ciel était comme un fruit (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 659). Son petit sac (...) de forme arrondie et gonflée (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 221).
B. — Au fig.
1. [En parlant d'une chose abstr., avec une idée de valeur]
a) [quantitative] Dont le nombre, le volume s'est accru. Le marché, surmené depuis trop longtemps, gonflé outre mesure, craquait de toutes parts (ZOLA, Argent, 1891, p. 338).
Péj. Qui a été amplifié, exagéré (dans un but frauduleux). Des informations hautement fantaisistes et des statistiques assez gonflées pour séduire les amateurs de « science-fiction » (MASSON, SALVAN, Bibl., 1961, p. 117).
b) [qualitative] Péj. Qui se caractérise par de l'emphase. Synon. ampoulé, emphatique. Une éloquence molle et gonflée, un style flasque à la fois et tendu (CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1809, p. 42). Ce courant verbeux, redondant à l'oreille et plus gonflé que léger (SAINTE-BEUVE, Portr. contemp., t. 5, 1845, p. 90) :
2. Aussi, la composition générale des romans et de toutes les productions de Mme de Staël est-elle pénible et forcée. Les caractères des personnages qu'elle introduit sont extravagants, et son style est toujours gonflé et prétentieux.
DELÉCLUZE, Journal, 1827, p. 372.
2. [En parlant d'une pers., de son état psychique] Rempli d'impressions fortes, d'émotions intenses. Nous avions le cœur gonflé, comme la mer, quand bat le plein de la marée (FLAUB., Tentation, 1849, p. 450). Cette douceur violente, ce cœur gonflé à pleurer, cette sorte d'absurde trouble (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 83). V. aussi cœur ex. 47.
Péj. Rempli d'orgueil, de vanité. L'air gonflé et satisfait de lui-même (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 485). Madame Camusot se retira fière, heureuse, gonflée à étouffer. Elle revint chez elle triomphante, elle s'admirait (BALZAC, Splend. et mis., 1847, p. 595).
II. — Adj., fam. (et parfois péj.). Rempli d'énergie, de courage; excessivement hardi. Synon. téméraire. « Des types gonflés? » « Des durs de durs... » (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 223). La parachutiste (...) celle qui se jette d'avion (...) qu'on a surnommée « l'ange » : une fille gonflée! (...) tu vois d'ici le genre de la bougresse! (VIALAR, Carambouille, 1949, p. 98).
Prononc. et Orth. : []. Ds Ac. de 1694 à 1878. Fréq. abs. littér. : 1 336. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 887, b) 1 865; XXe s. : a) 2 714, b) 2 293.

1. gonfle [gɔ̃fl] n. f.
ÉTYM. 1563, au sens II.; de gonfler (→ Gonfler); le sens I. conserve le sens étym. du lat. conflare « souffler (flare) ensemble » (cf. confle « foule amassée », 1538).
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I Régional (Suisse).
1 Congère, « banc de neige ».
1 À ce moment, elle buta contre quelque chose de mou et vit que c'était ce qu'on appelle chez nous une gonfle, c'est-à-dire un de ces entassements de neige qui se forment, quand le vent souffle, dans les plis du terrain.
C.-F. Ramuz, la Guerre dans le Haut-Pays, in Œ. compl., t. VI, p. 241.
2 Fig. et fam. Affaire compromettante. || Je me suis mis dans une belle gonfle ! (→ Dans de beaux draps).
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II (1563, Genève, « vessie de porc »; déverbal de gonfler).
1 Régional (rural). Gonflement; maladie dont le symptôme est un gonflement.Spécialt. Hydropisie.
2 Qu'é' qu' c'est doncque, toute eç't' iau qui m'est saillie dans la panse, Gustave ? Toi qu'est vétérinare, tu dois ben y counnaît' ?
M. Gustave. — Eh bien, mais c'est la gonfle : une variation… une variété… ou plutôt une variante de l'hydropisie visqueuse…
Martin du Gard, la Gonfle, I, 3, Pl., t. II, p. 1179.
2 (1757). Techn. Vx. Boursouflure dans le fil d'un métal étiré.
3 (Suisse). Bulle, boursouflure; ampoule sur la peau.
3 Tu vois la terre qui remonte, les montagnes repoussent à vue d'œil, comme quand il se fait des gonfles dans la pâte (…)
C.-F. Ramuz, l'Amour du monde, in Œ. compl., t. X, p. 281.
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2. gonfle [gɔ̃fl] adj.
ÉTYM. XVIe « gonflé »; « bouffi », 1675; de gonfler.
Régional. Gonflé. || Il a les mains toutes gonfles.

Encyclopédie Universelle. 2012.