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HOHENSTAUFEN (LES)
HOHENSTAUFEN (LES)

HOHENSTAUFEN LES

Famille qui règne en Allemagne et en Italie de 1138 à 1250, c’est-à-dire de l’élection de Conrad III à la mort de Frédéric II. Elle joue un rôle considérable en Europe à cette époque, mais ses membres, qui ont souvent été des personnages remarquables, n’ont pu résister aux tendances centrifuges de ce conglomérat de duchés. Les Hohenstaufen héritent du rêve d’un empire unifié, plus ou moins centralisé, alors que les villes développent leur autonomie et que les ducs, à l’origine gouverneurs militaires des zones frontières, se transforment en gestionnaires et organisent le territoire à leur profit. Le dernier des leurs a même essayé de donner à l’Empire une structure constitutionnelle en déterminant les droits et devoirs des divers pouvoirs. S’ils parviennent individuellement à réussir certaines de leurs entreprises, leur politique dans l’ensemble aboutit à un fiasco, puisque l’Empire entre dans une longue période de décadence immédiatement après la mort de Frédéric II.

Leur fortune commence par une alliance: l’empereur Henri IV, en butte à la révolte des grands de l’Empire, donne à l’un de ses plus fermes soutiens, Frédéric le Borgne, le duché de Souabe, puis sa fille Agnès en mariage (1089). Ce petit seigneur franconien entre ainsi dans les familles de sang royal, la haute noblesse. Il se construit en Souabe, dans le Rauhe Alp, une forteresse, Staufen ou Hohenstaufen, d’où le nom de ses descendants. Agnès lui donne deux fils, Frédéric et Conrad, puis, veuve, se remarie avec un Babenberg d’Autriche, réconciliant ainsi Conradins, dont elle descend, et Babenberg.

Quand meurt le dernier des empereurs saliens, Henri V (1125), Frédéric de Staufen, son neveu, se présente comme candidat à la couronne royale de Germanie: son oncle l’avait associé à son gouvernement, il se montre trop sûr de son droit. Les représentants des duchés nationaux lui préfèrent le riche duc de Saxe, Lothaire de Supplinburg, qui n’a pas d’enfant mâle. Frédéric, cependant, s’est constitué un domaine en Souabe, dans la vallée du Rhin et en Alsace. Il s’oppose à Lothaire, qui n’arrive pas à mâter complètement cette fronde: son frère Conrad se fait même couronner en Italie roi des Lombards. Quand Lothaire III disparaît (1137), il semble que le puissant duc de Bavière Henri le Superbe, qui a épousé l’unique héritière de l’ancien duc de Saxe et qui a été associé aux entreprises de son beau-père, va être élu. Mais les princes, pour la première fois rassemblés en collège électoral avant la diète d’Empire, choisissent, à l’instigation de quelques prélats, Conrad de Hohenstaufen; le duc de Bavière est, en effet, considéré comme trop puissant.

Cette élection marque le début de la grande querelle des Welfs, partisans des ducs de Bavière, alliés à la papauté, et des Gibelins, tenants de la famille impériale, plus tard de l’Empire. Conrad III arrive à rassembler l’Empire sous son autorité, quoiqu’il ait des difficultés avec les Bavarois, car il refuse d’inféoder le duché de Saxe aux Welfs. À la mort d’Henri le Superbe (1139), il démembre la Bavière. Welf VI doit se contenter des terres italiennes, le fils d’Henri, le futur Henri le Lion, reçoit la Saxe, mais le duché de Bavière passe à un Babenberg, qui épouse la duchesse douairière Gertrude de Supplinburg. Le successeur de Conrad III reviendra sur cette décision: c’est Henri le Lion qui hérite alors de tous les biens de son père et de sa mère. Conrad III, qui ne laisse que des enfants trop jeunes pour régner, désigne son neveu Frédéric pour lui succéder. Le fils du prétendant de 1125 devient Frédéric Ier Barberousse (1152), dont l’habileté diplomatique et la force de caractère lui permettent de rétablir en Allemagne et en Italie un ordre impérial.

La puissance des Hohenstaufen, qui semble considérable, est très fragile parce que leur territoire est trop vaste. Ceux-ci s’appuient sur un corps de ministeriales , fonctionnaires allemands, souabes en général, qui ne sont pas assez nombreux et, souvent, trop brutaux. Chaque changement de règne est l’occasion de révoltes des populations opprimées contre cette caste, sans laquelle il aurait été impossible d’autre part de maintenir l’Empire.

À la mort d’Henri IV, le fils de Frédéric Ier, partisans des Welfs avec Otton de Brunswick, et partisans des Staufen avec Philippe de Souabe se font la guerre (1198-1214). Les Staufen finissent par l’emporter car Frédéric II, déjà roi de Sicile, reçoit le soutien du pape, se fait couronner à Aix-la-Chapelle et pacifie les esprits. Il s’appuie sur les princes et le haut clergé, mais il ne peut restaurer ou instaurer un ordre réel. Ses fils n’arrivent pas à se maintenir, ils disparaissent trop vite. C’est le début du Grand Interrègne dans lequel périt toute la tradition ancienne de l’Empire.

Tous les Hohenstaufen ont entrepris une croisade. Tous ont lutté pour que l’autorité de l’Empire soit reconnue: la papauté s’est employée à rendre la chose impossible, les grands ont travaillé à conserver leurs privilèges, les villes à acquérir la reconnaissance de leur existence et de leurs problèmes spécifiques. Quand les Hohenstaufen disparaissent, leur souvenir reste pourtant si vivant que Frédéric Barberousse entre dans la légende: il dort dans le Kyffhäuser sous un château de la famille et se réveillera quand l’Empire d’Allemagne aura de nouveau besoin de lui. En Italie au XIVe siècle, les villes se diront guelfes (welfs) ou gibelines suivant qu’elles accepteront l’autorité pontificale ou s’allieront plutôt aux forces impériales.

Encyclopédie Universelle. 2012.