MINISTÉRIALES
MINISTÉRIALES ou MINISTÉRIAUX
Toujours pris à l’origine dans la catégorie des serfs, les ministériaux sont des domestiques qui se voient confier un métier ou une tâche bien spécialisée; ainsi en est-il des serviteurs de l’Hôtel qui, dans les premières royautés patriarcales de l’Occident, se voient confier à la fois des tâches domestiques et ministérielles. Certains d’entre eux connurent jusqu’au XIIIe siècle une ascension économique et sociale considérable: par exemple ceux qui occupaient la charge de maire, ou régisseur du domaine, ou de forestier, c’est-à-dire surveillant des forêts seigneuriales. Leur humble origine devait rassurer le seigneur — ou le roi — sur leur fidélité et leur efficacité et il se reposait sur eux du soin de gérer, de vendre les surplus, de commander les paysans, de juger et de percevoir les amendes. Le ministérial était généralement intéressé au bénéfice de ces opérations et recevait en outre une vaste tenure pour son entretien.
Tout cela faisait en réalité du ministérial un véritable seigneur de village (il pouvait, en Allemagne, en porter le titre sans rien perdre de son origine servile) qui s’enrichissait aussi bien aux dépens des paysans que du seigneur. Si l’on ajoute que la ministérialité était devenue progressivement héréditaire, on comprendra la réaction violente des seigneurs, qui voyaient ces anciens serfs jouir d’une indépendance de fait sinon de droit, et mener, grâce à leur fortune, mêmes vie et mœurs que la noblesse locale: tout au long du XIIIe siècle, ils essayèrent de récupérer les pouvoirs qu’ils s’étaient laissé usurper par les ministériaux, au point même de leur racheter leur charge s’ils ne pouvaient s’imposer autrement.
Encyclopédie Universelle. 2012.