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LACTANCE
LACTANCE

LACTANCE LUCIUS CAECILIUS FIRMIANUS dit (260 env.-env. 325)

Lucius Caecilius Firmianus, dit Lactantius, sans doute Africain, élève du rhéteur Arnobe de Sicca. Professeur à son tour, Dioclétien l’appelle pour enseigner la rhétorique dans sa nouvelle capitale, Nicomédie en Bithynie. Devenu chrétien, il doit quitter son enseignement lors de la persécution de Galère (304), et tombe dans la misère. À un âge avancé, il est appelé à Trèves, par Constantin, comme précepteur de son fils Crispus, vers 317. La date de sa mort ne nous est pas plus connue que celle de sa naissance.

Il avait composé des ouvrages de grammaire, de philosophie, de géographie (un Itinéraire d’Afrique à Nicomédie), qui sont perdus, sauf un petit poème sur la légende du Phénix . Mais il nous reste de lui d’importants ouvrages d’apologétique chrétienne.

Le De opificio Dei (303 env.-304?): pour montrer que l’homme est l’«œuvre de Dieu», et non d’un quelconque Prométhée, ni du hasard comme le veulent les épicuriens, Lactance décrit la beauté du corps humain, la supériorité de l’intelligence de l’homme (apologétique facile, mais intéressant exposé d’anthropologie).

Les Institutions divines , en sept livres, qui ont pu être écrites durant la persécution, entre 305 et 313 (?). Apologie de la religion chrétienne, que viennent d’attaquer deux philosophes, et exposé d’ensemble de ses dogmes fondamentaux, les Divinae Institutiones «condensent en une somme brève la science de la vérité» (I, I, 25). Théologien médiocre, Lactance est pourtant le premier auteur chrétien latin à tenter cette entreprise. Les livres IV et V sur la vraie sagesse apportée par le Christ, et sur la vraie justice, sont les mieux venus. Lactance publia vers 314 un Epitome (Abrégé ) de son grand ouvrage.

Le livre Sur la mort des persécuteurs , écrit au lendemain de la mort de Dioclétien, vers 318-321, développe une thèse: tous les empereurs persécuteurs ont été de mauvais empereurs, et tous ont connu une fin affreuse, châtiment de Dieu. Apologétique simpliste, qui tait les mesures prises contre les chrétiens par de «bons empereurs», Trajan, Marc Aurèle, Septime Sévère, comme les mérites d’empereurs tels que Dèce ou Dioclétien. L’auteur s’étend longuement sur la dernière persécution, les cruautés de Maximien, de Galère, de Maximin Daia et les détails horribles de leur mort. Document historique important: partial quand, en apologiste, il interprète les faits, Lactance est, dans l’ensemble, exact dans le récit des faits eux-mêmes. «Un polémiste, non un faussaire [...]. On peut le suivre en toute confiance» (J. Moreau).

Lactance a voulu donner à son apologie tout l’éclat du beau langage. Lecteur assidu de Cicéron, il en a la langue pure et claire, la phrase ample et souple, la cadence harmonieuse. Les humanistes voyaient en lui un «Cicéron chrétien» (Pic de La Mirandole). Il cite peu l’Écriture et fait plutôt appel aux arguments de la tradition platonicienne et stoïcienne, dont Cicéron s’était fait le vulgarisateur. Ainsi, le premier encore chez les Latins, il a voulu réaliser la synthèse de la «vraie sagesse» et de la «religion».

Il a un sens profond du Christ, de son Incarnation et de sa mort, centre de toute l’histoire du salut (Div. Inst. , IV, V-XXI). Est-il un «théologien de l’histoire»? Ce Romain qui voit en Constantin l’empereur idéal, le souverain qui réconcilie la tradition romaine et la nouveauté chrétienne sait pourtant, malgré «l’horreur qu’il a à le dire», que Rome n’est pas éternelle, qu’elle disparaîtra à son tour comme les grands empires d’Orient et de Grèce (ibid. , VII, XV, 11-20): alors, quand tombera l’urbs caput orbis (ibid ., XXV, 7), ce sera la fin du monde! Cent ans plus tard, Augustin retrouvera le même problème.

Encyclopédie Universelle. 2012.